LE GRELOT
le général bocm, (rès-galant.
i :re belle!...
la ville-de-pàrts.
c'est?... A bas les pattes,
Qu'est-ce que
hein !...
le général boum.
Je tâte ce costume, et...
la ville-dï-paris.
' L'étoffe en est moelleuse, n'est-ce pas!
le général boum.
C'est étonnant comme je me sens drôle ce
soir... J'en suis tout chose...
la ville-de-paris.
Eh bien! et ce couvent! Et cette vieille
Trappe!... on n'y pense donc plus!
hï. général boum,
Tu sais bien-que tout ça c'est des bêtises/..,
«t qu'au fond c'est toi seul que j'aime!... Ah !
je me damne, je le fais bien—je le disais
encore il n'y a pas longtemps, à Ghangarnier,
— mais ton souveiriif%ie tourmente toujours!...
Q.uand je songe à nos parties dans la salle
Saint-Jean !
la ville-ot-paris.
Ahl tu m'en contais de belles dans ce
temps-là, — et d'ire que j'ai été assez niaise
pour te croire pendant un moment..."""Parole
d'honneur! j'avais pensé- que tu me mettrais-
dans du coton, que lu avais un cœur d'or et
lue tu le ferais fondre pour me donner des
bagues!...
le général boum.
Voyons, petite, n'évoquons point ce lugubre
Passé... j"ait dit un mot en passant chez Bi-
gnon, on nous attend!... Viens, mon enfant,
donne-moi ton bras et sortons! j
la ville-de-paris.
Sortir, tci!... quelle plaisanterie!... Dans le
temps, tu n'aurais pas mis le pied dehors pour
lti empire!... tu ne voulais pas l'éloigner du
Pot-au-feu, tu n'espérais pas d'autre horizon
que la rue de Rivoli à droite et la Seine à
gauche!...
le général boum.
Oui, mais ici, nous ne sommes plus dans
ton hôtel... et nous ne sommes attendus que
Par la joyeuse artillerie du Clicquot !
la ville-de-paris.
Allez vous coucher, Basile, votre haleine
sentla fièvre!
le clown.
Ce sera donc moi que tu choisiras? '
la ville-de-paris.
Toi... pourquoi donc?
le clown.
Regarde donc comme je suis joli !... rouge
d'un côté, blanc de l'autre, et mon manteau
que j'ai laissé au vestiaire esl tricolore!
la ville-de-paris.
Oh! tu n'as pas besoin de donner tant d'ex-
plications !... je te connais bien!
le clown.
Et une élasticité, ma chère!... une échine
comme du caoutchouc !... un jarret à sauter
d'un deuxième élage !... et un tel art de dislo-
cation que je passerais par le trou d'une ser-
rure, ou sous une porte fermée!
la ville-de-parïs.
Ce sont de bonnes recommandations pour
trouver un engagement dans un cirque 'mais
Pour séduire mon cœur elle ne valent guère.„
le clown.
Alors tu refuses de venir souper chez Mor-
gan?
la ville-de-paris.
Je refuse !
le clown.
Ah ! zut alors! je souperai bien tout seul !
(Au fw et à mesure que la Ville-de-Paris a re-
poussé les offres de ses poursuivants, la foule
s'est amassée de plus en plus autour d'elle, et
on st demande tout bas sur qui tombera son
choix. — La petite femme, tout en n'ayant
pas l'air décidée à partir seule, ne semble nul-
lement inquiétée de savoir si elle trouvera un
compagnon quand elle voudra quitter le bal.
Soudain, un ieune garçon aux moustaches
naissantes, et qui ne parait cependant douter
de rien, s'avance vers elle d'un air dégagé, et
lui offre son bras.)
la ville-de-paris, se reculant un peu.
Qui êtes-vous donc, jeune homme!
le jeune homme.
Que t'importe!
la ville-de-paris.
Comment, que m'imporle !... il a de l'a-
P'omb, ce petit ami-là!
le jeune hojime.
Je suis le fils de mon père, parbleu 1
14 Ville-départs, le considérant avec attention.
Altends donc 1...
le jeune homme.
Et que je te promets dix-huit années de
prospérité encore, par-dessus le marché !
la ville-de-paris.
ttien que ça de chic!... Excusez du peu!
le jeune homme.
Eh bien ! acceptes-tu?
la ville-de-paris.
Ces blancs-becs, ça se croit tout permis!...
Veux-tu aller dire à ta mère qu'elle te mouche,
méchant galopin !
(En disant ces mots, la Vdle-de-Paris veut s'é-
loigner. — Mais le jeune homme- la retient
violemment par le bras, et faisant signe aux
amoureux enivrés qui suivent curieusement
cette scène, il leur tient le petit discours sui-
vant :)
le jeune homme.
Comment, messieurs! nous nous'laisserons
moquer par une coquine de cette sorte, qui
ne veut d'aucun de nous, et nous envoie pro-
mener comme des polissons!... Celte femme
trouble l'ordre du bal, messieurs!; elle met
l'anarchie dans les quadrilles,—et si elle
elle était imitée par quelques autres, il n'y
aurait plus moyen de s'amuser!... D'ailleurs,
elle nous a insultés : aidez-moi à la faire met-
tre au poste !
{Tous les masques lui prêtent main-forte dans
cette honorable besogne. — Les sergents de
ville jettent la Ville-de-Paris au violon.)
le jeune homme, à part.
Maintenant, avant une heure elle est à moi,!
-----------— YYY.
L'INCIDENT HOIJIER
ou
LE FIASCO PREMIÈRE
On appréciera l'à-propos avec le-
quel M. Jules Favre a attaqué la mé-
moire de Louis XVI au lendemain
même du 21 janvier.
(Bocur.R, séance de l'Assemblée du
22 janvier.)
*
* *
Ce pauvre homme!... non, je ne sais pas
si vous êtes comme moi, mais je n'aime pas
voir les gens se ridiculiser à ce point-là.
Maintenant on ne fait plus que de s'amuser
de ça. On en fera une opérette si ça continue ;
avec de la musique d'Olfenbach, je crois, du
reste, que la pièce aurait du succès.
Ce lendemain même, comme c'est trouvé!
Ce lendemain est un précieux précédent, on
dira dans six semaines, au gens qui diront les
cent-z'horreurs de Louis XVI : Attaquer sa
mémoire six semaines même, après l'anniver-
saire de son exécution!!!...
Cela sera le digne pendant du :
Il y ajuste aujourd'hui dix-sept ans et vingt-
trois jours que j'ai acheté ma commode.
Un de ces jours un Tolain de derrière les
fagots s'écriera, au moment d'une discussion
relative aux assassins :
On appréciera l'à-propos avec lequel M.
Jean Brunet vient de ridiculiser les assassins,
le jour même du lendemain rie l'anniversaire de
l'exécution de Dumolard.
Et puis, entre nous, M. Bocher a l'air de
prendre les orléanistes pour des dynamo-
mètres, avec son exclamation de chrysocale.
Nous voulions donc amener le 500????...
Car enfin, pour ceux qui l'auraient oublié,
ça leur fait tout de suite souvenir que Louis-
Philippe a dit:
« Philippe Égalité a voté la mort de Louis
XVI, et c'était le plus honnéle homme que
j'aie connu. »
Or, il n'y a pas à tergiverser, Philippe-Éga-
lité a volé la mort, — donc Louis XVI était nu
coquin, et ce n'est pas sa mort qui l'a rendu
meilleur de son vivant, ou Louis XVI était
une vraie pâtisserie d'homme et Philippe-
Egalité une canaille.
11 n'y a donc pas à sortir de là.
Quand on est orléaniste, on ne dit pas de
ces choses-là.
C'est comme, si, présentant un fiancé, vous
disiez aux parents de la jeune personne :
Prenez-le en toute confiance, il fera le bon-
heur d'Ernestine, d'ailleurs, pour vous en
convaincre, voici qui vous fixera : Le père était
un voleur et la mère une toupie.
* *
D'ailleurs je suis bon, et si M. Bocher s'est
exprimé de la sorte, ce n'est pas par impru-
dence, selon moi,elje crois, sauf erreur, qu'il
a les d'Orléans dans le nez.
Seulement, il faudrait en convenir franche-
ment, car autrement, Gribouille serait capable
de ressusciter exprès pour crier : à la contre-
façon.
Frédéric DIDIER.
GRELOTS-FINANCE
Fonds français, rr-, On a, eu tous ces
jours-ci des secousses à foison. La situation
financière n'était cependant pour rien dans
tout ceci. Aussi, le comptant continuant d'a-
cheter comme si rien n'était, la spéculation
s'est avisée de penser qu'elle était bien bonne
d'attacher tant d'importance à la politique.
Elle s'est donc laissé pousser par le comp-
tant, et voilà comment il se fait que du jeudi
au lundi le 3 0|0 est revenu de 61 70 à 62 20,
et le 5 0(0 de 99 85 à 100 87 1 \2. Le turcs, les
monténégrins, M. de Bismark, les radicaux
rouges, les radicaux blancs, et tous les autres
ingrédients de la bouillabaisse politique, sont
oubliés, tout comme s'il n'en avait jamais été
question.
Ilente italienne. — L'exposé financier de
M. Minghetti, qui devait la ramener à 67 fr.
l'a rejetée à 66 fr. 25 c. [On a ensuite re-
pris à 66 60. Il n'y a en vérité rien de
bien neuf dans les moyens imaginés pour
augmenter le moins possible la masse de pa-
pier-monnaie dont l'Italie est déjà surchargée.
On demande plus d'argent aux contribuables
et on ajourne à six et sept ans un amortisse-
ment qu'on devait commencer dès cette an-
née. Ce n'est pas bien fort. Malgré cela, on ne
parvient pas à joindre les deux bouts. Ce n'est
pas tout, pendant que M. Minghetti perd si 11
temps et sa peine à essayer de grossir les re-
cettes, M. Bicotti, ministre de la guerre, réus-
sit à augmenter les dépenses. Il lui faut 80
millions de crédits nouveaux. Décidément,
l'Italien est cher.
Fonds Tnrcs. — Au commencement de
janvier on a détaché 'e coupon du 5 0[0 sur le
cours de 4o fr. Ensuite,pendant une vingtaine
de jours, les cours se 'sont traînés entre 42 50
et 43. Un instant, les points noirs qu'on a vus
du côté du Monténégro, les difficutés surve-
nues avec la Banque ottomane ont fait reculer
jusqu'à 40 80. Depuis, on a un peu repris,
sous prétexte que les baissiers avaient exa-
géré les mauvais côtés de la situation. On est
revenu à 41 60, c'est-à-dire à près d'un franc
au-dessous du cours fait après le détachement
du coupon. Si on le regagne, ce fameux cou-
pon, le Grelot le carillonnera, et c'est là un
engagement peu compromettant.
Fonds espagnols. — La caisse de don
Alphonse n'est pas démesurément pleine; si
elle éclate, on peut d'avance jurer que ce ne
sera pas de pléthore. Le jeune roi a été très-
heureux de trouver huit millions de réaux
(c'est à-dire deux millions de francs) chez cet
enfant chéri de M. Bamberger etde la Banque
de Paris qui a nom Banque hypothécaire d'Es-
pagne. C'est avec cela qu'on est parti pour
l'armée du Nord ; s'il suffit de cette amorce
pour amener les généraux carlistes à un con-
venio, c'est-à-dire à un lâchage du seigneur
don Carlos, eh bien ce sera une guerre civile
terminée à bon marché.— On n'a pas eu
aussi facilement raison des coupons arriérés.
On en a payé une partie en papier, mais en
papier émis à un taux permettant de batlre
convenablement monnaie avec. En outre, il a
fallu donner pas mal de monnaie sonnante, ou
tout au moins de valeurs équivalentes. Il y
avait quelque part, à la Compagnie du "Bio-
Tinto, huit billets de 9,250,000 de francs cha-
cun, presque aussi bons que s'ils[étaient signés
purement et simplement Alphonse Rothschild.
Eh bien, ce p;ipier d'or, il a fallu le lâcher.
Ce sacrifice fait, l'extérieure qui avait valu
24 vaut seulement de 22 à 22 1|2. Vrai, l'Es-
pagne est volée. Elle méritait un meilleur
traiti ment de ses créanciers.
Crédit mobilier français. — Ah ça,
est-ce que le Créditmobilier, qui, depuis deux
ans, n'a pas donné un centimeàsesactionnai-
res, dont les coursonl baissé un instant jusqu'à
252 fr., reverrait le cours du pair? Pourquoi
pas? La direction va dit-on, sortir des mains
de M. Haussmann, ce génie financier aussi
incompris qu'incompréhensible, pour passer
entre les mains des deux plus grands thauma-
turges financiers des temps passés, présents
et peul-être iwême à venir, c'est-à-dire de
MM. Isaac Pereire et Philippart, dont les
preuves dans l'art sans pareil de faire mar-
cher les paralytiques et de ressusciter les
morts sont faites et parfaites. M. Philippart
n'a-t-il pas ramené la Franco-Hollandaise, qui
se cotait à 150 fr., au-dessous du taux d'émis-
sion, à ses cours actuels, qui représentent
une prime de 60 fr. sur les cours du pair?
M. Pereire n'a-t-il pas ramené les actions du
Nord de l'Espagne de 40 fr. à 320 fr. Pour
faire de tels miracles, il ne faut pas être pre-
mier venu ; il faut avoir reçu pour cela mis-
sion formelle de quelque Père plus ou moins
éternel ou temporel, au choix.— El que la race
saint-simonienne vienne à disparaître sans
transmettre le secret de ses initiations, la ré-
pétition de ces miracles sera difficile. 11 est
donc possible que l'on fasse monter les actions
du Crédit mobilier à 000, à 700, à. 1,000 fr.,
et môme à 100,000 fr., comme les fameuses
tulipes dont M. Lel'ebvrc-Duiullé nous a jadis
conté l'histoire. Mais gare à qui se trouvera
rester avec le paquet.
Banque Ottomane, — II y a eu de ce
côté là autant de secousses que sur les fonds
turcs. Les cours revenus aujourd'hui à 660,
avaient fléchi à 6i2. Sa Hautésse Abdul Azis,
vrai, n'est pas gentille. Si un simple particulier
se conduisait comme ce personnage, qui est à
la fois le souverain spirituel et temporel de
son peuple, c'est-à-dire qui en est le pape et
l'empereur, Dieu sait les vilains noms qu'on
lui donnerait. Il y a six mois, lorsqu'on col-
portait à Londres et Paris un emprunt de 40
millions de livres sterling, c'est-à-dire d'un
mriliard de francs, venait après un autre em-
prunt de 1,500 millions, ou à moins d'un an
auparavant, avec forte perte, nous devons
l'avouer, le dit sultan autorisait la Banque
Otlomaue à dire et faire écrire dans les jour-
naux qu'elle aurait le contrôle des dépenses
de l'empire, qu'elle était autorisée à prélever
sur ses encaisses, comme Banque rie l'Empire,
les sommes nécessaires au service de la dette
extérieure. Maintenant qu'avec celle publicité
en a réussi à empocher partie de l'rwgent dont
on avait besoin, il paraît qu'il n'y a plus rien
de fait. Sultan Abdul Azis reprend sa pa-
role, et toute la faculté qu'il veut bien laisser
à la Banque Ottomane, c'est de faire le service
de la dette sur des mandats signés de ses mi-
nistres des finances. Ce n'est pas du tout la
môme chose [que de pouvoir faire ce service
de son autorité privée. Les actionnaires ne
sont pas contents du tout.
Crédit mobilier Espagnol. — Les
hauts cours de 680 à 685 se maintiennent. Les
valeurs du Sorti de l'Espagne ne sont pas
aussi heureuses; elles reculent. Les actions
exceptionnelles sont à 295. On verra de plus
bas cours. Mais d'un côté les meneurs sont si
forts et les menés le sont si.peu, que nous ne
saurions prédire quand viendra la débâcle.
Elle suivra cependant de près la séance de
l'assemblée générale ordinaire.
ABIEL,
FOUL4KDS, 6'" des Indvs, M4, rue de Rivoli.
Le Roman - Feuilleton , journal hebdomadaire à
S centimes, vient de commencer la publication du
roman « Le coupeur de têtes, n par Louis INOIR. —
En vente chez tous les marchands de journaux.
DE THEATRE EN THÉÂTRE
Le Gymnase nous a donné une comédie en
quatre actes d'un auteur nouveau. Ce qui est
bien senti de la part de M. Montigny, qui
n'est pas coulumier du fait.
La pièce s'appelle Mlle Duparc.
L'auleura nom Louis Denayrouze.
Il y a beaucoup de talent dans cet ouvrage ;
mais il serait à souhaiter que M. Denayrouze
quittât au plus vite les sentiers de M. Dumas
fils, son maître et son protecteur.
Mlle Duparc reproduit à s'y méprendre la
manière de l'auteur de la Princesse Georges.
C'est du théâtre, certes, mais du théâtre
convenu et quelque peu extravagant.
N'importe!... M. Denayrouze n'est pas le
premier venu et nous l'en félicitons.
Grandissime succès à l'Ambigu avec Rose
Michel, de M. Ernest Blum.
C'est un bon gros drame du vieux temps,
très-habilement construit et très-vigoureuse-
ment charpenté.
Mlle Fargueil y est simplement admirable.
Voilà l'Ambigu désenguignonné.
Il était temps.
Les Variétés,, renonçant pour un temps à
l'opérette, viennent de donner les Trente mil-
lions de Gladiator, de MM. Labiche et Philippe
Gilles.
On ne raconte pas ces folies-là,
Tout ce qu'on en peut dire, c'est que rien
n 'est plus amusant.
Succès complet.
A propos, M. Faure a daigné-rentrer dans la
Favorite.
L'affiche de l'Opéra porte : Pour les repré-
sentations de M. Faure.
Voyons, oui ou non, M. Faure est-il engagé
à l'Opéra?
S'il est engagé, pourquoi cette réclame
bonne pour les badauds et les provinciaux
de 1828?
Et puis, comme c'est aimable pour les ca-
marades !
M. Faure a l'air de dire à M. Achard, à
M. Menu, à Mlle Bloch : Vous, mes enfants,
le général bocm, (rès-galant.
i :re belle!...
la ville-de-pàrts.
c'est?... A bas les pattes,
Qu'est-ce que
hein !...
le général boum.
Je tâte ce costume, et...
la ville-dï-paris.
' L'étoffe en est moelleuse, n'est-ce pas!
le général boum.
C'est étonnant comme je me sens drôle ce
soir... J'en suis tout chose...
la ville-de-paris.
Eh bien! et ce couvent! Et cette vieille
Trappe!... on n'y pense donc plus!
hï. général boum,
Tu sais bien-que tout ça c'est des bêtises/..,
«t qu'au fond c'est toi seul que j'aime!... Ah !
je me damne, je le fais bien—je le disais
encore il n'y a pas longtemps, à Ghangarnier,
— mais ton souveiriif%ie tourmente toujours!...
Q.uand je songe à nos parties dans la salle
Saint-Jean !
la ville-ot-paris.
Ahl tu m'en contais de belles dans ce
temps-là, — et d'ire que j'ai été assez niaise
pour te croire pendant un moment..."""Parole
d'honneur! j'avais pensé- que tu me mettrais-
dans du coton, que lu avais un cœur d'or et
lue tu le ferais fondre pour me donner des
bagues!...
le général boum.
Voyons, petite, n'évoquons point ce lugubre
Passé... j"ait dit un mot en passant chez Bi-
gnon, on nous attend!... Viens, mon enfant,
donne-moi ton bras et sortons! j
la ville-de-paris.
Sortir, tci!... quelle plaisanterie!... Dans le
temps, tu n'aurais pas mis le pied dehors pour
lti empire!... tu ne voulais pas l'éloigner du
Pot-au-feu, tu n'espérais pas d'autre horizon
que la rue de Rivoli à droite et la Seine à
gauche!...
le général boum.
Oui, mais ici, nous ne sommes plus dans
ton hôtel... et nous ne sommes attendus que
Par la joyeuse artillerie du Clicquot !
la ville-de-paris.
Allez vous coucher, Basile, votre haleine
sentla fièvre!
le clown.
Ce sera donc moi que tu choisiras? '
la ville-de-paris.
Toi... pourquoi donc?
le clown.
Regarde donc comme je suis joli !... rouge
d'un côté, blanc de l'autre, et mon manteau
que j'ai laissé au vestiaire esl tricolore!
la ville-de-paris.
Oh! tu n'as pas besoin de donner tant d'ex-
plications !... je te connais bien!
le clown.
Et une élasticité, ma chère!... une échine
comme du caoutchouc !... un jarret à sauter
d'un deuxième élage !... et un tel art de dislo-
cation que je passerais par le trou d'une ser-
rure, ou sous une porte fermée!
la ville-de-parïs.
Ce sont de bonnes recommandations pour
trouver un engagement dans un cirque 'mais
Pour séduire mon cœur elle ne valent guère.„
le clown.
Alors tu refuses de venir souper chez Mor-
gan?
la ville-de-paris.
Je refuse !
le clown.
Ah ! zut alors! je souperai bien tout seul !
(Au fw et à mesure que la Ville-de-Paris a re-
poussé les offres de ses poursuivants, la foule
s'est amassée de plus en plus autour d'elle, et
on st demande tout bas sur qui tombera son
choix. — La petite femme, tout en n'ayant
pas l'air décidée à partir seule, ne semble nul-
lement inquiétée de savoir si elle trouvera un
compagnon quand elle voudra quitter le bal.
Soudain, un ieune garçon aux moustaches
naissantes, et qui ne parait cependant douter
de rien, s'avance vers elle d'un air dégagé, et
lui offre son bras.)
la ville-de-paris, se reculant un peu.
Qui êtes-vous donc, jeune homme!
le jeune homme.
Que t'importe!
la ville-de-paris.
Comment, que m'imporle !... il a de l'a-
P'omb, ce petit ami-là!
le jeune hojime.
Je suis le fils de mon père, parbleu 1
14 Ville-départs, le considérant avec attention.
Altends donc 1...
le jeune homme.
Et que je te promets dix-huit années de
prospérité encore, par-dessus le marché !
la ville-de-paris.
ttien que ça de chic!... Excusez du peu!
le jeune homme.
Eh bien ! acceptes-tu?
la ville-de-paris.
Ces blancs-becs, ça se croit tout permis!...
Veux-tu aller dire à ta mère qu'elle te mouche,
méchant galopin !
(En disant ces mots, la Vdle-de-Paris veut s'é-
loigner. — Mais le jeune homme- la retient
violemment par le bras, et faisant signe aux
amoureux enivrés qui suivent curieusement
cette scène, il leur tient le petit discours sui-
vant :)
le jeune homme.
Comment, messieurs! nous nous'laisserons
moquer par une coquine de cette sorte, qui
ne veut d'aucun de nous, et nous envoie pro-
mener comme des polissons!... Celte femme
trouble l'ordre du bal, messieurs!; elle met
l'anarchie dans les quadrilles,—et si elle
elle était imitée par quelques autres, il n'y
aurait plus moyen de s'amuser!... D'ailleurs,
elle nous a insultés : aidez-moi à la faire met-
tre au poste !
{Tous les masques lui prêtent main-forte dans
cette honorable besogne. — Les sergents de
ville jettent la Ville-de-Paris au violon.)
le jeune homme, à part.
Maintenant, avant une heure elle est à moi,!
-----------— YYY.
L'INCIDENT HOIJIER
ou
LE FIASCO PREMIÈRE
On appréciera l'à-propos avec le-
quel M. Jules Favre a attaqué la mé-
moire de Louis XVI au lendemain
même du 21 janvier.
(Bocur.R, séance de l'Assemblée du
22 janvier.)
*
* *
Ce pauvre homme!... non, je ne sais pas
si vous êtes comme moi, mais je n'aime pas
voir les gens se ridiculiser à ce point-là.
Maintenant on ne fait plus que de s'amuser
de ça. On en fera une opérette si ça continue ;
avec de la musique d'Olfenbach, je crois, du
reste, que la pièce aurait du succès.
Ce lendemain même, comme c'est trouvé!
Ce lendemain est un précieux précédent, on
dira dans six semaines, au gens qui diront les
cent-z'horreurs de Louis XVI : Attaquer sa
mémoire six semaines même, après l'anniver-
saire de son exécution!!!...
Cela sera le digne pendant du :
Il y ajuste aujourd'hui dix-sept ans et vingt-
trois jours que j'ai acheté ma commode.
Un de ces jours un Tolain de derrière les
fagots s'écriera, au moment d'une discussion
relative aux assassins :
On appréciera l'à-propos avec lequel M.
Jean Brunet vient de ridiculiser les assassins,
le jour même du lendemain rie l'anniversaire de
l'exécution de Dumolard.
Et puis, entre nous, M. Bocher a l'air de
prendre les orléanistes pour des dynamo-
mètres, avec son exclamation de chrysocale.
Nous voulions donc amener le 500????...
Car enfin, pour ceux qui l'auraient oublié,
ça leur fait tout de suite souvenir que Louis-
Philippe a dit:
« Philippe Égalité a voté la mort de Louis
XVI, et c'était le plus honnéle homme que
j'aie connu. »
Or, il n'y a pas à tergiverser, Philippe-Éga-
lité a volé la mort, — donc Louis XVI était nu
coquin, et ce n'est pas sa mort qui l'a rendu
meilleur de son vivant, ou Louis XVI était
une vraie pâtisserie d'homme et Philippe-
Egalité une canaille.
11 n'y a donc pas à sortir de là.
Quand on est orléaniste, on ne dit pas de
ces choses-là.
C'est comme, si, présentant un fiancé, vous
disiez aux parents de la jeune personne :
Prenez-le en toute confiance, il fera le bon-
heur d'Ernestine, d'ailleurs, pour vous en
convaincre, voici qui vous fixera : Le père était
un voleur et la mère une toupie.
* *
D'ailleurs je suis bon, et si M. Bocher s'est
exprimé de la sorte, ce n'est pas par impru-
dence, selon moi,elje crois, sauf erreur, qu'il
a les d'Orléans dans le nez.
Seulement, il faudrait en convenir franche-
ment, car autrement, Gribouille serait capable
de ressusciter exprès pour crier : à la contre-
façon.
Frédéric DIDIER.
GRELOTS-FINANCE
Fonds français, rr-, On a, eu tous ces
jours-ci des secousses à foison. La situation
financière n'était cependant pour rien dans
tout ceci. Aussi, le comptant continuant d'a-
cheter comme si rien n'était, la spéculation
s'est avisée de penser qu'elle était bien bonne
d'attacher tant d'importance à la politique.
Elle s'est donc laissé pousser par le comp-
tant, et voilà comment il se fait que du jeudi
au lundi le 3 0|0 est revenu de 61 70 à 62 20,
et le 5 0(0 de 99 85 à 100 87 1 \2. Le turcs, les
monténégrins, M. de Bismark, les radicaux
rouges, les radicaux blancs, et tous les autres
ingrédients de la bouillabaisse politique, sont
oubliés, tout comme s'il n'en avait jamais été
question.
Ilente italienne. — L'exposé financier de
M. Minghetti, qui devait la ramener à 67 fr.
l'a rejetée à 66 fr. 25 c. [On a ensuite re-
pris à 66 60. Il n'y a en vérité rien de
bien neuf dans les moyens imaginés pour
augmenter le moins possible la masse de pa-
pier-monnaie dont l'Italie est déjà surchargée.
On demande plus d'argent aux contribuables
et on ajourne à six et sept ans un amortisse-
ment qu'on devait commencer dès cette an-
née. Ce n'est pas bien fort. Malgré cela, on ne
parvient pas à joindre les deux bouts. Ce n'est
pas tout, pendant que M. Minghetti perd si 11
temps et sa peine à essayer de grossir les re-
cettes, M. Bicotti, ministre de la guerre, réus-
sit à augmenter les dépenses. Il lui faut 80
millions de crédits nouveaux. Décidément,
l'Italien est cher.
Fonds Tnrcs. — Au commencement de
janvier on a détaché 'e coupon du 5 0[0 sur le
cours de 4o fr. Ensuite,pendant une vingtaine
de jours, les cours se 'sont traînés entre 42 50
et 43. Un instant, les points noirs qu'on a vus
du côté du Monténégro, les difficutés surve-
nues avec la Banque ottomane ont fait reculer
jusqu'à 40 80. Depuis, on a un peu repris,
sous prétexte que les baissiers avaient exa-
géré les mauvais côtés de la situation. On est
revenu à 41 60, c'est-à-dire à près d'un franc
au-dessous du cours fait après le détachement
du coupon. Si on le regagne, ce fameux cou-
pon, le Grelot le carillonnera, et c'est là un
engagement peu compromettant.
Fonds espagnols. — La caisse de don
Alphonse n'est pas démesurément pleine; si
elle éclate, on peut d'avance jurer que ce ne
sera pas de pléthore. Le jeune roi a été très-
heureux de trouver huit millions de réaux
(c'est à-dire deux millions de francs) chez cet
enfant chéri de M. Bamberger etde la Banque
de Paris qui a nom Banque hypothécaire d'Es-
pagne. C'est avec cela qu'on est parti pour
l'armée du Nord ; s'il suffit de cette amorce
pour amener les généraux carlistes à un con-
venio, c'est-à-dire à un lâchage du seigneur
don Carlos, eh bien ce sera une guerre civile
terminée à bon marché.— On n'a pas eu
aussi facilement raison des coupons arriérés.
On en a payé une partie en papier, mais en
papier émis à un taux permettant de batlre
convenablement monnaie avec. En outre, il a
fallu donner pas mal de monnaie sonnante, ou
tout au moins de valeurs équivalentes. Il y
avait quelque part, à la Compagnie du "Bio-
Tinto, huit billets de 9,250,000 de francs cha-
cun, presque aussi bons que s'ils[étaient signés
purement et simplement Alphonse Rothschild.
Eh bien, ce p;ipier d'or, il a fallu le lâcher.
Ce sacrifice fait, l'extérieure qui avait valu
24 vaut seulement de 22 à 22 1|2. Vrai, l'Es-
pagne est volée. Elle méritait un meilleur
traiti ment de ses créanciers.
Crédit mobilier français. — Ah ça,
est-ce que le Créditmobilier, qui, depuis deux
ans, n'a pas donné un centimeàsesactionnai-
res, dont les coursonl baissé un instant jusqu'à
252 fr., reverrait le cours du pair? Pourquoi
pas? La direction va dit-on, sortir des mains
de M. Haussmann, ce génie financier aussi
incompris qu'incompréhensible, pour passer
entre les mains des deux plus grands thauma-
turges financiers des temps passés, présents
et peul-être iwême à venir, c'est-à-dire de
MM. Isaac Pereire et Philippart, dont les
preuves dans l'art sans pareil de faire mar-
cher les paralytiques et de ressusciter les
morts sont faites et parfaites. M. Philippart
n'a-t-il pas ramené la Franco-Hollandaise, qui
se cotait à 150 fr., au-dessous du taux d'émis-
sion, à ses cours actuels, qui représentent
une prime de 60 fr. sur les cours du pair?
M. Pereire n'a-t-il pas ramené les actions du
Nord de l'Espagne de 40 fr. à 320 fr. Pour
faire de tels miracles, il ne faut pas être pre-
mier venu ; il faut avoir reçu pour cela mis-
sion formelle de quelque Père plus ou moins
éternel ou temporel, au choix.— El que la race
saint-simonienne vienne à disparaître sans
transmettre le secret de ses initiations, la ré-
pétition de ces miracles sera difficile. 11 est
donc possible que l'on fasse monter les actions
du Crédit mobilier à 000, à 700, à. 1,000 fr.,
et môme à 100,000 fr., comme les fameuses
tulipes dont M. Lel'ebvrc-Duiullé nous a jadis
conté l'histoire. Mais gare à qui se trouvera
rester avec le paquet.
Banque Ottomane, — II y a eu de ce
côté là autant de secousses que sur les fonds
turcs. Les cours revenus aujourd'hui à 660,
avaient fléchi à 6i2. Sa Hautésse Abdul Azis,
vrai, n'est pas gentille. Si un simple particulier
se conduisait comme ce personnage, qui est à
la fois le souverain spirituel et temporel de
son peuple, c'est-à-dire qui en est le pape et
l'empereur, Dieu sait les vilains noms qu'on
lui donnerait. Il y a six mois, lorsqu'on col-
portait à Londres et Paris un emprunt de 40
millions de livres sterling, c'est-à-dire d'un
mriliard de francs, venait après un autre em-
prunt de 1,500 millions, ou à moins d'un an
auparavant, avec forte perte, nous devons
l'avouer, le dit sultan autorisait la Banque
Otlomaue à dire et faire écrire dans les jour-
naux qu'elle aurait le contrôle des dépenses
de l'empire, qu'elle était autorisée à prélever
sur ses encaisses, comme Banque rie l'Empire,
les sommes nécessaires au service de la dette
extérieure. Maintenant qu'avec celle publicité
en a réussi à empocher partie de l'rwgent dont
on avait besoin, il paraît qu'il n'y a plus rien
de fait. Sultan Abdul Azis reprend sa pa-
role, et toute la faculté qu'il veut bien laisser
à la Banque Ottomane, c'est de faire le service
de la dette sur des mandats signés de ses mi-
nistres des finances. Ce n'est pas du tout la
môme chose [que de pouvoir faire ce service
de son autorité privée. Les actionnaires ne
sont pas contents du tout.
Crédit mobilier Espagnol. — Les
hauts cours de 680 à 685 se maintiennent. Les
valeurs du Sorti de l'Espagne ne sont pas
aussi heureuses; elles reculent. Les actions
exceptionnelles sont à 295. On verra de plus
bas cours. Mais d'un côté les meneurs sont si
forts et les menés le sont si.peu, que nous ne
saurions prédire quand viendra la débâcle.
Elle suivra cependant de près la séance de
l'assemblée générale ordinaire.
ABIEL,
FOUL4KDS, 6'" des Indvs, M4, rue de Rivoli.
Le Roman - Feuilleton , journal hebdomadaire à
S centimes, vient de commencer la publication du
roman « Le coupeur de têtes, n par Louis INOIR. —
En vente chez tous les marchands de journaux.
DE THEATRE EN THÉÂTRE
Le Gymnase nous a donné une comédie en
quatre actes d'un auteur nouveau. Ce qui est
bien senti de la part de M. Montigny, qui
n'est pas coulumier du fait.
La pièce s'appelle Mlle Duparc.
L'auleura nom Louis Denayrouze.
Il y a beaucoup de talent dans cet ouvrage ;
mais il serait à souhaiter que M. Denayrouze
quittât au plus vite les sentiers de M. Dumas
fils, son maître et son protecteur.
Mlle Duparc reproduit à s'y méprendre la
manière de l'auteur de la Princesse Georges.
C'est du théâtre, certes, mais du théâtre
convenu et quelque peu extravagant.
N'importe!... M. Denayrouze n'est pas le
premier venu et nous l'en félicitons.
Grandissime succès à l'Ambigu avec Rose
Michel, de M. Ernest Blum.
C'est un bon gros drame du vieux temps,
très-habilement construit et très-vigoureuse-
ment charpenté.
Mlle Fargueil y est simplement admirable.
Voilà l'Ambigu désenguignonné.
Il était temps.
Les Variétés,, renonçant pour un temps à
l'opérette, viennent de donner les Trente mil-
lions de Gladiator, de MM. Labiche et Philippe
Gilles.
On ne raconte pas ces folies-là,
Tout ce qu'on en peut dire, c'est que rien
n 'est plus amusant.
Succès complet.
A propos, M. Faure a daigné-rentrer dans la
Favorite.
L'affiche de l'Opéra porte : Pour les repré-
sentations de M. Faure.
Voyons, oui ou non, M. Faure est-il engagé
à l'Opéra?
S'il est engagé, pourquoi cette réclame
bonne pour les badauds et les provinciaux
de 1828?
Et puis, comme c'est aimable pour les ca-
marades !
M. Faure a l'air de dire à M. Achard, à
M. Menu, à Mlle Bloch : Vous, mes enfants,