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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0155
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Le roi fat tellement satisfait de la tragédie
et des acteurs qu'il dit tout haut :
— C'est mon collège!

Ce mot De fut pas perdu; le lendemain on
remplaça l'inscription : CoUegium Claromon-
tanum Societatis Jesu, par celle-ci : Collegium
Ludovici Magni.

Un écolier, indigné de voir substituer le
nom du roi à celui de Jésus, fit un distique
qui fut traduit ainsi pour le rendre intelligent
à tous :

La croix fait plaee aux lys et Jésus-Christ au roi :
Louis, ô race impie, est le seul Dieu chez toi.

Et affiché dans tout Paris. Je n'ai pas be-
soin de dire le succès de ces vers.

La verve épigrammatique des Parisiens ne
les ménagea pas plus quand ils furent chassés
de ce collège.

Voici une épigramme que nous trouvons au
tome VI de l'Histoire de Paris de Dulaure ; elle
fut affichée sur la porte du susdit collège :

Vous ne savez pas le latin.
Ne criez pas trop au destin,
Car vous mettez au masculin
Ce qu'on ne met qu'au féminin.
Comment faire?

Ignace de Loyola, le fondateur de la So-
ciété, était boiteux; l'abbéChauvelin, conseil-
ler au Parlement, qui contribua beaucoup à
l'expulsion de ces saisis personnages, était
bossu, de là ce distique ;

Que fragile est ton sort, société perverse;
Un boiteux l'a fondé, un bossu te renverse.

tr%

UN PAPE QUI NE LES AIMAIT GUÈRE.

Ce pape était Sixte-Quint; il avait gardé les
cochons dans son enfance, ce qui ne l'empê-
chait pas de détester les jésuites. Je dis cela
sans méchanceté.

Ces honnêtes gens avaient séduit le neveu
de ce pape, le cardinal Montalte, pour que
Sixte V prît un des leurs pour confesseur.

Le cardinal choisit un moment qui lui parut
propice au succès de sa proposition; Sixte,
après l'avoir écouté attentivement, lui dit :

— Mon neveu, il serait beaucoup plus salu-
taire que je confessasse les jésuites que de les
choisir pour mes confesseurs.

*

* •

OPINION DES GRANDS SUR LES JÉSUITES AU
TEMPS DE LOUIS XV.

Le P. de Linières, jésuite, fut nommé con-
fesseur du jeune roi.

Quaad il alla présenter ses respects au car-
dinal de Noailles, celui-ci lui dit :

— Vous demandez des pouvoirs, mon père;
je ne puis vous en donner, et je suis bien aise
devousnotifierenpersonneque je vous défends
de confesser le roi. J'aurais bien des raisons
à vous donner de mon refus, mais je suis
maintenant trop enrhumé.

La maréchale de Noailles, qui était pré-
sente et qui n'était « point enrhumée, » prit
alors la parole et dit à ce jésuite « toutes les
duretés qu'une femme en colère est capable
de dire. j>

La princesse de Conti, première douairière,
le rtçut aussi fort mal.

Quant à l'abbesse de Chelles, fille du Ré-
gent, voici les paroles qu'elle lui adressa :

— Mon père, puisqu'il fallait nécessaire-
ment que le roi eût un confesseur de votre
robe, je vous aime autant qu'un autre dans
cette place; mais je ne puis vous dissumuler
que je suis fâchée d'y voir un jésuite, car vous
devez savoir que je n'aime pas votre Compa-
gnie : Je la craint pourtant un peu. Vous voyez
que je suis bonne Française.

un

*

* *

ESUITE QUI REMPORTE UNE VESTE
ET UNE CULOTTE.

* Ce jésuite se nommait Routh ; il était An-
glais. Ce pieux personnage se mit dans la tôte
qu'il devait convertir Montesquieu à son lit
de mort; « comme si Montesquieu, dit Vol-
taire , n'avait pas mieux connu la religion
qu'un Routh.

Il échoua dans son son projet.

Alors, il attendit l'instant de la mort du cé-
lèbre écrivain pour voler ses papiers ; n'ayant
pu y parvenir, il se vengea sur le vin, et « on
le renvoya ivre-mort dans son couvent. »

Un jésuite français eût fait les choses plus
décemment.

*

* *

DIGRESSION.

Comme cette institution est une milice de
combat, son chef a le titre de général.

Je constate avec satisfaction que parmi les
vingt-trois ou vingt-quatre généraux que cette
armée a eu depuis sa fondation, — armée qui
combat avec acharnement le progrès sous
toutes ses formes, — il n'y a jamais eu un
Français.

BATIFOLAGE.

Ad majorent De» gfonam(pour la plus grande
gloire de Dieu), c'est la devise des jésuites.

Au temps où florissaient à Montrouge et à
Saint-Acheul les maisons d'éducation de la
Compagnie, dit le Grand Dictionnaire, la cé-
lèbre devise jouait un rôle important dans la
discipline.

Le révérend père fouetteur avait lait gra-
ver les quatre initiales des mots de cette de-
vise sur le manche du terrible martinet. La
gent écolière était fouettée ad majorem Dei
gloviam, gloire dont elle se serait sans doute
bien passée.

Réranger, faisant allusion à cette agréable
coutume, chantait en 1819 :

C'est nous qui fessons,
Et qui refessons
Les jolis petits, les jolis garçons.

* *

Deux jésuites étaient allés au bal de l'O-
péra; dans quelle intention? Cela ne me re-
garde pas.

Revêtu chacun d'un ample domino, ils es-
péraient n'être pas reconnus.

Au milieu de la soirée, l'un d'eux marche
lourdement sur le pied d'un personnage quel-
que peu brutal, qui s'écrie avec emporte-
ment :

— Fais donc attention où tu poses tes
pattes, b... de j... f...l

— Sortons vite d'ici, dit le jésuite à son
confrère, on nous connaît.

PICHENETTE.

LA SEMAINE THÉÂTRALE

PORTE-SAINT-MARTIN

L'Eclat de rire est un vieux drame en trois
actes qui obtint jadis, à l'ancienne Gaîté, en
4840, un immense succès, grâce surtout au
principal interprète, Francisque aîné, qui
joua, dit-on, cette pièce avec tant de convic-
tion, qu'il en devint fou.

11 s'agit d'un pauvre commis qui, ne pou-
vant avoir l'argent nécessaire à la guérison de
sa mère malade, vole mille francs à son pa-
tron et devient fou de honte lorsque sa faute
est découverte.

Hélas! depuis trente ans, que les temps
sont changés 1 Aujourd'hui, ce scénario si
triste, si émouvant dans sa simplicité poi-
gnante, fait presque sourire. On ne s'explique
pas qu'un caissier puisse voler la bagatelle de
mille francs, et encore moins qu'il songe à
restituer cette somme. A notre époque, on
vole des millions, on ne les rend pas et l'on
ne devient pas fou. C'est là le progrès !...

M. Taillade a joué le rôle principal de la
pièce avec un remarquable talent. Son triom-
phe a été complet au troisième acte, nous
sommes heureux de le constater. A son pre-
mier éclat de rire toute la salle fondait... en
larmes.

La partie amusante se composait d'une fée-
rie nouvelle, le Miroir magique, de M. Abra-
ham Dreyfus, l'auteur applaudi du Monsieur
en habit noir et de quelques autres fort jolies
saynettes.

Le roi Croquembouche a reçu de la Fable
un miroir magique dans lequel il voit la vé-
rité, chose terrible pour un monarque. Natu-
rellement, quand un courtisan l'appelle grand
roi et heureux époux, il entend crétin et...
vous entendez bien.

Quand il ne lui reste plus que la moitié
d'une illusion, il rend le miroir magique, pré-
férant, comme tous les autres, les compli-
ments les plus injustes aux injures les plus
méritées.

Telle est l'idée philosophique que l'auteur
a développée d'une façon suffisamment amu-
sante dans les trois actes du Miroir magique.

11 y a dans cette pièce assez de ballets, de
pantomimes, de trucs, de décors, etc., pour
la faire accepter et applaudir.

OPÉRA-COMIQUE

Il y a quelques mois, au moment où la di-
rection de l'Opéra-Comique devint vacante,
nous exprimions à cette place le désir que
nous aurions de voir le ministre des beaux-
arts placer à la tête de notre seconde scène
lyrique un homme aussi compétent en pareille
matière que M. Carvalho.

Nous sommes heureux d'apprendre à nos
lecteurs que la nomination de M. Carvalho à
ces importantes fonctions est aujourd'hui
chose faite.

Nous en félicitons le ministre, car nous
sommes certains que M. Carvalho saura rele-
ver avant peu l'Opéra-Comique, et rendre à
cette scène l'éclat qu'ellé n'aurait jamais dû
perdre.

M. Carvalho a conservé pour son secrétaire
notre excellent confrère, M. Gustave La-
fargue.

Il ne pouvait faire un meilleur choix.

Jules db la Vkrdrie.

EXPOSITION

DE

L'CNION CENTRALE DES BEAUX-ARTS

Si l'administration avait eu le soin d'en-
voyer au Grelot le service qui lui est toujours
adressé à l'occasion d'expositions, même beau-
coup plus importantes, nous aurions depuis
longtemps rendu compte des objets remar-
quables que nous y avons admiré; que les ar-
tistes producteurs s'en prennent donc à la né-
gligence des organisateurs, je dirai même à
leur mauvaise volonté (car le service a été ré-
clamé inutilement) du retard apporté par le
Grelot dans son compte rendu. Mais, comme
d'habiles artistes et d'ingénieux producteurs
ne doivent pas être responsables des mala-
dresses des autres, nous nous passerons du
service en question, et nous commencerons
par reconnaître que parmi les i ombreux ob-
jets exposés, meubles, bijoux, bronze, ébé-
nisterie, étoffes, la céramique tient le premier
rang. Deck, Naviland, Dammouse, Le Vail-
lant, Béziat y unt exposé des pièces irrépro-
chables comme goût, comme forme et comme
exécution.

Dans l'exposition de la maison Naviland,
nous remarquons forcément le vase monu-
mental en grès de Bracquemond.

Ce vase colossal, le plus grand qu'on ait
cuit jusqu'ici, symbolise la République amé-
ricaine. Les anses sont formées par des vic-
toires ailées, les éaormes flancs du vase cou-
verts de drapeaux américains environnant l'ai-
gle placé de face, et qui élreint la foudre
dans sa serre. Des flots écumeux courent et
forment la base; un buste de de Washington
surmonte le tout, qui est d'un effet rempli
d'harmonie.

Cette exposition de la maison Naviland
comprend, en outre, une grande quantité de
plats, vases, assiettes, admirablement traités.
Nous avons remarqué, entre autres, une série
de plats de l'humouristique Léonce Petit.
Doué d'un incontestable talent et d'un faire
absolument particulier, le sympathique artiste
s'est métamorphosé de dessinateur de mérite et
de peintre de talent, il en est arrivé aujour-
d'hui ii l'un des premiers rangs comme céra-
miste, sans rien perdre de son côté original.
Un service japonais de Bracquemond attire
également de nombreux connaisseurs et ama-
teurs ; beaucoup de vases , plats , caisses à
fleurs, sur lesquels nous n'avons pu, passant
rapidement seulement, découvrir les noms
d'artistes, et sur lesquels nous reviendrons,
car i s le méritent.

Ua des grands mérites de cette exposition,
c'est la cuisson, d'un brillant, d'un flou, d'une
douceur incomparables, obtenue par le pro-
cédé de Chaplet, et dont tant d'autres céra-
mites s'éloignent si malheureusement. Les
blancs sont doux à l'oeil, les noirs sont bril-
lants comme de véritables miroirs, et, dans
ce milieu doux et brillant, dans cette cuisson
si spéciale, les couleurs se fondent avec une
harmonie qui reste au-dessus de tout éloge.

Dans noire prochain article, nous parlerons
des barbotines de Dammouse, et des faïences
d'art de Blois, de chez Le Vaillant, dont nous
signalerons les bleus incomparables, ce grand
succès des céramistes.

Charles LEROY.

GRELOTS

Il paraît que le pape ne mange pas proprement, car
j'entend toujours dire Pie s'tache.

+

Police correctionnelle.
Le président.—Accusé, pourquoi avez-vous frappé
votre femme?
L'accusé. — C'était pour qu'elle soit plus fraîche.

+

C'est drôle tout de même ça, ces diables de Turcs
ont le soleil dans le dos ; d'ordinaire, c'est la lune
qu'on a par derrière.

+

Un homme profond me disait un jour :
Il vaut mieux avoir des pensées sur sa fenêtre que
tout son argent au billard.

+

11 vaut mieux tuer le temps que blesser les conve-
nances.

+

A nager, on se fatigue, mais pas cependant quand
on nage dans la joi«.

+

C'était à l'enterrement d'un marchand de para-
pluie. Le négociant venait d'être descendu dans la
fosse, lorsqu'un ami s'avance pour prononcer un dis-
cours d'adieu.

Chacun fait silence ; il commence :

Aieu, Peignalouette ! Adieu, mon pauvre vieux 1
Adieu.....■ -— Puis ne trouvant plus rien :

Bien des choses chez toi.

Entre eux.

— Mon cerre, z'ai eu tellement çaud cet été qu'un
z'our, en mé couçant, z'ai failli mettré lé feu à mon
matelassa.

— Eh ! bienne, mon écellent, moi qué cétait bien
pire. Z'avait tellément çaud qué z'ai attrapé ouné ré-
froidissément en entrant dans dé l'eau bouillante.

On devrait bien mettre les petits oiseaux en pri-
son, car enlin, après tout, «e ne sont que des petits
voleurs.

TRIBOULET.

GRELOTS-FINANCE

Singulière campagne que celle qui s'est
faite la semaine dernière sur les rentes. —
Sous prétexte de conversion, ou s'est mis à
faire monter le 3 0/o «t à retenir le 5. Ce
petit jeu qui avait tout d'abord assez bien
réussi, paraissait, à la fin de la semaine, ne
plus marcher que clopin, dopant. Le 3 0/o a
pu être mené au-dessus de 72, mais le 5 0/o
que l'on avait cherché à faire baisser au-des-
sous de 106, s'est tenu encore fort au-dessus
de ce cours. Dans la dernière bourse de la
semaine, on l'a revu bien près de 106 60.

*

Comme l'année dernière, les convertisseurs
ont eu l'appui des écus qui s'emploient en
rentes par l'intermédiaire des recettes géné-
rales.

D'ordinaire, ces honnêtes écus deman-
dent plus de rentes 5 0/o que de rentes 3 0/q.
Or, c'est tout à fait le contraire qui : 'est passé
pendant les quatre premiers jours de la se-
maine. Pourquoi ? Ah c'est le secret des
dieux I

• *

La hausse des fonds français profite tou-
jours à l'Italien. Aussi ne faut-il pas s'étonner

de le voir au-dessus
marche sur 73 50.

de 73 fr. et même en

Les paralytiques ont même été de ia fête.
Le turc, pousse un peu par les succès rem-
portés en Serbie, a monté de plus d'un franc.

Il faudra de bien d'autres hausses avant que
ce fonds cesse d'être autre chose qu'un jou-
jou à l'usage du marché en banque, et sans
avoir des prétentions de Pythonisse, on peut
prédire que les coupons d'octobre sur les em-
prunts de 1869 et 1873, ne seront pas payés
du tout.

* *

Les fonds égyptiens qui, un peu plus heu-
reux, ont encore d'assez bonnes béquilles,
< ut eu, comme à l'ordinaire, des hauts et des
bas. Les haussiers ont, en ce momsnt, le des-
sus.—Letilre manque au découvert. Aussi a-
t-il fallu peu de rachats pou:' ramener l'égyp-
tienne 1873 de 233 à 247. — Cette occasion
de se faire, en levant ses titres, un revenu de
près de 15 0/o, est toujours terriblement né-
gligée par le public. La faute en est aux jour-
naux anglais qui se refusent à voir la situation
présente et future des finances égyptiennes
du même œil que les journaux français..]

*

* •

Les nouvelles valeurs espagnoles queMM.de
Rothschild, Heine, Mallet, la Banque de
Paris, la Société générale et laJBanque franco-
égyptienne, le Crédit lyonaais se sont chargés
de placer dans leur clientèle, auront de la
peine à s'y faire leur place, et de faire arriver
aux caisses des émetteurs les 580 millions
dont les dits émetteurs ont besoin.

*

« *

Dans l'impossibilité d'avoir la cote officielle
pour ces valeurs, il faut les offrir sur le mar-
ché en banque. Or, ledit marché ne mord pas
à la chose, bien qu'on lui en ait baissé le prix
de 425 a 400 fr.

*

* *

Les Sociétés de crédit qui.avaient montré
tant d'entrain depuis le commencement du
mois, marchent maintenant d'un moins bon
pas. Elles ont mêmereperdu ce qu'elles avaient
gagné.

* *

La Banque ottomane pourrait bien revoir le
cours de 400. La concession des mines d'Hé-
raclée, que le gouvernement turc va lui accor-
der, serait, dit-on, l'occasion de faire une
bonne petite émission.

Les affaires nouvelles manquent, les capi-
taux en quête d'emploi continuent d'aller aux
valeurs sur lesquelles on voit clair, notam-
ment aux actions et obligations des grandes
compagnies de chemins de f&r et des grandes
entreprises industrielles. Le gaz a, pendant la
semaine dernière, monté un instant à près de
1400. On a fermé, lundi, à 1380. Certaines
gens voient le cours de 2,000 fr.

ARJfif,
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