LE GRELOT
Sèment confiants dans l'étoile du Grand
français
***
Bt pendant ce temps-là, les fumisteries
(;|JiUinuent au Brésil, où militaires et
taarina continuent à se caronner avec
(>Qlrain, en prenant toutes les précautions
nécessaires pour ne point se faire grand
mal.
Voilà six mois que cette comédie dure,
et " n'y a pas de raison pour qu'elle
Prenne tin. On est gai, au Brésil, et si la
fièvre jaune n'y sévissait pas à l'état en-
démique, ce pays serait vraiment un
séjour enchanteur.
***
Le Journal imprime gravement ceci :
Le roi Ferdinand IT de Naples est parti,
hier soir, par le rapide de huit heures et
donne, pour Cannes, où il sera, pendant le
c"ême, l'hôte de son frère, le comte de
Caserta. Sa Majesté était accompagnée du
Marquis de RuiTana.
Qu'es aco, le roi Ferdinand II Il esl
'"(marque comme vous et moi et, à la
vérité, dégommé comme un vieux tlmbre-
l"Jst<" !... Ah 1 je t'en ficherais, moi, de la
Majesté à tous ces grotesques farceurs U.i
Henry Vaudémont.
Chronique buissonnière
A B
TRISTES SIRES !
A lin \a-Peste :
« Au dîuerde gala d'hier, l'empereur d'Au-
triche a porté le toast suivant où il adresse
Ses souhaits les plus cordiaux à l'occasion
^ la double fête de l'anniversaire de la nais-
sance de l'empereur Guillaume et du vingt-
finquième anniversaire de son entrée dans
la carrière militaire :
* Je vide mon verre, avec le sentiment de
ma fidèle amitié et de mon attachement à
a santé de mon cher allié l'empereur alle-
mand et roi de Prusse 1 »
Pas rancunier pour un sou, ce Joseph cou-
r°nné, qUi réhabilite ainsi dans l'estime du
'ïtonde... diplomatique « le coup du père
François. »
Une pareille flagornerie sénile après Sa-
c'0\va, montre au Kœnigoth berlinois qu'il
aurait bien tort de se gêner avec les Austro-
Goths ; car il n'est pas douteux que s'il leur
administrait une nouvelle raclée et les spo-
liait de la dernière partie allemande de l'em-
Pire des Habsbourg, le plus Joseph des Fran-
çois, dans un suprême élan de reconnais-
sance, n'hésiterait pas à lui faire cadeau du
reste, en l'adoptant pour fils et légataire
universel.
Décidément, cet empereur d'Aulriche-
Songric était bien digne, en effet, de régner
sur les Eongresl
L'un d'eux :
« A la séance de la Diète de la Basse-Au-
triche d'hier et pendant la discussion sur la
question des céréales, le député Lueger a
attaqué vivement le gouvernement français.
Le président l'a rappelé à l'ordre et a ex-
primé ses regrets des paroles de M. Lueger. »
On ne nous fera jamais croire que cet in-
yidu étaitàla.Oi#e; nous sommes persuadés,
au contraire, qu'il s'était trop cnbocké avant
de hoqueter "son accès de gallophobie, qui
&ous inspire les mêmes sentiments qu'à son
Propre président : t il nous fait regret » I
—«ç» —
« A Berlin. — Après le dîner, l'empereur
a conduit M. de Bismarck à la gare; il l'a
a«compagné jusqu'au wagon, lui a serré hs
rnains et l'a embrassé à plusieurs reprises
aUx acclamations frénétiques de la foule. Le
Av'agon était rempli ne fleurs. »
Trop de fleurs ! s'écrierait Galchas, et sur-
tout trop d'accolades! car ces deux sinistres
farceurs devaient se serrer sur leurs pecto-
raux respectifs... à s'étouffer. N'était la vieil-
lesse débilj de l'un et le bras atrophié de
l'autre, nous eussions peut-être joui de ce
dénouement à la comédie grotesque et écœu-
rante de leur réconciliation... en toc, puisque
Su-r les deux-.l'un est toqué et l'autre t tombé
6Q enfance » :
Othon-nous de ce mon, car il sent 1
dirons-nous, après Victor Hugo, en regar-
dant passer le cadavre ambulant de celui
lui fut le « chancelier de fer, de feu et de
Eang. »
^uaut à son impérial et impérieux parte-
naire, chacun sait qu'il ne fait pas bon lui
parler à Yoreille.
Enfin le troisième larron de la Triplice
n'est guère mieux hypothéqué ; on maude,
en effet, de Rome, que M. Crispi souffre de
névralgies violentes.
Son état, bien que n'inspirant pas d'in-
quiétude, exige beancoup de ménagements.
Son état ne nous cmse guère, en effet,
d'autre inquiétude... que la préoccupation de
voir Crispino échapper à la Camare; mais en
faits de ménagements, il a tort d'en exiger
beaucoup, en méritant si peu ; car si « vio-
lentes » que soient ses névralgies, elles ne
le seront jamais autant que l'aversioa et le
mépris qu'il nous inspire !
U. Maurice Tic.
L'AMPHIBIE
« La presse anglaise constate que l'occu-
pation de Tombouctou ne regarde pas l'An-
gleterre, celte capitale étant dans la sphère
reconnue française par le traité de 1890. »
Oh ! alors, si Albion aux dents longues
reconnaît que cette affaire ne la regarde pas,
nous pouvons nous attendre à ce qu'elle s'en
mêle d'autant plus activement, à notre pré-
judice. Méfiance 1 méfiance 1 6 France si
souvent dupée ! car, tu sais, hélas ! par une
expérience de tous les jours et de tous les
temps, que c'est précisément quand tu tiens
« le bon bout » que la vieille commère de
Windsor aime mieux ton bout que tout.
Aohl y es.
Ce qui ne l'empêche pas — dans ses ma-
nœuvres louches — de regarder, en mémo
temps, d'un autre côté.
« On annonce, en effet, que le gouverneur
général de Gibraltar et plusieurs person-
nages importants se sont embarqués sur un
navire de guerre pour aller visiter Ceuta
dans le Maroc.
» On parle de donner Gibraltar à l'Espagne
qui donnerait Ceuta à l'Angleterre et laisse-
rait l'Angleterre s'installer à Tanger. »
Cette information n'est invraisemblable
que sur un point : la rétrocession de Gibral-
tar à l'Espagne; car il est sans exemple dans
l'histoire — et même en remontant aux épo-
ques préhistoriques — que l'Angleterre ait
jamais restitué volontairement la moindre
parcelle de ce qu'elle pick-pockette conti-
nuellement à tout le monde.
Elle chipera donc Ceuta à l'Espagne comme
elle lui a déjà refait Gibraltar; elle posera
ses sales griffes sur le Maroc, au nez et à la
barbe des
.....Navarrais, Maures et Castillans,
Et tout ce que l'Espagne offre de plus vaillant;
mais il n'y a pas de Tanger — comme disent
ses bons amis les Boches — qu'elle rende
Gibraltar aux naïfs Hidalgos ; car, si l'on en
excepte le duc d'Edimbourg, il est sans pré-
cédent que les pirates britanniques aient ja-
mais « rendu » quelque chose.
Aohl no.
Guillery.
Monsieur de Sofia
Sofia, 30 janvier.
A 7 h. 4b, 101 coups de canon ont annoncé
l'heureuse délivrance de la princesse de Bul-
garie qui est accouchée d'un fils. »
Voilà de la poudre que les Bulgares au-
raient bien mieux fait d'économiser pour cé-
lébrer leur propre « délivrance » le jour où
ils se décideront à pendre haut et court le
sinistre Stambouloff, Monsieur de Sofia, le
collègue de notre « sympathique » Deibler
— si l'on compare ce dernier à « l'exécuteur
des basses œuvres » de Ferdinand-le-Noceur,
un vrai d'Orléans par le sang... lâchement
versé —.
Le jour même où sa fem...me mettait bas
— le tribunal (?) de Sofia « a prononcé, à
deux heures du matin, une sentence qui
condamne Louka Ivanov à quinze ans de
prison dure, et son frère Stoïanof à trois ans
de prison simple, sans perte des droits (ini-
ques, tous les deux pour tentative d'assassi-
nat contre le ministre Beltchef. »
Ces g«ns-là arrivent à rendre — toujours
par comparaison — les meurtriers même in-
téressants. Les juges (?) bulgares ont bien
fait, néanmoins, de condamner .cette tenta-
tive criminelle... d'abord parce qu'elle n'a
pas réussi, ensuite et surtout parce qu'elle
se fourvoyait en n'étant pas dirigée contre
l'assassin de l'anitza un personne.
Mais ce verdict laissant aux condamnés
« leurs droits civiques » il est permis d'es-
pérer qu'ils les exerceront, à l'avenir, avec
plus de discernement.
Beaujolais.
NECROLOGIE
Nous avons la douleur d'apprendre une
nouvelle qui, quoique attendue depuis quel-
que temps déjà, n'en est pas moins doulou-
reuse : Mme MariaDeraismes vient de mourir
à la suite d'une longue et douloureuse ma-
ladie, qui la tenait alitée depuis près d'un
an.
Mme Maria Deraismes, née à Paris en 1838,
se consacra de bonne heure à la défense des
idées républicaines. Par la dignité de sa vie,
le zèle et l'activité qu'elle a apportés dans
cette tâche délicate, elle a joué un rôle
quasi-unique.
Mme Maria Deraisme laissera le souvenir
d'un esprit viril, d'une intelligence vaste et
remarquablement douée pour la lutte. Ecri-
vain et orateur, polémiste redoutable, elle a
dégagé les revendications féminines des so-
phismes et des erreurs qui les obscurcis-
saient. Grâce à elle, à son talent, à son infa-
tigable activité, ces revendications ont pris
corps. Elles existent, elles 'ont leurs doctri-
nes et leur programme. Un jour ou l'autre
le Parlement devra compter avec elles et
leur donner satisfaction, au moins dans ce
qu'elles ont d'immédiatement praticable.
Maria Deraisme, en effet, a montré ce
que pourrait devenir dans l'avenir la femme
élevée logiquement, virilement, c'est-à-dire
tout au rebours des poupées fantasques du
jour, grues ou poupées pimbêches de de-
main.
Elle sut, tout en s'affranchisaant des ridi-
cules coutumiers de son sexe, rester femme,
sans jamais prendre des allures d'hom-
masse et de virago. Elle mérite, à cet égard,
une mention toute spéciale, qui la range en
dehors de la tribu des bas-bleus comme
Olympe Audouard ou des hallucinés comme
l'Amère-Miehel. On peut dire, sacs exagéra-
tion aucune, que Maria Deraismes fut une
femme comme on compte trop peu d'hom-
mes. Raison de plus pour que nous la re-
grettions davantage quand elle rentre dans
le néant 1...
Henry Vaudémont.
GRELOTS
Réflexion d'une vieille fille.
Un célibataire est un homme qui a négligé
l'occasion de rendre quelque pauvre femme
malheureuse.
Un Marseillais visite Besançon.
— Voici, lui dit le cicérone, la maison où
est né Victor Hugo.
— Cette baraque-là 1... Ah! s'il était né à
Marseille, vous auriez vu quelle maison ce se-
rait!
La logique des enfants est parfois terrible :
On racontait à Bob que le bourreau venait
d'exécuter un criminel.
— Et qu'est-ce qu'il avait fait ce criminel? de
manda Bob.
— Il avait tué.
— Alors, quand tuera-t-on le bourreau?
Un pauvre diable, d'une maigreur invraisem-
blable, est devant le tribunal correctionnel.
— Votre état ? demande sévèrement le prési-
dent.
Le prévenu, mélancoliquement.
— Professeur de jeûne, mon magistrat.
Deux ivrognes, à l'œil éteint, à la trogne en-
luminée, sont entrés à la Morgue, ils contem-
plent longuement un noyé hideusement décom-
posé par suite d'un long séjour dans la Seine;
puis, l'un d'eux se tournant vers son copain :
— Tu vois, ma vieille branche !... Voilà ou ça
conduit... de boire de l'eau 1...
Deux jeunes conscrits devisent des obliga-
tions du métier des armes.
— C'est égal, avoue l'un, j'aurai une fière ve-
nette à la première bataille !
— Que veux-tu, mon vieux, si le général te
commande de donner, il faudra bien donner.
— Donner n'est rien, c'est recevoir qui est
embêtant !
Triboulkt.
THÉÂTRES
Châtelet. — Il n'a pas fallu moins d'une
longue quinzaine de « relâches » successifs
pour mettre au point les quatorze tableaux
de la nouvelle pièce à grand spectacle le
Trésor des Radjahs, que vient de neus don-
ner le Châtelet.
Après avoir vu et admirer les merveilles
de mise en scène, les ballets éblouissants,
les décors somptueux qu'il nous a été donné
d'applaudir l'autre soir, compté la figura-
tion énorme que nécessite la plupart des
tableaux, on s'étonne en vérité que tant de
difficultés aient pu être vaincues en aussi
peu de temps. Tant d'efforts méritaient un
succès et le public ne l'a point marchandé
à la direction du Châtelet qui, avec le Trésor
des Radjahs comptera assurément l'un de ses
plus grands et plus reUntissants succès.
Dû à la plume expérimentée de deux de
nos meilleurs auteurs, MM. A. d'Ennery et
Paul Ferrier, le Trésor des Radjahs est, en
même temps qu'une féérie merveilleuse,
un drame réellement intéressant, où l'ac-
tion ne languit pas, où d'acte en acte l'in-
térêt va toujours grandissant.
L'action se passe sous le règne de Louis XV.
Un jeune gentilhomme, le chevalier dô Sa-
verny, aime éperdûment Diane de Roche-
grosse, la nièce du gouverneur de la Pro-
vence. Mais la fortune de Diane est im-
mense, tandis que Saverny ne possède que
son épée, et l'oncle rébarbatif qui, du reste,
lient à faire passer la fortune de Diane à son
fils, refuse obstinément son consentement.
Saverny fait jurer à Diane de n'en point
épouser d'autre, lui promet de revenir bien-
tôt, aussi riche qu'elle, et s'embarque pour
les Indes, à la recherche d'un trésor dont un
inconnu lui a révélé l'existence.
Capturé par un corsaire barbaresque, Sa-
verny est vendu comme esclave à Alger.
Aidé d'un compagnon, il s'évade, s'enfuit
en Téhéran, de là à B»djapour où le trésor
se trouve enfoui dans les ruines du temple.
Au ceurs de son voyage, Saverny recrute
une bande de compagnons dont il a sauvé le
chef, et, arrivé à Bedjapour, il tiro des
griffes de deux lions la fille du Radjah.
Comme récompense, le Radjah l'admet à sa
cour, et le gai Français a vite fait de percer
à jour les menées des Anglais qui viennent
de s'emparer de la ville et veulent s; saisir
du Radjah. D'accord avec le prince, Saverny
apporte à Dupleix un traité d'alliance et- les
troupes françaises, conduites par les deux
officiers, flanquent une tripotée formidable
aux Anglais et reprennent la ville de Bedja-
pour.
Cette victoire nous vaut naturellement
une fête indienne et oneques ne vit jamais
pareil éblouissement que cette fête àSakon-
Dji. Ce ballet est véritablement merveilleux,
il a été applaudi à tout rompre, comme il le
méritait du reste.
En possession de son trésor, Saverny dé-
barque à Marseille où il arrive juste à temps
pour épouser la belle Diane que son oncle
— quel sale oncle — traînait à l'autel d'où il
est conspué et les deux amants Unissent
leur destinée aux pieds des autels de la ca-
thédrale de Marseille. C'est le dernier ta-
bleau et non le moins empoignant, je vous
prie.
Il nous faudrait plusieurs colonnes du
journal pour décrire les merveilles accumu-
lées dans les quatorze tableaux du Trésor
des Radjahs. Mieux vaut aller le s voir, amis
lecteurs.
Il y a là tous les éléments de distraction
pour la vue et l'oreille, qu'on puisse exiger.
Les jardins de Sidi-Cohund sont une mer-
veille de décoration, ainsi que le gouffre
d'Alep et la prise de Bedjapour, une bataille
réglée comme par Bonaparte, et le ballet et
les éléphants ; les lions, les dromadaires, les
chameaux et les danseuses — deux catégo-
ries distinctes, naturellement.
La pièce est remarquablement jouée par
l'excellente troupe du Châtelet.
En somme, un très grand succès.
Jules de la Vkrdrik.
CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET a
la MÉDITERRANÉE
COLIS POSTAUX
A partir du l«rFévrier 1894, les Compagnies des
chemins de fer de l'Est, du Nord, d'Orléans, de
l'Ouest et de Paris à Lyon et à la Méditerranée
recevront dans leurs bureaux de la ville de Paris
les colis postaux pour toutes destinations partici-
pant au service postal.
Sont seuls exceptés de cette mesure, les bu-
reaux de ville de la rue Madame, n°l, et de la rue
Aubry-le-Boucher, n° 24, qui seront supprimés le
l»rMars 1894; de la rue Saint-Martin, n° 326, qui
acceptera les colis postaux pour le réseau de
l'Ouest qu'à partir du l«r mai 1894; et, enfin, le
bureau de la rue Etienne-Marcel, n»18, qui provi-
soirement, n'acceptera les colis postaux que pour
le réseau Paris-Lyon Méditerranée.
LOUVRE DENTAIRE
d'une triade perfection, brevetei, Diplôme d'Honneur de Puis
Gaeriaon et reeoutttnUoi des denU et r»rinc» le» plu ortie*. Tnttt
«jrfrorwiu ««ru itultur, B'.Dentlers complets, XOO'. D'ue k
inesta lrrries» lill seins. Twt est nr»»U.7B.r.slt IlitU.Parts.
Sèment confiants dans l'étoile du Grand
français
***
Bt pendant ce temps-là, les fumisteries
(;|JiUinuent au Brésil, où militaires et
taarina continuent à se caronner avec
(>Qlrain, en prenant toutes les précautions
nécessaires pour ne point se faire grand
mal.
Voilà six mois que cette comédie dure,
et " n'y a pas de raison pour qu'elle
Prenne tin. On est gai, au Brésil, et si la
fièvre jaune n'y sévissait pas à l'état en-
démique, ce pays serait vraiment un
séjour enchanteur.
***
Le Journal imprime gravement ceci :
Le roi Ferdinand IT de Naples est parti,
hier soir, par le rapide de huit heures et
donne, pour Cannes, où il sera, pendant le
c"ême, l'hôte de son frère, le comte de
Caserta. Sa Majesté était accompagnée du
Marquis de RuiTana.
Qu'es aco, le roi Ferdinand II Il esl
'"(marque comme vous et moi et, à la
vérité, dégommé comme un vieux tlmbre-
l"Jst<" !... Ah 1 je t'en ficherais, moi, de la
Majesté à tous ces grotesques farceurs U.i
Henry Vaudémont.
Chronique buissonnière
A B
TRISTES SIRES !
A lin \a-Peste :
« Au dîuerde gala d'hier, l'empereur d'Au-
triche a porté le toast suivant où il adresse
Ses souhaits les plus cordiaux à l'occasion
^ la double fête de l'anniversaire de la nais-
sance de l'empereur Guillaume et du vingt-
finquième anniversaire de son entrée dans
la carrière militaire :
* Je vide mon verre, avec le sentiment de
ma fidèle amitié et de mon attachement à
a santé de mon cher allié l'empereur alle-
mand et roi de Prusse 1 »
Pas rancunier pour un sou, ce Joseph cou-
r°nné, qUi réhabilite ainsi dans l'estime du
'ïtonde... diplomatique « le coup du père
François. »
Une pareille flagornerie sénile après Sa-
c'0\va, montre au Kœnigoth berlinois qu'il
aurait bien tort de se gêner avec les Austro-
Goths ; car il n'est pas douteux que s'il leur
administrait une nouvelle raclée et les spo-
liait de la dernière partie allemande de l'em-
Pire des Habsbourg, le plus Joseph des Fran-
çois, dans un suprême élan de reconnais-
sance, n'hésiterait pas à lui faire cadeau du
reste, en l'adoptant pour fils et légataire
universel.
Décidément, cet empereur d'Aulriche-
Songric était bien digne, en effet, de régner
sur les Eongresl
L'un d'eux :
« A la séance de la Diète de la Basse-Au-
triche d'hier et pendant la discussion sur la
question des céréales, le député Lueger a
attaqué vivement le gouvernement français.
Le président l'a rappelé à l'ordre et a ex-
primé ses regrets des paroles de M. Lueger. »
On ne nous fera jamais croire que cet in-
yidu étaitàla.Oi#e; nous sommes persuadés,
au contraire, qu'il s'était trop cnbocké avant
de hoqueter "son accès de gallophobie, qui
&ous inspire les mêmes sentiments qu'à son
Propre président : t il nous fait regret » I
—«ç» —
« A Berlin. — Après le dîner, l'empereur
a conduit M. de Bismarck à la gare; il l'a
a«compagné jusqu'au wagon, lui a serré hs
rnains et l'a embrassé à plusieurs reprises
aUx acclamations frénétiques de la foule. Le
Av'agon était rempli ne fleurs. »
Trop de fleurs ! s'écrierait Galchas, et sur-
tout trop d'accolades! car ces deux sinistres
farceurs devaient se serrer sur leurs pecto-
raux respectifs... à s'étouffer. N'était la vieil-
lesse débilj de l'un et le bras atrophié de
l'autre, nous eussions peut-être joui de ce
dénouement à la comédie grotesque et écœu-
rante de leur réconciliation... en toc, puisque
Su-r les deux-.l'un est toqué et l'autre t tombé
6Q enfance » :
Othon-nous de ce mon, car il sent 1
dirons-nous, après Victor Hugo, en regar-
dant passer le cadavre ambulant de celui
lui fut le « chancelier de fer, de feu et de
Eang. »
^uaut à son impérial et impérieux parte-
naire, chacun sait qu'il ne fait pas bon lui
parler à Yoreille.
Enfin le troisième larron de la Triplice
n'est guère mieux hypothéqué ; on maude,
en effet, de Rome, que M. Crispi souffre de
névralgies violentes.
Son état, bien que n'inspirant pas d'in-
quiétude, exige beancoup de ménagements.
Son état ne nous cmse guère, en effet,
d'autre inquiétude... que la préoccupation de
voir Crispino échapper à la Camare; mais en
faits de ménagements, il a tort d'en exiger
beaucoup, en méritant si peu ; car si « vio-
lentes » que soient ses névralgies, elles ne
le seront jamais autant que l'aversioa et le
mépris qu'il nous inspire !
U. Maurice Tic.
L'AMPHIBIE
« La presse anglaise constate que l'occu-
pation de Tombouctou ne regarde pas l'An-
gleterre, celte capitale étant dans la sphère
reconnue française par le traité de 1890. »
Oh ! alors, si Albion aux dents longues
reconnaît que cette affaire ne la regarde pas,
nous pouvons nous attendre à ce qu'elle s'en
mêle d'autant plus activement, à notre pré-
judice. Méfiance 1 méfiance 1 6 France si
souvent dupée ! car, tu sais, hélas ! par une
expérience de tous les jours et de tous les
temps, que c'est précisément quand tu tiens
« le bon bout » que la vieille commère de
Windsor aime mieux ton bout que tout.
Aohl y es.
Ce qui ne l'empêche pas — dans ses ma-
nœuvres louches — de regarder, en mémo
temps, d'un autre côté.
« On annonce, en effet, que le gouverneur
général de Gibraltar et plusieurs person-
nages importants se sont embarqués sur un
navire de guerre pour aller visiter Ceuta
dans le Maroc.
» On parle de donner Gibraltar à l'Espagne
qui donnerait Ceuta à l'Angleterre et laisse-
rait l'Angleterre s'installer à Tanger. »
Cette information n'est invraisemblable
que sur un point : la rétrocession de Gibral-
tar à l'Espagne; car il est sans exemple dans
l'histoire — et même en remontant aux épo-
ques préhistoriques — que l'Angleterre ait
jamais restitué volontairement la moindre
parcelle de ce qu'elle pick-pockette conti-
nuellement à tout le monde.
Elle chipera donc Ceuta à l'Espagne comme
elle lui a déjà refait Gibraltar; elle posera
ses sales griffes sur le Maroc, au nez et à la
barbe des
.....Navarrais, Maures et Castillans,
Et tout ce que l'Espagne offre de plus vaillant;
mais il n'y a pas de Tanger — comme disent
ses bons amis les Boches — qu'elle rende
Gibraltar aux naïfs Hidalgos ; car, si l'on en
excepte le duc d'Edimbourg, il est sans pré-
cédent que les pirates britanniques aient ja-
mais « rendu » quelque chose.
Aohl no.
Guillery.
Monsieur de Sofia
Sofia, 30 janvier.
A 7 h. 4b, 101 coups de canon ont annoncé
l'heureuse délivrance de la princesse de Bul-
garie qui est accouchée d'un fils. »
Voilà de la poudre que les Bulgares au-
raient bien mieux fait d'économiser pour cé-
lébrer leur propre « délivrance » le jour où
ils se décideront à pendre haut et court le
sinistre Stambouloff, Monsieur de Sofia, le
collègue de notre « sympathique » Deibler
— si l'on compare ce dernier à « l'exécuteur
des basses œuvres » de Ferdinand-le-Noceur,
un vrai d'Orléans par le sang... lâchement
versé —.
Le jour même où sa fem...me mettait bas
— le tribunal (?) de Sofia « a prononcé, à
deux heures du matin, une sentence qui
condamne Louka Ivanov à quinze ans de
prison dure, et son frère Stoïanof à trois ans
de prison simple, sans perte des droits (ini-
ques, tous les deux pour tentative d'assassi-
nat contre le ministre Beltchef. »
Ces g«ns-là arrivent à rendre — toujours
par comparaison — les meurtriers même in-
téressants. Les juges (?) bulgares ont bien
fait, néanmoins, de condamner .cette tenta-
tive criminelle... d'abord parce qu'elle n'a
pas réussi, ensuite et surtout parce qu'elle
se fourvoyait en n'étant pas dirigée contre
l'assassin de l'anitza un personne.
Mais ce verdict laissant aux condamnés
« leurs droits civiques » il est permis d'es-
pérer qu'ils les exerceront, à l'avenir, avec
plus de discernement.
Beaujolais.
NECROLOGIE
Nous avons la douleur d'apprendre une
nouvelle qui, quoique attendue depuis quel-
que temps déjà, n'en est pas moins doulou-
reuse : Mme MariaDeraismes vient de mourir
à la suite d'une longue et douloureuse ma-
ladie, qui la tenait alitée depuis près d'un
an.
Mme Maria Deraismes, née à Paris en 1838,
se consacra de bonne heure à la défense des
idées républicaines. Par la dignité de sa vie,
le zèle et l'activité qu'elle a apportés dans
cette tâche délicate, elle a joué un rôle
quasi-unique.
Mme Maria Deraisme laissera le souvenir
d'un esprit viril, d'une intelligence vaste et
remarquablement douée pour la lutte. Ecri-
vain et orateur, polémiste redoutable, elle a
dégagé les revendications féminines des so-
phismes et des erreurs qui les obscurcis-
saient. Grâce à elle, à son talent, à son infa-
tigable activité, ces revendications ont pris
corps. Elles existent, elles 'ont leurs doctri-
nes et leur programme. Un jour ou l'autre
le Parlement devra compter avec elles et
leur donner satisfaction, au moins dans ce
qu'elles ont d'immédiatement praticable.
Maria Deraisme, en effet, a montré ce
que pourrait devenir dans l'avenir la femme
élevée logiquement, virilement, c'est-à-dire
tout au rebours des poupées fantasques du
jour, grues ou poupées pimbêches de de-
main.
Elle sut, tout en s'affranchisaant des ridi-
cules coutumiers de son sexe, rester femme,
sans jamais prendre des allures d'hom-
masse et de virago. Elle mérite, à cet égard,
une mention toute spéciale, qui la range en
dehors de la tribu des bas-bleus comme
Olympe Audouard ou des hallucinés comme
l'Amère-Miehel. On peut dire, sacs exagéra-
tion aucune, que Maria Deraismes fut une
femme comme on compte trop peu d'hom-
mes. Raison de plus pour que nous la re-
grettions davantage quand elle rentre dans
le néant 1...
Henry Vaudémont.
GRELOTS
Réflexion d'une vieille fille.
Un célibataire est un homme qui a négligé
l'occasion de rendre quelque pauvre femme
malheureuse.
Un Marseillais visite Besançon.
— Voici, lui dit le cicérone, la maison où
est né Victor Hugo.
— Cette baraque-là 1... Ah! s'il était né à
Marseille, vous auriez vu quelle maison ce se-
rait!
La logique des enfants est parfois terrible :
On racontait à Bob que le bourreau venait
d'exécuter un criminel.
— Et qu'est-ce qu'il avait fait ce criminel? de
manda Bob.
— Il avait tué.
— Alors, quand tuera-t-on le bourreau?
Un pauvre diable, d'une maigreur invraisem-
blable, est devant le tribunal correctionnel.
— Votre état ? demande sévèrement le prési-
dent.
Le prévenu, mélancoliquement.
— Professeur de jeûne, mon magistrat.
Deux ivrognes, à l'œil éteint, à la trogne en-
luminée, sont entrés à la Morgue, ils contem-
plent longuement un noyé hideusement décom-
posé par suite d'un long séjour dans la Seine;
puis, l'un d'eux se tournant vers son copain :
— Tu vois, ma vieille branche !... Voilà ou ça
conduit... de boire de l'eau 1...
Deux jeunes conscrits devisent des obliga-
tions du métier des armes.
— C'est égal, avoue l'un, j'aurai une fière ve-
nette à la première bataille !
— Que veux-tu, mon vieux, si le général te
commande de donner, il faudra bien donner.
— Donner n'est rien, c'est recevoir qui est
embêtant !
Triboulkt.
THÉÂTRES
Châtelet. — Il n'a pas fallu moins d'une
longue quinzaine de « relâches » successifs
pour mettre au point les quatorze tableaux
de la nouvelle pièce à grand spectacle le
Trésor des Radjahs, que vient de neus don-
ner le Châtelet.
Après avoir vu et admirer les merveilles
de mise en scène, les ballets éblouissants,
les décors somptueux qu'il nous a été donné
d'applaudir l'autre soir, compté la figura-
tion énorme que nécessite la plupart des
tableaux, on s'étonne en vérité que tant de
difficultés aient pu être vaincues en aussi
peu de temps. Tant d'efforts méritaient un
succès et le public ne l'a point marchandé
à la direction du Châtelet qui, avec le Trésor
des Radjahs comptera assurément l'un de ses
plus grands et plus reUntissants succès.
Dû à la plume expérimentée de deux de
nos meilleurs auteurs, MM. A. d'Ennery et
Paul Ferrier, le Trésor des Radjahs est, en
même temps qu'une féérie merveilleuse,
un drame réellement intéressant, où l'ac-
tion ne languit pas, où d'acte en acte l'in-
térêt va toujours grandissant.
L'action se passe sous le règne de Louis XV.
Un jeune gentilhomme, le chevalier dô Sa-
verny, aime éperdûment Diane de Roche-
grosse, la nièce du gouverneur de la Pro-
vence. Mais la fortune de Diane est im-
mense, tandis que Saverny ne possède que
son épée, et l'oncle rébarbatif qui, du reste,
lient à faire passer la fortune de Diane à son
fils, refuse obstinément son consentement.
Saverny fait jurer à Diane de n'en point
épouser d'autre, lui promet de revenir bien-
tôt, aussi riche qu'elle, et s'embarque pour
les Indes, à la recherche d'un trésor dont un
inconnu lui a révélé l'existence.
Capturé par un corsaire barbaresque, Sa-
verny est vendu comme esclave à Alger.
Aidé d'un compagnon, il s'évade, s'enfuit
en Téhéran, de là à B»djapour où le trésor
se trouve enfoui dans les ruines du temple.
Au ceurs de son voyage, Saverny recrute
une bande de compagnons dont il a sauvé le
chef, et, arrivé à Bedjapour, il tiro des
griffes de deux lions la fille du Radjah.
Comme récompense, le Radjah l'admet à sa
cour, et le gai Français a vite fait de percer
à jour les menées des Anglais qui viennent
de s'emparer de la ville et veulent s; saisir
du Radjah. D'accord avec le prince, Saverny
apporte à Dupleix un traité d'alliance et- les
troupes françaises, conduites par les deux
officiers, flanquent une tripotée formidable
aux Anglais et reprennent la ville de Bedja-
pour.
Cette victoire nous vaut naturellement
une fête indienne et oneques ne vit jamais
pareil éblouissement que cette fête àSakon-
Dji. Ce ballet est véritablement merveilleux,
il a été applaudi à tout rompre, comme il le
méritait du reste.
En possession de son trésor, Saverny dé-
barque à Marseille où il arrive juste à temps
pour épouser la belle Diane que son oncle
— quel sale oncle — traînait à l'autel d'où il
est conspué et les deux amants Unissent
leur destinée aux pieds des autels de la ca-
thédrale de Marseille. C'est le dernier ta-
bleau et non le moins empoignant, je vous
prie.
Il nous faudrait plusieurs colonnes du
journal pour décrire les merveilles accumu-
lées dans les quatorze tableaux du Trésor
des Radjahs. Mieux vaut aller le s voir, amis
lecteurs.
Il y a là tous les éléments de distraction
pour la vue et l'oreille, qu'on puisse exiger.
Les jardins de Sidi-Cohund sont une mer-
veille de décoration, ainsi que le gouffre
d'Alep et la prise de Bedjapour, une bataille
réglée comme par Bonaparte, et le ballet et
les éléphants ; les lions, les dromadaires, les
chameaux et les danseuses — deux catégo-
ries distinctes, naturellement.
La pièce est remarquablement jouée par
l'excellente troupe du Châtelet.
En somme, un très grand succès.
Jules de la Vkrdrik.
CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET a
la MÉDITERRANÉE
COLIS POSTAUX
A partir du l«rFévrier 1894, les Compagnies des
chemins de fer de l'Est, du Nord, d'Orléans, de
l'Ouest et de Paris à Lyon et à la Méditerranée
recevront dans leurs bureaux de la ville de Paris
les colis postaux pour toutes destinations partici-
pant au service postal.
Sont seuls exceptés de cette mesure, les bu-
reaux de ville de la rue Madame, n°l, et de la rue
Aubry-le-Boucher, n° 24, qui seront supprimés le
l»rMars 1894; de la rue Saint-Martin, n° 326, qui
acceptera les colis postaux pour le réseau de
l'Ouest qu'à partir du l«r mai 1894; et, enfin, le
bureau de la rue Etienne-Marcel, n»18, qui provi-
soirement, n'acceptera les colis postaux que pour
le réseau Paris-Lyon Méditerranée.
LOUVRE DENTAIRE
d'une triade perfection, brevetei, Diplôme d'Honneur de Puis
Gaeriaon et reeoutttnUoi des denU et r»rinc» le» plu ortie*. Tnttt
«jrfrorwiu ««ru itultur, B'.Dentlers complets, XOO'. D'ue k
inesta lrrries» lill seins. Twt est nr»»U.7B.r.slt IlitU.Parts.