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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 4.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6813#0158
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LE"GRKLOT

des faits, tu veux te bercer d'illusions,—tu te
prends aux panneaux de tes propres rêves,—
tu te promènes, toi aussi, dans le château de
tes souvenirs, tout peuplé d'ombres sanglan-
tes, — tout plein de cris lamentables,— tout
frissonnant encore de tempêtes à peine apai-
sées !... Tu repasses dans ta pensée les gran-
des et farouches journées qui composent le
roman formidable de ta jeunesse : le 12 juil-
let, le 20 juin, le 10 août, les journées de sep-
tembre, le 21 janvier, le 31 mai, le 9 thermi-
dor!... Ta crois qu'elles reviendront,—que tu
les revivras encore, — et que tu laisseras une
fois de plus, sur le livre où -'écrit notre his-
toire, la terrible empreinte de tes mains rou-
ges !

Erreur, Louisette !... Erreur, ma mie!...
Raye cela de tes papiers, citoyenne I

Les temps sont bien changés, vois-tu, — et
la bourgeoisie, — la grande bourgeoisie de 89
n'existe pl'is, ou du moins n'existe plus pour
toi!... Elle a compris la faute qu'elle avait
faite en adoptant tes couleurs et en se faisant
inscrire chez toi!... La noblesse, parmi la-
quelle tu comptes tant d'amants, — car tu en
eus jusque sur les marches du trône, —la no-
blesse s'est aperçue, mais un peu tard, qu'elle
n'avait rien gagné à passer de la serre chaude
de l'OEil-de-Bœuf à la place de la Révolution,

— et le clergé d'aujourd'hui n'a plus de Jac-
ques Roux à t'offrir. C'est une question d'épo-
que et de tempéraments. Quand tu apparus,
tu venais après tout un siècle d'orgie et de
tumulte. Le ministère Fompadour avait fait
beaucouppourtoi. Voltaire,qui t'avaittenue sur
les fonds, avait enrubanné, pomponné et ca-
pitonné ton berceau ; Rousseau t'avait appris
le français; d'Alembert les mathématiques;
Diderot la philosophie; d'Holbach la religion;
Helvétius l'histoire; Law les finances; Turgot
l'agriculture; Vauban la guerre. Tu avais une
éducation complète, mamie.et le régent, puis
Louis XV t'avaient désappris le respect : ex-
cellents maîtres, avec lesquels tu profitas le
plus!... Avec tous ces parrains, qui t'avaient
doté de ce qu'ils avaient de plus précieux, tu
tournas toutes les têtes,— avant que tu ne les
fisses tomber!... Du reste, ta voix était si
douce au commencement : tu n'avais aux lè-
vres que les mots de fraternité des hommes et
des peuples, paix, concorde, harmonie, abais-
sement de toutes les barrières, fusion volon-
taire et féconde des classes et des races, et
cette parole magique de liberté qui faisait
trouver doux à Catou de s'arracher les en-
trailles! Tu apparus comme une rédemptrice,

— et tout Paris te salua unanimement, que tu
passasses ta tête aux fenêtres du Palais-Royal,
ou que tu dressasses la pique sur les ruines
de la Bastille!... Te souviens-tu de cette nuit
immortelle du 4 août, dans laquelle l'Assem-
blée nationale t'épousa devant l'Europe atten-
tive et émue, et où l'on jeta pêle-mêle sur ton
lit les croises, les mitres, les cordons bleus,
les pai chemins, les privilèges, tous les som-
bres joyaux de la féodalité qui s'avouait vain-
cue 1 Que de cris, d'enthousiasme, de dévoue-
ment, de passion, de folie et d'amour! Tu fus
l'idole, on t'encensa, on t'adora! Les La Ro-
chefoucauld,^; Noailles.les La Tour-d'Auver-
gne sollicitèrent l'honneur de l'être présen-
tés, — et Philippe d'Orléans se fit ton cheva-
lier servant 1 On te lit boire les vins d'honneur
dans les vases sacrés, — on t'apporta la rôtie
sur un plat d'or, jeune épousée qui n'avais
point encore de sang aux ongles, et dans les
mythes de laquelle ne flamboyait pas encore
le glaive d'Harmodiuj et d'AristOgiton ! Qui
eût dit que tout cela s'évanouirait si vile et
serait emporté par les destins dans un nuage
livré aux vents du ciel !

Tunereviendras plus,citoyenne Louisette!...
tu ne reviendras plus !... Ton lègne est, fini,
tes grands amants sont morts,— et que peux-
tu espérer, toi, la forle femme aux puissantes
mamelles, comme dit le poète, de ces avortons
qui se vantent d'avoir tes faveurs? Que peu-
vent-ils pour toi? D'où viennent-ils?... Où
vont-ils? Ah ! pauvre Louisette I où as-tu les
yeux, mon enfant, si tu ne vois pas ce qu'ils
veulent et si tu eu attends quelque chose ?

Aujourd'uui, quand on regarde ton passé
tout incendié des reflets rouges de la fournaise
immense que tu allumas sur le monde, les
plus froids et les plus hostiles ne peuvent se
défendre d'un sentiment d'étonnement pro-
fond, sinon de secrète admiration. On te voit
tenant embrassée l'image grandiose de la pa-
trie en pleurs — tnyens patries lacrymantis
imago, pour me servir des mots de Lucain,—
repoussant l'invasion abhorrée, et portant le
drapeau de la nation, du moulin de Valmy à
la crête des Pyramiues! On te contemple cul-
butant l'Autriche et la Prusse, fuyant épou-
vantées à la voix de Westei•manu qui, debout
sur ses étriere, lançait contre elles les stro-
phes ailées de la Marseillaise! On se souvient
de ceux qui, —quels qu'ils fussent, d'ailleurs,
par eux-mêmes! — savaient mourir pour toi,
et expiaient glorieusement leurs fautes ou
leurs audaces, san- hésiter et sans pàlirl... En
ce temps-là du moins, les féroces ne se dé-
mentirent pas, les téméraires i.i reculèrent
pas, les implacables ne se soumirent pas.
Après avoir été cruel pour les autres, on sut
aussi êtie cruel pour soi; on ne détourna
point les yeux de la coupe où l'oa avait soi-

même exprimé la geigne, — et le jour de la
déroute, ceux qui avaient tenu la massue
d'Hercule ne consentirent point à l'échanger
contre la batte d'Arlequin!

C'est qu'alors, citoyenne Louisette, il y avait
des hommes!

Mais aujourd'hui !...

Quelle folie à toi que de vouloir recom-
mencer avec ces nabots cette longue suite
d'aventures!... Et ne vois-tu pas que ce n'est
point dans une arène antique, mais dans un
cirque moderne qu'on veut te conduire, — et
que c'est Auriol, et non Spartacus, que tu y
rencontreras !...

Voyons, te figures-tu l'habit de Danton sur
les épaules de Gambetta, et le frac de Robes-
pierre sur le dos de M. Floquet, te représentes-
tu le mouchoir rouge de Marat sur la tête de
M. Marcou, et les pieds de M. Barodet dans
les sabots de Chaumette !... Bordone n'est pas
encore à la hauteur de Ronsin, et Détroyat n'a
pas fait oublier Rossignol!... Nous n'avons pas
eu de Saint-Just en Alsace, et j'aime encore
mieux Lafayette que Trochu!...

Et tout en est ainsi, du petit au grand! et
du grand au petit! ce qui est pire, peut-être !...
Examine tes Girondins avec le gros Casimir
Périer pour Vergniaud, Barthélemy-Saint-Hi-
laire pour Condorcet, et Vautrain pour Ro-
land de la Platière !... Quelle dégringolade 1...
Quel applatissement! Quel four, comme on
dit maintenant!... Une Montagne avec des Le-
dru-Rollin, une Plaine avec des Jules Favre,
unMaraisavecriesLauriers! Où sommes-nous!...
où allons-nous !...

Et lu espires quelque chose !..

Et tu comptes sur quelqu'un!..

Quelle aberration!

Mets-toi bien cela dans la tête, citoyenne
Louiselte : il n'y a plus de personnalités ! il n'y
a plusde caractères!.. Nous sommes, en tout,
et pour tout, dans la période de la décadence :
nous voici arrivés au simili-bronze, au simili-
marbre, au simili-zinc, au simili-pierre, à la
rédaction Colas, à la dictature en Chambre, à
la poésie funambulesque, à l'éloquence bal-
connienne, au parlementarisme ! ce n'est point
toi, avec tes aspirants-héros et tes grands
hommes nains qui nous sortiras de là. 11 t'en
faudrait d'une autre taille et d'une autre en-
colure; et tout ton personnel, avec ses ori-
peaux tirés de ton vieux magasin d'accessoires,
n'arrivera jamais qu'à se faire siffler, même
sur les théâtres de province, — comme cela
lui est arrivé déjà.

Ah ! grands dieux ! si tu n'as que celte troupe
de cabotins usés, fanés et tarés à nous offrir,
laisse-nous tranquilles, loi aussi!.. Laisse-
nous dormir!.. Laisse-nous mourir dans cette
somnolence douce et triste qui accompagne la
fin des peuples qui ont achevé de jouer leur
rôle sur la scène du monde, et que ne tirent
même point de leur léthargie les trois coups
frappés par le régisseur, et qui annoncent à
l'univers qu'une pièce nouvelle va commencer,
;ouée par de nouveaux acteurs.

MARCUS.

- n-tt» » or» -—

LE ROI DES GRENOUILLES

Un bon petit roi, tout de même, c'est le roi
de Bavière!

Au moins, il est tranquille,

Et ne met point ses Etats à l'envers, — et
c'est toujours ça!

Pourvu qu'on le laisse à son piano,

Et qu'il puisse siffler quelques bocks avec
« son famulus Wagner »,

Il se trouve heureux comme un poisson
dans l'eau,

Et n'en demande pas davantage.

Wagner, surtout, le préoccupe !

11 le mettrait dans du coton !

L'auteur du Tanuhauser ne pouvait pas, il y
a quelques années, aller... souffler, sans que
Louis H ne lui tînt compagnie, — et ne l'atdât
à se rhabiller.

Ce bon petit roi était son alter ego.

Si Wagner allait au restaurant, et se trou-
vait sans le sou au quart fl'heure de Rabelais,

11 se bornait à dire au garçon :

« Portez ça chez Louis! »

Et l'intendant du roi de Bavière se confon-
dait en salutations devant le îestaurateur qui
voulait bien accepter les florins de l'escarcelle
royale.

Bref, cette petite intimité était charmante,

— et, pour un peu, tous les Bavarois en eus-
sent versé des larmes.

11 est vrai qu'elle ne dura pas trop long-
temps,

Attendu que le jeune Wagner eût vidé la
bourse d'un maharajah!...

On s'en plaignait à Munich, et il fallut ar-
rêter les frais. Or, on en arriva à se moquer

— car on est narquois en Bavière — presque
autant de la rupture qu'on ne s'était moqué
de la liaison!

Mon Dieu!
Vous direz :

« Voilà des peuples qui payent, — et qui,

par conséquent, ont bien un peu le droit de
rire pour leur argent! »
Je sais bien!

Et pourtant je trouve qu'ils ont tort!

C'est une si bonne chose qu'un roi qui se
borne à jeter parles fenêtres Pargent qu'on
lui donne!

Courier, parlantdesministres desontemps,
souhaitait qu'ils employassent tout le revenu
public à entretenir des filles d'opéra, à la con-
dition de laisser le peuple travailler et vivre à
son aise ;

Et, m'est avis qu'il n'avait point tort !

C'est déjà un grand bonheur quand ceux qui
peuvent nuire consentent à se tenir en repos,

Et les Bavarois sont de jolis Nicodèmes de
désirer un monarque d'un autre patron!

Ce sont les grenouilles qui, dotées par Ju-
piter d'un soliveau, se lassent de leur bon-
heur!

Qu'ils en aient un seulement qui ait d'autres
goûts,

Qui veuille faire parler de lui, comme nous
en avons tant vu, nous autres Français,

Qui aspire à faire grand, — comme disait
un illustre prisonnier (qui n'est point encore
évadé!),

Qui exige qu'on parle de sa gloire jusqu'au
Mexique,

Qui songe à conquérir Berlin et le moulin
de Sans-Souci, —

Et ils nous en diront des nouvelles!...

Imbéciles!... Laissez-le donc faire de la mu-
sique!... Au moins, quand vous le chasserez,
il n'aura pas besoin que vous lui fassiez une
pension alimentaire, el il saura gagner sa vie
en jouant de l'accordéon dans les cours!

ERNEST.

LE VOYAGE DU PACHA

CO.NTE ORIENTAL

Il y avait une fois, au pays de Samarkand,
un pacha illustre qui avait été choisi par l'As-
semblée des sages pour présider pendant sept
ans aux destinées de l'Etat.

Pendant les premiers jours de son élection,
tout marcha le mieux du monde.

Mais au bout de quelque temps, ce ne fut
plus cela du tout.

Les sages, fort divisés entré eux d'opinions,
et qui, tous, avaient quelqu'un à placer sur
le trône de Samarkand, [commencèrent à s'a-
percevoir que celui qu'ils avaient considéré
jusque-là comme un soliveau, était un chêne
vigoureux qu'il n'était pas lacile de renverser.

Oh ! mais du tout!

Cela ne fil pas le compte de ces braves gens
qui se mirent alors, dans l'Assemblée, à faire
un tapage infernal.

Chacun s'ingénia à le contrarier en tout.

Ah ! tu veux faire cela, mon bonhomme?

Attends, attends !.., tu vas voir de quel bois
nous nous chauffons.

Et v'ii! et v'ian! C'était tous les jours un
charivari épouvantable.

— Mais, messieurs, disait le vieux soldat...

— Je veux mon roi, moi!

— Cependant...

•— Et moi mon empereur!

— Pourtant...

— Et moi, ma République!

— Vous parlez tous à la fois!... Et le pays?

— Quel pays?

— Samarkand.

— Eh bien?

— Eh bien, êtes-vous sûr qu'il so't de votre
avis?

— Nous ne nous en fichons pas mal!

— Ahl... du moment où...

— Vive le roi !

— Vive l'empereur!...

— Allez-vous-en, alors, si vous ne pouvez
vous entendre.

— Allez-vous-en vous-même !

L'illustre guerrier avait, comme on le voit,
une existence bien agréable.

Enfin, un beau jour, fatigués de hurler,
épuisés, haletants et enroués, l'Assemblée des
sages résolut de se reposer pendant quelques
mois.

Un congé bien gagné, allez !
Immédiatement le commerce reprit, les af-
faires marchèrent, la Bourse monta.

— Ouf!... s'écrièrent les habilauts de [Sa-
markand, nous allons donc respirer un peu et
gagner tranquillement notre vie.

Mais le vieux chef, qui n'était pas si bête
que le croyaient les sages, se dit :

— Voyons, voyons, il me semble que le
moment est venu de m'assurer uu peu des in-
tentions de mes concitoyens.

Car enfin, si par hasard, ils voulaient un
autre gouvernement que le uiien,je m'em-
presserais de leur donner ce qu'ils me deman-
deraient, d'autant que je ne m'amuse pas
énormément, moi.

Allons, voyageons un peu et examinons.

El le guerrier boucla sa valise et s'en fut

visiter toutes les parties de l'ex-empire de Sa-
markand.

Arrivé, un jour, dans une des villes les plus
importantes, le cadi de la susdite ville lui dit :

— Monseigneur, çà ne peut pas durer
comme cela.

— Bah!

■— Tout va de mal en pis.

— C'est un peu mon opinion, je vous l'a-
vouerai entre nous.

— Les 750 sages que nous avons le malheur
de posséder prennent à tâche de tout brouil-
ler.

— A qui le dites-vous!

— Il faut les flanquer à la porte.

— Diable!

— Kl établir un gouvernement sérieux.

— Mais il me semble que le mien...

— Vous êtes trop faible.

— Vous pensez. .

— Et vous vous laissez manger la plume
sur le dos par tous ces criailleurs qui se mo-
quent de vous.

— Monsieur!...

— J'ai dit. Réfléchissez. Pour nous, nous
sommes las du provisoire.

L'illustre soldat se gratta le nez, ce qui chez
fous les peuples est un signe de réflexion, et
se mit à penser beaucoup à ce que lui avait
dit le cadi.

D'autant que plus il vit de cadis, plus il en
tendit la même chose.

— Nous ne voulons plus de sultan, lui
faisait-on comprendre. Ni sultan blanc, ni
sultan vert, ni sultan rouge. Nous voulons
nous gouverner par nous-mêmes, et si vous
voulez nous être agréable, vous emploierez les
six années qui vous restent à organiser tout
cela, à nous donner de bennes lois, et si les
sages en activité à l'heure qu'il est ne con-
sentent pas à faire ce que vous leur demande-
rez, du balai, entendez-vous?... et sans vous
gêner.

Et tout le temps comme cela pendant son
voyage.

Si bien qu'à force de réfléchir et de se grat-
ter le nez, le vieux chef rentra chez lui le nez
en sang et très-soucieux.

Décidément, pensaii-il, ces 750 sages veu-
lent me mettre dedans. Si je les mettais
dehors?... Cela serait un peu vif... mais, en
somme,ils ne l'auraient pas volé. N'importe'!...
soyons plus diplomate... feignons de feindre
afin de mieux dissimuler, comme disait je ne
sais quel traître de mélodrame. Je vais com-
mencer par leur parler gentiment... je leur
dépeindrai la situation; je leur dirai qu'il faut
que cela finisse, qu'ils se hâtent d'organiser
quelque chose et de faire quelques bonnes lois,
au lieu de se disputer comme des croche-
té urs.

Je leur parlerai très-poliment.

Je serai digne et réservé.

Je leur montrerai leur devoir et puis, ma
foi, s'ils font la sourde oreille, ah! dame,
alors...

Ici, malheureusement, s'arrête le manuscrit
original où nous avons copié ce conte. Mais
avec un peu de bonne volonté et d'esprit, je
crois que chacun de mes lecteurs peut en de-
viner le déiioùment sans peine.

Pour moi, je pense l'avoir trouvé.

NICOLAS FLAMMÈCHE.

UN SUJET D'ÉTONNEMENT

Les journaux pour lesquels tout républicain
n'est qu'un voyou, annonçaient cette semaine
la mort de Guillard de Kersau^-ie, et en enre-
gistrant ce décès, ils constataient avec un élon-
nement profond que ce vieux démocrate était
riche, noble, intelligent, homme du monde,
homme de cœur, - et qu'un désintéressement
absolu avait toujours présidé à tous ses actes.

Lesdits journaux n'en revenaient pas.

Ils ne pouvaient pas comprendre qu'un
homme qui n'est pas réduit à la mendicité fût
républicain.

Ou plutôt ils ne voulaient pas le comprendre.

Car, d'après eux, il n'y a guère de répu-
blicains que ceux qui dévalisent les passants
la nuit, sur les boulevards extérieurs, et dont
le plus honnête des moyens d'existence est de
faire les paires de bottines aux étalages!

Çà »st connu 1

Tous ceux qui déclarent qu'ils n'ont nul
besoin de payer une liste civile de 25 à
40 millions à un particulier qui s'acquitte
envers le pays en émettant l'emprunt mexi-
cain, ou en capitulant à Sedan,—tous ceux-là,
dis-je, ne sont pour les excellents journaux
de la garde-robe, que d'affreux polissons et
des va-nu-pieds ridicules.

Ce sont des fainéants, — des pochards dont
l'idéal est un litre à seize inépuisable !..

Et il n'y a rien qui vexe ces galants hommes
de lettres comme de rencontrer des républi-
cains de l'espèce de Guillard de Kersausie!

Quoi 1

Un homme qui avait de quoi vivre!
Un bomme qui savait lire et écrire !
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