LE GRBLOT
rois!... Est-ce que c'est vrai que vous avez été
au dernier bal masqué de l'Opéra, déguisé en
chicard exaspéré?
m. bigarrois.
Moi!
m. neigelet.
Oui, vous!... Faites donc l'étonné!... Vous
n'en êtes pas capable peut-être?
m. bigarrois.
Si l'on peut direl...
m. neigelet.
Ah ! des manières !... Bon!... alors, je dis
tout!... Vous saurez donc, messieurs, que
non-seulement notre ami Bigarrais a été au
bai de l'Opéra, déguisé en chicard, mais en-
core qu'il y a dansé un cavalier seul baptisé
aussitôt : Regarde un peu èif m la brise l... qui
a été le grand succès de la soirée.
m. t ranch asperge.
Ah! cachotier!... qui fait ses coups à la
sourdine !...
m. rosillou.
Ça n'est pas permis...
m. btgarrois, COÏlfuS.
Messieurs...
m. rosillou.
. El) Meril vois-tu, si tu veux qu'on t'excuse,
!l faut nous recommencer ça!
m. r14îarrois.
Comment, vous voudriez?.,.
m. tranchasperge.
Certainement !...
m. bigarrois.
Mais la musique...
m. neigelet.
Attendez, je vais chanter, d'une manière
viye et animée, la quatrième figure du qua-
drille d'Orphée aux enfers/...
[M. Neigelet fait comme il le dit, — et M. Bi-
garrais commence à jeter (Je tons les côtés ses
bras et ses jambes, comme s'il voulait les jeter
*ux spectateurs des troisièmes loges... Au mi-
lieu de cette chorégraphie parlante, on entend
frapper à la porte.)
m. tranchaspkrge.
Corbleu !... C'est sans doute le père de no-
tre malade.
(M. 7 ranchasperge ne s'est pas trompé : c'est bien
Sganarelle. On lui ouvre la porte. L'attitude
des médecins, on le devine, a changé aus-
sitôt.)
m. bigarrois, avec une extrême animation.
Et je vous dis, moi, que si le malade peut
ê.tre sauvé, ce n'est qu'en lui administrant de
l'émétique à larges doses et en le saignant
plantureusement!...
m. rosillou, même jeu.
Et moi, je vous soutiens que ce serait un
moyeninfaillible de le tuer...
m. bigarrois.
■ j*oi seul suis capable de le guérir d'une
Action aussi grave,
m. rosillou.
Mon système défie tous les autres !
sganarelle.
Voyons, messieurs, vous faites une musique
d. mener le diable en terre, — et pendant ce
temps-là mon fils est en train de râler?...
m. bigarjiois.
Je n'en démordrai pas!
m. rosillou.
Je n'en rabattrai pas un iota !
sganarelle, à MM. Tranchasperge
et Neigelet.
Mais vous, messieurs, qui semblez plus rai-
sonnables, quel est votre avis ?
m. tranchasperge.
C'est bien simple : ce que dit Bigarrois est
absurde, mais ce que dit Bosillou n'a pas le
sens commun.
sganarelle.
Alors, quelle est la meilleure méthode?
m. tranchasperge,
La méthode Tranchasperge !
sganarelle, à M. Neigelet.
Et vous, monsieurs, qu'en pensez-vous?
m. neigelet.
Je suis tout à fait de l'avis de M. Tranchas-
perge sur mes collègues Rosillou et Bigarrais,
r~ seulement, la méthode Tranchasperge est
°ut aussi stupide que la méthode Rosillou et
^Ue la méthode Bigarrois.
sganarelle.
Alors, vous pensez que le meilleur sys-
tème...
m. neigelet.
Est le système Neigelet.
sganarelle.
Diable !... (Les médecins se pressent autour de
lui.) v
m. bigarrois.
Si vous ne faites pas ce que je vous dis, vo-
tre fils est un homme perdu.
m. rosillou,
Si vous ne m'écoutez pas, il n'a plus deux
jours à vivre...
m. tranchasperge.
Si vous dédaignez mes conseils, c'en est
fait du malade...
m. neigelet.
Si vous écoutez l'un de ces trois imbéciles,
faites appeler un prêtre et un notaire pour
votre fils...
sganarelle, se grattant l'oreille.
Quel est le moins bête des quatre?...
(Ll regarde les médecins qui se font des signes
mystérieux, et il s'arrête interdit.)
sganarelle.
Ecoutez, messieurs, je suis fort embar-
rassé... Vous me paraissez tous fort gens de
bien, et je ne sais à qui donner la préfé-
rence!... Aussi, je ero-is qu'il y a un moyen
de vous mettre d'accord : nous allons aller
trouver le malade, et celui qu'il choisira de-
viendra le médecin traitant...
Lisette, entrant.
Ce n'est pas la peine, monsieur,... votre
fils est mort !
P. P. C
QUQIKXGROGXE-GAZETTE
Comme sous le règne de Thiersler, une fièvre
d'équivoque consume la France.
Mac-Mahon a parlé, et chacun interprète à
sa façon la réponse ambiguë du président de
la République à celui du tribunal de Com-
merce :
« Pendant sept ans, je saurai faire respecter
de tous l'ordre de choses légalement établi. »
Epiloguons : Qu'est-ce que l'ordre de choses
légalement établi? Seul M. Gagne pourrait le
dire. L'auteur de. la Révubliquride-Empire-
Royauté est décidément un grand prophète;
les événements lui donnent de plus en plus
raison; le régime panaché que rêvait le pa-
triarche cascadeur de la rue Taranne est de-
venu une réalité...
L'époque que nous traversons est une époque
de meli-melo, de tohu-bohu politique.
Et le maréchal-président vient d'affirmer
que ce tohu-bohu durera sept ans.
Sept ans d'équ oque ! Ni républicains, ni
impérialistes, ni 1 yalistes...tous Français!
Ah! si cela po,. fait être vrai! Comme je
conseillerais au maréchal de Mac-Mahon de
prendre le titre de président de la nation
française.
Dans un pays comme le nôtre, où l'on joue
perpétuellement sur les mots, je crois que ce
serait vraiment la trêve des partis.
Mais...
*
* *
M. Hunebelle a refusé d'accepter les fonc-
tions de maire de Versailles en remplacement
de M. Rameau.
Quel joli camouflet pour le chef du cabinetl
Ce n'est pas sans peine qu'on est parvenu à
trouver un successeur au sympathique maire
de Versailles! — un morceau de la Branche
cassée des municipalités.
Si cela continue, nous assisterons à un cu-
rieux spectacle : la grève des maires !...
Vous verrez que le gouvernement sara forcé
de demander des maires de bonne volonté par
la voie des Petites- Affiches. — Récompense
honnête! Bons certificats. —Dévouement ga-
ranti.
*
♦ *
M Jules Favre trouve que nous n'avons pas
assez de prétendants au trône de France.
11 est en train de plaider pour S. M. Naun-
dorf-Tichborne Fr.
Or n'est-ce point un fait singulier : Jides-
Favre-Avocat préparant la restauration d'un
monarque que Jules-Favre-Républicain sera
certainement forcé de démolir!
La censure dramatique est rétablie.
Elle avait donc cessé d'exister?
Personne ne s'en était aperçu !
Jules Simon avait bien supprimé la censure,
mais il avait doublé le nombre des censeurs...
C'est absolument comme si l'on eût sup-
primé la guillotine tout en doublant le nom-
bre des bourreaux.
La musique imposée 1
Belcastel veut qu'on frappe les pianos...
d'une taxe de 10 fr.
Je ne vois pas pourquoi on n'imposerait pas
aussi les clarinettes et les mulitons et les
triangles et les chapeaux-chinois.
îl est vrai que M. de Lor^eril ne les oublie
pas, les chapeaux...
Les chapeaux, soit, mais pourquoi pas les
bottes vernies ou les suspensoirs?
En somme, c'est toujours le même système;
au lieu d'imposer le capital une bonne fois, on
tourne autour du pot et l'on tombe sur les
premiers objets venus.
Désireux de faciliter le travail de ces mes-
sieurs, nous soumettons à leur omnipotence
les idées lumineuses suivantes :
Un bon impôt sur les cheminées,
Un bon impôt sur les chats,
Un bon impôt sur les parapluies,
Et enfin, un impôt sur les épingles, — ce
serait piquant.
Il y a bien encore l'impôt sur les cocus —
tant par corne! — mais la perception en serait
trop humiliante pour notre amour-propre na-
tional.
On parle, aussi d'imposer les jarretières de
femmes: — si ce projet est mis à exécut'on, je
retiens une place d'inspecteur du timbre.
Voyons, messieurs les reporters, est-ce que
vous allez longtemps nous la (aire aux enlève-
ments de jeunes gens?
Il y a des naïfs qui croient que c'est arrivé,
et qu'il y a des Tours de Nesle aux quatre coins
de Paris.
Monselet, que j'ai rencontré ce matin, m'a
appris à ce propos une nouvelle assez singu-
lière :
Albert Wolff aurait élé enlevé par Blanche
d'Antigny...
Pauvre Blanche d'Antigny!
*
Les journaux publient une liste des ouvrages
interdits dans les gares, par le ministre de
l'intérieur.
Parmi ces ouvrages, non estampillés, je
trouve : France et Banapartes, par M. Ernest
Daudet.
Ernest Daudet, le nouveau rédacteur en chef
An journal, Officiel,!
Il est étrange que le ministre confie le
porte-plume du gouvernement à un homme
dont il juge la littérature « corruptrice et dé-
moralisatrice ».
Pour un signe des temps, c'est un signe des
temps! comme disait Judic dans la Quenouille
de verre.
Dernière nouvflle.—M. de, Franclieu vient
de proposer à la Chambre de faire ériger, aux
frais du budget, une statue équestre au chien de
Montargis.
QtJIQtîENGKOGNE.
Ca me raccommode avec lui
Je n'étais pas positivement fanatique de
M. de Belcastel, mais son projet d'impôt sur
les pianos me raccommode complètement
avec lui.
Oh ! j'en suis bien fâché, Flammèche m'ap-
pellera lâcheur si bon lui semble, mais, si
la droite vote pour, je me fais tout ce qu'on
voudra : légitimiste, orléaniste, tout, tout.
Il n'y a pas de danger qu'un membre de la
gauche, aurait jamais ouvert la bouche en fa-
veur d'un projet aussi sensé.
Ils ont préféré laisser cet honneur à la
droite, soit iPuisque c'est comme ça, moi, je
leur dis zut !
Qui est-ce qui m'a fabriqué des députés pa-
reils?
Dernièrement, je causais de ce projet avec
un de mes amis, qui était parfaitement de
mon avis; d'abord, toutes les filles de portiers
jouent du piano.
Allez-y, attrape, portier.
Ces gredins-là n'ont pas volé qu'on leur
fasse quelque chose en compensation de ce
qu'ils font avaler aux locataires.
Ensuite, le piano est l'instrument le plus
insupportable qu'on puisse imaginer.
Je vous demande un peu la belle touche
d'un monsieur qui allonge les bras et qui les
rapproche en tapant sur des petits morceaux
de bois.
Vu de dos, il a des faux airs d'un gnaf qui
tire son fil.
Et puis... et puis... ça m'agace, et il n'y a
pas que moi.
Mais, mon ami, qui est bon, me dit tout à
coup :
Ça serait une bonne chose, car les gens qui
ont le moyen d'apprendre la musique peuvent
plus facilement donner dix francs par an, que
des pauvres diables obligés de payer ça sur
leur éclairage ; seulement, il faudrait en ex-
cepter ceux qui en vivent.
Oh ! là-dessus, il a eu de la chance de pou-
voir s'esquiver, je crois que je l'aurais
occis.
Comment 1 lui criai-je, exempter les pro-
fesseurs! Jamais! Les faire payer quatre fois,
dix fois plus, puisque ce sont eux qui ap-
prennent aux autres à jouer de cette machine
insupportable.
Voyons, entre nous, n'avais-je pas rai-
son ? r
Charles Leroy.
DE THÉATEE EH THEATRE
Italiens. — Le Astuzie femminili, après
soixante ans d'oubli, ont été rendues au pu-
blic.
Cette charmante pièce sera maintenue au
répertoire.
C'est un opéra bouffa, digne du Matrimonio
segreto, que l'on considérait, hier encore,
comme le chef-d'œuvre de Cimarosa.
Le bouffe classique Zucchini est désopilant
dans le rôle de G-iampado.
La Brambilla fait ce qu'elle peut ; et elle
peut beaucoup.
Quant à de Bassini, le ténor, je crois qu'il a
tort de forcer sa voix.
Crier n'est pas chanter.
*
* *
Gaîté. — Offenbach a la vogue.
Depuis que l'heureux maestro a pris en
main le sceptre directorial de la Gaîté, ce
théâtre marche de succès en triomphes.
Orphée aux enfers, cette, légendaire bouffon-
nerie des Bouffes Parisiens, a été métamor-
phosé en féerie... féerique.
A la verve de Crémieux s'est joint l'esprit
d'Halévy.
Offenbach a remanié sa partition :
La musique d'Orphée a été enrichie d'un
grand nombre de délicieux motifs.
Grévin a dessiné cinq cents nouveaux cos-
tumes.
Les décors sont splendides, et les femmes!
— oh! les femmes! — toutes plus jolies les
unes que les autres.
Madame Cico a repris le rôle d'Eurydice,
qu'elle a créé jadis aux Bouffes.
Montaubry. Christian et Alexandre ont ac-
cepté la rude succession de Léonce, Désiré et
Bâche, — ces trais grotesques, qui n'avaient
pas besoin de lumière oxy-hydrique pour faire
rire.
Après la louange, la critique; elle sera lé-
gère :
Trop d'électricité!
L'éblouissement fatigue.
GEORGE PETILLEAU.
LEÇONS DE PIANO ÏS£S
signe le plus certain de sa capacité; c'est à ce titre
que nous recommandons — aux demoiselles et aux
dames — les excellentes leçons que donne Mlle Louise
Loire, dont nous avons pu apprécier le uraud talent
dans plusieurs concerts, i 3, rue de Laval.
GRELOTS
Un canaris, c'est gentil; mais une canne à sucre
est bigrement plus utile.
+
Les livres d'étrennes qui se sont le mieux vendus
ce sont les livres de bonbons.
+ .
La chose qui fait généralement le plus tourner la
tête, c'est le cou.
+
Si M. Thiers était malade au lit, on ne pourrait pas
dire de lui, que c'est une haute personne alitée.
■ +
On parlait dernièrement devant Siraudin d'un
bonhomme excessivement avare :
— Oni, lui disait-on, ce n'est pas un homme qui
donne ses coqudles.
'— Mais dam! reprit Siraudin, vous voudriez donc
qu'il aille tout nu.
4-
Une belle fille sans amours, c'est comme une belle
culotte sans boutons.
+
Une adresse, en passant :
Monsieur Çhaussepied, cordonnier, rue Courta-
lon, n" 4.
rois!... Est-ce que c'est vrai que vous avez été
au dernier bal masqué de l'Opéra, déguisé en
chicard exaspéré?
m. bigarrois.
Moi!
m. neigelet.
Oui, vous!... Faites donc l'étonné!... Vous
n'en êtes pas capable peut-être?
m. bigarrois.
Si l'on peut direl...
m. neigelet.
Ah ! des manières !... Bon!... alors, je dis
tout!... Vous saurez donc, messieurs, que
non-seulement notre ami Bigarrais a été au
bai de l'Opéra, déguisé en chicard, mais en-
core qu'il y a dansé un cavalier seul baptisé
aussitôt : Regarde un peu èif m la brise l... qui
a été le grand succès de la soirée.
m. t ranch asperge.
Ah! cachotier!... qui fait ses coups à la
sourdine !...
m. rosillou.
Ça n'est pas permis...
m. btgarrois, COÏlfuS.
Messieurs...
m. rosillou.
. El) Meril vois-tu, si tu veux qu'on t'excuse,
!l faut nous recommencer ça!
m. r14îarrois.
Comment, vous voudriez?.,.
m. tranchasperge.
Certainement !...
m. bigarrois.
Mais la musique...
m. neigelet.
Attendez, je vais chanter, d'une manière
viye et animée, la quatrième figure du qua-
drille d'Orphée aux enfers/...
[M. Neigelet fait comme il le dit, — et M. Bi-
garrais commence à jeter (Je tons les côtés ses
bras et ses jambes, comme s'il voulait les jeter
*ux spectateurs des troisièmes loges... Au mi-
lieu de cette chorégraphie parlante, on entend
frapper à la porte.)
m. tranchaspkrge.
Corbleu !... C'est sans doute le père de no-
tre malade.
(M. 7 ranchasperge ne s'est pas trompé : c'est bien
Sganarelle. On lui ouvre la porte. L'attitude
des médecins, on le devine, a changé aus-
sitôt.)
m. bigarrois, avec une extrême animation.
Et je vous dis, moi, que si le malade peut
ê.tre sauvé, ce n'est qu'en lui administrant de
l'émétique à larges doses et en le saignant
plantureusement!...
m. rosillou, même jeu.
Et moi, je vous soutiens que ce serait un
moyeninfaillible de le tuer...
m. bigarrois.
■ j*oi seul suis capable de le guérir d'une
Action aussi grave,
m. rosillou.
Mon système défie tous les autres !
sganarelle.
Voyons, messieurs, vous faites une musique
d. mener le diable en terre, — et pendant ce
temps-là mon fils est en train de râler?...
m. bigarjiois.
Je n'en démordrai pas!
m. rosillou.
Je n'en rabattrai pas un iota !
sganarelle, à MM. Tranchasperge
et Neigelet.
Mais vous, messieurs, qui semblez plus rai-
sonnables, quel est votre avis ?
m. tranchasperge.
C'est bien simple : ce que dit Bigarrois est
absurde, mais ce que dit Bosillou n'a pas le
sens commun.
sganarelle.
Alors, quelle est la meilleure méthode?
m. tranchasperge,
La méthode Tranchasperge !
sganarelle, à M. Neigelet.
Et vous, monsieurs, qu'en pensez-vous?
m. neigelet.
Je suis tout à fait de l'avis de M. Tranchas-
perge sur mes collègues Rosillou et Bigarrais,
r~ seulement, la méthode Tranchasperge est
°ut aussi stupide que la méthode Rosillou et
^Ue la méthode Bigarrois.
sganarelle.
Alors, vous pensez que le meilleur sys-
tème...
m. neigelet.
Est le système Neigelet.
sganarelle.
Diable !... (Les médecins se pressent autour de
lui.) v
m. bigarrois.
Si vous ne faites pas ce que je vous dis, vo-
tre fils est un homme perdu.
m. rosillou,
Si vous ne m'écoutez pas, il n'a plus deux
jours à vivre...
m. tranchasperge.
Si vous dédaignez mes conseils, c'en est
fait du malade...
m. neigelet.
Si vous écoutez l'un de ces trois imbéciles,
faites appeler un prêtre et un notaire pour
votre fils...
sganarelle, se grattant l'oreille.
Quel est le moins bête des quatre?...
(Ll regarde les médecins qui se font des signes
mystérieux, et il s'arrête interdit.)
sganarelle.
Ecoutez, messieurs, je suis fort embar-
rassé... Vous me paraissez tous fort gens de
bien, et je ne sais à qui donner la préfé-
rence!... Aussi, je ero-is qu'il y a un moyen
de vous mettre d'accord : nous allons aller
trouver le malade, et celui qu'il choisira de-
viendra le médecin traitant...
Lisette, entrant.
Ce n'est pas la peine, monsieur,... votre
fils est mort !
P. P. C
QUQIKXGROGXE-GAZETTE
Comme sous le règne de Thiersler, une fièvre
d'équivoque consume la France.
Mac-Mahon a parlé, et chacun interprète à
sa façon la réponse ambiguë du président de
la République à celui du tribunal de Com-
merce :
« Pendant sept ans, je saurai faire respecter
de tous l'ordre de choses légalement établi. »
Epiloguons : Qu'est-ce que l'ordre de choses
légalement établi? Seul M. Gagne pourrait le
dire. L'auteur de. la Révubliquride-Empire-
Royauté est décidément un grand prophète;
les événements lui donnent de plus en plus
raison; le régime panaché que rêvait le pa-
triarche cascadeur de la rue Taranne est de-
venu une réalité...
L'époque que nous traversons est une époque
de meli-melo, de tohu-bohu politique.
Et le maréchal-président vient d'affirmer
que ce tohu-bohu durera sept ans.
Sept ans d'équ oque ! Ni républicains, ni
impérialistes, ni 1 yalistes...tous Français!
Ah! si cela po,. fait être vrai! Comme je
conseillerais au maréchal de Mac-Mahon de
prendre le titre de président de la nation
française.
Dans un pays comme le nôtre, où l'on joue
perpétuellement sur les mots, je crois que ce
serait vraiment la trêve des partis.
Mais...
*
* *
M. Hunebelle a refusé d'accepter les fonc-
tions de maire de Versailles en remplacement
de M. Rameau.
Quel joli camouflet pour le chef du cabinetl
Ce n'est pas sans peine qu'on est parvenu à
trouver un successeur au sympathique maire
de Versailles! — un morceau de la Branche
cassée des municipalités.
Si cela continue, nous assisterons à un cu-
rieux spectacle : la grève des maires !...
Vous verrez que le gouvernement sara forcé
de demander des maires de bonne volonté par
la voie des Petites- Affiches. — Récompense
honnête! Bons certificats. —Dévouement ga-
ranti.
*
♦ *
M Jules Favre trouve que nous n'avons pas
assez de prétendants au trône de France.
11 est en train de plaider pour S. M. Naun-
dorf-Tichborne Fr.
Or n'est-ce point un fait singulier : Jides-
Favre-Avocat préparant la restauration d'un
monarque que Jules-Favre-Républicain sera
certainement forcé de démolir!
La censure dramatique est rétablie.
Elle avait donc cessé d'exister?
Personne ne s'en était aperçu !
Jules Simon avait bien supprimé la censure,
mais il avait doublé le nombre des censeurs...
C'est absolument comme si l'on eût sup-
primé la guillotine tout en doublant le nom-
bre des bourreaux.
La musique imposée 1
Belcastel veut qu'on frappe les pianos...
d'une taxe de 10 fr.
Je ne vois pas pourquoi on n'imposerait pas
aussi les clarinettes et les mulitons et les
triangles et les chapeaux-chinois.
îl est vrai que M. de Lor^eril ne les oublie
pas, les chapeaux...
Les chapeaux, soit, mais pourquoi pas les
bottes vernies ou les suspensoirs?
En somme, c'est toujours le même système;
au lieu d'imposer le capital une bonne fois, on
tourne autour du pot et l'on tombe sur les
premiers objets venus.
Désireux de faciliter le travail de ces mes-
sieurs, nous soumettons à leur omnipotence
les idées lumineuses suivantes :
Un bon impôt sur les cheminées,
Un bon impôt sur les chats,
Un bon impôt sur les parapluies,
Et enfin, un impôt sur les épingles, — ce
serait piquant.
Il y a bien encore l'impôt sur les cocus —
tant par corne! — mais la perception en serait
trop humiliante pour notre amour-propre na-
tional.
On parle, aussi d'imposer les jarretières de
femmes: — si ce projet est mis à exécut'on, je
retiens une place d'inspecteur du timbre.
Voyons, messieurs les reporters, est-ce que
vous allez longtemps nous la (aire aux enlève-
ments de jeunes gens?
Il y a des naïfs qui croient que c'est arrivé,
et qu'il y a des Tours de Nesle aux quatre coins
de Paris.
Monselet, que j'ai rencontré ce matin, m'a
appris à ce propos une nouvelle assez singu-
lière :
Albert Wolff aurait élé enlevé par Blanche
d'Antigny...
Pauvre Blanche d'Antigny!
*
Les journaux publient une liste des ouvrages
interdits dans les gares, par le ministre de
l'intérieur.
Parmi ces ouvrages, non estampillés, je
trouve : France et Banapartes, par M. Ernest
Daudet.
Ernest Daudet, le nouveau rédacteur en chef
An journal, Officiel,!
Il est étrange que le ministre confie le
porte-plume du gouvernement à un homme
dont il juge la littérature « corruptrice et dé-
moralisatrice ».
Pour un signe des temps, c'est un signe des
temps! comme disait Judic dans la Quenouille
de verre.
Dernière nouvflle.—M. de, Franclieu vient
de proposer à la Chambre de faire ériger, aux
frais du budget, une statue équestre au chien de
Montargis.
QtJIQtîENGKOGNE.
Ca me raccommode avec lui
Je n'étais pas positivement fanatique de
M. de Belcastel, mais son projet d'impôt sur
les pianos me raccommode complètement
avec lui.
Oh ! j'en suis bien fâché, Flammèche m'ap-
pellera lâcheur si bon lui semble, mais, si
la droite vote pour, je me fais tout ce qu'on
voudra : légitimiste, orléaniste, tout, tout.
Il n'y a pas de danger qu'un membre de la
gauche, aurait jamais ouvert la bouche en fa-
veur d'un projet aussi sensé.
Ils ont préféré laisser cet honneur à la
droite, soit iPuisque c'est comme ça, moi, je
leur dis zut !
Qui est-ce qui m'a fabriqué des députés pa-
reils?
Dernièrement, je causais de ce projet avec
un de mes amis, qui était parfaitement de
mon avis; d'abord, toutes les filles de portiers
jouent du piano.
Allez-y, attrape, portier.
Ces gredins-là n'ont pas volé qu'on leur
fasse quelque chose en compensation de ce
qu'ils font avaler aux locataires.
Ensuite, le piano est l'instrument le plus
insupportable qu'on puisse imaginer.
Je vous demande un peu la belle touche
d'un monsieur qui allonge les bras et qui les
rapproche en tapant sur des petits morceaux
de bois.
Vu de dos, il a des faux airs d'un gnaf qui
tire son fil.
Et puis... et puis... ça m'agace, et il n'y a
pas que moi.
Mais, mon ami, qui est bon, me dit tout à
coup :
Ça serait une bonne chose, car les gens qui
ont le moyen d'apprendre la musique peuvent
plus facilement donner dix francs par an, que
des pauvres diables obligés de payer ça sur
leur éclairage ; seulement, il faudrait en ex-
cepter ceux qui en vivent.
Oh ! là-dessus, il a eu de la chance de pou-
voir s'esquiver, je crois que je l'aurais
occis.
Comment 1 lui criai-je, exempter les pro-
fesseurs! Jamais! Les faire payer quatre fois,
dix fois plus, puisque ce sont eux qui ap-
prennent aux autres à jouer de cette machine
insupportable.
Voyons, entre nous, n'avais-je pas rai-
son ? r
Charles Leroy.
DE THÉATEE EH THEATRE
Italiens. — Le Astuzie femminili, après
soixante ans d'oubli, ont été rendues au pu-
blic.
Cette charmante pièce sera maintenue au
répertoire.
C'est un opéra bouffa, digne du Matrimonio
segreto, que l'on considérait, hier encore,
comme le chef-d'œuvre de Cimarosa.
Le bouffe classique Zucchini est désopilant
dans le rôle de G-iampado.
La Brambilla fait ce qu'elle peut ; et elle
peut beaucoup.
Quant à de Bassini, le ténor, je crois qu'il a
tort de forcer sa voix.
Crier n'est pas chanter.
*
* *
Gaîté. — Offenbach a la vogue.
Depuis que l'heureux maestro a pris en
main le sceptre directorial de la Gaîté, ce
théâtre marche de succès en triomphes.
Orphée aux enfers, cette, légendaire bouffon-
nerie des Bouffes Parisiens, a été métamor-
phosé en féerie... féerique.
A la verve de Crémieux s'est joint l'esprit
d'Halévy.
Offenbach a remanié sa partition :
La musique d'Orphée a été enrichie d'un
grand nombre de délicieux motifs.
Grévin a dessiné cinq cents nouveaux cos-
tumes.
Les décors sont splendides, et les femmes!
— oh! les femmes! — toutes plus jolies les
unes que les autres.
Madame Cico a repris le rôle d'Eurydice,
qu'elle a créé jadis aux Bouffes.
Montaubry. Christian et Alexandre ont ac-
cepté la rude succession de Léonce, Désiré et
Bâche, — ces trais grotesques, qui n'avaient
pas besoin de lumière oxy-hydrique pour faire
rire.
Après la louange, la critique; elle sera lé-
gère :
Trop d'électricité!
L'éblouissement fatigue.
GEORGE PETILLEAU.
LEÇONS DE PIANO ÏS£S
signe le plus certain de sa capacité; c'est à ce titre
que nous recommandons — aux demoiselles et aux
dames — les excellentes leçons que donne Mlle Louise
Loire, dont nous avons pu apprécier le uraud talent
dans plusieurs concerts, i 3, rue de Laval.
GRELOTS
Un canaris, c'est gentil; mais une canne à sucre
est bigrement plus utile.
+
Les livres d'étrennes qui se sont le mieux vendus
ce sont les livres de bonbons.
+ .
La chose qui fait généralement le plus tourner la
tête, c'est le cou.
+
Si M. Thiers était malade au lit, on ne pourrait pas
dire de lui, que c'est une haute personne alitée.
■ +
On parlait dernièrement devant Siraudin d'un
bonhomme excessivement avare :
— Oni, lui disait-on, ce n'est pas un homme qui
donne ses coqudles.
'— Mais dam! reprit Siraudin, vous voudriez donc
qu'il aille tout nu.
4-
Une belle fille sans amours, c'est comme une belle
culotte sans boutons.
+
Une adresse, en passant :
Monsieur Çhaussepied, cordonnier, rue Courta-
lon, n" 4.