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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0016
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LE], GRELOT

PRIME GRATUITE

Toute personne de la province qui s'abon-
nera à un des journaux ci-après, par l'entre-
mise de M. Madré, directeur-gérant du Grelot,
77, rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris,
aura droit à un abonnement gratuit au jour-
nal le GRELOT, savoir :

Pour un abonnement d'un an : 6 mois au GRELOT.

— — de six mois : 3 mois —

— — de trois — : 1 mois 1/2 —

L'abonnement à plusieurs journaux dou-
blera, triplera la durée de l'envoi gratuit du
GRELOT,

Cfl AN SIX MOIS 3 HOis

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Bien public......... 60 » 30 » la «

Charivari,.......... 80 » 40 » 20 »

Constitutionnel..... 64 » 32 » 16 »

Courrier de France. 60 ■ » 32 » 16 »

XIX* Siècle......... 62 » 32 » 16 »

Droit............... 64 » 32 » 16 »

Événement.......... 61 » 32 » 16 »

Figaro.............. 72 » 36 » 18 »>

Français............ 58 » 3i » 16 »

Gazette de France.. 66 » 35 » 18 »

Gaulois............. 64 » 32 » 16 »

Journal des Débats.. 80 » 40 » 20 »

Illustration........ 36 » 18 » 9 »

Liberté............. 48 » 25 » 13 »

Moniteur universel. 60 » 32 » 17 »

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Monde illustré..... 24 » 13 » 7 »

Opinion nationale... 64 » 32 » 16 »

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Revue des Deux-Mondes 56 » 29 » 15 »

Siècle.............. 64 » 32 » 16 »

Soir................ 64 » 32 » 16 »

Temps.............. 68 » 34 » 17 »

Univers............. 58 » 30 » 16 »

Union............... 68 » 35 » 18 »

Les prix qui précèdent sont, bien entendu,
les prix fixé3 par les administrations de cha-
cun de ces journaux.

LA SEMAINE

Ët d'abord, chers lecteurs, permettez-moi
de vous la souhaiter bonne et heureuse, es-
pérant que vous voudrez bien me retourner
le même souhait.

Je ne sais si vous vous êtes amusés pendant
ces huit derniers jours, mais je vous avoue
que pour ma part, je ne me suis jamais plus
assommé.

J'ai, comme tout le monde, cru devoir faire
à quelques terribles moutards de ma con-
naissance une ample distribution de ces bi-
zarres bonbons que débitent nos confiseurs et
je suis même allé jusqu'à acheter un certain
nombre de polichinelles.

Eh bien, il n'est pas un marchand chez
lequel j'étais entré, qui ne m'ait dit, en m'en-

veloppant mon achat avec des larmes dans la
voix :

— Ah! monsieur!... les affaires vont joli-
ment mal cette année !

— Bah!

— Ne m'en parlez pas!... c'est à peine si
je gagnerai soixante pour cent sur mes bi-
belots.

— Pauvre cher homme !

— N'est-ce pas que c'est déplorable ?

— C'est-à-dire que çà fend le cœur.

— Ah ! autrefois !...

— Pas un mot de plus!

— Du femps de...

— Je vous comprends.

— Les dix-huit années de...

— Assez !

— Prospérité...

— Là !... ça y estl...

— Hélas, non !... çà n'y est pas!... fichue
République, va !...

— Et vous croyez que...

— Parbleu !... demandez à tous mes voi-
sins... jls vous diront la même chose.

— V ous croyez?

— Je réponds d'eux comme de moi-
même.

— Allez çà ae prouve qu'nne chose...

— Laquelle, monsieur?

— C'est que vo~s voisins sont aussi bêtes que
vous...

— Monsieur !

— Ce qui n'est pas peu dire !

Et de sortir en laissant mon interlocuteur
stupéfait de mon audace et de mon imbéci-
lité politique.

C'est que vraiment je ne sais rien déplus
révoltant que ce ridicule cliché qui reparaît
invariablement chaque année sur les livres de
nos bons bourgeois, depuis Charlemagne
jusqu'au maréchal Mac-Mahon.

Avez-vous jamais entendu dire à un mar-
chand que le commerce allait bien?

Quant à moi, cela ne m'est point encore
arrivé.

I! faut convenir que rien n'est plus agaçant
que cette insigne mauvaise foi.

Si jamais le commerce a été bien, c'est
certainement de nos jours. Car jamais, au
grand jamais, un individu n'a'osé, pour de
bel et bon argent, vendre les drogues qu'on
nous débite.

L'industriel de nos jours, a réalisé, dans
cette vie des prodiges.

Je fais appel à tous ceux de mes lecteurs
qui voudront bien répondre la main sur la
conscience.

*

* *

^ous achetez un braceiel chez un bijoutier.

— Monsieur, lui demandez-vous, combien
ce bracelet?

— Trois cents francs.

— Bigre !... Et combien y a-t-il d'or là-de-
dans?

— Les deux tiers à peu près. Oh! l'affaire
est excellente !

Vous achetez l'objet.
Bon.

La belle à laquelle vous le destinez ne le
trouve pas de son goût.
Vous retournez chez ledit bijoutier.

— Monsieur, faites-vous, pourriez-vous me

reprendre le bracelet que vous venez de me
vendre ?

— Parfaitement. Au prix de l'or, naturel-
lement?

— Naturellement.

Le marchand pèse avec soin le bijou et
d'une voix calme vous murmure ces simples
paroles :

— Monsieur, je me ferai un véritable plaisir
de vous remettre cinquante francs.

— Mais...

— Et encore c'est bien pour vous être
agréable !

Le commerce ne va pas 1

*

* *

Vous commandez un pantalon chez votre
tailleur, au bout de quinze jours le fonds se
dérobe ;

Le chapeau que vient de vous vendre votre
chapelier perd sa soie un mois après et devient
d'un chauve à faire rougir Siraudin ;

Les semelles de vos bottines se mettent à
rire trois semaines après que vous leur avez
confié votre pied.

De tout ainsi.

Il est vrai que vous payez cette excellente
marchandise le double de sa valeur d'autre-
fois.

Je ne parle pas du vin sans vin, du lait à
l'eau, du rhum fait avec de vieilles bottes, du
poivre en sciure de bois et du chocolat en
poussier de mottes.

Mais le commerce ne va pas 1

Sapristi, qu'est-ce qui va alors? et que dia-
ble pouvait-on bien nous vendre du temps où
çà allait ?

— Savez-vous la grande question du jour ?

— Je ne m'en doute même pas.

— D'une innocence !...

— Serait-ce les élections sénatoriales?

— Il s'agit bien de cela.

— Les élections législatives ?

— Allons donc !

. — Le jour du terme qui va arriver ?

— Vous me la fichez belle !

— Alors je ne vois pas...

— Une, deux, trois!... Y êtes-vous?

— J'y suis !... mais j'ai une peur !... allez-y
tout de même !...

— Eh bien, voilà... Le petit jeune homme
de Chislehurst aime-l-il, ou n'aime-t-il pas la
musique ?

— Bah!...

— C'est là la vraie, la seule, l'unique ques-
tion du jour.

— En vérité?

— Comme j'ai l'honneur de vous le dire.
Vous comprenez n'est-ce pas, et quelle impor-
tance cela a pour l'avenir ?

— Fichtre I... c'est-à-dire que rien que d'y
penser, j'en ai froid dans le dos.

— Noble cœur 1

— Mais qui diable pourrait nous renseigner
là-dessus ?

— Voilà précisément le chiendent !... Le
correspondant du Figaroh Londres, M. John-
ston, prétend que le jeune prince est absolu-
ment rebelle à la moindre double croche, tan-
dis que M. de Villers, du Gaulois, affirme que
sa seule ambition est d'effacer les souvenirs
de Loïsa Puget. Il paraîtrait même que les
lauriers de Lecocq l'empêchent de dormir.

— Voilà qui est particulier !

— Où est la vérité ?

— Ma foi, je n'en sais rien. . et vous ?

— Moi non plus. Mais assurez qu'il serai'
important que la France sût à quoi s'en tenir
là-dessus.

— Évidemment. Que faire?

— Que faire ?

— A quoi tiennent les destinées d'une na-
tion, pourtant !

— Ne m'en parlez pas !

NICOLAS FLAMMÈCHE.

Eu l'honneur des Chiens

Le chien est un calomnié.

Chez les latins, au jeu des dés, on appelai'
l'a» qu'amenait le joueur malheureux : le coup
du chien.

« Chien de chrétien! » disaient les m us ta
mans, comme expression suprême de leu'
mépris à l'endroit des croisés.

Aujourd'hui, que disons-nous encore quand
nous voulons masquer notre colère, notre iifl'
patience ou notre ennui :

« Sacré nom d'un chien ! »

Or, que veut dire sacré, — sinon mauditl

Et ce n'est pas tout :

Une cocotte a-t-elle à se plaindre du porte'
monnaie de son entreteneur, — une femm6
de la pingrerie de son mari, — un neveu à(
son oncle, — un fils de son père, etc., etc-t
— comment s'exprknenl-ils pour qualiûef
l'individu qui les fait enrager?

« Est-il chien!... » disent-ils.

De sorte que de tout temps, en tous HeuSi
et même à présent, et dans la capitale (1"
monde civilisé, on semble rabaisser le chie11
au-dessous de tous les autres animaux.

On ne joint le mot de chien à quoi que
soit, que pour le dénigrer :

« Il fait un temps de chien ! » pour dire : 1"
plus vilain temps du monde ;

« De la soupe de chien! » pour une soup"
où l'on trouve des têtes de clou et de vieille*
bottes;

« Un mal de chien! » pour un mal qu'rf
nègre même ne devrait pas souffrir;

« Un froid de chien! » pour un froid qi>'
f lit geler le mercure dans ies baromètres, *
plus insupportable, par conséquent, que ton1
les autres.

Pourquoi en vouloir tant au ehieu?
Que nous a-t-il fait?

N'est-il pas aimable, aimant, bonne pef
sonne au possible, et plein d'aménité la plU'
part du temps pour les gens mêmes qu'il n''
jamais vus !

N'est-il pas fidèle, comme cent maîtresses!
— et celui d'Ulysse ne reconnut-il pas s'o'
maître après vingt ans d'absence!... Quel''
est la femme qui en ferait autant pour l'amaC
le plus aimé! Vingt semaines ne se sont p*j
écoulées souvent quelle l'a remplacé yim
fois !

Le chien, lui, n'oublie pas.
Il est constant, dévoué.
Dévoué jusqu'à la sobriété, — la plus bel''
preuve d'amour qu'on puisse donner,

IDYLLE M0MH\Ë

II parait qu'avant son mariage, M. Heindreich,
l'ancien exécuteur des Hautes-œuvres de la ville de
Paris, aurait eu plusieurs enfants, et que l'un de
ces enfants ne serait autre que... Marnueritte Bé-
langer. Tous les journaux.

Une clairière dans le bois de Bondy. —Au lever du
rideau, un faune trilare, ressemblant comme deux
gouttes d'eau à l'auteur des Châtiments, et à demi
caché par des branches d'arbres, est couché au pied
d'un frêne et joue sur sa flûte lair doux et mélan-
colique de la Belle-Hélène : Evohê! que ces déesses!
— Çà et là, quelques grosses touffes de roses au-
dessus desquelles des papillons voltigent pour n'en
pas perdre l'habitude. — C'est un jour de prin-
temps, et il y a des chansons dans l'air. —Bans le
lointain, sur un coteau, à droite, la hutte de
Chariot, homme de bien et exécuteur des hautes-
œuvres de la ville voisine.

le faune, cessant de jouer.

Ce satyre m'a donc trompé tantôt!... Ah! drôle!...
Moi qui me suis grimé pour voir Rocambole
Faire le joli cœur et roucouler d'amour 1...
Je suis refait, c'est sûr... C'est clair comme le jour,
Mêmel... je suis flouél... car, enfin, voici l'heure
Du rendez-vous sonné et

(Il montre la hutte de Chariot.)

Voici la demeure
Où, tout en attendant de gagner le gros lot,
Marguerite se eache avec le vieux Chariot...
(Au public, d'un air mystérieux.)

Ce Chariot, c'est son père... On lui donne une somme
Assez ronde les jours qu'il guillotine un homme,

Mais il n'exerce encor son métier qu'en sous-main :
C'est un aide bour...

(On entend du bruit derrière la coulisse.)

Ah! des pas dans le chemin !...

(Il ramène sur lui quelques branches qui le
dissimulent à la vue. Marguerite entre en
scène : elle marche les yeux baissés, et en
roulant un coin de son tablier entre ses
doigts.)

marguerite; elle chante :

Je voudrais bien savoir quel était ce vieil homme,
Si c'est un bon seigneur, et comment il se nomme!
(Parlé.)

Des gens que j'ai payés ont fait longtemps le guet
Sur la route, et m'ont dit : « Parbleu ! c'est Badinguet !
» C'est lui-même, c'est lui, n'en doutez pas, madame !
» Car lui seul dans Paris montra ce nez infâme,
» Auprès duquel, mesquin et réhabilité,
» Le tassot d'Hyacinthe est sans obscénité !.., s

(Elle soupire.)
Et pourtant!... je ne sais ce qu'il me faut en croire!...
Ai-je bien mérité tant de honte ou de gloire ?
O Cassagnac, celui qui m'a pris mon honneur,
Est-ce le même, rlis, que ton vieil empereur!...
Cruelle incertitude !... Et papa qui s'embête
De n'avoir à couper tous les ans qu'une tête,
Et qui, voyant Rouher au Sénat présidant
Dit qu'il voudrait aussi gagner un peu d'argent.
« Fais tout ce que tu veux et godaille à ton aise,
» A-t-il fait, — mais, tu sais, y m faut un peu plus

| de braise. »

Ce sont ses derniers mots... Il n'est qu'aide à présent
Et dit ce qu'il veut, c'est de l'avancement I
Que faire ! que résoudre, hélas !... Comment m'y

| prendre

Avec ce vieux Badingue, et lui faire comprendre?..,
Mais enfin, est-ce lui?... Ne me trompe-t on point!
Il me faut aujourd'hui bien éclaircir ce point,
Et savoir si ce n'est pas un vieux pingre ou s'il

| marque!

(Le nez de Badinguet sort de la coulisse et entre en

scène : son corps suit au bout de quelques ins-
tants.)

badinguet, terminant une brochure.

« Et j'ai plus à présent d'une corde à monarque!...»
Et signé : Populo!... Voilà qui va très-mal,
Et l'auteur, quel qu'il soit, n'est qu'un franc animal!
Mais n'importe! je sais un moyen très-sommaire
D'enseigner aux bavards le grand art de se taire,
(Il se passe la main sur le cou d'une manière
significative.)
Et nous en userons...

marguerite, à part.

Ma foi, c'est le moment!
(Elle s'approche de lui et lui présente un bouquet.)
O mon petit seigneur! que vous êtes charmant!
O l'amoureux exquis et divin que vous êtes !
Dites, voulez-vous pas ces pâles violettes
Qui, si l'on m'a dit vrai, mon amour, sont vos fleurs!

badinguet.

Mes fleurs!... On vous a dit!,..

marguerite.

Vous changez de couleurs...
Mais pourquoi me cacher qu'autrefois en décembre...

badinguet, Cl part.

Je n'étais pas alors un seigneur tout à l'ambre!...

marguerite.

Vous avez sauvé l'ordre et la société!

badinguet, à part, d'un air furibond.
Mais par qui, diable ! a-t-elle appris la vérité.

marguerite.

Vous restez tout songeur!... Est-ce que je vous

I blesse !...

es?

badinguetj se portant vivement la main au coté.
Non, non, c'est mon bandage...

marguerite.

On m'a dit votre adres'
Et que parfois l'été vous alliez à Snnt-Cloud.

badinguet.

Oui, là-bas, l'an dernier, j'ai fait l'achat d'un trou-

marguerite.
Où vous faites parfois des noces de famille...
Mais moi, monsieur, mais moi, jadis honnête fille,
Et que vous avez fait manquer à mon devoir,
Dites-moi de quel œil à présent je dois voir
Les serments que jadis, monsieur, à pleine bouche
Vous m'avez faits. —

badinguet, à part.

Ma foi, tout ceci devient louche;
Et je crois que j'ai mis la main sur un guêpier.

(Il cherche à s'en aller.)

marguerite, l'arrêtaiit par la manche.

Eh ! vieux, il ne faut pas vouloir lever le pied!.;,
Qu'est-ce que je ferais, moi, de votre mioche!...

badinguet.

Je le prévoyais bien ! Elle en veut à ma poche!
marguerite.

Est-ce ainsi que de moi, monsieur, vous prenez' soi11
Vous me laisserez bien à présent dans mon coin,
Avec mon pauvre enfant sans lait et sans tartine.
Et mon vieux père qui n'a que sa guillotine
Pour vivre...

badinguet, frappé d'une pensée subite.

Que dis-tu !... Quoi,! ton père serait.

marguerite.
Tu l'as dit, il ne vit que de son couperet!
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