LE GRELOT
FEUILLES AU YENT
Un jour, un voyageur de commerce fran-
çais qui avait dans sa tournée la Belgique et
l'Allemagne, eut le désagrément de descendra
dans un certain hôtel de Sluttgard où il fut
impitoyablement écorché.
Ecorché est déjà dur, —mais ce ne fut pas,
tout.
Il eut encore à se plaindre fortement de la
malhonnêteté de son hôte.
Il était en pays étranger, et ne savait com-
ment se venger.
— Ecoutez, dit-i! toutefois à son maître
d'hôtel en le quittant, — je ne suis pas le plus
fort, et vcus avezcru pouvoir m'insulter parce
que vous êtes chez vous; mais je vous assure
pourtant que vous ne perdrez rien pour at-
tendre, et que vous entendrez bientôt parler
de moi.
Sur ce, il prend congé et quitte Stuttgard.
*
* *
A quelques jours de là, mon hôtelier reçoit
une lettre de Cologne non affranchie.
Ecriture inconnue.
Il paie le port, et ouvre la missive.
Elle ne contenait que ces mots :
» J'ai parcouru tout Colonne, et je n'y ai pas
encore trouvé un homme aussi grossier que vous.
Celui que vous sa\ez. »
Furieux, l'hôte déchire la lettre, — mau-
grée un peu. — puis finalement, au bout de
quarante-huit heures n'y pense plus.
Quatre jours plus tard, le facteur lui ap-
porte une autre missive datée de Coblenz, —
non affranchie non plus, — et d'une autre
écrituie que la première.
Il rompt Is cachet, déploie la lettre.
Elle ét^it plus brèveenccrequelapremière,
et disait simplement.
« Ni à Coblenz non plus.
Le même. »
Quinze jours après, lettre de Francfort, ef
toujours non affranchie.
«Ni même à Francfort, »
Disait la lettre.
La scie dura six mois.
On était alors à une époque où la coutume
d'affranchir les lettres n'était pas encore uni-
versellement adoptée,
Et de crainte de manquer une lettre d'af-
faires, l'hôtelier n'osait refuser l'impatien-
tante correspondance du commis-voyageur.
Mais entre nous, l'avait-il volé?
A une époque plus rapprochée, il y a une
dizained'années, lorsque Jules Vallès qui n'é.-
tait alors qi's l'auteur des Réfractaires publia
alors dans le Figaro ce fameux article sur
Homère qui se terminait par cette délirante
apostrophe :
Revue de l'Exposition internationale
DKS INDUSTRIES
MARITIMES ET FLUVIALES
KT
De la section française des principaux
articles d'exportation.
(scn e.)
Nous, quittons la vitrine des fusils Caslay, et nous
armons, suis penser à mal, dans la section anglaise,
lorsque nous apercevons, a gauche, eu nous diri-
geant vers l'orchestre, un Btoqpe qui semblait écou-
ter 'avec attention un orateur qui parlait avec une
abondance funèbre, quoique méridionale. Madame
Chauinontel voulut savoir le sujet du discours qui
attirait son atlenlion. Nuus nous Insérons tant bien
que mal nu milieu de la foule, et je reconnais im-
médiatement un de mes amis, journaliste lyonnais,
qui, m'ap, rcevant, me dit :
— As-tu un (.leur à verser, mon ami ?
— 11 s'agit de savoir sur quel malheur, lui répon-
disse d'un air goguenard, bien que déjà impres-
sionné.
— lib bien, si tu veux transmettre aux races
futures un récit capable de faire dresser les cheveux
sur la tête à M. Siraudin lui-même, écoute ce que
je vais te dite, et tu intituleras cela
LA SIBÉRIE ARTIFICIELLE
Je lis asseoir madame et mademoiselle Chaumonlei,
et mon ami le Lyonnais commença en ces terme? :
« Un enfant naquit jadis dans le département du Jura.
Sa nourrice, une Indienne ég rée dans ce pays de mnn-
taynes, s'oublia un jour à ce point, qu'elle lui fit sucer,
au lieu du dnrbo réservé à tes enfants, aux miens,
à tous les vôtres, messieurs et daines, un flacon
rempli de haschicli. Depuis ce moment, notre Juras-
sien,eut la nostalgie des pays de flamme où mûrit la
« Et maintenant, vieil Homène, aux Quinze-
Vingts ! »
Uu aimable narquois s'avisa de venger l'au-
teur de l'Iliade,
Et pendant un mois, Vallès reçut fous les
matins par la poste urtesuperbe carte qù était
gravé ce nom en caractères grecs :
OMÈROS.
Eh bien I je me demande par quelle mysti-
fication, — si la vieille gaieté française n'est
pas morte, — les Lyonnais pourront bien à
leur tour punir l'obstination et les imperti-
nences de leur préfet Ducros.
Car, enfin; tout a des bornes, — la patience
surtout,
Et quelque grande que soit, celle du Lyon-
nais, elle Unira bien un jour ou l'autre.
Quand on abuse de la longanimité des ad-
ministrés au point de ne pas se contenter de
leur faire subir des Coco,
Et qu'on leur parle encore de «l'éclatement
de la vérité, on doit s'attendre à tout.
« Monsieur le bourreau disait un personnage
désespéré rie Pétrus Borel, je désirerais que
vous me guillotinassiez .. »
J'estime que ce serait aussi le seul mcypn
qui restera à M. Ducros d'éviter Je ridicule le
plus amer, au jour peu éloigné où sa gloire
s'affaissera sous une avalanche de pommes
cuites.
* *
Ce jour-là, du reste, M. Ducros se révélera
sans doute sous son véritable aspect,
Je veux due, tel qu'un bon petit bonapar-
tiste quM e-t,
El il ira rejoindre sous les ombrages d'Are-
nen.berg, l'honnête Janvier de lu Motte.
Car c'est quelque chose de singulier de voir
le nombre de fonctionnaires qui, en étant au
pouvoir, ne se sont jamais targués que du titre
de conservateurs,
Et qui uue fois dégommés, s'en vont comme
M. de Fortou, grossir la classe du parti cher
aux roussins.
Celte pudeur, pendant le cours de leurs
fonctions, rue ravit et m'étonne,
Mais que j'aime bien mieux la franchise de
cette femme galante qui composa jadis les
Nouveaux Mémoires d'une Contemporaine, et qui,
a|)pe 1 ée un jour chez le juge d'instruction, à
celte question sacramentelle :
— Quelle est votre profession 1
Répondit résolument:
— Eh ! monsieur", ne le voyez-vous pas...
je suis courtisane !
Aussi bien, les préfets comme M. Ducros
ont beau .se cacher, prendre des altitudes de
vierge, mettre un faux nez et s'écrier :
— Nous sommes conservateurs !...
Ils n'ont pas dit trois paroles et supprimé
six iouts que tout le monde s'aperçoit qu'ils
ne sont que ries bonapartistes.
Les adultes mâles et femelles des départe-
ments que feu Badinguet nous a laissés ont
bien ri l'an dernier de ce procès intenté par
le duc d'Aumale, le prince de Joinville, la
comtesse de Paris, la Princesse régnante de je
ne sais quel duché, et cinq ou six autres gros
bonnets de la famille u'ûrléans, à de pauvres
bûcherons qui avaient ramassé pour une di-
zaine de francs de bois dans une de leurs
forets.
On avait peine à se figurer de pareilles pé-
piante enivrante. Le Gange a coulé sur son front,
les préceptes sacrés des Védas ont envahi son cer-
veau, il ne parle plus que par Brahma et Vishnnu,
et toujours, et toujours, il rêve d'Indiennes jaunes
aux yeux agrandis par le kobel, de pagodes à vingl-
ciii'i étages, de fakirs tannes par les rayons ruisse-
lants du soleil de l'Inde, et d'un paradis lait de pal-
miers, d'éléphants sacrés, de monstres divins et de
dieux à quinze bras.
« Cet amour de la lumière le conduisit à venir au
S'jin de ce | alais, bazar gigantesque consacré à l'exhi-
bition des prodiges le.-, plus variés des industries les
plus diverses, pour mourer aux mul itudes innom-
brables qui tous les jours foulent le sable de ces nefs,
un appareil destiné à propager la lumière jusque
dans les profondeurs insondables de l'Océan. Amou-
reux, mais non jaloux du soleil, il voulait eu faire
jouir les habitants de l'onde amère, et leur procurer
un peu de cetle chaleur qui donne à tout la vie,
pi)jsqiie la vie est une immense coinlmstinii.
g jb est ici qu'à l'ouverture de celte exposition, il
moiilra son soleil sous-marin. Nouveau l'i oinélliée, il
avait ravi une étincelle aux faisceauj lumineux qui
couronnent l'astre éclatant du jour. Celle éiiucede
était fabriquée tout simplement avec un lil de pla-
tine, une boule de veire qui ligurait le soleil, et une
pile électrique. Pendant les preaiier» temps, tout alla
bien; mais, un jour, en expliquant tous les avan-
tages du soleil des sirènes, il fui pris d'un fort éter-
nuemi-nt. I! n'y lit pas attention ce jour-là. Le len-
demain, nouvel éternuemeiit , suivi rie quelques
autres. Le jour suivant, lé pauvre Hindou arriva à
l'Exposition couvert d'un trijile paletot, emmitouflé
dans un lourd cachenez, un bonnet d'aslr.d<an sur la
tête et des mitaines àux mains. Mais le froid l'enva-
hissait toujours, et il arriva qu'hier, quand tout le
monde fut sorti, les gardiens, en taisant leur ronde,
a|HTi;urent un boni.ne qui semblait endormi sur une
chaise. Ils s'en approchèrent, dans l'intention de le
mnri.éner vertement; mais, qu'elle ne fut pas leur
surprit e en reconnaissant dans ce dormeur intem-
pestif, ('homme au suleil congelé sur sa base.
« Heureusement que des soins empressés, des fric-
tiuns faites à propos le ramèneront à la vie.
titesses de la part de si grands personnages
qui ne parlent que par cinquante millions.
En voici bien d'une autre.
Le comte de Chambord, lui aussi, a voulu
avoir un petit procès daqs le même genre.
Un pauvre diable de photographe s'était in-
géré de disposer un rie ses appareils dans le
parc de Chambord pour y prendre des vues
du château et de ses enlcurs.
M. de Chambord l'apprend !
Vite, de Froshdorff arrivent des sommations
ou citations à comparaître, etc.
Bref, le photographe est condamné à dé-
guerpir au plus vite.
0 prétendant, contrefait d'esprit comme de
corps,
Quel mal ce pauvre homme vous faisait-il?
Avez-vous eu peur qu'en photographiât],
votre château, il n'en fit se lézarder les murst
— comme cet affamé des Scènes de la vie de
Bohême qui faisait maigrir les jambons aux
vitrines des charcutiers, rien qu'en les regar-
dant !
Mon Dieu ! que tous ces grands seigneurs
sont petits 1
*
A un cours de catéchisme, au village.
Le curé, à l'un des enfants :
— Voyons, Paul, qu'est-ce que la prière ?
Paul met ses doigts dans son nez.
— Eh bien ! voyons, reprend le curé...
qu'est-ce que la prière?
— J' sais pas, Monsieur le curé...
— Vous ne savez |ias 1... allons, qu'est-ce
que dit votre père quand on apporte le dîner
sur la table?
L'enfant avec animation :
— Il dit : <t Allons, les enfants, attaquons / »
***
Un paysan arrive pour payer sou quartier,
chez sa propriétaire.
— Ah I mon pauvre Jacquas, lui dit celle-ci,
— j'ai appris que vous aviez eu le malheur de
perdre votre femmj !...
— Bé oui ! dit le paysan, — mais ça n'est
point tout, allez !
— Qu'y a-t-il donc encore?
— J'ai eu aussi le malheur de perdre ma
vache !
— Ah ! c'est fort malheureux, en effet!...
Mais enfin, cette perte-là n'est pas irrépa-
rable 1
— Mande pardon !
— Vos voisins vous viendront en aide____ils
vous aiment tous, n'est-il pas vrai !
— Pour ça, c'est la vraie vérité .. et même
ils m'ont tous déjà offert une autre femme...
— V'uis voyez bien !
— Oui, m il n'y en pas un qui m'ait offert
une autre vache !...
*
* *
Les gens de lettres de ce siècle ne valent
guère mieux, je crois, que ceux du siècle
passé, — et se détestent tout autant :
Seulement peut-être ont-ils moins d'es-
prit.
Quand madame deGenlis, gouvernante des
enfants du duc de Chartres, et femme de
mœurs assez légères, s'avisa de publier Les
a Mais aujourd'hui il frissonne encore rien qu'à l'id'-e
de venir ici, risquer de périr de froid, (l'est pourquoi
vous ne le voyez pas à sa place accoutumée. »
Ce phénomène semblait fort étrange à tout l'audi-
toire. Noire Lyonnais, voyant l'incrédulité peinte sur
certains visages, et une profonde curiosité sur certains
autres, reprit baleine et continua :
« — Or, voici ce qui était arrivé. Tout à coté, dans
la nef des machines, il en est une qui produit juste-
ment, un effet opposé à celle de notre Hindou. Elle
aussi, l'entendcz-votis éternuer? »
Eu effet, du côté indiqué [>ar l'orateur, une espèce
de mugissement, sourd, bref et rapide, se faisait en-
tendre.
— Cette machine, mesdames et messieurs, produit
un fléau : le froid ! A chaque coup de ses pistons, la
température descend avec ie thermomètre. Cette ma-
chine tousse et crache, ainsi que vous l'entendez. Mais,
la vapeur qui sort, de ses tuyaux est un nuage chargé
de neige, cil- expectore des grêlons gros comme des
noix: autour d'elle, les gracieuses mais froides ara-
besques du givre se dessinent sur toutes les suifaees
polies : en un mot, elle peut en moins d'une minute,
i'rapjier le Champagne et d'étonnement ceux qui la
considèrent de près.
« lit vous croyez que, dans le voisinage d'un monstre
pareil, notre pauvre Hindou peut vivre! Ainsi qu'un
Samnyôile ne pourrait supporter les caresses de l'équa-
teur, ainsi le (ils du Gange ne peut vivre au pfde-
nord. Au sein de ce palais, où pourtant quelquefois
ou étouffe de ehdeur, on le verrait saisi à la gorge
par le froid mortel de la machine d'à côté, et mourir
en tournant su l'ace vers l'Orient? »
Le, discours du Lyonna's produisit sur nous l'action
réflexe, et un éternueinent sonore, par lequel il ter-
mina l'orai.-ou funèbre de son Hindou, se répercuta
dans tout l'auditoire considérablement accru, puis
comme un éternueinent ne vient jamais seul, on en-
tendit un chœur é>range éclater dans le Palais del'ln-
ustrie. Les tètes se relevaient lentement, puis tout-
à-coup elles s'abaissaient brusquement, et de violents
aatc/ai ! produisaient sur tous les tons, une sympho-
nie qui n'avait rien de commun avec celles de Meyer-
beer.
Veillées du Château, en trois volumes qui coû-
taient six francs chaque, soit dix-huit francs,
on fit coqrif dans Paris, l'épigramme sui-
vante: ; ' .
Comme tout renchérit! disait un amateur :
/ Les œuvres de Genlis à six francs le volume!
Dans le temps mie son poil valait mieux que sa plume
Pour douze francs j'avais l'auteur !
»
* *
Un des mqts les plus amusants qu'ait jamais
prononcés i*n titi :
On venait de donner à l'Ambigu la première
représentation de liosa Bernard, Je MM. Bri-
sebarre et Eugène Nus.
A la fia de la pièce, le principal acteur
vient, comme c'est la ccutume, annoncer au
public le nom des deux auteurs qui depuis
longtemjis déjà fournissaient la scène de ce
théâtre populaire.
A l'én.onciation de ces noms connus, une
voix part du paradis et s'écrie :
— Comment !... Encore eux !... Ils font
donc travailler dans les prisons 1
BRIDAINE.
L'Ê0UCATI0\ D'U\ PRIME
Il paraît que les .bonapartistes, pour dépis-
ter les yeux d'Argué de la démocratie, pot,
dernièrement, répandu le bruit que leur prince
allait voyager.
Ce n'est pas tout à fait pour s'instruire que
ce garçon doit s'embarquer et faire le tour du
monde.
Sa course â travers les mers a un autre mo-
tif, — moins noble assurément, — mais plus
pratique :
Il ne veut plus être en tutelle.
Sa mère et l'ex-vice empereur le tracassent,
Et comme il ne peut pas, pour le moment,
leur dire :
«Lâchez-moi le coude!... Vous ne voyef
donc pas l'effet que vous me faitesI...
Il a réso'u de leur brûler la politesse.
Et d'aller iaire son petit tour de tous le/
continents.
Certes, l'idée ne manque pas d'une certain8
audace,
Et à promener sa future Majesté sur ton*
les océans plus ou moins pacifiques, il nt
manquera pas, de quelque façon qu'il s'.f
prenne, d'apprendre quand même quelque
ebose,
A moins que les sauvages qui y ont dévoré
le cajiitaine Cook, ne lui mangent les oreille*
à la vinaigrette ;
Auquel cas il ne pourrait plus rien en-
tendre,
Et comme il n'y voit déjà pas plus loin qu4
son nez,
Il est certain que cette infirmité, venan'
compliquer l'autre, serait très-funeste à soÇ
éducation.
Espérons toutefois qu'il n'en sera rien : gf
serait dommage.
Songeons, au contraire, qu'il nous revief
dra avec des yeux et des oreilles comme je*
Heureusement que l'orchestre attaquait à ce m<"
ment les premières mesures de l'ouverture du Jeu»1'
Henry, nouveauté qui, entre parenthèsês, revient et
viion deux fois par semaine depuis l'ouverture '
l'exposition.
Le chœur d'éternuemmts cessa, le groupe se dis
persa, et nous nous trouvâmes seuls avec nion-ami
journaliste lyonnais.
La famille Chaumontel voulut avoir le cœur ne
au sujet de son discours, il se mit à sa disposition ave
une grâce charmante et la conduisit près de la nia
chine monstre.
En guidant l'aimable famille vers le sud où se prfl'
doit le froid, il rassura mademoiselle Chaumontel s»
le sort du pauvre Hindou du Jura.
Tout le monde étant rassuré, il nous présenta
MM. Giffard et Berger, auteurs de la machine à ai
froid.
M. Giffard nous montra la machine dans ses délai
les plus sommaires, et nous en expliqua ainsi l'effet 8
la théorie, résultat de vingt années d'études.
Car il ne faut pas supposer que M. Giflard soit U
vulgaire mécanicien. Il n'est pas seulement l'homflj
dei bielles et des engrenag s, il s'est appliqué à \'&
tude de la physique et de la mécanique combinées,
a fouillé ces deux sciences jusque dans leurs profoi'
deurs, et il a pu en extraire uce machine qui est u*1
des plus splendides applications des sciences à l'ifi
duslrle. .
Lorsqu'une masse d'air, nous dit M. Giffard,
soumise A une compression quelconque et qu'on la d<
pou11le de la chaleur développée pendant cette cot
pression, il se produit un abaissement considérable
température au sein de cette masse. Si ensuite 1
l'envoie dans un corps de pompe où elle peut "
détendre en restituant, par l'action d'un piston m1'
bile, le travail mécanique de sa compression, il '•
produit une quantité donnée d'air froid qui peut è'1
utilisée par une grande quantité d'industries.
Tel est le principe de Ai. Giffard. il a su constitué
cette théorie et la mettre en usage de la manière 1
plus pratique au moyen de la maehiBe qui se trou'
devant nous.
Tous les organes de cette machine sont eompl^
FEUILLES AU YENT
Un jour, un voyageur de commerce fran-
çais qui avait dans sa tournée la Belgique et
l'Allemagne, eut le désagrément de descendra
dans un certain hôtel de Sluttgard où il fut
impitoyablement écorché.
Ecorché est déjà dur, —mais ce ne fut pas,
tout.
Il eut encore à se plaindre fortement de la
malhonnêteté de son hôte.
Il était en pays étranger, et ne savait com-
ment se venger.
— Ecoutez, dit-i! toutefois à son maître
d'hôtel en le quittant, — je ne suis pas le plus
fort, et vcus avezcru pouvoir m'insulter parce
que vous êtes chez vous; mais je vous assure
pourtant que vous ne perdrez rien pour at-
tendre, et que vous entendrez bientôt parler
de moi.
Sur ce, il prend congé et quitte Stuttgard.
*
* *
A quelques jours de là, mon hôtelier reçoit
une lettre de Cologne non affranchie.
Ecriture inconnue.
Il paie le port, et ouvre la missive.
Elle ne contenait que ces mots :
» J'ai parcouru tout Colonne, et je n'y ai pas
encore trouvé un homme aussi grossier que vous.
Celui que vous sa\ez. »
Furieux, l'hôte déchire la lettre, — mau-
grée un peu. — puis finalement, au bout de
quarante-huit heures n'y pense plus.
Quatre jours plus tard, le facteur lui ap-
porte une autre missive datée de Coblenz, —
non affranchie non plus, — et d'une autre
écrituie que la première.
Il rompt Is cachet, déploie la lettre.
Elle ét^it plus brèveenccrequelapremière,
et disait simplement.
« Ni à Coblenz non plus.
Le même. »
Quinze jours après, lettre de Francfort, ef
toujours non affranchie.
«Ni même à Francfort, »
Disait la lettre.
La scie dura six mois.
On était alors à une époque où la coutume
d'affranchir les lettres n'était pas encore uni-
versellement adoptée,
Et de crainte de manquer une lettre d'af-
faires, l'hôtelier n'osait refuser l'impatien-
tante correspondance du commis-voyageur.
Mais entre nous, l'avait-il volé?
A une époque plus rapprochée, il y a une
dizained'années, lorsque Jules Vallès qui n'é.-
tait alors qi's l'auteur des Réfractaires publia
alors dans le Figaro ce fameux article sur
Homère qui se terminait par cette délirante
apostrophe :
Revue de l'Exposition internationale
DKS INDUSTRIES
MARITIMES ET FLUVIALES
KT
De la section française des principaux
articles d'exportation.
(scn e.)
Nous, quittons la vitrine des fusils Caslay, et nous
armons, suis penser à mal, dans la section anglaise,
lorsque nous apercevons, a gauche, eu nous diri-
geant vers l'orchestre, un Btoqpe qui semblait écou-
ter 'avec attention un orateur qui parlait avec une
abondance funèbre, quoique méridionale. Madame
Chauinontel voulut savoir le sujet du discours qui
attirait son atlenlion. Nuus nous Insérons tant bien
que mal nu milieu de la foule, et je reconnais im-
médiatement un de mes amis, journaliste lyonnais,
qui, m'ap, rcevant, me dit :
— As-tu un (.leur à verser, mon ami ?
— 11 s'agit de savoir sur quel malheur, lui répon-
disse d'un air goguenard, bien que déjà impres-
sionné.
— lib bien, si tu veux transmettre aux races
futures un récit capable de faire dresser les cheveux
sur la tête à M. Siraudin lui-même, écoute ce que
je vais te dite, et tu intituleras cela
LA SIBÉRIE ARTIFICIELLE
Je lis asseoir madame et mademoiselle Chaumonlei,
et mon ami le Lyonnais commença en ces terme? :
« Un enfant naquit jadis dans le département du Jura.
Sa nourrice, une Indienne ég rée dans ce pays de mnn-
taynes, s'oublia un jour à ce point, qu'elle lui fit sucer,
au lieu du dnrbo réservé à tes enfants, aux miens,
à tous les vôtres, messieurs et daines, un flacon
rempli de haschicli. Depuis ce moment, notre Juras-
sien,eut la nostalgie des pays de flamme où mûrit la
« Et maintenant, vieil Homène, aux Quinze-
Vingts ! »
Uu aimable narquois s'avisa de venger l'au-
teur de l'Iliade,
Et pendant un mois, Vallès reçut fous les
matins par la poste urtesuperbe carte qù était
gravé ce nom en caractères grecs :
OMÈROS.
Eh bien I je me demande par quelle mysti-
fication, — si la vieille gaieté française n'est
pas morte, — les Lyonnais pourront bien à
leur tour punir l'obstination et les imperti-
nences de leur préfet Ducros.
Car, enfin; tout a des bornes, — la patience
surtout,
Et quelque grande que soit, celle du Lyon-
nais, elle Unira bien un jour ou l'autre.
Quand on abuse de la longanimité des ad-
ministrés au point de ne pas se contenter de
leur faire subir des Coco,
Et qu'on leur parle encore de «l'éclatement
de la vérité, on doit s'attendre à tout.
« Monsieur le bourreau disait un personnage
désespéré rie Pétrus Borel, je désirerais que
vous me guillotinassiez .. »
J'estime que ce serait aussi le seul mcypn
qui restera à M. Ducros d'éviter Je ridicule le
plus amer, au jour peu éloigné où sa gloire
s'affaissera sous une avalanche de pommes
cuites.
* *
Ce jour-là, du reste, M. Ducros se révélera
sans doute sous son véritable aspect,
Je veux due, tel qu'un bon petit bonapar-
tiste quM e-t,
El il ira rejoindre sous les ombrages d'Are-
nen.berg, l'honnête Janvier de lu Motte.
Car c'est quelque chose de singulier de voir
le nombre de fonctionnaires qui, en étant au
pouvoir, ne se sont jamais targués que du titre
de conservateurs,
Et qui uue fois dégommés, s'en vont comme
M. de Fortou, grossir la classe du parti cher
aux roussins.
Celte pudeur, pendant le cours de leurs
fonctions, rue ravit et m'étonne,
Mais que j'aime bien mieux la franchise de
cette femme galante qui composa jadis les
Nouveaux Mémoires d'une Contemporaine, et qui,
a|)pe 1 ée un jour chez le juge d'instruction, à
celte question sacramentelle :
— Quelle est votre profession 1
Répondit résolument:
— Eh ! monsieur", ne le voyez-vous pas...
je suis courtisane !
Aussi bien, les préfets comme M. Ducros
ont beau .se cacher, prendre des altitudes de
vierge, mettre un faux nez et s'écrier :
— Nous sommes conservateurs !...
Ils n'ont pas dit trois paroles et supprimé
six iouts que tout le monde s'aperçoit qu'ils
ne sont que ries bonapartistes.
Les adultes mâles et femelles des départe-
ments que feu Badinguet nous a laissés ont
bien ri l'an dernier de ce procès intenté par
le duc d'Aumale, le prince de Joinville, la
comtesse de Paris, la Princesse régnante de je
ne sais quel duché, et cinq ou six autres gros
bonnets de la famille u'ûrléans, à de pauvres
bûcherons qui avaient ramassé pour une di-
zaine de francs de bois dans une de leurs
forets.
On avait peine à se figurer de pareilles pé-
piante enivrante. Le Gange a coulé sur son front,
les préceptes sacrés des Védas ont envahi son cer-
veau, il ne parle plus que par Brahma et Vishnnu,
et toujours, et toujours, il rêve d'Indiennes jaunes
aux yeux agrandis par le kobel, de pagodes à vingl-
ciii'i étages, de fakirs tannes par les rayons ruisse-
lants du soleil de l'Inde, et d'un paradis lait de pal-
miers, d'éléphants sacrés, de monstres divins et de
dieux à quinze bras.
« Cet amour de la lumière le conduisit à venir au
S'jin de ce | alais, bazar gigantesque consacré à l'exhi-
bition des prodiges le.-, plus variés des industries les
plus diverses, pour mourer aux mul itudes innom-
brables qui tous les jours foulent le sable de ces nefs,
un appareil destiné à propager la lumière jusque
dans les profondeurs insondables de l'Océan. Amou-
reux, mais non jaloux du soleil, il voulait eu faire
jouir les habitants de l'onde amère, et leur procurer
un peu de cetle chaleur qui donne à tout la vie,
pi)jsqiie la vie est une immense coinlmstinii.
g jb est ici qu'à l'ouverture de celte exposition, il
moiilra son soleil sous-marin. Nouveau l'i oinélliée, il
avait ravi une étincelle aux faisceauj lumineux qui
couronnent l'astre éclatant du jour. Celle éiiucede
était fabriquée tout simplement avec un lil de pla-
tine, une boule de veire qui ligurait le soleil, et une
pile électrique. Pendant les preaiier» temps, tout alla
bien; mais, un jour, en expliquant tous les avan-
tages du soleil des sirènes, il fui pris d'un fort éter-
nuemi-nt. I! n'y lit pas attention ce jour-là. Le len-
demain, nouvel éternuemeiit , suivi rie quelques
autres. Le jour suivant, lé pauvre Hindou arriva à
l'Exposition couvert d'un trijile paletot, emmitouflé
dans un lourd cachenez, un bonnet d'aslr.d<an sur la
tête et des mitaines àux mains. Mais le froid l'enva-
hissait toujours, et il arriva qu'hier, quand tout le
monde fut sorti, les gardiens, en taisant leur ronde,
a|HTi;urent un boni.ne qui semblait endormi sur une
chaise. Ils s'en approchèrent, dans l'intention de le
mnri.éner vertement; mais, qu'elle ne fut pas leur
surprit e en reconnaissant dans ce dormeur intem-
pestif, ('homme au suleil congelé sur sa base.
« Heureusement que des soins empressés, des fric-
tiuns faites à propos le ramèneront à la vie.
titesses de la part de si grands personnages
qui ne parlent que par cinquante millions.
En voici bien d'une autre.
Le comte de Chambord, lui aussi, a voulu
avoir un petit procès daqs le même genre.
Un pauvre diable de photographe s'était in-
géré de disposer un rie ses appareils dans le
parc de Chambord pour y prendre des vues
du château et de ses enlcurs.
M. de Chambord l'apprend !
Vite, de Froshdorff arrivent des sommations
ou citations à comparaître, etc.
Bref, le photographe est condamné à dé-
guerpir au plus vite.
0 prétendant, contrefait d'esprit comme de
corps,
Quel mal ce pauvre homme vous faisait-il?
Avez-vous eu peur qu'en photographiât],
votre château, il n'en fit se lézarder les murst
— comme cet affamé des Scènes de la vie de
Bohême qui faisait maigrir les jambons aux
vitrines des charcutiers, rien qu'en les regar-
dant !
Mon Dieu ! que tous ces grands seigneurs
sont petits 1
*
A un cours de catéchisme, au village.
Le curé, à l'un des enfants :
— Voyons, Paul, qu'est-ce que la prière ?
Paul met ses doigts dans son nez.
— Eh bien ! voyons, reprend le curé...
qu'est-ce que la prière?
— J' sais pas, Monsieur le curé...
— Vous ne savez |ias 1... allons, qu'est-ce
que dit votre père quand on apporte le dîner
sur la table?
L'enfant avec animation :
— Il dit : <t Allons, les enfants, attaquons / »
***
Un paysan arrive pour payer sou quartier,
chez sa propriétaire.
— Ah I mon pauvre Jacquas, lui dit celle-ci,
— j'ai appris que vous aviez eu le malheur de
perdre votre femmj !...
— Bé oui ! dit le paysan, — mais ça n'est
point tout, allez !
— Qu'y a-t-il donc encore?
— J'ai eu aussi le malheur de perdre ma
vache !
— Ah ! c'est fort malheureux, en effet!...
Mais enfin, cette perte-là n'est pas irrépa-
rable 1
— Mande pardon !
— Vos voisins vous viendront en aide____ils
vous aiment tous, n'est-il pas vrai !
— Pour ça, c'est la vraie vérité .. et même
ils m'ont tous déjà offert une autre femme...
— V'uis voyez bien !
— Oui, m il n'y en pas un qui m'ait offert
une autre vache !...
*
* *
Les gens de lettres de ce siècle ne valent
guère mieux, je crois, que ceux du siècle
passé, — et se détestent tout autant :
Seulement peut-être ont-ils moins d'es-
prit.
Quand madame deGenlis, gouvernante des
enfants du duc de Chartres, et femme de
mœurs assez légères, s'avisa de publier Les
a Mais aujourd'hui il frissonne encore rien qu'à l'id'-e
de venir ici, risquer de périr de froid, (l'est pourquoi
vous ne le voyez pas à sa place accoutumée. »
Ce phénomène semblait fort étrange à tout l'audi-
toire. Noire Lyonnais, voyant l'incrédulité peinte sur
certains visages, et une profonde curiosité sur certains
autres, reprit baleine et continua :
« — Or, voici ce qui était arrivé. Tout à coté, dans
la nef des machines, il en est une qui produit juste-
ment, un effet opposé à celle de notre Hindou. Elle
aussi, l'entendcz-votis éternuer? »
Eu effet, du côté indiqué [>ar l'orateur, une espèce
de mugissement, sourd, bref et rapide, se faisait en-
tendre.
— Cette machine, mesdames et messieurs, produit
un fléau : le froid ! A chaque coup de ses pistons, la
température descend avec ie thermomètre. Cette ma-
chine tousse et crache, ainsi que vous l'entendez. Mais,
la vapeur qui sort, de ses tuyaux est un nuage chargé
de neige, cil- expectore des grêlons gros comme des
noix: autour d'elle, les gracieuses mais froides ara-
besques du givre se dessinent sur toutes les suifaees
polies : en un mot, elle peut en moins d'une minute,
i'rapjier le Champagne et d'étonnement ceux qui la
considèrent de près.
« lit vous croyez que, dans le voisinage d'un monstre
pareil, notre pauvre Hindou peut vivre! Ainsi qu'un
Samnyôile ne pourrait supporter les caresses de l'équa-
teur, ainsi le (ils du Gange ne peut vivre au pfde-
nord. Au sein de ce palais, où pourtant quelquefois
ou étouffe de ehdeur, on le verrait saisi à la gorge
par le froid mortel de la machine d'à côté, et mourir
en tournant su l'ace vers l'Orient? »
Le, discours du Lyonna's produisit sur nous l'action
réflexe, et un éternueinent sonore, par lequel il ter-
mina l'orai.-ou funèbre de son Hindou, se répercuta
dans tout l'auditoire considérablement accru, puis
comme un éternueinent ne vient jamais seul, on en-
tendit un chœur é>range éclater dans le Palais del'ln-
ustrie. Les tètes se relevaient lentement, puis tout-
à-coup elles s'abaissaient brusquement, et de violents
aatc/ai ! produisaient sur tous les tons, une sympho-
nie qui n'avait rien de commun avec celles de Meyer-
beer.
Veillées du Château, en trois volumes qui coû-
taient six francs chaque, soit dix-huit francs,
on fit coqrif dans Paris, l'épigramme sui-
vante: ; ' .
Comme tout renchérit! disait un amateur :
/ Les œuvres de Genlis à six francs le volume!
Dans le temps mie son poil valait mieux que sa plume
Pour douze francs j'avais l'auteur !
»
* *
Un des mqts les plus amusants qu'ait jamais
prononcés i*n titi :
On venait de donner à l'Ambigu la première
représentation de liosa Bernard, Je MM. Bri-
sebarre et Eugène Nus.
A la fia de la pièce, le principal acteur
vient, comme c'est la ccutume, annoncer au
public le nom des deux auteurs qui depuis
longtemjis déjà fournissaient la scène de ce
théâtre populaire.
A l'én.onciation de ces noms connus, une
voix part du paradis et s'écrie :
— Comment !... Encore eux !... Ils font
donc travailler dans les prisons 1
BRIDAINE.
L'Ê0UCATI0\ D'U\ PRIME
Il paraît que les .bonapartistes, pour dépis-
ter les yeux d'Argué de la démocratie, pot,
dernièrement, répandu le bruit que leur prince
allait voyager.
Ce n'est pas tout à fait pour s'instruire que
ce garçon doit s'embarquer et faire le tour du
monde.
Sa course â travers les mers a un autre mo-
tif, — moins noble assurément, — mais plus
pratique :
Il ne veut plus être en tutelle.
Sa mère et l'ex-vice empereur le tracassent,
Et comme il ne peut pas, pour le moment,
leur dire :
«Lâchez-moi le coude!... Vous ne voyef
donc pas l'effet que vous me faitesI...
Il a réso'u de leur brûler la politesse.
Et d'aller iaire son petit tour de tous le/
continents.
Certes, l'idée ne manque pas d'une certain8
audace,
Et à promener sa future Majesté sur ton*
les océans plus ou moins pacifiques, il nt
manquera pas, de quelque façon qu'il s'.f
prenne, d'apprendre quand même quelque
ebose,
A moins que les sauvages qui y ont dévoré
le cajiitaine Cook, ne lui mangent les oreille*
à la vinaigrette ;
Auquel cas il ne pourrait plus rien en-
tendre,
Et comme il n'y voit déjà pas plus loin qu4
son nez,
Il est certain que cette infirmité, venan'
compliquer l'autre, serait très-funeste à soÇ
éducation.
Espérons toutefois qu'il n'en sera rien : gf
serait dommage.
Songeons, au contraire, qu'il nous revief
dra avec des yeux et des oreilles comme je*
Heureusement que l'orchestre attaquait à ce m<"
ment les premières mesures de l'ouverture du Jeu»1'
Henry, nouveauté qui, entre parenthèsês, revient et
viion deux fois par semaine depuis l'ouverture '
l'exposition.
Le chœur d'éternuemmts cessa, le groupe se dis
persa, et nous nous trouvâmes seuls avec nion-ami
journaliste lyonnais.
La famille Chaumontel voulut avoir le cœur ne
au sujet de son discours, il se mit à sa disposition ave
une grâce charmante et la conduisit près de la nia
chine monstre.
En guidant l'aimable famille vers le sud où se prfl'
doit le froid, il rassura mademoiselle Chaumontel s»
le sort du pauvre Hindou du Jura.
Tout le monde étant rassuré, il nous présenta
MM. Giffard et Berger, auteurs de la machine à ai
froid.
M. Giffard nous montra la machine dans ses délai
les plus sommaires, et nous en expliqua ainsi l'effet 8
la théorie, résultat de vingt années d'études.
Car il ne faut pas supposer que M. Giflard soit U
vulgaire mécanicien. Il n'est pas seulement l'homflj
dei bielles et des engrenag s, il s'est appliqué à \'&
tude de la physique et de la mécanique combinées,
a fouillé ces deux sciences jusque dans leurs profoi'
deurs, et il a pu en extraire uce machine qui est u*1
des plus splendides applications des sciences à l'ifi
duslrle. .
Lorsqu'une masse d'air, nous dit M. Giffard,
soumise A une compression quelconque et qu'on la d<
pou11le de la chaleur développée pendant cette cot
pression, il se produit un abaissement considérable
température au sein de cette masse. Si ensuite 1
l'envoie dans un corps de pompe où elle peut "
détendre en restituant, par l'action d'un piston m1'
bile, le travail mécanique de sa compression, il '•
produit une quantité donnée d'air froid qui peut è'1
utilisée par une grande quantité d'industries.
Tel est le principe de Ai. Giffard. il a su constitué
cette théorie et la mettre en usage de la manière 1
plus pratique au moyen de la maehiBe qui se trou'
devant nous.
Tous les organes de cette machine sont eompl^