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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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l.E GRELOT

LA SEMAINE

— On le signera 1

— On ne le signera pas!

— Non!

— SU

— Non!

— On l'a signé!
L'armistice est signél.'.i
La Bourse monte,

Les Fonds turcs valent vingt-cinq centimes
de plus.
Tout le monde s'embrasse.
Tableau!

Les Turcs et les Russes, jouant cette petite
comédie, me rappellent parfaitement deux in-
dividus qui s'agonisent de sottises pendant
que leurs amis les retiennent, et qui n'ont
pas plus envie de se battre l'un que l'autre. _

— Retenez-moi!... s'écrie l'un, ou je vais
l'aplatir!

— Si vous ne me retenez pas, hurle l'autre,
je vais le réduire en purée!

Et en attendant, ils piétinent sur place,
roulant de gros yeux et faisant de grands
bras.

Et personne n'avance.
Enfin, il paraît que nous en avons jusqu'au
printemps à Être tranquilles.
Nous verrons bien!...

Ah! si la diplomatie ne s'en mêlait ras,
nous aurions des chances de voir la paix se
rétablir.

Si les Turcs s'en allaient tout simplement
trouver le sultan et lui disaient : Monsieur,
votre Sublime-Porte, Votre croissant, votre
turban, et vos babouches sacrées, tout ça
c'est de la blague I... Nous sommes las d'aller
nous faire assommer pour vos fantaisies. Nous
voulons fumer notre pipe tranquillement. Dé-
sormais donc, quand il vous conviendra de
faire la guerre, vous nous ferez le plaisir de
nous consulter. Et vous pouvez être tranquille
d'avance sur votre consultation, je vous en
réponds !...G'est déjà bien assez que nous pas-
sions, et à juste titre, en Europe, pour des
filous... Nous ne voulons plus nous faire cas-
ser les reins pendaDt que vous ferez danser un
cancan effréné à vos odalisques sous les pla-
fonds dorés de votre sérail.

Si, de l'autre côté, les Russes tenaient un
langage analogue au czar de toutes les Rus-
sies, oui, nous pourrions compter sur la fin
de cette assommante question d'Orient,

Mais, il y a la diplomatie, ne l'oublions
as l

Cette bonne diplomatie '

Il faut bien que ces gens-là gagnent leur
argent, n'est-ce pas?

Alors, je ne vous dis que ça!... Vous pou-
vez compter que vers le mois de mars et d'a-
vril, les dépêches, les télégrammes, les cour-
riers marcheront de plus belle.

Il y aura de nouveau un certain ncKibre de
Russes qui cogueront sur un autre certain
nombre de Turcs.

Quant aux Serbes, ils continueront à fournir
l'appoint,

Et tout recommencera, à la grande joie des
haussiers et des baissiers de tous les pays,
lesquels sont les seules gens que cela intéresse
véritablement.

Triste comédie que celle-là I

Eafin!... nous allons donc nous amuser un
peu !

Nous allons donc sortir du marasme!

La rentrée des Chambres a eu lieu !

Allah ! il Allah !... comme disent les mar-
chands de dattes.

Je dois dire que jusqu'à présent, çà n'a pas
été très brillant.

Le héros de la fôte a été lè jeune Gatineau,
dont le nom rime si heureusement avec pru-
neau.

Connaissez-vous Gatineau?
Non, n'est-ce pas?

Eh bien Gatineau est un brave homme, qui
y a été l'année dernière de sa petite proposi-
tion.

Les vacances arrivées, on a promis à Gati-
neau que, dès la rentrée, on mettrait sa ma-
chine en répétition.

Gatineau, comme tous les jeunes auteurs,
est impatient.

Aussi attendait-il avec anxiété ce fameux
mois de novembre, allez 1

Il ne dormait plus que d'un œil,

Il ne mangeait plus,

Il ne fumait plus,

Il se nourrissait d'espérance.

Enfin le mois de novembre, ce bienheureux
mois est arrivé, ramenant les ramoneurs, les
marchands démarrons et les députés, y com-
pris Gatineau et sa fameuse proposition.

On a rapidement fait apprendre les rôles;

Le célèbre tragédien Dafaure s'est mis à
l'étude.

Notre grand artiste Gambetta, fort jeune
premier rôle du plus bel avenir, a repassé ses
tirades;

On a balayé la salle,
Epousseté les fauteuils,
Fait le service à la presse,
Ouvert le bureau de location à la foule ido-
lâtre,

Et le rideau s'est levé sur une assez jolie
salle, pour la saison.

Je dois dire que, la pièce du jeune Gatineau
a complètement réussi, malgré quelques ani-
croches, assez fréquentes, du reste, aux pre-
mières.

On a accueilli par des bravos bien sentis le
nom de l'auteur et si Gatineau veut poursuivre
ses efforts, il a certainement devant lui une
belle carrière.

Je ne serais même pas étonné que le célèbre
Amédée de Jallais, le nouveau directeur de la
salle Taitbout, lui commandât sa revue de fin
d'année.

Ce qui serait de la part d'Amédée, un de
ces traits de génie auxquels il nous a habitués
dans ses précédentes directions.

NICOLAS FLAMMÈCHE.

FEUILLES AU VENT

— Il y a des journaux qui gardent leurs in-
dignations pour de singulières causes :

Gambetta peut tout à son aise danser de-
vant l'arche,

Laurier se moucher dans le drapeau trico-
lore après avoir si bien conduit l'emprunt
Morgan.

Picard faire tenir en équilibre sur le bout
de son nez tout l'échafaudage de ses menson-
ges politiques,

Et Ferry jouir en paix de la gloireque lui
a rapportée les râclures des planchers de
l'flôtel-de-Villeydébitées pendant le siège sous
forme de pains de quatre livres,

Cela ne touche pas les bons journaux;

Il faut d'autres choses pour les mettre en
colère!

*

Qu'on siffle, par exemple, le nommé Wag-
ner auxj; concerts Pasdeloup, sans vouloir
l'entendre.

Oh! ohl... Ah! bigre!... ah! fichtre! nom
d'un pBtit bonhomme!

Voilà de quoi vous faire sortir des gonds!...

Oui, c'est ainsi que pensent et écrivent nos
bons journaux :

Ils s'étonnent que le public ait fait justice
d'un personnage qui, lorsque les blessures
d'un grand peuple étaient toutes saignantes
encore, a trouvé bon de lui donner son coup
de pied d'âne, — de narguer son agonie, —
et de faire de ses malheurs le sujet d'un opéra-
bouffe.

Les bons journaux disent que nous ne som-
mes pas polis, et qu'au moins aurait-il fallu
avant de la siffler, écouter la musique dusieur
Wagner...

Eh bienl nousl

Nous ne voulons pas l'écouter, et nous vou-
lons le siffler!

Il y a certaines infamies qui dérobent un
homme à la discussion, et qui ne permettent
pas d'employer contre lui d'autres instruments
de critique que les clés forées,

Et pour nous, M. Wagner est dans ce cas-
là.

*

Qu'est-ce que va direR.....?
Et comment se consolera-t-ii de ce deuil de
famille?

Car ce malheur n'est que trop certain.

On ne parle que du mariage de Capoul.

Aimable jeune homme, dont quelqu'un di-
sait, il y a une huitaine d'années :

« Sa vie est un compte des Mille et une
Nuits, et si la destinée continue à. le favoriser
ainsi, tout fait prévoir qu'il mourra comme
Aladin, à moins que ce ne soit comme Re-
nard, — avec un palais en argent. »

Le voilà tout à fait en train de faire sa for-
tune I

Car d'après les cent voix de la Renommée,
sa fiancée ne serait axitre que Mlle G...

Et certes, toutes les épithôtes de madame
de Sévigné sur le mariage de Lauzun avec la
grande Demoiselle ne sembleraient pas ici dé-
placées.

a 8

Entre nous, électeurs français, ce n'est pas
pour dire, mais nous aurions lieu d'être fiers
de voir la fille d'un des membres les plus
connus de notre première Assemblée s'unir
à un cabotin que nous vtmes bondir, il y
a quelques années, si triomphalement des
cuisines de l'hôtel du Grand-Cerf que son
père tenait à Toulouse, dans les boudoirs
des grandes petites-dames du second Em-
pire 1

Ce mariage nous poserait en Europe, au point
de vue du caractère, à peu près au même
échelon où son union avec la Montijo mit Ba-
dinguet il y a quelque vingt-trois ans!

Qu'est-ce qu'on disait donc que le bon-
homme G... avait donné des signes de dé-
rangement, en s'unissant au président du Con-
seil pour demander des poursuites contre un
journal, et en démentant ainsi tout un passé
de libéralisme;

Eu présence de celte aufre union,

On n'a plus le courage de lui en vouloir :

C'est de famille!

* *

Conversation intime :

— Ma fille, vous devriez lui écrire, à cet
homme qui vous a séduite...

— Oh! maman!... pourquoi?

— Il vous reviendrait peut-être...

— Mais, maman, ça ne se peut pas!...

— Et pourquoi donc?
Lajeune fille, pudiquement :

— Mais... je ne le connais pas suffisam-
ment...



• *

Ces fils de famille !...

On demandait à l'un d'eux :

— Et vous ne vous ennuyez pas à vivre
comme vous vivez!

— Non, répondit-il, puisque jt n'ai rien à
faire!

BRIDAINE.

BALIVERNES

Dans un journal, dont le directeur doit être
chauve, car il est très-sérieux, pas le direc-
teur, le journal — le directeur aussi peut-être,
après tout, ]o n'en sais rien. — Je lis la nou-
velle suivante :

« Sir Williams Thompson a annoncé, à la
» dernière réunion de l'association des scien-
» ces de Glascow, qu'à l'exposition de Phila-
» delphie, placé à l'extrémité d'un fil lélégra-
» phique, il avait clairement entendu répéter,
» par un petit disque circulaire, les paroles
> prononcées à l'autre extrémité du fil par un
» de ses collègues. »

Je suis d'une nature douce et candide, je
crois tout ce qu'on ma dit. Ainsi, on m'affir-
merait que Sarah Bernhardtmet... du coton,
que je le croirais; seulement, je ne dis pas
que je ne me dirais pas à part moi : Mais où
donc le fourre-t-elle?

Doué de cette aimable nature, je n'ai donc
émis aucun doute concernant le fait ci-dessus
mentionné; au contraire, j'ai tellement avalé
la découverte, que je me suis dit : mon ami,
j'aime assez m'appeler mon ami, c'est môme
une passion chez moi. — Mon ami, tout n'est
pas fini dans ce bas-monde et tes beaux yeux
vont assister à une révolution complète /ians
les habitudes de tes concitoyens.

En effet. Le télégraphe écrivait, aujourd'hui,
voilà qu'il parle; demain, pourquoi ne chan-
terait-il pas?

Faure va se trouver sans ouvrage.

On adaptera un fil à une mécanique quel-
conque, et, pour une somme dérisoire, on en-
tendra chanter, au moment des huîtres : An-
ges purs, anges radieux ; au roli, en découpant
le canard : Vous gui faites l'endormie; au fro-
mages : 0 fliurs qui parfumez la plaine; en sa
couchant, le mari et la femme, débarrassés
des invités, entendront une voix douce dans
l'alcôve qui leur chintera — tôlégraphique-
ment : — Cours, mon aiguille.

Ça sera charmant.

De là à se faire couper les cheveux par le
télégraphe, à faire carder ses matelas, plumer
la volaille, vider les maquereaux, ramoner,
faire de la dentelle, gratter les salsifis, truffer
les saucisses, etc., il n'y a qu'un pas.

Mon Dieu, faites-moi vivre encore quelques
années, que je voie ça, ça et le Grelot publier
les dessins qui lui conviendront sans qu'on les
lui refuse pour cause de... aucun motif que la
façon dont les censeurs se sont levés le malin,
et je jure d'embrasser la religion de Mahomet
pour être agréable à N. S. P. le pape.

CHARLES LEROY.

LU

FOLIES-DRAMATIQUES

Décidément M. Canlin est un heureux di-
recteur.

Depuis la dernière, mais glorieuse dispari-
tion de sa chère Clairette, frappée d'anémie
dans sa six-2entième représentation—un bien
bel âge pour mourir,—il cherchait de tous les
côtés et demandait à tous les échos, un succès,
mais un succès de bon aloi, bien constaté,
dûment signé et paraphé de la critique et du
public, qui lui permit de vivre à l'abri de
toutes préoccupations pendant de longs mois.

Voilà qu'un compositeur, déjà apprécié, il
e&t vrai, mais encore peu connu, vient du pre-
mier coup, réaliser ce beau rôve !..,

Eh! mon Dieu, oui! Jeanne, Jeannette elJean-
neton apportent en dot à leur père adoptif
cent ou deux cents bonnes représentations,
fans compter les reprises. Nous n'en voulons
pour preuve que les bravos unanimes avec
lesquels ont été accueillis la plupart des mor-
ceaux du charmant opéra-comique deMM.La-
côme, Clairville et Delacour, et les applaudis-
sements qui ont salué les noms des auteurs.

Las aventures de Jeanne, Jeannette et Jean-
neton, dont la première devient la Dubarry,
la maîtresse du putréfié Louis XV; la troisième,
la Guimard, la célèbre grue, et l'autre... rien
du tout, si ce n'est cabaretière, parce qu'elle
est restée une honnête fille, sont mises à la
scène d'une façon fort amusante par les au-
teurs du livret; la partition est d'un bout à
l'autre ravissante; l'interprétation ne laisse
rien à désirer, et la pièce est parfaitement
montée. Tout concorde donc à faire de la nou-
velle opérette un grand succès.

Gageons que les joyeux refrains de Jeanne,
Jeannette et Jeannelon vont faire oublier les au-
gotades de Mlle Angot.

Du reste, que voulez-vous que fasse Clai-
rette, s*.ule contre ces trois commères ?

Qu'elle meure, parbleu I

Ainsi soit-il!...

ODÉON

L'Odéon a donné cette semaine la première
représentation du Grand Frère, drame en
t.iois actes, en vers, de M. Pierre Elzéar.

Le sujet choisi par l'auteur est fort simple,
trop simple même, car on y chercherait vai-
nement une action quelconque dans ces trois
actes. Deux frères, Michèle et Ascanio aiment
la même femme, Marthe, et comme celle-ci
préfère le plus jeune, Ascanio, Michèle le
grand frère se sacrifie et part pour la guerre.
. Ce reproche, qu'on a le droit d'adresser à
l'auteur sur le fonds, est largement compensé
par les beautés qu'on retrouve dans les dé-
tails. Son vers est harmonieux et facile; son
style élégant, poétique et imagé, et l'on ren-
contre à chaque pas dans la pièce de M. El-
zéar des morceaux charmants, pleins de jeu-
nesse et de fraîcheur.

Le public a très-favorablement accueilli
cette première œuvre d'un auteur dont le dé-
but fait bien augurer de l'avenir.

Voilà décidément les jeunes qui émergent
des cartons, à l'Odéon : c'est une série. M. Du-
quesnel ne peut que s'en féliciter, car, jus-
qu'à présent, il n'y a pas d'impair.

THÉÂTRE ITALIEN

Le Théâtre-Italien vient de faire sa réouver-
ture avec la Forza dû Dtstino, en français, la
Déveine.

M. Escudier n'a pas été, cette fois, bien
inspiré. Le livret de cet opéra, tiré d'un vieux
drame espagnol, est inénarrable tant il est in-
sensé. L'action se déroule entre quatre per-
sonnages qui se tuent tous les uns après les
autres et les uns par les autres. Total : un ac-
cident, deux crimes et un suicide !...
Et l'opéra finit... faute de combatiants î...1

La musique de Verdi se ressent de l'incohé-
rence étrange du livret. La partition est de
beaucoup inférieure à toutes celles que nous
connaisspns de lui.

La mise en scène est mesquine; certains
détails ont excité l'hilarité générale.

C'est peut-être encore un ellet de la Forza
dcl Destino!...

BOUFFES-PARISIENS

La Boîte au lait!.., un joli titre et une jolie
pièce.

On retrouve dans cet ancien vaudeville, qui
obtint jadis aux Variétés cent représentations
avec Lise Tautin, Grenier et Potier, aujour-
d'hui transformé en opérette par ses deux au-
teurs, MM. Noriac et Grangé, tout l'esprit si
fin, si mordant de l'étincelant auteur du
101e Régiment, uni au talent scénique de
M. Grangé.

Joignez à cela les airs les plus ravissants
écrits par OlFenbach, le3 jolis costumes des-
sinés par Grévin, et vous comprendrez qu'il
soit facile de prédire à l'opérette un nombre
de représentations au moins égal à celles
qu'obtint autrefois le vaudeville.

L'interprétation est parfaite. Daubray est
désopilant dans le rôle de Poupardet, mesda-
mes Théo, Paola Marié, Luigini, MM. Fugeré
et Max Simon ont partagé le succès de la
soirée.

Inutile, n'est-ce pa*, de vous dire qu'à la
première, tous les Thêophiles qui aspirent à
Théodorer étaient à leur poste, et qu'on voya t
au balcon et dans les loges les plus jolies...
boîtes au lait de Paris?

PORTE-SAINT-MARTIN

La Porte-Saint-Martin vient de remonter
avec le plus grand soin et la distribution la
plus heureuse, un excellent drame, les Bohé-
miens de Paris, des deux célèbres dramaturges,
MM, Dennery et Grangé.

Nous constatons avec le plus grand plaisir
l'éclatant succès de cette reprise qui, pour
beaucoup de spectateurs avait l'attrait d'une
première, car son apparition à UAmbigu date
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