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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0042
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LE GRELOT

LA SEMAINE

C'est Plon-Plon qui n'est pas'content !
Pauvre Plon-Plon !

Voilà son p&tit cousin qui lui fait des mi-
sères !

Plon-Plon se présente aux vœux des Corses
et sollicite l'honneur de représenter ces bra-
ves gens à la Chambre.

Où est le mal ?

Il affirme que l'empire c'est lui.

Ah ! par exemple, à cette parole outrecui-
dante, le jeune sire de Chislehurst »e fâche
tout rouge et lui décerne une lettre émaillée
de fautes de français, dans laquelle il prétend
que la politique de Plon-Plon n'a pas été,
n'est pas ut ne sera jamais la sienne.

Pour un peu, il l'appellerait de la politique
de cabinet.

Ah 1 cette fois, Plon-Plon est furieux.

Et avouons qu'il y a de quoi ?

Attaquer ainsi un homme dont le mâle cou-
rage a été si souvent mis à l'épreuve !

Un homme qui !...

Un homme que !...

Politique de cabinet I

Pourquoi cabinet ?

Le petit cousin ferait-il par hasard allusion
à certaine aventure que M. Purgon aurait
jadis traitée avec de l'eau de riz?

En ce cas, cette vengeance est bien mes-
quine 1

Est-ce qu'Henri IV aussi n'a pas un jour?...

Ce qui ne l'a pas pourtant empêché d'être
une rude soldat.

D'ailleurs l'habitude est-elle d'aller regar-
der de si près aux chausses des princes?

Cousin, cousin, vous n'êles pas gentil I

C'est égal, Plon-Plon n'est pas content!

On lui prèle l'intention, pour se venger
d'une calomnie aussi noire, de manger, de-
vant les électeurs, un saladier de pruneaux.

On nommera une commission qui ne quit-
tera pas le prince d'une semelle pendant
vingt-quatre heures, et les électeurs verront
bien que rien n'est capable de déranger la
santé du neveu du Grand-Homme,

Malgré les assurances du prince, c'est moi
qui ne voudrai's pas faire partie de la com-
mission 1

Oh 1 mais non !

*

* *

Un de nos lecteurs nous communique un

fietit imprimé destiné à nous donner les meil-
eures élections possibles.

Cela s'appelle : Neuvaine et Triduum à l'oc-
casion des élections générales.
■ 11 parait qu'en chantant un cantique dont
le refrain est:

Dieu de clémence,

Vois nos douleurs I
Sauve Rome et la France,
Exauce enlin nos pleurs!

Nous aurons une de ces Assemblées aux
pommes comme on n'en a jamais vu.
Moi je veux bien.

Et je suis résolu à ne pas chicaner le poBte
immense qui nous a dotés de cette strophe
remarquable.

Je me permettrai cependant de lui faire
observer que généralement on exauce des
vœux et qu'on etsuie des pleurs.

Ceci au point de vue de la grammaire.

Mais du moment où l'intention est bonne,
n'est-ce pas?

C'est ce que je me dis.

Dame, un poète, allons-y de la neuvaine et
du triduum.

Si ça ne fait pas de bien l...

Ah ! mais, j'y pense !...

Puisque avec uni neuvaine nous sommes
sûrs de bonnes élections, si nous poussions
jusqu'à la quinzaine I

Ça nous donnerait peut-être le meilleur des
gouvernements.

Qu'en pensez-vous ?

Moi, j'essaierai.

»

¥ »

Autre brochure non moins gaie.

Un brave homme de plus de cœur que du
raison, le citoyen Louis-Auguste Auger, vou-
drait que chaque pauvre âgé de smxante-onze
ans, eût sa petite rente de vingt sous par jour.

Ça, c'est très-bien.

Mais pour couvrir les trente-six millions
que cela coûterait au Trésor, le citoyen Auger
ne voit rien de mieux qu'un petit impôt sur
le capital des rentiers.

Bravo!... c'est, en effet, la chose la plus
simple du monde.

Mais M. Louis-Auguste Auger, qui signe sa
brochure : propriétaire, rue du Faubourg-St-
Honori, 187, a probablement commencé la
mise en action de sa théorie, en faisant remise
de quelques termes à ceux de ses locataires les
plus besoigneux.

Nous attendrons d'avoir vu ses quittances
pour nous ranger définitivement à ses opi-
nions.

Après cela, M. Louis-Auguste Auger n'a-t-il
pas de locataires besoigneux,
Ce dont nous le féliciterions sincèrement.

*

Notre ami Montrouge, directeur de l'Athé-
née-Comique, répète chaque soir, dans son
amusante revue de Bric et de Broc, une série
de ealembourgs véritablement terrifiants.

En voilà un que j'ai retenu à la force des
poignets.

montrouge.

a Savez-vous la différence qu'il y a entre la
Dame Blanche et les affaires des autres ? »
vous, tout naturellement.

Non.

montrouge, atec l'accent du triomphe.

« Eh bien, c'est que la Dame Blanche vous
regarde et que les affaires des autres ne vous
regardent pas ! »

Misérable, va !...

NICOLAS FLAMMÈCHE.

Réunions électorales

Compte rendu spécial du Grelot.

salle de la rue du veau-qui-renacle.

Tout le monde a été dans la salle de la rue
du Veau-qiii-renâcle ; nous n'avons donc pas
besoin de la décrire.

Il y a ce soir un monde fou, dans la salle de
la rue du Veau-qui-renâcle : c'est, en effet,
une de nos dernières réunions électorales, et
il n'est que temps d'en profiter.

Le co ; ité électoral de Jacques Lichepinle
entoure le bureau; on s'attend à une rude
séance.

Tout à coup le président agile sa sonnette,
et donne la parole à Lichepinle.

Le candidat s'avance d'un air modeste vers
la tribune , monte lentement les quelques
marches qui y conduisent et commence à par-
ler d une voix si basse qu'on ne l'entend pas
à deux mètres.

Des voix. — Plus haul ! Plus haut !

Lichepinte, avec un quart de ton plus haut.
— Mon Dieu, vous savez, si je viens ici, —
c'est pour vous faire plaisir, parce que, n'est-
ce pas, mes opinions sont connues...

Le président. — Ça ne fait rien, — dégoisez
votre boniment...

La foule. — Hou! hou!

Le président. — Mais enfin, citoyen...

Lichepinte. — Il n'y a pas de citoyen qui
tienne... je veux être nommé, et je ne veux
pas faire de profession de foi.

Le président. —Ah! bien, zut alors!... En
voilà un particulier. (S adressant à la foule : )
Voyons, qu'est-ce que vous en pensez, vous
autres !

La foule. — Hou I hou !

Une voix. — Vive Gambetla!

Le président. — Est-ce qu'on maintient
Lichepinle comme candidat?

La voix. — Faut demander à Gambetla s'il
en veut!

Le président. — C'est une idée I... Il est de
fait que Gamhetta!... Enfin, nous en référe-
ront à Gamhetta. Voyons, maintenant, qu'est-
ce qui demande la parole ?

Un ancien déporté de 52. — Moi !

Le président. — Tu l'as, citoyen I

L'ancien déporté. — Quant on voit des la-
vasses comme ce Lichepinte oser venir dire
à la tribune...

La voix. — C'est un mouchard !

L'ancien déporté. — Moi, un mouchard,
moi que le Badinguet a fait jeter...

La voix. — Vive Gambetla I...

L'ancien déporté. — Dans un bagne infect
où je suis resté six ans...

La voix. — Faut le demander à Gambetla.

Le président. — C'est vrai, faudrait peut-
être le demander à Gambetta !

L'ancien déporté, au président. — Vous,
vous êtes une bête !

Le président. — Ah bien ! par exemple,
vous, je vous retire la parole...

L'ancien déporté. — Ah ! je crois que ça
va être quelque chose de propre, vos élec-
tions !...

La voix. — Vive Gambetta !

Un épicier. — M. le président !...

Le président. — Monsieur?...

L'épicier. — Pourquoi ne proposez-vous pas
la candidature de M. Burnichon qui a rendu
de si grands services dans le quartier. Grâce
à sa poudre insecticide... C'est un brave
homme...

La voix —Faudra le demander à Gambetta.

Le président. — Dites donc, est-ce qu'il est
pour l'amnistie, Burnichon?

L'épicier. — Pour l'armistice !... je crois
bieu... {bas à un de ses voisins :) qu'est-ce que
c'est, l'armistice?...

Le président. — Du moment qu'il est pour
l'amnistie, autant lui qu'un autre...

Lichepinte, du fond de la salle. — Dites
donc, moi aussi je suis pour l'amnistie...

Le président. — Pas possible 1

Lichepinte. — Mais moi, je la comprends
d'unî façon toute particulière... Faut amnis-
tier!... Mais comment?... hein ! comment?...

La voix. — Faut la demander à Gambetta...

Lichepinte. — Je vas vous le dire...

La fou'e. — Hou ! hou !

Lichepinte. — Il faut amnistier tous ceux
qui n'ont rien fait du tout pendant la Com-
mune...

Le président. — Comment dites-vous?
Lichepinte. —J'ai dit...
Le président.— Mais enfin expliquez-vous!
Lichepinte. — C'est pourtant bien sim-
ple...

La voix. — Oui, ouil... Vive Gambetta...

Lichepinte. — Il s'agit de faire l'amnistie
pour tous ceux qui ont été condamnés par
erreur!

Le déporté, d Lichepinte.—Toi, je te re-
connais... tu es l'ressensé, et tu veux nous la
faite !

Lichepinte. — Je ne suis pas Pressensé, je
m'appelle Lichepinte... (à la foule :) Eh bien !
qu'est-ce que vous dites de mon projet d'am-
nistie, — assez roublard, hein, le petit pro-
jet!... C'est gentil, et ça n'engage personne!..

La voix. — Faudra le demander à Gam-
betta !

Le président. — C'est vrai, faudra le de-
mander à Gambetta, parce que, comme rou-
blard, Gambetta... enfin! suffit!

Lichepinte. —Vous pensez!... Faire une
amnistie pour ceux qui ont été condamnés
par erreur, c'est d'un beau qui fait venir l'eau
à la bouche... Et je vous jure que ça réussira,
car Jules Favre lui-môme...

Le président. — Ah! oui, l'honorable M.
.Iules Favre...

Le déporté.—Et qu'est-ce qui l'amnistiera,
lui?

Lichepinte. — Oui, Jules Favre lui-môme
votera pour cette amnistie-là?

Le président. — Un homme si pur.

La voix. — Faudra le demander à Gam-
betta!

L'épicier. — Eh bien! et Burnichon, vous
n'en dites rien !

Le président. — Bah ! Burnichon ou un
autre, — c'est toujours le même diable.••

La voix. — Vive Gambetla !

Lichepinte. — 11 n'y a p«s de Burnichon
qui tienne... Vous élirez Lichepinte et pas
d'autre... C'est le petit Lichepinte qui vous
en fera des réformes sociales, mes gaillards!

L'épicier. — Toi, gnnd voyou 1

Le déporté. — Toi, grande mouche !

Le commissaire de police, intervenant. —
Messieurs, devant le tumulte et le scandale
qui n'ont cessé de se manifester depuis un
moment, je suis obligé de lever la séance.

Un journaliste du Times, en sortant de la
salle. — Eh bien! voilà un peuple qui doit être
bien renseigné sur les candidats qu'il doit
élire... Les uns qui ne veulent pas faire de
profession de foi, les autres qui ne veulent
que ceux qui plaisent à M. Gambetta! Le-,
jolies élections que cela va faire, mon Dieu I
les jolies élections 1

Jacob.

-^S^^^^^^-fiiS^Ti^^'--

FEUILLES AU YENT

Il n'y a assurément pour Paris qu'un seul
sujet de préoccupation :
Les élections;

Tout le reste est complé pour néant,— et,
ma foi, non sans raison.

Il s'agit, en effet, de savoir si nous allons
continuer à mener la jolie petite vie dont
nous jouissons depuis cinq ans,

Avec l'état de siège en permanence pour
nous empêcher de parler, d'écrire, et (si cela
était au pouvoir de nos maîtres) de pailer,

Avec de» généraux pour directeurs de la
presse,

Avec des ministres qui, dans un autre pays,
auraient eu la prudence d'aller depuis long-
temps se cacher dans quelque trou ou dans
quelque cloître, et qui, chez nous, règlent la
marche de leurs impertinences sur les progrès
de leur impopularité.

Avec, enfin, tout l'attirail qui nous encom-
bre et qui nous blesse depuis des années, el
qui fait de la France un pays moins libre que
la Turquie et la Russie.

*

* »

Oui, il est grand temps que tout cela

change;

Et il faut espérer que lus élections de di-
manche vont y mettre ordre.

On se fait par avance une pinte de bon sang
en songeant à la tête étrange-que leront dans
quelque quarante-huit heures les blackboulés
de toutes nuances,

Et au nez disproportionné dont seront agré-
mentées les trompettes bonapartistes.

Car cette fois-ci n'est pas l'autre, — comme
on dit,

Et si, dans une élection à deux degrés, if
est facile de faire manœuvrer un tas de res-
sorts et de faire jouer tout un monde de fi-
celles,

Dans une application de suffrage universel,
il n'est pas si aisé de piper les dés et de bi-
sauter les cartes.

Les petites influences qui agissent, à la façon
d'un phdtre ou d'une épée de Damoclès sur
la conscience pusillanime d'un groupe de
bourgeois,

S'annihilent et ont la puissance d'une chi-
quenaude sur un mur de pierre de taille,
quand il s'agit de tout un peuple décidé à
extreer ses droits.

Quand il y a deux cents électeurs dans un
département, on peut bien leur promettre à
chacun un bureau de tabac, — Je grade de
lieutenant pour leur fils, — un tableau pour
leur église, — un chemin pour leur com-
mune,

Mais quand ils sont deux ou trois cent mille
dans le département, cela se complique,

Et les gouvernements et les candidats se
ruineraient rien qu'à leur payer à chacun un
cigare et une topette d'eau-de-vie!

*

* *

Quelques journaux républicains se sont
plaints des élections sénatoriales.
Ils ont eu tort.

Etant donné les mandants, il est singulier
que les mandataires n'aient pas été plus mau-
va;s encore.

Il ne faut jamais M plaindre d'une élection
à deux degrés, quand les bourgeois qui la
font n'en ont point profilé pour ne nommer
rien que des réactionnaires de la nuance la
plus foncée.

Dans une élection par le suffrage universel,
au contraire, on a toujours le droit de se
plaindre, — car jamais elle n'est assez
bonne,

Parce que c'est !e peuple qui la fait, — et
que, quoiqu'il fasse, il ne se traite jamais
trop bien.

C'était au dernier sermon d'une mission.
Le prédicateur faisait merveille,
Et tout le monde pleurait à chaudes
larmes.

Seul, un grand paysan, immobile contre
une colonne, avait les yeux secs et ne se lâ-
chait pas d'un pleur.

Un voisin surpris de cette froideur lui dit :

— Pourquoi donc ne pleurez-vous pas vous!

— Moi? dit le paysan... je ne suis pas de la
paroisse !

*

* *

On achevait de bâtir le Pont-Neuf, voilà qui
dale de loin I

Et il devait y avoir dans un restaurant voisin
un grand flirter des ingénieurs et des architec-
tes qui avaient contribué à l'édifier.

Tout-à-coup, on aperçut un individu qui
toisait le pont d'un air vivement préoccupé.

On crut que c'était un connaisseur.

Et quelqu'un l'ai la prier à dîner.

L'autre accepte, s'attable, mange comme un
loup et ne souffle mot.

A la fin du repas, un des ingénieurs très-
intrigué lui demande :

— Eh bien! que pensez-vous de notre
Pont-Neuf!

—Je pense, dit l'autre,que vous avez agi sa-
gement en vous y prenant en large, car si vous
vous y étiez pris en long, vous n'en seriez pas
venu à bout si facilement.

*

* *

Un capucin souffrant fort delà pierre,
Lo chirurgien lui dit d'un ton pre-sant,

— Mon Révérend, il faut qu'on vous outre...
Le moine, alors : Risqué je point, mon frère,
En ce cas-là, de rester impuissant?

*

C'était à la foire do Saint-Cloud.

Après s'être arrêté longtemps devant la ba-
raque de la femme sauvage, un épais normand
se décide à y entrer.

Il donne ses deux sous et s'installe en con-
templation devant une hideuse femelle noire
connue une taupe, avec un nez en pied de
marmite cl des dents jaunes comme Sganarelle
le jour de ses noces.

Il reste longtemps immobile, dans une atti-
tude qui témoignait de la profonde admira-
lion.

— Ah ! s'écrie-l-il à la fia... la belle femme..
OU dirait un homme 1

*

» »

On dit toujours que la France est la fille
aîné de l'Eglise.

C'est vrai, mai-, celte fille aînée a eu elle-
même un fils qui s'appelait Voltaire, ce qui
l'ait qu'elle n'est pas aussi cagote que Veuillot
le voudrait bien : un exemple le prouvera.

Au dernier siècle, il arriva que deux fran-
çais se sachant tous deux à Florence, se cher-
chèrent longtemps l'un l'autre sur laplacedu
vieux Palais sans pouvoir se rencontrer à cause
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