15 centimes.
LE GBE LOT
15 centimes
LA CAVALGADE BOULANGISTE DE LA MI-CARÊME
L’ORDRE ET LA MARCHE
— Rendez-nous le bœuf gras ! Tel est le cri
que Paris tout entier a poussé pendant le
Carnaval.
Le parti boulangiste, toujours avide de po-
juilarité, a pensé à combler les vœux du pu-
Voilà pourquoi les journaux du brav’ géné-
ral ont annoncé que, le jour de la Mi-Carême,
les rues de Paris seraient le théâtre d’une
solennité imposante.
Le grrrand parti national ne pouvait mieux
faire que deressusciter, pour la circonstance,
le cortège du bœuf gras, avec musique, ca-
valcade, cbar allégorique et lout le tremble-
ment,
Jëan Popülo, du Voltaire, a pu se procurer
les détails de la petite fête projetée ; les voici,
accompagnés de l’itinéraire du cortège tel que
les camelots les vendront demain sur le bou-
levard aux cris de : Demandez l’ordre et ta
marche du hœuf gras « boulangiste ! »
La composition du cortège sera la sui-
vante :
En tête, les tambours, rétablis comme on
le sait par le général, et ayant à leur tête
M. Déroulède, revêtu du costume de Vau-
thier dans la Fille du Tambour-Mojor.
Premier char allégorique
II représcnte la Presse boulangiste. Toutes
les leuilles du parti sont aux genoux de
M. Dillon, qui serre avec énergie ies cordons
de sa bourse. Ce cbar est condnit par M. Mil-
levoye, qui récite les vers de son aïeul, la
Chute des feuüles.
Le Veau d’or
plus moderne que le bœuf gras, vient ensuite,
accompagné des deux sauvages traditionnels
armés chacun d’une hache et prêts à le sacri-
fier. Ces deux sauvages sont MM. Laur et
Drumont. Le noble faubourg les eutoure, por-
teur de bannières sur lesquelles se lisent ces
mots : Guerre aux Juifs !
Deuxième char allégorique
La Gamelle inèpuisable, scène d’actualité.
Dans une cage dorée, un conscrit qui n’a pas
pu arriver à tirer au sort, fait sa poire en dé-
vorant des aliments aussi nombreux que suc-
culents servis dans une gamelle aussitôt vide
queremplie et aussitôt remplie que vidc. Au-
tour du char, les deux cent mille jeunes gens
du contingent de l’année fîgurés par trente-
sept camelots d’àges divers, mais à prix
unique : quarante sous.
Troisième char allégorique
La Cène, imitée de Léonard de Vinci. Le
général Boulangerljtient [la place du Christ.
Empêché de paraître lui-même par des cir-
constances qu’il est inutile de rappeler, il est
doublé par son sosie habituel, Paulus, le
créateur de En revenant de la revuc et des
Pioupious d’Auvergne.
Les douze apôtres sont saint Laisant,
saint Mermeix, saint Paul... in Méry, saint
Pierre.., Richard, saint Boudeau, saint Gous-
sol, saint Revest, qui, en sa qualité de
maire de saint Denis. porte sa tête dans ses
mains; saint Martin (de la Goutte d’Or), saint
Marius Martin, saint Belleval, qui vide un
Goblet plein de liqueur Raspail ; saint Farcy
et enûn Judas Martineau vers qui le Christ
pseudo-Boulanger se tourne en ayant l’air de
dire ; « En vérité, je vous le dis, l’un d’entre
vous me trahira. »
Le char mythologique
obligatoire, rempli de toutes les déesses de
roiympe représentées par les ferventes du
général. II y en a de belles et de laides. Quel-
ques-unes sont jeunes. Beaucoup ne le sont
pas. Nous ne dévoilerons pas l’anonyme
qu’elles désirent garder par un sentiment de
réserve que l’on comprendra. Au milieu, l’A-
mour sous les traits séraphiques de M. La-
guerre. Le char de l’Olympe devait être con-
duit par le Temps. M. Hébrard s’y étant
opposé pour cause de divergence d’opinions,
c’est la France qui tient les rênes, figurée par
M. Charles Lalou.
La grande Soupière
suivra, portée par quatre marmitons.
Enfin, une députation des membres les plus
distingués du grand parti national fermera la
marche.
L’itinéraire
Le cortège partira de l’hippodrome de Long-
champ, se rendra à la gare de Lyon en pas-
sant par l’hôtel du Louvre, fera la navette
entre le ministère de laguerre, où on ne vou-
dra pas le recevoir, et la Chambre des dépu-
tés, où on finira par le mettre à la porte. II
tentera, en route, de pousser une pointe sur
l’Élysée, mais la route de ce palais lui sera
barrée par la Volonté populaire exprimée par
le suffrage universel.
Tels sont les détails de la cérémonie qui
viennent d’être arrètés par le comité du parti
et que nous donnons comme authentiques.
Enfin, les Parisiens vont donc pouvoir s’a-
muser!
LE GBE LOT
15 centimes
LA CAVALGADE BOULANGISTE DE LA MI-CARÊME
L’ORDRE ET LA MARCHE
— Rendez-nous le bœuf gras ! Tel est le cri
que Paris tout entier a poussé pendant le
Carnaval.
Le parti boulangiste, toujours avide de po-
juilarité, a pensé à combler les vœux du pu-
Voilà pourquoi les journaux du brav’ géné-
ral ont annoncé que, le jour de la Mi-Carême,
les rues de Paris seraient le théâtre d’une
solennité imposante.
Le grrrand parti national ne pouvait mieux
faire que deressusciter, pour la circonstance,
le cortège du bœuf gras, avec musique, ca-
valcade, cbar allégorique et lout le tremble-
ment,
Jëan Popülo, du Voltaire, a pu se procurer
les détails de la petite fête projetée ; les voici,
accompagnés de l’itinéraire du cortège tel que
les camelots les vendront demain sur le bou-
levard aux cris de : Demandez l’ordre et ta
marche du hœuf gras « boulangiste ! »
La composition du cortège sera la sui-
vante :
En tête, les tambours, rétablis comme on
le sait par le général, et ayant à leur tête
M. Déroulède, revêtu du costume de Vau-
thier dans la Fille du Tambour-Mojor.
Premier char allégorique
II représcnte la Presse boulangiste. Toutes
les leuilles du parti sont aux genoux de
M. Dillon, qui serre avec énergie ies cordons
de sa bourse. Ce cbar est condnit par M. Mil-
levoye, qui récite les vers de son aïeul, la
Chute des feuüles.
Le Veau d’or
plus moderne que le bœuf gras, vient ensuite,
accompagné des deux sauvages traditionnels
armés chacun d’une hache et prêts à le sacri-
fier. Ces deux sauvages sont MM. Laur et
Drumont. Le noble faubourg les eutoure, por-
teur de bannières sur lesquelles se lisent ces
mots : Guerre aux Juifs !
Deuxième char allégorique
La Gamelle inèpuisable, scène d’actualité.
Dans une cage dorée, un conscrit qui n’a pas
pu arriver à tirer au sort, fait sa poire en dé-
vorant des aliments aussi nombreux que suc-
culents servis dans une gamelle aussitôt vide
queremplie et aussitôt remplie que vidc. Au-
tour du char, les deux cent mille jeunes gens
du contingent de l’année fîgurés par trente-
sept camelots d’àges divers, mais à prix
unique : quarante sous.
Troisième char allégorique
La Cène, imitée de Léonard de Vinci. Le
général Boulangerljtient [la place du Christ.
Empêché de paraître lui-même par des cir-
constances qu’il est inutile de rappeler, il est
doublé par son sosie habituel, Paulus, le
créateur de En revenant de la revuc et des
Pioupious d’Auvergne.
Les douze apôtres sont saint Laisant,
saint Mermeix, saint Paul... in Méry, saint
Pierre.., Richard, saint Boudeau, saint Gous-
sol, saint Revest, qui, en sa qualité de
maire de saint Denis. porte sa tête dans ses
mains; saint Martin (de la Goutte d’Or), saint
Marius Martin, saint Belleval, qui vide un
Goblet plein de liqueur Raspail ; saint Farcy
et enûn Judas Martineau vers qui le Christ
pseudo-Boulanger se tourne en ayant l’air de
dire ; « En vérité, je vous le dis, l’un d’entre
vous me trahira. »
Le char mythologique
obligatoire, rempli de toutes les déesses de
roiympe représentées par les ferventes du
général. II y en a de belles et de laides. Quel-
ques-unes sont jeunes. Beaucoup ne le sont
pas. Nous ne dévoilerons pas l’anonyme
qu’elles désirent garder par un sentiment de
réserve que l’on comprendra. Au milieu, l’A-
mour sous les traits séraphiques de M. La-
guerre. Le char de l’Olympe devait être con-
duit par le Temps. M. Hébrard s’y étant
opposé pour cause de divergence d’opinions,
c’est la France qui tient les rênes, figurée par
M. Charles Lalou.
La grande Soupière
suivra, portée par quatre marmitons.
Enfin, une députation des membres les plus
distingués du grand parti national fermera la
marche.
L’itinéraire
Le cortège partira de l’hippodrome de Long-
champ, se rendra à la gare de Lyon en pas-
sant par l’hôtel du Louvre, fera la navette
entre le ministère de laguerre, où on ne vou-
dra pas le recevoir, et la Chambre des dépu-
tés, où on finira par le mettre à la porte. II
tentera, en route, de pousser une pointe sur
l’Élysée, mais la route de ce palais lui sera
barrée par la Volonté populaire exprimée par
le suffrage universel.
Tels sont les détails de la cérémonie qui
viennent d’être arrètés par le comité du parti
et que nous donnons comme authentiques.
Enfin, les Parisiens vont donc pouvoir s’a-
muser!