Le Grelot: journal illustré, politique et satirique (8.1878)

LE GRELOT

LE CONGRÈS, par JEAN QUIDAM.

Ou le nouveau jeu de cartes.

Le Congrès

OU LE NOUVEAU JEU DE CARTES

Quelle touchante confiance règne entre tous
ces tripoteurs qui se sont si bien rendu justice
en admettant les Grecs parmi eux.

On s'appelle mon ami, mon cher partenaire,
on se fait mille mamours, mais on garde son
revolver à bonne portée, afin de casser la tête
*U premier qui repigera dans son écart.

Chacun noigne ses intérêts, les défend achar-

nément. Mais quant à la justice, à la vérité, à
l'humanité , leur cause n'est soutenue par
personne. On verse de temps en temps sur
leur sort une larme qu'envierait un crocodile,
puis on ne s'en occupe plus.

Ce sont là des négociants en bétail humain
qui se disputent des'provinces, comme d'autres
des porcs gras ou des moutons maigres. Mais
parmi eux, pas un commissaire-priseur qui
régularise la vente, et pas un gendarme pour
empêcher les filouteries.

Tous se sont contentés de mettre sur pied
plusieurs centaines de mille hommes, en guise

d'huissiers, pour se faire payer au besoin les
créances qu'ils ont sur les autres.

La précaution sera peut-être utile. Mais elle
ne sera jamais bonne; car, comme toujours,
les frais de procédure et de poursuites dépas-
seront de beaucoup la valeur de la créance
recouvrée.

Cela ne nous déplaît pas. Comme Roger de
Beauvoir, nous n'aimons pas les huissiers, que
nous appelons toujours lé-huissiers, pour n'av
voir jamais de liaisons avec eux. Quand des
gens sont assez inhumains pour recourir au
ministère de ces vilains bipèdes, et que cela

ne leur rapporte que des pertes, nous n'avons
que trois mots à répondre à leurs doléances :
— C'est bien fait.

ÎBourips $• pQpnsorijgPS

Il y a des gens qui se chatouillent la
plante des pieds pour se faire rire, et d'autres
qui se font raconter des histoires de revenants
et de croquemitaines pour trembler à leur aise.