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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0134
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Lfc GRËLO*

LA SEMA

LA. GOLLATION DES GRADES

Scène de la vie politique.

personnages :

La France, jeune première ou ingèhiiilé.

Le Sénat, père noble.

La Chambre des députés , fort preniîer rôle.

SCÈNE I.
La Frances La Chambre.

la france) Saluant.

Madame 1...

la chambre,

Madame!...

la france

Et çà vous va toujours bien ?

la chambre

Mais... pas trop mal... et vous ?

la france

Un peu chaud...

la chambre

Ah! ne m'en parlez pas... on cuit ici. . et
qui mè vaut l'honneur î

la france

Je suis reprise d'une nouvelle attaqué Se
cléricalisme aigu...

la chambre

Ah! diable!...

la france

La collation des grades me fatigue horri-
blement... çà me donne des nausées... des
migraines... et j'étais venue vous prier de...

la chambre

De vous en débarrasser î

la FRANCE

Si c'était un effet de votre bonté.

la chambre

Rien de plus aisé... asseyez-vous là...
bien... ouvrez la bouche... parfait... oh! oh!...
la langue est chargée... n'importe.sj je vais
vous passer deux ou trois discours dans le
ventre... stil n'y paraîtra plus... De chez moi,
vous vous rendrez chez mon supérieur le
Sénat, qui vous administrera une de ces fortes
pilules dont il a le secret, et dans huit jours
vous aurez rendu la collation des grades, y
compris la tête... ce qui, comme dans le ver
solitaire, osl le principal.

la france

Ah 1 chère madame, si vous faites cela !...

( La France s'assied dans un fatileuil. La
Chambre lui enfonce ses trois discours dans te
flanc. Un mieux sensible se manifeste.)

la France, se levant joyeusemtHt.

Mais çà va mieux... çà Va beaucoup
mieux... ah ! sapristi, que je suis donc con-
tente d'être venue vous consulter.

la chambre

A vos ordres, chère madame. Maintenant
si vous voulez bien passer chez mon voisin...

la france

A l'instant... oh)... unfe colique horrible !..

la chambre

C'est le cléricalisme qui sé détache. Tâ-
chez d'avoir la tête, surtout !

SCÈNE II.

la france, le sénat
france

Monsieur

LE sénat

Madame!...

la france

Je viens de che« votre voisine.

le sénat, sévërè '
Ah! ah !. . Oui... je sais... une petite folle...

la france

Dont la consultation m'a fait grand bien.
le sénat

Cela m'étonné.» enfin!... et d'où souffrez-
vous< madame ?

LÀ france

Un accès de c^ricalisme...

le sénat, d'une voix furieuse,
Arrêtez, madame I... je ne permettrai pas
que devant moi on attaque...

la france

Mais...

le sénat

Pas un mot de plus!

LA FRANCE

La Chambre m'avait: fait espérer que vous
me donneriez une pilule Iaxative qui...

LE SÉiSAT

, Une pilule !... contre le cléricalisme !...
contre les bon ; pères!... ces soutiens de la
société!... ces piliers de l'ordre!... ces...
Madame, si je ne conservais pour vous un
reste de respect, je Vous prierais de fiche vo-
tre camp... et plus vite nue çàh.. Ah!

la frànêe

Mais au moins, la collation des grades...

le sénat

Assez, madame, assez!....ne me poussez
pas à bout!... sachez que si îa Chambre n'est
pas sage, nous lui donnerons le fouet... Nous
sommes ici pour cela, et nous ne faillirons
pas à notre devoir. Songez que du haut de
son écritoire Saint-Genest nous contemple,
et, dame! Saint-Genest ne contemple pas tout
le monde !... nous tenons à son estime et
nbur nous battons l'œil de ce que vous pour-
rez dire. Voiià.

la france

Mais...

le sénat

J'ai l'honneur de vous saluer.

la france, poussée à bout,

Sacristi, savez-vous bien qu'à la fin des
fins...

le sénat

Bonsoir, ma petite.

la frange, en s'en allant,
Oh ! faudra voir i... faudra voir!...

NICOLAS FLAMMÈCHE,

ZIGZAGS

Non-seulement, comme nous le disions il y
a quinze jours, la droite du Sénat remplace les
vides, que la mort fait dans ses rangs, par des
sénateurs postiches, mais encore elle s'assi-
mile des sénateurs de la gauche, par une sin-
gulière mutation d'âmes.

Ainsi, par un bizarre phénomène de mé-
tempsycose, l'âme de MgrDupanloup est pas-
sée dans le corps de M. Jules Simon.

Je pourrais citer bien d'autres mutations de
cette espèce qui pourraient servir de réponse
à la question que se posent bien des gens tous
les soirs en mettant leur bonnet de coton :

— « Ah çà ! je n'ai pourtant rien vu sur les
Petites Affiches, et pourtant la perte est cer-
taine. Où diable sont passées les trente voix
de majorité que possédait la gauche du Sénat
après les élections? .. »

Hélas !... où sont les neiges d'antan?...

—o —

Il faut que la chaleur ait agi sur le cerveau
des opportunistes, qui admirent la conduite de
Jules Simon dans la discussion de la loi sur
l'enseignement supérieur, comme elle agit sur
l'asphalte et le bitume, qu'elle raihollit.

A quoi a servi à M. Jules Simon de s'asseoir
sur ses principes ?...

M?lgré les échecs qu'a subis celte école de
naïfs qu'on nomme opportunistes, ne renon-
cera-t-elle donc pas à son absurde système de
concessions à outrance?

Pour lâcher d'adoucir le Sénat-Croquemi-
taine, on nous a fait une mauvaise loi muni-
cipale.

Provisoire, par-dessus le marché, ce qui la
fera durer longtemps.
Les libres-penseurs ont presque chanté

Sauvez Rome et la France
Au nom du Sacré-Cœur.

Et tout cela pourquoi?...

Pour essuyer la défaite qu'ils craignaient.

Les réactionnaires en jubilent et font la ni-
que aux républicains.

Ils ne manquent pas non plus de reprcoher
à ceux-ci d'avbir fait venir le ban et l'arrière-
ban de leurs forcés, aux frais du budget,
comme ils le disent pour la commission d'en-
quête de Cavaillon.

Farceurs, val N'est-ce pas voiis qui nous
avez appris ce procédé?

Target est-il assez venu de fois de La
Haye?...

—o—

Mais ces gens-là ont un aplomb de char-
latan.

A propos de l'affaire de l'épure de l'Ecole
polytechnique, ils prétendent maintenant que
quand même les Postards auraient connu le
sujet d'avance, cela ne les eût pas beaucoup
avancés, attendu que l'exécution du dessin est
pour beaucoup dans le résultat final.

Vous verrez que bientôt ils nous dirent que
rien ne nuit à un candidat, pour le succès de
son examen, comme d'en connaître d'avance
le sujet.

Les gens du monde ont souvent raillé les
'anciens et les faubouriens qui parlent argot.

— Pourquoi ne pafieht-ils pas comràe les
autres? dit-on.

Nous ne nous ferons pas les champions de
l'argot, — que bleu nOtls en garde comme de
la colère bilieuse d'un émule de Rodin! —
mais nous dirons que les faubouriens ne sont
pas les seuls à tomber dans ce ridicule.

Pourquoi les graves magistrats du Palais de
justice pariohl-ils aussi un abominable argot,
plltS incompréhensible encore que celui de
Jean Hironx.

Jugez-en par cet extrait de l'arrêt Bolàtre
(n° 1476) :

« Infirme le jugement du 9 juin 1876, en ce
qu'il a condamné Bolâtre à 1,000 francs d'a-
mende pour chacune des contraventions ci-
dessus spécifiées ;

« Émendant quant à ce :

« Le condamne en 2,000 francs d'amende
pour l'ensemble desdites contraventions;

« Prononce la confiscation et ordonne la
destruction des numéros saisis ;

« Le jugement au fésidu sortissant effet;

« Condamne Bolâtre aux dépens. »

« Émendant quant à ce ». « /.« jugement au
résidu sortissant effet ». ???..; î ! ?... ! ! !... ?...

Je demande un traducteur.

On a souvent raconté de fort jolis traits de
basse flatterie, en voici un que rappelle Cou-
rier, le pamphlétaire, auquel on vient d'élever
un monument— enfin!...

Bonaparte, aux premiers jours du consulat,
descend un jour chez Duroc qu'il trouve oc-
cupé à déjeuner avec plusieurs généraux. Le
grand homme les regardait sans savoir trop
que dire, il allait et venait. Enfin, il trouva un
sujet de conversation :

— Cë sont des artichauts dont vous déjeu-
nez-! à?

— Oui, général.

— Vous Rapp, vous les mangez à l'huile ?

— Oui, général.

— Et vous, Savary, à la sauce?...

— Oui, générât.

— Moi, je les mange au sel, ajouta Bona-
parte.

— Ah ! général, s'écria Savary, vous êtes
un grand homme, vous étés inimitable!

Pour finir, un mot d'enfant terrible :

— Moi j'aime bien qu'il y ait toujours du
monde à dîner.

— Pourquoi cela?... Parce qu'il y a plus de
plats ?...

— D'abord. Ëtpuis, parce que ces jours-là,
quand il y a du monde, papa ne fiche pas de
claques à maman!...

Gringoire.

FEUILLES AU VENT

Qu'est-ce que vous diriez d'une conversa-
tion dont vous entendriez ces derniers échos :

— Alors, c'est entendu, vous n'aimez pas
les cèpes a la bordelaise!

— Pas lé moins du monde !

— Vous ne pouvez pas les sentir?

— Je les abhorre.

— C'est bien; je vous en enverrai douze
boîtes demain à la première heure.

* *

Eh entendant ce dialogue vifetanùné, comme
disait Schaunard dans ï&Viede bohème, vous
penseriez assurément que, de ces deux inter-
locuteurs, l'un, tout au moins, est fou à lier,
et que le cabriolet est de rigueur contre lui,
bien plus que contre n'importe quel gérant
des Droits de l'homme.

Rien de plus stupide, en effet, que de vou-
loir faire ingurgiter des cèpes à la bordelaise
à des gens qui ne peuvent pas les souffrir,

Alors qu'il y en a tant d'autres qui, si on
leur en proposait, ouvriraient aussitôt une
bouche rappelant par sa capacité celle» que
les hippopotames du Jardin des Plantes pré-
sentent au public qui y jette des morceaux de
pain comme dans un jeu de tonneau.

Eh bien ! M. Dufaure n'a pas été, la semaine
dernière, plus avisé en voulant décorer M. Sé-
nard que celui qui voudrait faire avaler des
cèpes à la bordelaise à un individu atteint de
cancer à l'estomac, par exemple.

Car M. Sénard est comme ça, lui !

C'est son caractère !

La décoration de la Légion d'honneur, que
les divers gouvernements lui envoient tour à
tour un beau malin , lui fait l'effet de ces
chauves-souris qu'une vieille fille trouve dans
ses draps en se couchant,

Et pour rien au monde, il ne voudrait en
porter les insignes à sa boutonnière.

* *

Mon Dieu! je sais bien ce que vous allez

dire.

>< C'est un toqué!... A-t-on jamais vu chose
pareillé|;i. Il n'y a jamais eu que Courbet, et
encore il ne l'a peut-être refusée que parce que
c'était feu Badinguet qui lui offrait ce papille"
de feu I »

C'est possible après tout!

Je me' rappelle avoir vu jadis au Palais'
Royal, pàr Grassot, une des plus étourdissa»'
tes pochades que j'ai vu de ma vie, et qui s'ap'
pelait lâ Dama aux jambes d'azur.

GrasSOL, au début de la pièce, racontait a»
public qu'un accident imprévu venait de coD'
traindre les acteurs à changer le programmé
et que, comme on n'avait malheureusement
rien sous la main, et que, d'autre part, on n«
voulait pâs rendre l'argent, les spectateurs
étaient priés d'assister, en manière de cooi'
pensation, à la répétition d'une pièce de s»
composition à lui, Grassot.

* *

repr^
d'Est*

C'était la Dame aux jambes d'azur.

La dame aux jambes d'azur était la femme
du duc d'Esté, un particulier qui n'aimait p&
It bleil.

C'était son idée à cet homme !... Il ne pou'
vait pas sentir le bleu !

Or, sa femme, qui, elle, n'avait point à'r
version pour le bleu, pour le bleu céleste sur-
tout, filait le parfait amour avec un page d«
son mari ou un seigneur de sa cour, je ne sai*
plus au juste...

Hélas! un beau jour, se rendant à un rende*'
vous et traversant la cour d'un teinturier, felW
fit un faux pas et tomba dans un baquet d'oïl*
tre-mer, où elle plongek jusqu'au-dessus w
genou...

C'en était fait!... Elle était perdue, la malt
heureuse I

Elle était à tout jamais la dame aux jambd
d'azur,— car la couleur du teinturier était ef
cellente et ne cédait à aucune benzine

Et jamais plus elle ne pourrait se
senter aux yeux de son mari;

Car,— nous l'avons dit, — le duc
n'aimait pas le bleu 1...

Horrible 1 horrible!...

— Mais pourquoi donc, demandait alors u"
des acteurs à Grassot, pourquoi donc le du"
d'Est n'aimait-il pas le bleu?...

— Eh! imbécile, répondaUGrassot, c'es*
parce que sans cela, il n'y aurait pas de
pièce I

i

* *

Je ne sais pas si M. Sénard n'aime pas Ie
bleu,

Mais ce qu'il y a de certain,—son refus
d'accepter le ruban de la Légion d'honneOr
vient de le prouver de nouveau,—

C'est qu'il n'aime pas le rouge.

1) est comme le taureau : l'écarlàtè ie me'
en fureur.

Ce fait est bien connu.

En 1848, vers le mois rie juin, autant qu'"1
m'en souvient, quelques individus s'élârit avi-
sés d'agiter au bout d'un bâton, dans les en'
virons du faubourg Saint-Antoine, Une \o<^e
couleur de feu,

Ledit Sénatd, qui était alors président àe
l'Assemblée constituante, prit une telle peuf
qu >, de concert avec un individu du nom <*e
Cavaignac, il Ut massacrer douze ou quatorZe
mille hommes aux Deux-Pierrots, au Clos Sai"1'
Lazare, à l'Hôtel de Ville, dans les faubourg8
et ailleurs, — et. qu'il en fit déporter sans ju'
gement vingt mille autres.

On conçoit bieu qu'ayant une telle horreUf
du rouge , M. Sénard devait refuser raide
comme balle tous les objets pouvant lui rap'
peler cette couleur abhorrée.

*

Certains journaux ont de ces phrases q^'
vous font un effet pareil à celui i$u'on éprou*e
quand on s'assied sur une eliaîse dans I*'
quelle un farceur a planté des aiguilles la têt"
en l'air.

Je lis dans une de ces feuilles qui font pe»'
ser à la célèbre chanson :

Curieux mois de mai, quand reviendras-tu, etc.

Cette phrase immortelle :

« Au dîner de M. Wilson, M. Pascal W
prat a porté un toast au président de la R^'
publique avec un entrain tout constitution'

nel. »

* *

Nous avions déjà l'entrain admirable ré'
serve aux concerts du Conservatoire et au*
grandes revues;

L'entrain « superbe, » spécialisé pour h;
discours de MM. Chesnelong et de Gtavardie*

L'entrain « martial, » pour dépeindre l'a''
lure avec laquelle le jeune Cassagnac était sort1
de la période de la fougue;

Mais l'entrain « tout constitutionnel » dé'
passe tout. *

J'espère bien que Cham ou Lafosse n'i>11'
blieront pas de nous reproduire les traits
M. Pascal Duprat, inventeur dè fa loi HÉ1
tat de siège dans ce mouvement imtttoHel.

*'• ' " ' t ■

Il paraît que le besoin de l'élude du droi*
canon se faisait généralement sentir,

Car un M. Donquer, du département da
Nord* vient de donner, pour en fonder uOe
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