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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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LE GRELOT

LA SEMAINE

N'en parlons plus 1

Le ballottage a dit son dernier mot et mal-
gré la mauTaise loi de certains organes que la
majorité républieaine des dernières élections
a le ion de rendre hydrophobes, la nouvelle
Chambre des députés non moins que le Sénat
n'a pas l'air de devoir prendre beaucoup d'ac-
tious dam les mines de Chislehurst !

Maiatenant donc que nous voilà tranquilles
pour quatre ans, livrons-nous sans hésitation
à des occupations plus folâtres et retrouvons
■otre ancienne gaieté.

Ne vous semble-t-il pas, chers lecteurs, qu'il
j a bien longtemps que nous ne nous sommes
pas occupés de cet excellent petit père Baze,
dit Vaimable comme le Chopart du Courrier de
Lyem 1

Que fait Baz«?

Que devient Baze ?

Que dit Baze ?

Baze, «es chers amis, est dans les gran-
deurs sénatoriales. Il vient de reconstituer le
service des secrétaires-rédacteurs; il a passé
différents marchés avec les marchands de bois,
dé charbon et d'huile qui aspirent à l'honneur
de chauffer et d'éclairer nos inamovibles.

Baze, comme l'ancien solitaire du vicomte
d'Arlincourl, voit tout, sait tout, est partout.

11 ne marche pas, il court ;

Il ne court pas, il vole ;

Il ne vole pas, il roule comme une avalanche
du haut en bas des escaliers du Sénat.

On l'entend s'écrier :

— Jean !...

— Monsieur Baze ?

— Ces lampes-là fumeront 1

— Vous crojez, monsieur le sénateur !

— Je vous l'affirme. Changez-moi çal..
vi|e ! vite !... que ça ne traîne pas 1..

Et Jean disparaît chez le lampiste.
Puis à un autre :

— Baptiste !

— Monsieur le sénateur?

— Les pifcges à loups pour les journalistes
sont-il sufhsaojmënt graissé»?

— Oh 1 je vous en réponds, monsieurjle séna>
teur!.. le poids d'une sauterelle les ferait bas-
culer.

— Bon 1.. très bien !.. bravo 1.. ah !..
Baptiste?

— Monsieur le sénateur?

— Avez-vou8 eu soin de dissimuler habile
ment quelques centaines d'épingles dans les
sièges de meseieurs les journalistes, déjà
nommés ?

— Parfaitement, monsieur le sénateur.

— La pointe en Pair, n'est-ce pas?

— Tiens 1... c'te bêtise 1...

— Pardon, monsieur Baptiste... mais il me
semble que vous me manquez de respect ?

— Moi, mounsu Baze ?

— Oui!... vous!... jour de Dieu!... nom
d'un chien !... mille millions de pruneaux d'A>
gen !...

— Mounsu Baze ?]

— Ah ! mais c'est que!... c'te bitise !... que
je vous y prenne encore à qualifier mes ap-
préciations de bêtites !...

— Pitié !... miséricorde !...

— C'est bien.... relevez-vous... je vous par-
donne... grâce à mon idée, ces coquins de jour-
naliste» que Dieu damne, et que le diable
emporte 1 ne seront pas tentés d'assister plus
longtemps à nos séances!... quelle veine!...
ohl ces misérables! que je les hais !... ont-
ils assez blagué?... mais l'heure de la ven-
geance ne taidera pas à sonner et rira bien
qui.....{Il élernue.) Aschi !...

— Dieu vous bénisse, monsieur le sénateurl

— Merci, Baptiste ! ah !... dites donc mon
ami !

— Monsieur le sénateur !

— J'oubliais un point important... combien
payez-voos l'huile ?

— Dix-sept sous, rue des Réservoirs.

— Faudra aller rue de la Paroisse.... il pa
ratt qu'il y a un épicier qui vous en vend à
quatorze !... qu'on en accommoderait des
cèpes avec!...

— J'irai, monsieur le sénateur.... j'irai !..

— Surtout graissez bien les sièges à jour
nalistes !...

— Soyez tranquille, monsieur le sénateur !

*

* *

Le ciel réservait au Grelot une grande joie
dans la pluvieuse journée de dimanche der-
nier|:

Celle de ne pas nommer le citoyen Guyot-
Montpayroux !

Bieu que représentant — à ce qu'il disait !
— l'élément républicain dans son arrondisse
ment — Guyot-Montpayroux n'a pu parvenir à
se faire prendre au sérieux et cet astucieux
Auverpin se voit encore pour quatre ans forcé
de consacrer ses loisirs à la littérature.

Pauvre lit!ératurel

Pauvre Guyot !

Pauvre Montpayroux l

Le toupet de ce farceur n'a de comparable
dans son département que la hauteur du Puy-
de-Dôme.

Heureusement nous en voilà débarrassés pour
jusqu'en 1880.

Electeurs de l'Auvergne, tous mes compli-
ments, fouchtrrra !

Nicolas FLAMMÈCHE.

L'Obsession

A l'époque où je n'aimais qu'Elle,
Où ses yeux me semblaient le ciel,
Où sa bouche, même infidèle,
M'était plus douce que le miel,

KHe chantait un air fort tendre,
Passionné quoique très-doux,
Et que je ne pouvais entendre
Sans un pressentiment jaloux :

Une ariette bien connue
D'une opérette où l'on courait;
Tous la fredonnaient dans la rùe,
Mais elle seule la chantait !

L'écho lointain de ce poëme
Triste comme une vérité,
Hélas ! depuis que je vous aime,
Flotte en mon esprit dépité.

La chanson caressante et dure,

Disait d'abord avec langueur :

« 0 mon cher amant, je te jure

« Que je t'aime de tout mou cœur !... »

Mais bientôt ce serment perfide,
Progressivement corrigé
Sur l'ordre de l'estomac vide,
lin adieu se trouvait changé.

La musique d'abord frivole

Sur ces mots pleurait à la lin :

« Et je signe la Périchole

« Qui t'auore et qui meurt de faim!...;

Cet air charmant et diabolique,
Exquis, amer, grave tt moqueur,
Uu'un jour l'amour mélancolique
Avait noté d'un doigt boadeur,

J'en ai compté chaque mesure
Plus tard dans mon silence affreux!
Les battements de ma blessure
Aux élancements douloureux,

Se réglaient sur son rhythme triste,
Dont un noir souvenir malin
M'obsède comme un parodiste
Qui rallie un poëte divin.

Elle, au moins, avait des excuses (..,
Une voix qui sort du passé,
Et cherche à pallier ses ruses,
Fait tressaillir mon cœur blessé.

Ainsi qu'un avocat habile,
Elle blanchit ses trahisons
Et verse à mon âme débite
Le vin des consolations.

« Elle n'a, vois-tu, me dit-elle,

» Cédé qu'à la nécessité,

« Et tu ne dois chercher querelle,

» Mon fils qu'à la fatalité !

» Hélas! souvent on fait des choses

» Que l'on voudrait bien effacer !

» Mais les clairs baisers et les roses

» Ne peuvent pas tout remplacer!... »

C'est vrai, je comprends, je pardonne.
Soudain, je me sens m'attendrir,
Et, clément et faible, j'ordonne
Au grand oubli de m'envahir !...

Mais toi, stupide et froide idole,
Hochet qui me meurtris la main,
Dis, la vaux-tu, ma Périchole,
M'adorant et mourant de faim ?

Horace V.

FEUILLES AU YENT

Il y a quelque cent ans un coadjuteur de
Rouen ayant eu à interroger deux prêtres qui
aspiraient à devenir curés,

Les trouva si ignorants qu'il fut obligé de
les refuser.

L'archevêque l'apprit.

Il fit appeler son coadjuteur et lui dit î

— Allez, allez, ne laissez pas de les rece-
voir... 11 vaut mieux que la terre soit labourée
par des ânes que de rester en friche.

*

* «

Ce mot m'est revenu à la mémoire tous ces
jours-ci,

En lisant les belles tirades que les journaux
réactionnaires débitent sur les deux Cham-
bres.

De semblables bassesses, d'aussi ignobles
turpitudes, — je ne pense pas qu'on en ait ja
mais écrit de telles dans aucune langue morte
ou vivante.

Il y a, en effet, dans certaines feuilles pari
siennes un si étrange mépris de tout ce qui

est honneur, courage et humanité qu'on se
demande de quel cloaque sortent les gueux
qui les rédigent.

C'est dans ces feuilles qu'on lisait ces jours
passés des articles qui commençaient ainsi :
« M.Gambetta a reconnu lui-même, etc..»
Ou encore :

« Toute la modification que l'on exigerait à
la loi sur l'enseignement supérieur serait
de... »
Ou bien :

« Il paraît qu'aucune proposition d'amnistie
ne serait portée à la Chambre; on se bornerait
à voter l'établissement d'une nouvelle com-
mission des grâces, etc.. »

Si encore les polissons qui peinent à tant la
ligne dans les journaux de l'ordre moral pou-
vaient se targuer de moralité, de convictions
religieuses sincères, de courage ou de quelque
verlu civique,

On comprendrait à moitié leur indignation
et leur colère.

Mais quand on sait que le chantage, l'es-
pionnage et la... comment dirai-je?... la ga-
lanterie, pour parler comme P.-L. Courier,
font partie de leurs ressources et viennent
grossir leurs appointements d'hommes de
lettres,

On ne peut se retenir d'un douloureux éton-
nement envoyant des hommes politiques, des
députés, des gens qui ont de l'honneur, du
caractère et une position honorable dans le
monde, écouter sérieusement, et quelquefois
suivre, les conseils de ces apôtres auxquels
ils confient la direction de leur conscience
parlementaire, et auxquels ils ne confieraient
ni leur fils, ni leur femme, ni même leur
porte-monnaie.

* *

Que fera la nouvelle Chambre !
On n'en peut rien savoir encore à l'heure
qu'il est.

Mais si elle avait, comme l'autre, la faiblesse
de se laisser guider, môme par l'indigne
presse dont les efforts ont, en somme, conduit
MM. de Broglie et Buffet où ils en sont, —
nous et elle serions bien à plaindre.

Je ne suis point de l'avis de l'archevêque de
Rouen,

Et je crois qu'il faut autre chose que des
ânes pour labourer la terre de France.

Voici donc la guerre civile terminée en Es-
pagne!

Après quatre ans passés de meurtres, d'in-
cendies, de pillages, don Carlos vient de dé-
clarer qu'il en avait assez,

Et il a fait à l'Espagne cet adieu qui a dû
crânement flatter les cœurs andalous :

« Vous savez, à bientôt, >— au plaisir de
vous revoir l »

*

* *

L'audace de ce condottiere qui ne passe
jamais les frontières du pays qu'il aspire à
gouverner, sans signaler son arrivée par l'in-
cendie de quelques villages et la fusillade de
quelques pères de famille,

L'audace de ce drôle dépasse toute imagi-
nation.

Devant les provinces qui ont été mille fois
dévalisées par lui, et qui l'ont vu de ses mains
royales attaquer les diligences et détrousser
les voyageurs,

Devant les milliers de cadavres dont il a
jonché le sol de sa patrie,

Il n'a qu'un mot :

« Tout ça, ce n'est que de la Saint-Jean!

« La prochaine fois je vous en ferai bien
d'autres! »

Et, sur cette belle promesse, il repasse les
Pyrénées.

*

* *

Mais ce qu'il y a d'admirable dans l'affaire,

C'est que nous, dont il a dévalisé pas mal de
compatriotes, sans compter ceux qu'il a tués,
comme un simple brigand qu'il est,

Nous le recevons,

Nous lui faisons bon accueil,

Que dis-je?

Nous mettons à sa disposition des trains
d'honneur.

Encore un peu on eût tiré des pétards sur
son passage,

Et on eût jeté des bouquets sur les rails des
voies ferrées où il devait passer.

*

* •

C'est qu'en effet, quand on signe Bourbon
les billets qu'on laisse ensuite protester chez
les huissiers,

On a droit à tous les égards de son bottier
et de la France.

Peu importe qu'on ait fait fusiller des habi
tants de Paris ou de Lyon qui se bornaient à
traverser les provinces du Nord de l'Espagne
pour aller visiter l'Escurial ou l'Alhambra!

Peu importe qu'on ait attaqué à main armée
les trains de voyageurs venant de France, et
qu'on ait prié les touristes qui s'y trouvaient
de déposer à terre leurs valises, leurs bijoux
et leurs bourses, et de déguerpir ensuite au
plus vite, crainte de pis.

Non, cela importe peu,

Pourvu qu'on s'affiche comme candidat à
un trône quelconque, — et qu'on puisse répon-
dre quand on vous appelle voleur, assassin,
incendiaire et brigand :

« Moi, pas du tout, je suis un prétendant! »

Cela justifie tout !
Et cela seulement!

Supposez, par exemple, que demain il sur-
gisse une vaste grève en Belgique, dans le
Borinage, ou ailleurs,

Et que les mineurs courent aux armes pour
défendre leur salaire, leur indépendance, la
vie de leurs enfants et de leurs femmes.

Supposez encore qu'ils tiennent quelque
temps contre le gouvernement de Léopold II,
— et qu'après s'être battus comme des lions,
il se trouvent acculés à la frontière française,
absolument comme don Carlos l'était aux
Pyrénées,

Croyez-vous que le gouvernement français
leur enverra des sous-préfets pour les rece-
voir,

Et mettre à leur disposition des trains
d'hon«neur!...

J'en ai une vague idée, — comme disait
l'impératrice.

Un cocher pris de repentir, et qui était for$
adonné au vin, résolut un jour d'aller se con-
fesser.

11 s'adressa à un père jésuite,

Et lui raconta son cas tout au long.

— Bien, mon enfant, fort bien, mon enfant,
lui dit le père... Faites votre acte de contrition,
je vais vous donner l'absolution.

L'absolution donnée, le cocher tira de sa
poche une pièce d'argent et la tendit au con-
fesseur.

— Non, mon enfant, — lui dit le jésuite
avec un désintéressement qu'on n'eût point
soupçonné chez un homme de son ordre, —
gardez voire argent pour boire !...

Le premier Balzac était fort vaniteux.

Il avait la manie de faire continuellement
son éloge, — et quelques-uns en plaisan-
taient.

Un beau jour, il tombe malade d'une forte
bronchite.

Quand il reparut à la Cour, le Cardinal de
Richelieu qui l'aimait beaucoup lui demanda
des nouvelles de sa santé.

Un courtisan qui se trouvait là ne laissa
pas à Balzac le temps de répondre,

Et prenant la parole :

Comment pourrait-il se bi n porter, dit-il
— il ne parle que de lui-même, et à chaque
fois il met le chapeau à la main, — cela l'en-
rhume!

* *

Il y avait au siècle passé des évêques qui ne
manquaient pas d'esprit,

Et de ces évêques, M. de la Rivière, évêque
de Langres, en était un.

Quand il fut mort et qu'on ouvrit son testa-
ment, on y trouva deux clauses curieuses.

La première portait :

« Je ne laisse rien à mon maître d'hôtel
•parce qu'il y a dix-huit ans qu'il est à mon ser-
vice.

La seconde :

« Je laisse cent écus à celui qui fera mon

épitaphe. »
Je ne sais trop ce que dit le maître d'hôtel,
Mais au lieu d'un faiseur d'épitaphe, il en

eut deux,

Et tous deux méritaient bien les cent écus :
Qu'en en juge!
Le premier disait :

Monsieur de Langre est mort testateur olographe;
Et vous rne promettez, si j'en fais l'épitaphe.
Les cent écus par lui légués à cet effet. [mes !•••
Parbleu ! l'argent est bon dans le siècle où nous som^
Comptez toujours!... ci-gît le plus méchant des hom-

[mes!

L'autre à mon avis, avait mieux réussi en-
core :

Ci-gît un très grand personnage,
Qui fut d'un illustre lignage,
Qui posséda mille vertus,
Qui ne trompa jamais, qui fuf toujours fort sage... I
Je n'en dirai pas davantage :
C'est trop mentir pour cent écus!

Un bourgeois assez farceur alla voir un de
ses amis, à la campagne.

Celui-ci n'était pas à la maison,

Et le gardien de la propriété voyant un
étranger lâcha les deux chiens de garde qui
se mirent à courir après le visiteur.

Notre bourgeois n'échappa qu'à grand peine
à leur crocs,

Rentré chez lui, on lui demanda :

— Eh bien! vous a-t-on bien reçu!

— Fort bien, répondit-il tranquillement, —•
on a voulu me faire manger?...

Nous voici en carême, on peut rappeler ce
mot ciiarmant de modestie du père d'Harrouis,
prédicateur au XVII0 siècle :
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