Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0122
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE GTÎETOT

LA SEMAINE

Mon dernier article sur le divorce m'a valu
de nombreuses 'élues et une dé utation.

De m»,s corresp ndants, les un» me traitent
de parfait imbécile;

Ce qui ne m'a point surpris;

L> s auti es m'appellent athée et révolution-
naire ;

Ce à quoi je m'attendais.

Les injures des sôts sont nos pelits profits,
à nous autres journalistes.

La dôputation était une dépulation de boa-
sus.

Ça, par exemple, m'a fait le plus vif plaisir.

Ôn sait combien les bossus portent chance ;
je ne serais ilonc pas étonné de faire, dans
quelque temps, une fortune considérable;

Ce qui changerait dianlrement mes habi-
tudes.

Ces estimables descendants d'Ésope ve-
naient me remercier d'avoir essayé leur réha-
bilitation et me sup-j 1er, en même temps,
d'accepter une petite bo.:se en argent, dont je
me tuis immédiatement empressé de faire un
presse-papier.

J'ai promis à ces braves gens de ne négli-
ger aucun» occasion de défendre les défec-
tuosités ue leur épine dorsale contre les rail-
leries des niais ; nous nous sommes embrassés
comme d i pain, et j'ai senti, enfin, combien
il était doux de protéger les humbles... et
d'eu recevoir des presse-papier.

* *

Quant à mes correspondants, j'ai divisé leur
envoi en deux paits :

Côié des farouches et impertinents défen-
seurs de Vordre établi; — vous vous doutez,
ch^rs lecteurs, de l'endroit où j'ai enfermé
leur prose?—

Côté des comiques.

Ah ! ceux-là, je dois dire que je garde pré-
cieusement leurs autographes pour le cas où
l'Ambigu nous redonnerait un second Spar-
tacus.

Je les respirerai pendant 1 -s entr'actes.

Ça me fera revenir à moi.

Je uie permettrai môme de vous faire par-
tager ma joie en vous offrant quelques-unes
de ces épllres.

Vous ne direz pas que je suis égoïste,
hein?

Sur ce, comme.içons.

OUI je n'ai que l'embarras du choix.

Vous allez voir.

N° 1.

d Monsieur 1° rédacteur,
» J'ai lu votre article sur le divorce.
» Ab! sapristi, c'est tapé! (Merci/)
» Et je viens vous soumettre mon cas.
tpiabU!)

» Car vous me faites l'effet d'avoir étudié la
question.

» Voici l'affaire.

» Je suis marié; c'est assez vous dire que
j'ai épousé une femme... (Je m'en serai douté /)'
qui et le modèle de tous les vices. (Fichtre I)

» Elle est acariâtre,

» Entêtée,

» Paresseuse, au point de ne pas pouvoir
me raccommoder une paire de chaussettes
sans pousser des hélas ! à faire trembler la
maison... Si bien que j'ai pri* le parti de ne
plus en mettre. {Fil... le vilain malpropre/)

» De plus, die adore le petit bleu au point
de s'en lendre malade... que c'est une hor-
reur !

» Moi, quand j'ai vu qu'elle leva.t le coude
à ce point, je me suis avisé de lever la main,
et dame, je lui administre ch tque soir une
de ces brûlée!... que le diable en prendrait
les arme-. (Jo>i ménage/)

Ti Vous croyez peut-être que ça y fait quel-
que chose?

» Ah 1 je l'en souhaite !

» Ça recommence le lendemain et les jours
suivants.

» Est-ce que vous croyez que c'est une vie,
ça?

» Est-ce que vous n'êtes pas d'avis qu'il
vaudrait pas cent fois mieux nous renvoyer
dos à dos, pour être bien sûrs de ne jamais
nous rencontrer?

» Mais, non!

» Il n'y a pas mèche!

» Faut rester ensemble comme deux galé-
riens, ju qu'à ce que le diable finisse un jour
par nous emporter, ce qui sera un fier soula-
gement pour les voisins, allez !

» Aussi, je tape!... je tape!... dans l'es-
poir, vous comprenez, d'avancer un peu le
moment de la libération.

» Mais elle a la vie d'un dur!

» Et puis, elle m'aime !...

» C'est ça qui est embêtant!

» Tâchez donc que les bonshommes que
nous avons envoyés à Versailles, au lieu de
s'occuper de la Nouvelle-Calédonie, qui est
bien loin, s'occupent un peu plus de la France,
qui est si près.

» Mille choses à M Naquet, si vous le con-
naissez, et tout à vous,

» Eaclamort,
» fabricant de bâtons i« chaises. »

N° 2.

« Monsieur le rédacteur,
» Je suis une femme du monde, et je lis
quelquefois ie Grelot. (Tous mes compliments,
madame/)

» Jaw.is cent mille francs de dot. (Bonne
affaire !)

» J'étais jolie. (Vous dwz l'être encore.)

» On m'a mariée à un ruonsieur que j'avais
rencontré trois fois au bal.

» Le monsieur a pris ma dot... (Je le, yois
d'ici) l'a mangée avec Turlurette... (ça se fait)
a flanqué ma mère à la porte (une belle-mire...
je n'ai pa* trop la force de lui en vndoir) ; puis,
quand il n'a plus eu un centime, a emporté la
caisse d'un imbécile qui l'avait honoré de sa
confiance (nous avons de ces cas-ld), a été con-
damné à dix ans de chaussons de lisières
(pauvre chou/), et, au soi tir de Poissy, s'est
fait... protecteur d'une darne qui illustre la
Heine- blanche de ses enirechats. Le voi à en-
fin tombé dans la dernière des infamies... et
je suis toujours sa. femme!... et ce misérable
a toujours droit sur moi !... et je ne puis rien
être que la plus malheureuses des créatures,
si je reste sage, ou la dernière des femmes si
je prends un amant !

» E-t-ce vivre, cela?

» Ma foi, tout bien considéré, tenez, mon-
sieur le rédacteur, comme je sens bien que la
bessa de M. Naquet empêchera toujours,
comme vous l'avez dit, sa proposition de pàs-
ser,j'aime mieux acheter un boisseau clechar-
bon,

» Avec lequel j'ai l'honneur d'être,
» Votre dévouée servante,
» Eugénie Durand, femme Maillotin. »

Quand je vous disais qu'il y avait de quoi
rir<: !...

NICOLAS FLAMMÈCHE.

ZIGZAGS

S'il est des semaines où l'infortuné Zigza-
gueur se creuse vainement la têle pour trou-
ver des actualités, — qui sont aussi rares que
les sentiments d'équité dans laconsciencc d'un
président de commission mixte, — ce n'est à
coup sûr pas celle-ei.

Ces huit jours-ci ont véritablement été bénis
et triés sur le volet par le dieu des zigza-
gueurs.

Inondations, procès, bruits de guerre, as-
sassinais, incendies, accidents de toutes sortes,
y compris l'affaire de-s Jésuites au concours de
l'Ecole polyiechnique. tout cela a été répandu
celle semaine par le Jéhovah de l'actualité,
avec une telle profusion, que je ne sais par où
commencer.

Dans le doute, je demande d'abord la pa-
role pour un fait personnel.

On s'étonne souvent qu'en France la police
soit peu respectée par le public. Cela tient
probablement à ce que de son côté, la police
respecta fort peu les droits du public, témoin
M. Bolâlre, à l'histoire duquel la suivante
pourrait bien faire pendant.

Elle remonte au 7 mai, — près de deux
moisi...—Cejour-!à, un brigadier de gardien
de la paix me pria de le suivre, avec "quatre
de mes amis, pour' lai servir de témoins. —
Nous avions assisté,— forfait épouvantable!.,
— à l'enlèvement d'une lanterne de quinze
sous, qu'on avait retrouvé , intacte et encore
allumée, cent pas plus loin.

Nous nous rendîmes au poste en causant
tranquillement avec l'agent, qui — rendons-
lui celte justice,—fut d'une amabilité parfaite
tant qu'il ne se sentit pas le plus fort. Il est
vrait qu'il se rattrapa après I...

Dès qu'il nous eut fait entrer dans le poste,
il changea ue langage, et nous accusa, — hor-
resco refereés I... —de connaître les deux au-
teurs de l'horrible méfait dont je vous parlais
toilt tout à l'heure.

Sur ce simple soupçon, qu'il ne peut ap-
puyer sur aucune preuve, il nous fouilla, nous
prit cravates et mouchoirs, et nous lit transfé-
rer à un autre poste, entre deux gardiens de
la^aix, comme des voleurs.

Nous sommes resté lA-dedans, puis, nous
avons eu l'insigne honneur d'être tranférés —
toujours sans cravate et tenus au collet par
deux agents,—chez le commissaire de police,
qui eut la bonté de nous faire attendre deux
heures, pour nous donner le temps de pré-
parer notre défense.

Il nous déclar a que l'affaire était une niaiserie
(textuel) et me dit qu'il allait faire constater
notre identité, et nous faire mettre en liberté.

Sur ce, nous voilà repartis pour le poste, et
décrivant dans les ruas des zigzags,—avec un

seul agent, cette fois, — mais avec une suite
nombreuse de curieux.

Et nou-voilà réintégré, pendant trois heures
dans le violon, pendant qu'un garçon du com-
missaire, se rendait en v jîture,— à nos frais,—
à chacun de nos domiciles, c'est ce qu'on
appelle constater l'identité. (Coût. 2 francs de
voilure et t fr. 50 de frais dr cours? au garçon )

Enfin, on daigne nous relâcher quinze heures
après notre arrestation.

*

Sortant de là, je n'avais aucune animosité
contre l'administration supérieure, que je ne
rendais responsable en rien de l'abus de pou-
voir d'un de ses agents, et je ne doutais pas
que lorsque je réclamerais, on infligeât un
blâme vigoureux à cet ageni, inventeur d'uu
procédé tout nouveau pour se procurer des
témoins.

Hélas, depuis deux mois, j'ai réclamé plu-
sieurs fois, j'ai écrit et rendu des visites, et
je ne suis arrivé à rien. Le commissaire me
renvoie à M. Ansai t, qui me renvoie au préfet
de police, qui me renvoie à son chef de bu-
reau, qui me renvoie au procureur, qui m'en-
verra probablement au diablé 1...

*

* *

Cette affaire ne regardant personne, j'en
déduit qu'elle regarde tout le monde.

Je me permettrai donc de poser très-hum-
blement à ce puissant personnage—ou à tout
autre qui voudra bien avoir l'obligeance de
se Mibstituer à lui,—les quelques questions
suivantes :

1° La façon dont on a opéré est-elle légale?

2° Est-il dans les habitudes judiciaires d'in-
carcérer les témoins, et de laisser les coupables
se promener librement?

3° Pour un délit aussi ridicule que celui
d'être soupçonné de connaître deux personnes qui
ont déplacé une lanterne, est-il permis d'em-
prisonner cinq personnes pendant neuf heures,
et de. leur prendre jusqu'à leurs mouchoirs et
à leurs cordons de lorgnon, de peur qu'ils ne
se peudeut avec. (Un nous a laissé nos cor-
dons de souliers.)

4° Y a t-il un article du Code qui permette
de réeinprisonuer des gens auxquels on vient
de-dcclarer que leur affaire est une niaiserie
et qu'on n'a plus qu'à les mettre en liberté?

Ouf !... c'est un peu long, pour une question
personnelle, mais je crois qu'elle intéresse
aussi un peu. tout le monde, et qu'il ne serait
pas sans intérêt de savoir si on peut être arrêté
comme complice, parce qu'on a donné du feu
à un voleur, et si on peut garder au ctoû un
innocent, qui a commis la faute d'aller acheter
d.u tabac, sans avoir sur lui ses cinq dormère:}
quittances de loyer et uu certificat de bonne
vie et mœurs délivré par le commissaire du
quartier.

Je ne garde pourtant aucune rancune de
ce fait h " l'aitmit.istralion, et la preuve, c'est
quejelui signale un article de ['Officiel qui est
par u sans signature.

Il est évident que dès qu'on ne signe pas,
c'est qu'on a intérêt à caefur son nom, et il
m'a semblé reconnaître le style de Jules Vallès,
qui n'a pas plus ie droit d'écrire que Ro-
chefort.

***

Mlle Massin vient de contracter un engage-
ment en Russie.

Elle a plus de chance que le petit Vélocipé-
dopolassium, dont on n'a môme pas voulu
comme amiral suisse.

*

* *

Décidément, je suis d'un caractère peu ran-
cuneux, et je me hâte de signaler à la justice
le fait suivant :

Il vient de paraître dans la Tribune un ar-
ticle signé P. G.

* *

Ce sont les initiales de Paschal Grousset, et
pour moi, il est évidemment l'auteur de cet
article, car il y parle clairement d'un de ses
amis qui est l'oncle du cousin du beau-frère
de la tante du concierge de la femme de
chambre de Félix Pyat, l'intime de Grousset
comme chacun sait.

Ces choses-là ne doivent pas être tolérées.

*

* *

Spartacus est tombé — enfin!...

Ce n'est pas quinze mille, mais bien cin-
quante mille francs que M. Langsdorff a dé-
pensés pour apprendre aux banquettes de
l'Ambigu qu'il était capable de faire des vers
comme ceux-ci ;

. . . Voudrais-tu qu'elle épouse un Romain?...
Du camp des révoltés les destins l'ont fait reine.

M. Langsdorff aurait certainement mieux f nt
d'employer son argept à des œuvres de cha-
rité, que de le dépenser pour nous inonder de
sueur.

Et puisque je parle d'inonder, cela me rap-

pelle qu'on fait justement des souscriptions en
faveur de ceux d'Alsace.

M. de Langsdorff aurait bien fait de payer
l'insertion des listes au Journal officiel.

*

* *

En parlant de ['Officiel, permettez-moi de
vous faire remarquer Ja spiendide naïveté
contenu! dans sa note sur l'incident scanda-
leux de l'École polytechnique.

— 11 y a eu « quelques indiscrétions,» dit-il.

Et plus loin : « L'enquête a établi que les
élèves des divers lycées, des colléges Rollin et
Chaptal, et des antres établissements privés
étaient aussi prévenus. »

Mais ce sont là tous les candidats!

Ainsi, mu les candidats, connaissaient d'a-
vance le sujet de la composition.

Et il n'y avait eu que quelques indiscrétions
de commises!

L'imagination se refuse à examiner ce que
cela eut été s'il y en avait eu beaucoup.

Mais, plus loin, l'Officiel contient mieux que
cela.

Après avoir avoué ces quelques indiscrétions,
il ajoute carrément.

— «L'examen présente les garanties d'équité
les plus < bsolues. »

— «Et ta sœur!... »

(Cri de Gavroche, en réponse à la lecture

de ce passage.)

Ne croyez pas uu moins que j'aie la moin-
dre animosité contre {'Officiel et les gens du
monde idem-
Nullement, et la preuve, c'est que je vais en-
core leur signaler un fait qui pourra peut-être
rapporter 10,000 francs au fisc.

Je viens de lir e dans le Moniteur de Manche et
Oréan, un article dans lequel l'auteur parle de
lui dans dë tels termes, qu'il est impossible de
ne pas reconnaîtra Raoul Rigault.
On ne peut pas tolérer ces choses-là!
*

* *

A père avare, enfant prodigue.

Le père.— Tout va mal, l'argent ne rapporte
plus rien, l'or est au pair.

Le fil*. — Je crois bien que tout va mal !...
Il vaudrait bien mieux qu'il soit au fils!...

Ghingoire.

P.-S. — Au moment de mettre sous presse,
on nous apprend que nous venons de dire une
bôlise colossale en prétendant que Raoul Ri-
gault est l'auteur d'un article du journal paru
récemment.

On oit que cela esi »w»*ï inipo«»n.io c,.,» a<>
trouver un h mnête homme dans une réunion
de badingourdins, puisque Raoul Rigault est
mort depuis cinq ans.

Cela ne fait pourtant rien. Nous savons bien
que tout le monde nous donnera tort, mais
nous maintenons pourtaut notre accusation.

C'est Raoul Rigault qui a fait l'article par
l'intermédiaire d'un spirite, voilà tout.

On n'accusera jamais le petit Vélocipédo-
pota-sium d'en avoir fait autant, mais, c'est
égal, on peut moins que jamais tolérer des
choses semblables!...

gring01re.

LA

Presse n'a jamais été plus libre

Ç'a été un beau jour que celui où on inscri-
vit dans nos Codes :

« Tous les Français sont égaux devant la
loi ! »

Oi se dit :

« Enfin !

» Les marquis ne pourront plus nous tuer
pour dix sous d'or :

» Ils seront guillotinés comme les autres,
s'ils deviennent assassins 1 »

Et on mit des lampions sur sa fenêtre,

Et on tua le veau gras!

Ce n'était pas la peine I

Il est certain qne les nobles n'ont plus au-
jourd'hui le droit de mettre à mort le premier
venu, à la condition de donner deux ou trois
cents francs à sa famille.

Mais il est non moins certain que, grâce à
nos cent vingt mille lois qui forment l'engre-
nage le plus fort et le plus compliqué qui ait
jamais existé, le principe de l'égalité des ci-
toyens proclamé par le Code est exactement
pour nous comme ces pièces de monnaies que
les sorcières donnaient en payement jadis à
leur épicier, et qui, dès qu'elles avaient le dos
tourné, se changeaient en feuilles sèches.

Tenez, par exemple, voici un écrivain qui
s'avise d'écrire coutre les agissements du
clergé un article intitulé : Lettre du pays des
Soutanes; vite, on le harponne, on le traîne
devant le tribunal correctionnel, et on lui ap-
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen