Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 4.1874

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6813#0043
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LK GRKLOT

m. piquevache.

Qu'est-ce que c'est ! Qu'est-ce que c'est!

chabognard.

J'veux parler, j'vous dis!... j'veux parler!...
J'a- sis qu'in paysan... mais j'veux parler.
m. piquevache, le contrefaisant.
Et qu't'as donc à dire, méchant gars?

charognard.

J'voudrais ben savoir pourquoi qu'vous vou-
lez imposer le pain des pauvres coqsigrues,
— tandis qu'vous n'votez seulement pas un
liard d'impôt sur la brioche.. .Est-ce que vous
trouvez ça juste, vous autres?

tous les membres.

Mais pourquoi pas?

{Murmures qui se transforment en grognements
dans let tribunes).

charognard.

Eh benj moi, j'n'lé trouve point... Et v'ià
toa pensée, net et sec !

m. piquevache.

Taisez-vous, misérable!...

m. cachemuciie.

C'est un buveur de sang.

m. filoselie.

^n révolutionnaire !

plusieurs membres

Si on l'arrêtait?

m. cachemuciie.

Oui, oui, c'est une idée !

m. piquevache.

C'est l'avis de tout le monde, n'est-ce pas?

de tous côtés.

Oui, oui.

m. piquevache.

Qu'on appréhende ce gueux au collet!...

[On ne grogne plus dans tes tribunes, on hurle.)
m. piquevache, sévèrement.

Qu'est-ce que c'est que çà!... {Aux gendar-
mes ;) Gendarmes, faites applaudir dans les
tribunes.

{Les tribunes applaudissent.)

P. P. C.

QIIQMNGROGNE-GAZETTE

L'incident Broglie-Mariott est vidé!
Qui est-ce qui n'est pas content?
C'esi notre premier ministre.
Voilà ce que c'est que de trop se débou-
tonner...

On finit par perdre sa culotte.
_ Petit-Français — le Bien public actuel du'mi-
nistère — est insolent comme une douzaine de
bonapartistes; il appelle M. Mariott : impos-
er, gros comme le bras.

Voyons, Petit-Français, vous savez bien que
^.otfe qualité d'officieux vous interdit de pren-
?re part au débat. Vous n'avez pas voix déli-
^Mtive au chapitre; vos affirmations sont
a°solument nulles, mon bonhomme, car vous
savez bien qu'en justice, av.tnt d'enlendre une
déposition, il est d'usage de demander au
témoin :

N'êtes-vous pas au service de l'accusé?...

Or, il est notoire que certaines attaches vous
hent à M. de Broglie.

Votre maître a fait à la lettre de M. Mariott
Une réponse ambiguë mais presque polie.

Vous, vous êtes plus que grossier.

Qu'est-ce que cela prouve?
, Pardieu ! qu'on est plus poli au salon qu'à
l'office 1

^ Etnuncreges intelligite,erudiminiquijudicatis

L'Académie de Médecine, dans son dernier
bulletin, publie une statistique de la morta-
''té en France.

Ce petit travail, fort bien fait, ma foi, cons-
tate que soixante personnes pour cent meu-
rent avant d'avoir atteint l'âge de sept ans. —
t^e Septennat I

Quelle épée de Damoclès !

Rien, — rien, entendez-vous, — ne man-
que plus maintenant au bonheur de M.
-thicrs !

Un négociant Angevin vient de se donner la
ttl°rt par désespoir politique.
Lu suicide par amour... de M. Thiersl
Pends-toi, ô Cora Pearl !!!
Le

Sur sa table on a trouvé cet écrit:
(l Désespéré de la tournure des affaires, et
}) persuadé que, seul, monsieur Thiers pou-
" Vait sauver fa France et le commerce(!); per-
}) suadé que le libérateur ne reviendra pas au

» pouvoir, je meurs en bénissant son nom;
» qu'on n'accuse personne de ma mort.

» Signé : L***. »

Es-tu content, illustre vieillard ? tes parti-
sans se brûlent la cervelle en ton honneur.

Le cas est nouveau et mérite bien qu'on
l'enregistre dans l'histoire de France.

Pourvu que la famille du défunt n'aille pas
demander des dommages - intérêts a M.
Thiers !

Je suis sur que Mimi-Saint-Epïstotaire a
déjà adressé une bonne lettre de félicitations-
condoléances aux parents du mort.

Autographe précieux s'il en fut, et que cer-
tainement on fourra dans le cercueil de notre
suicidé pour lui faire prendre patience jus-
qu'au jugement dernier.

Jules Favre, qui nous a laissé prendre toutes
nos pendules, veut à toute force nous rendre
l'horloger Naundorff.

Pauvre Jules Favrs, est-il assez gourmand
d'impopularité!

C'est égal, il faut que cet individu lacryma-
toire ait un fier toupet! Oser, lui, Jules Favre,
s'occuper de reconstitution d'Etat civil après le
joli procès Lalluyé, c'est trop d'audace en vé-
rité!

il ne faut pas parler de corde dans la mai-
son d'un pendu...

C'est comme si M. Vrignault était choisi
pour arbitre dans une affaire de port illégal
de décorations.

Un petit revenez-y de l'affaire de l'Arménien
Markariantz :

Les journaux ont été très-indulgents, ce me
semble, pour « Sa Légèreté De Conscience »
M. Vrignault. (Argentan ! dix minutes d'arrêt/)

Ce familier de l'ex-président, qui se parta-
geait avec Hugellmann (pas de veine dans le
choix de ses amis, M. Thiers!) les bonnes
grâces et la confiance du pouvoir exécutif, a,
comme on le sait, reçu de Markariantz une cer-
taine somme pour décoration préventive.

Il ne s'en est pas fallu d'un zeste que ledit
Arménien ait obtenu la croix de Légion d'hon-
neur.

Vente et achat de décorations!
C'est du propre !

Le petit commerce du Bien public n'a pas,
Dieu merci! eu le temps de fructifier.

Et dire que M. Vrignault est lui-même che-
valier de la Légion d'honneur.

J'espère bien qu'à la chancellerie, on lui
fait, quand il entre, cette salutaire recomman-
dation :

Laissez votre paletot au vestiaire.

Le jour de la naissance de son fils, Sardou
se rendit à la mairie pour y faire les déclara-
tions d'usage:

l'employé. — Votre "profession?

sardou. — Auteur dramatique.

l'employé. — Savez-vous signer?...

QUIQUENGROGNE.

C'EST EPATANT

Oui, positivement!
C'est épatant!...
Et d'abord un mot!

Un jour Fontenelle se trouvait à l'Académie
française, où il était d'usage alors de faire une
quête pour les pauvres à la fin de chaque
séance;

Et l'auteur des Entretiens sur la pluralité des
mondes était placé près d'un de ses collègues
dont l'avarice était proverbiale et qui eût écor-
ché une puce pour se faire des guêtres avec
sa peau.

Lorsque le quêteur fut devant l'harpagon,
qui donna son obole, il tourna la tête et ne vit
pas qu'il avait mis dans l'aumônière.

Il lui tendit donc son sac de nouveau.

— Mais je vous ai déjà donné!... fit aigre-
ment notre avare.

— Je le crois, répondit le quêteur, mais je
ne l'ai pas vu !

— Ohl dit Fontenelle, qui n'était pas dans
ses jours de galanterie probablement... moi,
c'est tout le contraire, —je l'ai vu, mais je ne
le crois pas 1

Eh bien !

Cette anecdote s'est présentée tout naturel-
lement à notre esprit ces jours derniers.

Quelques journaux avaient dit que le duc
d'Aumale allait intenter à la chancellerie de
la Légion d'honneur, un procès en restitution
d'une somme de deux millions, provenant de
l'héritage du dernier des Condé.

Aussitôt, voilà les feuilles de la garderobe,
comme disait Courier, qui jettent feu et flam-
mes :

n Ce n'est pas vrai! disent-elles.
« C'est un mensonge affreux,
« Une calomnie abominable!
« Lui,

« Le duc d'Aumale,
« Le désintéressement en personne,
« Avoir fa pensée de réclamer de l'argent à
quelqu'un!... t

« Oser insinuer de semblables bourdes,
« Quelle horreur !...

« Il n'y a que ces polissonnes de gazettes
démocratiques pour qui la diffamation est un
devoir, qui aient des toupets aussi formida-
bles!... »

Allons, voyons!

Pourquoi tant crier?

Avons-nous dansé de cinquante millions sur
la réclamation des princes en question, oui
ou non ?

Plutôt plus que moins!

Ceci pour la France !

Et le même duc d'Aumale ne s'est-il pas
associé à une douzaine de têtes couronnées et
d'aspirants à des listes civiles plus ou moins
importantes, pour réclamer une somme de
deux cents francs à un pauvre diable de bû-
cheron et à sa femme qui, à ce qu'il paraît,
avaient coupé indûment dans les forêts de
leurs altesses quelques fagots...

On n'a pas oublie ça !

Les juges leur ont même accordé dix francs,
Soit quelque chose comme douze à treize
sous à chacun pour faire le garçon !
EU bien.

Alors, sommes-nous fondés ou non à croire
tout ce qu'on nous rapporte de M. le duc!

Nous n'y sommes que trop autorisés...

Nous avons le droit de tout admettre,

Nous sommes payés... — Non, pardon, c'est
tout le contraire : nous avons payé pour le
savoir!

Aussi aujourd'hui, on viendrait nous dire :
« Vous ne savez pas, hein !...
« Eh bien, le duc d'Aumale réclame les tours
Notre-Dame...

«Il prétend que c'était dans le testament ! »
Que, ma foi, nous dirions :
« Kcoutez!

« Ce n'est peut-être pas vrai,

« Mais, du moins, c'est vraisemblable !... »

Or, deux millions, — ce n'est pas tout à fait
les tours Notre-Dame,

Et quand nous en avons déjà payé une cin-
quantaine,

Nous ne trouvons pas extraordinaire qu'on
nous en réclame encore une couple!

Au prix qu'est la plume de serin en France,
il n'a pas de raison pour se gêner...

Maintenant, il se trouve que M. le.duc d'Au-
male n'a pas encore songé à cette réclama-
tion,

Mon Dieu, tant mieux,
Nous l'en félicitons,

Mais nous ne pouvons nous empêcher de
nous écrier à part nous :
« C'est égal, c'est épatant! »

HOMO.

DI THÉÂTRE M THÉÂTRE

Variétés. — Garanti dix ans. Que d'hu-
mour] et de finesse dans la désopilante comé-
die de Philippe Gille !

C'est bien dommage qu'on la joue comme
lever de rideau ! Elle serait bien mieux à sa
place h la fin du spectacle, qui se termine lu-
gubrement par le Miserere du Trouvère-Trova-
tore de l'Opéra aux Italiens, une balançoire de
circonstance, de W.Busnach.

Garanti dix ans est un éclat de rire médico-
comique. Cette pièce tiendra longtemps l'affi-
che : Succès.,, garanti dix ans /

*

* *

Encore un triomphe à l'actif de nos inépui-
sables Meilhac-Halévy !

Vous dire ce qu'il y a de gaîté, de sensibi-
lité, de parisianisme dans les trois actes de la
Petite marquise, est au-dessus de mes forces :
Le nouveau genre créé par ces deux mosaïstes
de l'esprit, défie toute analyse : il est impos-
sible de photographier les fusées volantes et le
bouquet d'un feu d'art'fice.

La Petite marquise, c'est Céline Chaumont,
adorablement capricieuse, passant du rire à.
la colère, de l'amour h la haine, tour à tour
tendre et passionnée, joyeuse ou triste, ra-
geuse ou bonne enfant... et tout cela avec des
réticences et des mutineries truffées de
verve.

Dupuis (le vicomte de Boisgommeux), s'est
montré parfait comédien ; son rôle est des
plus scabreux: Le second acte, au château de
la Serpolette, n'a pas du tout satisfait MM. les
hommes dumonde... oh ! mais, pas du tout !...
c'est qu'il est de ces vérités qui chatouillent
désagréablement les oreilles des braconniers
d'amour qui se sont reconnus dans le person-
nage, trop réel, hélas! et nullement fardé, du
fat et odieux vicomte de Boisgommeux.

Baron (le marquis de Vertgazon), est abra-
cadabrant. L'historiographe des troubadours à
pied et à cheval a su se faire une bonne tête de
ganache : il ressemble, à s'y méprendre, au
général Changarnier,..

Troubadour, va !

Ambigu-Sérieux. — Bocbrune a emporté
son fameux secret dans la tombe !...

M. Billion , en attendant mieux, a repris
une bonne pièce de Barrière et Léon Beau-
yallet : le Sacrilège.

Compliments à'MM. Faille, Sully et Mont-
bars, ainsi qu'à mesdames Malardhié et Renée
d'Absac : les rôles sont fort bien sus et bien
rendus.

Je suis heureux de constater en même temps
un certain luxe de mise en scène : L'Ambigu
ne nous avait point habitués à ces splen-
deurs.

Mais c'est bien fâcheux que M. Billion ait
attendu le carême pour tuer le veau gras !

Menus-Plaisirs.—Décidément, les frères
Clôre portent malheur au théâtre des Menus-
Plaisiis.

Après Bocambole aux enfers (ô de Jallais!
dis-moi, t'en souviens-tu?), voici venir les For-
tunes tapageuses, qui ne feront pas grand ta-
page, j'en ai peur.

Cette pièce, que M. Merklein a vue par le
gros bout de sa lorgnette, est vieillotte et dé-
mr dée.

MM. Clère frères peuvent mieux: les Cloches
d'isoir, du Gymnase, en sont la preuve. Pour-
quoi, diable ! s'obstinent-ils à fabriquer des
machines en trois actes , où leur talent est
broyé dans les rouages secondaires.

Voyons ! jeunes gens, une bonne comédie
en un acte: les Infortunes silencieuses, par exem-
ple : C'est une revanche à prendre.

GEORGE PETILLEAU.

La Compagnie Irlandaise (36, rue Tronchet), la plus
importante spécialité.du genre, met en vente une ma-
gnifique collection de mouchoirs de fil de main avec
chiffre brodé, de mouchoirs fantaisie en batiste ou
mouchoirs en soie des Indes, etc., etc.

Lire 4e page, l'annonce de la nouvelle presse Paul
Abat.

lmprimeuse Ragueneau. (Voir à la 4e page.)

GRELOTS

Une vieille dame, qui observe le maigre, possède
un neveu qui s'appelle Alphonse.

Elle lui a bien recommandé de ne pas manquer à
ses vendredis.

+

Les gamins sont vraiment sans pitié :

Jeudi dernier, un omnibus écrase un pauvre vieux
bonhomme, les roues lui passent sur le corps.

Un galopin qui avait assisté à ce drame en profite
pour dire à son camarade :

— Oh ! r'gaide donc, Zidor, l'omnibus qui vient de
passer par-d'sus l'mûr !..,

+

Dans un petit restaurant où l'on dîne à 2 fr. et à
2 fr. SO, un consommateur embarrassé consulte le
garçon et se décide pour un dîner à 2 fr.

Arrivé au poisson :

— Votre sole est-elle fraîche?

— Pardon, monsieur, c'est à 2 fr. SO alors que
vous voulez dîner?

+

Rouher ayant écrit dans sa fameuse lettre que
« des événements divers » pourraient bien abréger
le septennat, nous avons encore de la tranquilité pour
quelque temps, puisque nous allons entrer dans l'été
prochainement.

#

Puisque Ollivier va enfin entrer à l'Académie, il
aura à prononcer l'éloge de son prédécesseur, mais
ce qui m'inquièle, c'est, ce que pourra bien dire son
successeur pour faire son éloge à lui.

+

Pensée d'une piqueuse de bottines.
Il vaut mieux faire la vie que piquer.

+

Monsieur rentre trop tôt; madame, embarrassée :

— Comment, c'est toi, mon ami, tu as donc man-
qué le train ?

— Comment, manqué le train? puisque j'arrive
deux heures en avance ! !

— C'est bien cela ! c'est ce que je voulais dire !
Tu as manqué le train d'après, puisque tu as pris
celui d'avant.

TRIBOULET.
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen