LBâGRBLOÏ
intéressant document. Voilà qui est rudement
commode quand on a à écrire !... Et payer
cinquante mille francs pour avoir le droit de
ne pas parler de toutes les choses dont il est
question dans ce joli petit règlement, c'est
Pour rien, au prix qu'est le beurre!... Qui
diable! peut avoir inventé ça?... Ça ne doit
pas remonter à bien longtemps; —l'expé-
rience manque encore probablement, car si
en avait seulement fait l'essai pendant trois
rnoi«, on se serait empressé de l'abo'ir!...
Tien?, il faudra que je le demande demain
dans mon journal...
— Eh! monsieur, cria alors le caissier, —
vous ne voulez donc pas de votre reçu?...
Voilà trois heures que je vous attends !... Est-
ce que vous prenez mon bras pour une en-
seigne?
— Tiens, se dit Polydore, — il y a des em-
ployés bien polis dans cette administration!...
--Dire que c'est comme ça dans toute la
France !
Néanmoins, il prit son reçu et alla faire son
numéro du lendemain.
Effet des préoccupations de
Polydore.
La lecture de l'Avis aux directeurs de jour-
naux poliliqueslui avait tellement mis l'esprit
^ l'envers qu'il ne put songer à autre chose,
*t que le Journal raisonnable s'en ressentit.
— Diable, diable, — y disait Polydore—on
"e se moque pas ainsi des gens!...
Vous leur faites payer cinquante mille
rancs pour avoir le droit de faire un journal
Politique,
Et vous leur défendez ensuite de parler po-
litique ! ...
C'est comme si un restaurateur organisait
un banquet à vingt francs par tête,
Et qu'une fois l'argent empêché,
11 se contentât de dire :
— Bah ! bah !... vous vous passerez bien de
^dîner-là!
Eh bien!
Moi, je la trouve mauvaise!
J'ai donné mon argent pour quelque chose,
Et je n'aime pas qu'on se fiche de moi !
Rendez-moi mon argent, — que je me fasse
marchand de moutarde ou de peaux de la-
pin !
Au moins, j'aurai de la marchandise pour
monnaie !
Moralité.
Gela n'amena qu'un nouveau procès, avec
Mson, amende, frais, etc., etc.
C'était prévu.
— Dites donc, s'écria Polydore,— qu'on me
fende mon argent, au moins !
— Oh! dans trois mois, lui répondit le pré-
sident... Est-ce que vous croyez que le gou-
vernement peut se dessaisir comme ça?...
Morbleu ! dit Polydore, me dira-t-on au
^oins de quand date cet Avis aux directmrs
*journaux politiques? Est-ce de l'an passé?...
fist-ce de cette année?
— Eh! monsieur, fit le président... vous ne
Connaissez donc pas l'histoire?... 11 est de
1874!
MUSTENFLUTË.
%l RÉPONSE AUX PROVOCATEURS
M. Berger est très-fier.
H invite le ministre de l'intérieur à le pour-
suivre.
Rien ne lui ferait plus de plaisir, — à l'en
croire.
Mais je le soupçonne fortement d'être con-
^incu que le ministre se tiendra les bras
Croisés, ,
Et que c'est de là que lui vient son audace.
H est vrai que cette conviction ne manque
Pas de fondements :
Puisqu'on n'a pas encore poursuivi le co-
niité de l'a»ppel au peuple,
Pourquoi poursuivrait-on M. Berger!
Il n'y a pas de raison d'en vouloir à cet ob-
scur, quand on laisse tranquilles les illustres,
Et le déférer au parquet, ce ne serait que
renouveler l'allégorie de la toile d'araignée
3ui retient les moucherons et laisse passer
Créaient l<ss taons.
Si l'on avait eu vraiment l'intention de pour-
&ViWre les meneurs bonapartistes,
, On aurait commencé par prendre aa collet
es gros conspirateur^
Cela eût imposé silence aux autres
Et M. Berger n'aurait soufflé mot.
Mais puisque l'affaire du comité de l'Appel
peuple est enterrée,
Ou du moins semble l'être,
Les moindres roquets se croient le droit de
élever la têle,
Et les journaux de la garde-robe impériale,
aSsurés de l'impunité, rivalisent d'impudence.
Ou resta, quaad ©n voit des gens traduits
en justice et condamnés pour avoir participé,
— comme toute la nation ! — à la journée du
4 ssptembre dont, quoi qu'il dise et quoi qu'il
fasse, le gouvernement actuel est sorti,
Il n'y a rien d'étonnant à ce que les appé-
tits en quête d'un Napoléon IV, ouvrent la
gueule toute grande, et commencent d'aboyer
en attendant qu'ils mordent.
ZED.
LE JOURNAL CHANIÉ
Nous avons des journaux de toutes les cou-
leurs et de tous les formats, des journaux
quotidiens, semi-quotidiens, hebdomadaires,
bi-mensuels et mensuels.
Il semble au premier abord que nous ne
pouvons rien désirer de plus — en fait de
journaux.
Il existe cependant dans la publicité une
lacune importante que je me propose de
combler.
Je veux parler du journal chanté, à l'usage
des gens qui ne savent pas lire ou des aveu-
gles.
La tradition nous raconte qu'Homère, le
journaliste de la guerre de ïroyes, allait ré-
citer et même chanter de ville en ville les ex-
ploits de ses héros.
Pourquoi n'aurions-nous pas des journa-
listes-rhapsodes qui iraient chanter dans les
cours et sur la voie publique les événements
du jour?
Ils pourraient s'accompagner d'une guitare,
d'une clarinette, voire même d'un orgue de
Barharie. Leurs bénéfices consisteraient dans
une quête qu'ils feraient auprès de leurs au-
diteurs.
Un journaliste doué d'une belle voix, Léonce
Détroyat, par exemple, pourrait gagner à ce
métier-là quarante ou cinquante francs par
jour, — et je veus assure que tous les écrivains
ne gagnent pas cela à l'heure qu'il est.
Nous avons déjà les pitl'erari italiens qui ont
vu le jour aux Batignolles ou place Maubert.
Nous aurions les pifferari-jQurnalistas.
Louis Veuillot s'en ir?it chanter dans le
faubourg Saint-Germain les splendeurs du
dernier pèlerinage de Lourdes :
Je débarque de Lourdes,
Mironton, mironton, mirent aine;
Je débarque de Lourdes
Par le chemin de fer.
J'appdrt' des indulgences,
Mironton, mironton, mirontaine,
J'apport' des indulgences,
Dans les prix les plus doux!
Paul de ^Cassagnac, retour de Chislehurst,
célébrerait les louanges de Vélocipède IV sur
l'air de la Reine Horiense :
J'ai vu l'auguste mèie
De ce lils plein de chic,
Qui s'illustra naguère
Au concours de Woolwich
Le reporter en chef du Figaro, Gaston
Vassy, irait chanter dans les cours l'accident
nouveau :
Au cinquième étags perché,
Ce matin, un mari fâché
A, d'une façon incongrue,
Lancé sa femme dans la me.
Bientôt nous n'allons plus pouvoir
Nous promener sur le trottoir,
Sans qu'un mari marri nous jette
Sa légitime sur la tète.
Et son patron, le papa de Villemessant, s'é-
gosillerait à critr :
G Cliambord, 0 mon Roy,
L'Univers t'abandonne.
La partie industrielle du journa trouverait
aussi des interprètes zélés qui vociféreraient
du matin au soir :
Le meilleur restaurant c'est «'lui de Fricoteau,
On y mange à toute heure un très bon fricandeau.
L'on a pour vinyt-cinij sous, un liors-d'œuvr' une por-
Un d'mi-litre de vin, du pain à discrétion, [tion.
Sur l'air du tra, lu la, etc., etc.
Le bulletin des théâtres serait chanté ainsi :
A l'Opéra tout vous invite
A voir jouer la Favorite ;
On donne : à l'Oper-Com., Mignon,
Louis XIV a l'Odépn.
Théo des Bouffes est la fée;
A la Giiîté l'on joue Orphée,
Bobinette an Paluis-Hoyal ;
Le fameux Théâtre-Moral
De Bertrand arrondit la caisse,
Etc., etc.
Quand je vous dis qu'il y a une lacune à
combler, u'ai-je pas raison?
Alphonse LAFITTE.
COUPS DE BEC
Le Journal des Débats vient d'ecoper d'un
communiqué qui n'était pas piqué des hanne-
tons; il peut se ilatter de ne pas l'avoir volé,
entre nous soit dit.
Pour mon compte, j'en ai ressenti une telle
joie, que le soir même je m'en suis fourré
trois petits verres en plus avec ma chicorée.
Comment! voilà un gueusard de journal
qui a le toupet, le démagogique toupet d'im-
primer sur son radical papier :
« Travailler contre la République, c'est tra-
vailler pour l'empire !!! »
Sachez, monsieur les.Dtbats. que je suis un
orléaniste comme il y en a peu, et que, si le
gouvernement vous avait ménagé, vous auriez
eu alfaire à moi.
A-l-on jamais vu?...
Et ce M. Tirard qui cherchait à l'excuser !
Quel fourbe que cet homme !!!
Et comme le ministre l'a bien collé I
Comme il le lui a bien dit : Le Journal des
Débals a calomnié les non républicains.
En effet, c'est une indignité d'aller traiter
de bonapartistes des gens qui ne vous ont pas
fait de sottises.
Aussi, j'espère bien qu'on va nous faire une
bonne loi contre de telles violences de lan-
gage, et, selon moi, voilà ce qu'on devrait dé-
créter :
Considérant ceci et cela, l'assemblée dé-
crète :
1" Tout citoyen qui en aura traité un autre
de bonapartiste sera puni d'un emprisonne-
ment d'un an à trois ans et à 17,000 fr. d'a-
mende;
2° S'il l'a traité de sénateur, 0 fr. 30 c. en
plus;
3° S'il a poussé le cynisme jusqu'à l'appeler
empereur devant le monde, dans un omnibus
ou en pleines Folies-Bérgères : la peine de
mert;
4° Les dites expressions pourront être consi-
dérées comme nulles dans le cas de légitime
défense.
Sont considérés comme cas de légitime dé-
fense :
1° Si l'insulté a provoqué le nom de bona-
partiste en vous volant vos couverts.
2° Celui de sénateur, en vous appelant :
vieille saloperie, imbécile, pochard, voleur ou
herboiiste ;
3° Celui d'empereur, en vous mettant des
punaises dans votre ragoût de mouton, en vous
tirant va coup ne pistolet dans le dos, en vous
donnant des coups de pied dans le ventre, ou
en vous introduisant du sulfate de cuivre dans
votre limonade gazeuse.
Chaules Lkuoï.
DB THÉÂTRE EN THÉÂTRE
L Odéoti, toujours à la recherche des jeunes
auteurs et fidèle au mandai qu'il a reçu, vient,
après la Jeunesse de Louis XJV, de nous donner
une représentation du Célibataire et l'homme
marié, comédie qui date de cinquante ans à
peu près.
La pièce est amusante et bien jouée... rela-
tivement.
Mais quand M. Duquesnel nous donuera-t-il
du nouveau?
* *
Parlez-moi du théâtre Cluny!
Voilà un directeur qui joue les jeunes.
| A la bonne heure!
Nous verrions même dans quelque temps,
un bureau de nourrices adjoint au cabinet du
directeur que nous n'en serions pas étonnés.
Les Bêtes noires du capitaine, de M. Paul
Celliôre, font une agréable comédie, qui ne
manque ni d'esprit, ni de gailé.
Il y a bien de l'inexpérience encore, ce qui
n'a rien d'étonnant, du reste, chez un auteur
à peine âgé de trois ans.
Mais nous croyons que vers ses onze ans,
M. Cellière aura fait quelques progrès à ce
point de vue.
{On nous apprend à l'instant que M. Cellière
est bien moins jeune que nous ne l'avions annoncé.
Il aura dix-sept ans et demi aux premières
bâches économiques.)
N'importe!... c'est encore très-joli.
Tous mes compliments.
* *
Le Gymnase qui n'a depuis quelque temps,
paraît-il, d'autre préoccupation que de col-
lectionner des fours, peut mettre la Gilberte
qu'il vient de [nous donner au nombre des
mieux réussis.
M. Gondinet, un garçon bien spirituel pour-
tant, s'est rarement trompé d'une façon aussi
corsée.
Il prendra sa revanche, nous en sommes
sur.
Tout le succès de la soirée a été pour Made-
moiselle Delapcrte, plus belle, plus émue et
plus excellente comédienne que jamais.
Il paraît que la Russie, d'où Mademoiselle
Dclaporte nous revient, censure joliment le
talent. J
Je sais diablement des comédiens qui de-
vraient y aller faire un tour!
PUCE.
GRELOTS
Je rencontre Charles Leroy l'autre jour, et je lu
dis :
— Eh bien! Moreau est condamné à mort.
— C'est vrai, nie répond-il, mais je no comprends
pas ça, car enfin, il a tué deux femmes!...
+
Dans le départemer.t de Maine-et-Loire, il paraît
qu'un instituteur bonaparliste a défendu à ses élèves
de crier : On dit zut au Bet...ger!
+
11 y a des femmes qui lisent le Tintamarre.
Un pochard rentrant chez lui, sa femme se met à
l'invectiver,
— De quoi te plains-tu, Joséphine, voyous dis?
— Je me plains que tu le sois de trop.
é
Pensée d'un marchand de cuir.
Il vaut mieux perdre sa journée que sou tan,
+
A l'exposition des insectes, M. X... a été très-
remarqué.
+
La salle de l'Ambigu ne l'est plus.
Billon! ils ont abîmé ton théâtre.
+
On dit souvent que l'attente est bien triste, mais il
y a bien des oncles qui ne sont pas gais non plus.
+
—- Mon cher, c'est un vilain homme, il paraît qu'il
bat les femmes.
— Vraiment ! donne-moi donc son adresse, pour
que j'y conduise la mienne.
+
Traiter les gens chez Bonnefoy, il n'y a pas de mal
à ça, mais les traiter chez Du val ou de gredins, c'est
joliment malhonnête.
+
La maison du Pont-Neuf à l'air de se recommander
au public, parce qu'elle ne fuit pas le coin du quai;
à ce compte-là, la maison Godchau est, encore bien
plus reconimandable, car elle le fait encore bien
moins,
+
Ce qui fait qu'un magasin de nouveautés ressemble
au soleil, c'est qu'il possède aussi une quantité de
rayons.
+
Elle. — Comment, monsieur! vous vous vantez
d'avoir eu mes faveurs!...
Lui. — Oti! pardon, je le dis, mais je ne m'en
vante pas, au ootitraire.
TRIBOULET.
Aux Folies-Marigny, Mimi-Chiffon, folie vaudeville
en deux actes, va succéder aux Filles de l'Air qui
approchent de leurs dernières représentations.
Le spectacle sera complété par Madame Anyot et
ses Demoiselles qui obtiennent toujours un grand suc-
cès dans la bonbonnière de M. Gaspari.
Le tout Paris qui s'amuse était Samedi à la réou-
verture de Valentino. Les plus jolis minois, les dan-
seuses les plus à la mode s'étaient donné rendez-vous
dans les salons nouvellement décorés de notre Eden
de Paris. L'orchestre, vaillamment dirigé par M. De-
ransart, avec un entrain iriésistible, a obtenu un suc-
cès sans précédent. L'inauguration des concerts spec-
tacle aura lieu le 2 octobre ; ils alterneront avec les
bals.
THÉÂTRE DE LA TOUR-D'AUVERGNE. — Tou»
les soirs (8 heures), les Petits-Fils de Mênélas, Dans
le Pétrin, En Classe Mesdemoiselles,
intéressant document. Voilà qui est rudement
commode quand on a à écrire !... Et payer
cinquante mille francs pour avoir le droit de
ne pas parler de toutes les choses dont il est
question dans ce joli petit règlement, c'est
Pour rien, au prix qu'est le beurre!... Qui
diable! peut avoir inventé ça?... Ça ne doit
pas remonter à bien longtemps; —l'expé-
rience manque encore probablement, car si
en avait seulement fait l'essai pendant trois
rnoi«, on se serait empressé de l'abo'ir!...
Tien?, il faudra que je le demande demain
dans mon journal...
— Eh! monsieur, cria alors le caissier, —
vous ne voulez donc pas de votre reçu?...
Voilà trois heures que je vous attends !... Est-
ce que vous prenez mon bras pour une en-
seigne?
— Tiens, se dit Polydore, — il y a des em-
ployés bien polis dans cette administration!...
--Dire que c'est comme ça dans toute la
France !
Néanmoins, il prit son reçu et alla faire son
numéro du lendemain.
Effet des préoccupations de
Polydore.
La lecture de l'Avis aux directeurs de jour-
naux poliliqueslui avait tellement mis l'esprit
^ l'envers qu'il ne put songer à autre chose,
*t que le Journal raisonnable s'en ressentit.
— Diable, diable, — y disait Polydore—on
"e se moque pas ainsi des gens!...
Vous leur faites payer cinquante mille
rancs pour avoir le droit de faire un journal
Politique,
Et vous leur défendez ensuite de parler po-
litique ! ...
C'est comme si un restaurateur organisait
un banquet à vingt francs par tête,
Et qu'une fois l'argent empêché,
11 se contentât de dire :
— Bah ! bah !... vous vous passerez bien de
^dîner-là!
Eh bien!
Moi, je la trouve mauvaise!
J'ai donné mon argent pour quelque chose,
Et je n'aime pas qu'on se fiche de moi !
Rendez-moi mon argent, — que je me fasse
marchand de moutarde ou de peaux de la-
pin !
Au moins, j'aurai de la marchandise pour
monnaie !
Moralité.
Gela n'amena qu'un nouveau procès, avec
Mson, amende, frais, etc., etc.
C'était prévu.
— Dites donc, s'écria Polydore,— qu'on me
fende mon argent, au moins !
— Oh! dans trois mois, lui répondit le pré-
sident... Est-ce que vous croyez que le gou-
vernement peut se dessaisir comme ça?...
Morbleu ! dit Polydore, me dira-t-on au
^oins de quand date cet Avis aux directmrs
*journaux politiques? Est-ce de l'an passé?...
fist-ce de cette année?
— Eh! monsieur, fit le président... vous ne
Connaissez donc pas l'histoire?... 11 est de
1874!
MUSTENFLUTË.
%l RÉPONSE AUX PROVOCATEURS
M. Berger est très-fier.
H invite le ministre de l'intérieur à le pour-
suivre.
Rien ne lui ferait plus de plaisir, — à l'en
croire.
Mais je le soupçonne fortement d'être con-
^incu que le ministre se tiendra les bras
Croisés, ,
Et que c'est de là que lui vient son audace.
H est vrai que cette conviction ne manque
Pas de fondements :
Puisqu'on n'a pas encore poursuivi le co-
niité de l'a»ppel au peuple,
Pourquoi poursuivrait-on M. Berger!
Il n'y a pas de raison d'en vouloir à cet ob-
scur, quand on laisse tranquilles les illustres,
Et le déférer au parquet, ce ne serait que
renouveler l'allégorie de la toile d'araignée
3ui retient les moucherons et laisse passer
Créaient l<ss taons.
Si l'on avait eu vraiment l'intention de pour-
&ViWre les meneurs bonapartistes,
, On aurait commencé par prendre aa collet
es gros conspirateur^
Cela eût imposé silence aux autres
Et M. Berger n'aurait soufflé mot.
Mais puisque l'affaire du comité de l'Appel
peuple est enterrée,
Ou du moins semble l'être,
Les moindres roquets se croient le droit de
élever la têle,
Et les journaux de la garde-robe impériale,
aSsurés de l'impunité, rivalisent d'impudence.
Ou resta, quaad ©n voit des gens traduits
en justice et condamnés pour avoir participé,
— comme toute la nation ! — à la journée du
4 ssptembre dont, quoi qu'il dise et quoi qu'il
fasse, le gouvernement actuel est sorti,
Il n'y a rien d'étonnant à ce que les appé-
tits en quête d'un Napoléon IV, ouvrent la
gueule toute grande, et commencent d'aboyer
en attendant qu'ils mordent.
ZED.
LE JOURNAL CHANIÉ
Nous avons des journaux de toutes les cou-
leurs et de tous les formats, des journaux
quotidiens, semi-quotidiens, hebdomadaires,
bi-mensuels et mensuels.
Il semble au premier abord que nous ne
pouvons rien désirer de plus — en fait de
journaux.
Il existe cependant dans la publicité une
lacune importante que je me propose de
combler.
Je veux parler du journal chanté, à l'usage
des gens qui ne savent pas lire ou des aveu-
gles.
La tradition nous raconte qu'Homère, le
journaliste de la guerre de ïroyes, allait ré-
citer et même chanter de ville en ville les ex-
ploits de ses héros.
Pourquoi n'aurions-nous pas des journa-
listes-rhapsodes qui iraient chanter dans les
cours et sur la voie publique les événements
du jour?
Ils pourraient s'accompagner d'une guitare,
d'une clarinette, voire même d'un orgue de
Barharie. Leurs bénéfices consisteraient dans
une quête qu'ils feraient auprès de leurs au-
diteurs.
Un journaliste doué d'une belle voix, Léonce
Détroyat, par exemple, pourrait gagner à ce
métier-là quarante ou cinquante francs par
jour, — et je veus assure que tous les écrivains
ne gagnent pas cela à l'heure qu'il est.
Nous avons déjà les pitl'erari italiens qui ont
vu le jour aux Batignolles ou place Maubert.
Nous aurions les pifferari-jQurnalistas.
Louis Veuillot s'en ir?it chanter dans le
faubourg Saint-Germain les splendeurs du
dernier pèlerinage de Lourdes :
Je débarque de Lourdes,
Mironton, mironton, mirent aine;
Je débarque de Lourdes
Par le chemin de fer.
J'appdrt' des indulgences,
Mironton, mironton, mirontaine,
J'apport' des indulgences,
Dans les prix les plus doux!
Paul de ^Cassagnac, retour de Chislehurst,
célébrerait les louanges de Vélocipède IV sur
l'air de la Reine Horiense :
J'ai vu l'auguste mèie
De ce lils plein de chic,
Qui s'illustra naguère
Au concours de Woolwich
Le reporter en chef du Figaro, Gaston
Vassy, irait chanter dans les cours l'accident
nouveau :
Au cinquième étags perché,
Ce matin, un mari fâché
A, d'une façon incongrue,
Lancé sa femme dans la me.
Bientôt nous n'allons plus pouvoir
Nous promener sur le trottoir,
Sans qu'un mari marri nous jette
Sa légitime sur la tète.
Et son patron, le papa de Villemessant, s'é-
gosillerait à critr :
G Cliambord, 0 mon Roy,
L'Univers t'abandonne.
La partie industrielle du journa trouverait
aussi des interprètes zélés qui vociféreraient
du matin au soir :
Le meilleur restaurant c'est «'lui de Fricoteau,
On y mange à toute heure un très bon fricandeau.
L'on a pour vinyt-cinij sous, un liors-d'œuvr' une por-
Un d'mi-litre de vin, du pain à discrétion, [tion.
Sur l'air du tra, lu la, etc., etc.
Le bulletin des théâtres serait chanté ainsi :
A l'Opéra tout vous invite
A voir jouer la Favorite ;
On donne : à l'Oper-Com., Mignon,
Louis XIV a l'Odépn.
Théo des Bouffes est la fée;
A la Giiîté l'on joue Orphée,
Bobinette an Paluis-Hoyal ;
Le fameux Théâtre-Moral
De Bertrand arrondit la caisse,
Etc., etc.
Quand je vous dis qu'il y a une lacune à
combler, u'ai-je pas raison?
Alphonse LAFITTE.
COUPS DE BEC
Le Journal des Débats vient d'ecoper d'un
communiqué qui n'était pas piqué des hanne-
tons; il peut se ilatter de ne pas l'avoir volé,
entre nous soit dit.
Pour mon compte, j'en ai ressenti une telle
joie, que le soir même je m'en suis fourré
trois petits verres en plus avec ma chicorée.
Comment! voilà un gueusard de journal
qui a le toupet, le démagogique toupet d'im-
primer sur son radical papier :
« Travailler contre la République, c'est tra-
vailler pour l'empire !!! »
Sachez, monsieur les.Dtbats. que je suis un
orléaniste comme il y en a peu, et que, si le
gouvernement vous avait ménagé, vous auriez
eu alfaire à moi.
A-l-on jamais vu?...
Et ce M. Tirard qui cherchait à l'excuser !
Quel fourbe que cet homme !!!
Et comme le ministre l'a bien collé I
Comme il le lui a bien dit : Le Journal des
Débals a calomnié les non républicains.
En effet, c'est une indignité d'aller traiter
de bonapartistes des gens qui ne vous ont pas
fait de sottises.
Aussi, j'espère bien qu'on va nous faire une
bonne loi contre de telles violences de lan-
gage, et, selon moi, voilà ce qu'on devrait dé-
créter :
Considérant ceci et cela, l'assemblée dé-
crète :
1" Tout citoyen qui en aura traité un autre
de bonapartiste sera puni d'un emprisonne-
ment d'un an à trois ans et à 17,000 fr. d'a-
mende;
2° S'il l'a traité de sénateur, 0 fr. 30 c. en
plus;
3° S'il a poussé le cynisme jusqu'à l'appeler
empereur devant le monde, dans un omnibus
ou en pleines Folies-Bérgères : la peine de
mert;
4° Les dites expressions pourront être consi-
dérées comme nulles dans le cas de légitime
défense.
Sont considérés comme cas de légitime dé-
fense :
1° Si l'insulté a provoqué le nom de bona-
partiste en vous volant vos couverts.
2° Celui de sénateur, en vous appelant :
vieille saloperie, imbécile, pochard, voleur ou
herboiiste ;
3° Celui d'empereur, en vous mettant des
punaises dans votre ragoût de mouton, en vous
tirant va coup ne pistolet dans le dos, en vous
donnant des coups de pied dans le ventre, ou
en vous introduisant du sulfate de cuivre dans
votre limonade gazeuse.
Chaules Lkuoï.
DB THÉÂTRE EN THÉÂTRE
L Odéoti, toujours à la recherche des jeunes
auteurs et fidèle au mandai qu'il a reçu, vient,
après la Jeunesse de Louis XJV, de nous donner
une représentation du Célibataire et l'homme
marié, comédie qui date de cinquante ans à
peu près.
La pièce est amusante et bien jouée... rela-
tivement.
Mais quand M. Duquesnel nous donuera-t-il
du nouveau?
* *
Parlez-moi du théâtre Cluny!
Voilà un directeur qui joue les jeunes.
| A la bonne heure!
Nous verrions même dans quelque temps,
un bureau de nourrices adjoint au cabinet du
directeur que nous n'en serions pas étonnés.
Les Bêtes noires du capitaine, de M. Paul
Celliôre, font une agréable comédie, qui ne
manque ni d'esprit, ni de gailé.
Il y a bien de l'inexpérience encore, ce qui
n'a rien d'étonnant, du reste, chez un auteur
à peine âgé de trois ans.
Mais nous croyons que vers ses onze ans,
M. Cellière aura fait quelques progrès à ce
point de vue.
{On nous apprend à l'instant que M. Cellière
est bien moins jeune que nous ne l'avions annoncé.
Il aura dix-sept ans et demi aux premières
bâches économiques.)
N'importe!... c'est encore très-joli.
Tous mes compliments.
* *
Le Gymnase qui n'a depuis quelque temps,
paraît-il, d'autre préoccupation que de col-
lectionner des fours, peut mettre la Gilberte
qu'il vient de [nous donner au nombre des
mieux réussis.
M. Gondinet, un garçon bien spirituel pour-
tant, s'est rarement trompé d'une façon aussi
corsée.
Il prendra sa revanche, nous en sommes
sur.
Tout le succès de la soirée a été pour Made-
moiselle Delapcrte, plus belle, plus émue et
plus excellente comédienne que jamais.
Il paraît que la Russie, d'où Mademoiselle
Dclaporte nous revient, censure joliment le
talent. J
Je sais diablement des comédiens qui de-
vraient y aller faire un tour!
PUCE.
GRELOTS
Je rencontre Charles Leroy l'autre jour, et je lu
dis :
— Eh bien! Moreau est condamné à mort.
— C'est vrai, nie répond-il, mais je no comprends
pas ça, car enfin, il a tué deux femmes!...
+
Dans le départemer.t de Maine-et-Loire, il paraît
qu'un instituteur bonaparliste a défendu à ses élèves
de crier : On dit zut au Bet...ger!
+
11 y a des femmes qui lisent le Tintamarre.
Un pochard rentrant chez lui, sa femme se met à
l'invectiver,
— De quoi te plains-tu, Joséphine, voyous dis?
— Je me plains que tu le sois de trop.
é
Pensée d'un marchand de cuir.
Il vaut mieux perdre sa journée que sou tan,
+
A l'exposition des insectes, M. X... a été très-
remarqué.
+
La salle de l'Ambigu ne l'est plus.
Billon! ils ont abîmé ton théâtre.
+
On dit souvent que l'attente est bien triste, mais il
y a bien des oncles qui ne sont pas gais non plus.
+
—- Mon cher, c'est un vilain homme, il paraît qu'il
bat les femmes.
— Vraiment ! donne-moi donc son adresse, pour
que j'y conduise la mienne.
+
Traiter les gens chez Bonnefoy, il n'y a pas de mal
à ça, mais les traiter chez Du val ou de gredins, c'est
joliment malhonnête.
+
La maison du Pont-Neuf à l'air de se recommander
au public, parce qu'elle ne fuit pas le coin du quai;
à ce compte-là, la maison Godchau est, encore bien
plus reconimandable, car elle le fait encore bien
moins,
+
Ce qui fait qu'un magasin de nouveautés ressemble
au soleil, c'est qu'il possède aussi une quantité de
rayons.
+
Elle. — Comment, monsieur! vous vous vantez
d'avoir eu mes faveurs!...
Lui. — Oti! pardon, je le dis, mais je ne m'en
vante pas, au ootitraire.
TRIBOULET.
Aux Folies-Marigny, Mimi-Chiffon, folie vaudeville
en deux actes, va succéder aux Filles de l'Air qui
approchent de leurs dernières représentations.
Le spectacle sera complété par Madame Anyot et
ses Demoiselles qui obtiennent toujours un grand suc-
cès dans la bonbonnière de M. Gaspari.
Le tout Paris qui s'amuse était Samedi à la réou-
verture de Valentino. Les plus jolis minois, les dan-
seuses les plus à la mode s'étaient donné rendez-vous
dans les salons nouvellement décorés de notre Eden
de Paris. L'orchestre, vaillamment dirigé par M. De-
ransart, avec un entrain iriésistible, a obtenu un suc-
cès sans précédent. L'inauguration des concerts spec-
tacle aura lieu le 2 octobre ; ils alterneront avec les
bals.
THÉÂTRE DE LA TOUR-D'AUVERGNE. — Tou»
les soirs (8 heures), les Petits-Fils de Mênélas, Dans
le Pétrin, En Classe Mesdemoiselles,