Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 24.1894

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.6804#0083
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE GRELOT

Suivant leur tempérament, ces misé-
reux songent â faire sauter les ponts, où
réclament un abri à l'Etat, qui le leur
fournit en les fourrant au clou, ou vont
s'humilier devant un propriétaire et lui
lécher des pieds qu'il leur flanque au
derrière. Tout cela est, à la fois, d'une
insuffisance flagrante et d'une logique
.médiocre.

Lescoopérateurs en usent d'autre sorte.
K'attendant de miracle et de changement
à vue d'aucune entité ayant retrouvé la
fameuse et mirifique poudre de Perlin-
pinpin, ils ne comptent que sur eux-
mêmes pour modifier l'ordre de choses
èxistant, dont ils ne sont, d'ailleurs, nul-
lement satisfaits.

Ils se sont aperçus que le seul moyen
d'échapper à la désagréable obligation de
payer son terme consiste à avoir une
maison à soi. De même, pour ne pas être
rançonné par le marchand et par le ca-
pital, il faut se suffire à soi-même et
trouver chez ses amis, à charge de re-
vanche, du crédit.

Or, comment s'y sont pris, pour les ac-
quérir, tous ceux qui ont des maisons à
eux; qui sont marchands et qui ont du
crédit?.. En exploitant les gens de deux
"manières : 1° en exigeant un prix exagéré
de leurs clients, 2° en rémunérant au-
dessous de leur valeur leurs salariés.
É-_ Les coopératives de consommation sont
chargées d'empêcher: la première exploi-
tation.; la participation aux bénéfices, les
syndicats agricoles et les cdopératives de
production parent chaque jour plus effi-
cacement à la seconde. Enfin, les Ban-
ques Populaires et les Caisses rurales
s'efforcent de réaliser la coopération du
crédit.

Ces banques et ces caisses, qui existent
par milliers en Allemagne et en Italie, ne
sont guère encore qu'une centaine en
France, où le public fourre bêtement son
argent dans les caisses d'épargne, au lieu
de le verser en rosée féconde sur de pro-
ductives industries.

Le Congrès tenu à Bordeaux, du 30 avril
au 4 mai, avait surtout pour but d'unir en
un faisceau commun -tous les coopérà-
tcurs ligués en leur campagne contre
leurs exploiteurs. Aussi les cinq formes
Visées dans la loi déjà votée par la Cham-
bre y étaient-elles représentées par des
délégués qui discutèrent longuement
pendant cinq jours, à raison de trois
séances par jour.

Il n'entre pas dans notre cadre, trop
étroit, de discuter des questions aussi
complexes. Mais qu'il suffise de savoir
que deux' courants bien distincts exis-
taient dans le Congrès: les uns, socialis-
tes-progressistes voulaient faire une évo-
lution qui nous dispensera de recourir à
la révolution ; les autres, ralliés du sur-
lendemain, ne songeaient qu'à cré r des
banques pseudo-chrétiennes, que leur
compte-courant à la Banque de France,
obtenu par la charité de gros bonnets,
mettrait à la disposition absolue de ces
gros bonnets.

Les premiers ont fait voter le principe
d'une Banque centrale qui fournira la
troisième signature et assurera l'indépen-
dance de la coopération du crédit.

Eh même temps la Chambre votait la
libre disposition du cinquième des fonds
des Caisses d'Epargne.

Le Sénat-frein viendra-t-il prouver son
utilité en mettant son veto? Notre peu
d'estime pour lui ne va pas jusqu'à le
croire capable de cette stupidité-là!...

Henry Vatjdémont.

(Chronique buissonnière

PANTALONNADES

« L'exposition de Milan qui vient d'être
inaugurée avec une grande solennité par le
roi et la reine d'Italie, a valu à M.Crispiune
manifestation caractéristique.

» Une assez grande foule l'attendait à la
gare et le préfet de Milan était venu lui sou-
haiter la bienvenue. Mais dès que parut le
premier ministre, il fut accueilli par une
bordée de sifflets et les cris de : « A bas Crispi !
A bas Grispi! » s'élevaient de tous côtés. »

En France, son compatriote Mazarin se
consolait jadis de son impopularité en di-
sant philosophiquement — des parisiens
frondeurs — : « Qu'ils chantent, pourvu
qu'ils payent ! » tandis qu'en Italie, à l'heure
actuelle, les macaronis huent et conspuent
leur Crispiteux premier ministre, mais ne
paient pas... et pour cause.

C'est fini de traire la bonne vache à lait
française; et le bravo Sicilien venu à Milan
avec l'espoir d'y fare son « beurre » y a été
reçu — par ses propres ■ nationaux — avec
tout le déshonneur dû au rang distingué
qu'il occupe parmi les plus fameuses fri-
pouilles contemporaines.

Maintenant que nous avons enfin cessé
de garnir bê... névolement leur râtelier, les
ânes transalpins se battent.

C'est pourquoi ceux qui — à défaut du
« sel » trop imposé là-bas — portent les re-
liques de la royauté, se prodiguent en dé-
monstrations hypocrites à notre égard, es-
pérant piper encore notre bonne « galette »
en échange de leur monnaie simiesque.

Toutes les Agences Havas... tes blagues ne
viennent-elles pas de publier que la plus
enragée des gollophobes péninsulaires :

a La reine Marguerite a fait, à la villa Mé-
dicis une visite qui produit une excellente
impression dans le monde romain et dans
les cercles diplomatiques. C'était le sujet de
toutes les conversations, hier soir, Auredve-
mento de la comtesse Bavions. La souveraine
italienne a examiné et critiqué les œuvres
de nos jeunes artistes avec un goût esthéti-
que vraiment remarquable. »

Mais ce qu'il y a de plus remarquable en-
core, c'est la dose de stupidité que ces gens-
ià nous prêtent gratuitement — c'est même
tout ce qu'ils peuvent nous prêter—en sup-
posant un seul instant que nous ayons be-
soin d'eiïeuiller cette reine-Marguerite pour
savoir si elle nou déteste «un peu, beau-
coup ou passionnément »? Il y a belle lu-
rette que nous sommes fixés sur les senti-
ments choucroutophiles de la belle compagne
d'Umberto ultimo.

Quant à essayer de nous « la faire » à. la
séduction tardive — en montrant un amour
platonique inattendu pour nos jeunes bar-
bouilleurs de la villa Médicis — nous espé-
rons que ces Poussin du coq gaulois ont ré-
pondu aux œillades de cette duègne cou-
ronnée, fanatique de musique wagnéritnne,
par Va parte, sarcastique du Méphisto bien
français de Gounod :

La voisine est un peu mûre!

U. Maurice Tic.

BOURDONNEMENTS

« M. de Bismarck est non seulement guér;,
mais rajeuni. L'autre jour,ilareçuunedépu-
tation féminine venue de Bergen en Hesse-
Cassel. Le terrible homme était dans un de
ses moments de belle humeur; aussi a-t-il
adressé à ses visiteuses un discours des
plus galants et des plus poétiques sur les
plaisirs de l'homme des bois qui, vivant d'une
vie saine, au milieu de la nature, ne regrette
point les grandeurs et les servitudes du
pouvoir. »

Ce panégyrique de « l'homme'des bois
est assez naturel, en effet de la part d'un
vieux singe — rompu à toutes les grimaces
— et discourant devant de jeunes guenons.

Quand à son feint détachement «des gran-
deurs et des servitudes du pouvoir » sa dé-
claration aurait besoin — pour être prise au
sérieux — d'être contresignée par le chance-
lier de Caprivi, son successeur... et sa bête
noire, dont il offrirait si volontiers la curée
à son chien Tyras !

« On vient de saisira Moscou un pamphlet
politique qui tend à laisser croire que l'union
projetée entre le tsarewitch et la princ- sse
de Hesse n'est pas vu d'un œil également fa-
vorable par toutes lss par;ies de la popula-
tion russe.

» Cet opuscule qui, en vers, se termine en
effet par la réflexion suivante : « Voilà une
nouvelle mouche de Hesse qui vient s'abattre
sur le blé russe, » On désigne, sous ce nom,
dans toute la Russie du Sud, un insecte pa-
rasite qui fait de grands dégâts dans les
champs de céréales.

» Ordre a été donné de saisir tous les exem-
plaires de cette brochure anti-dynastique,
et la police secrète en recherche activement
l'auteur. »

Qui risque fort d'être poursuivi comme in-
secticide — nouvelle variante russe du crime
de lèse-majesté. —

Mais l'allemande Alice de Hesse — toute
« fine mouche » qu'elle soit et grisée par

l'ambition de devenir çmrewna — n'avait pas
prévu que certains de ces futurs sujets ont
l'haleine assez forte pour l'atteindre et l'in-
commoder à distance irrespectueuse; que
sera-ce donc quand ils pourront lui souiller
dessus à quinze pas! Princesse, gare au pa-
pier tue-mouche !

« Les journaux de Livourne publient une
dépêche de Cagliari annonçant que le géné-
ral Osieri, envoyé en Sardaigne pour l'ins-
pection des carabiniers royaux, s'est rendu
du sud de File au nord pour passer à Oziéri
l'inspection de quatre hommes. »

Les féaux alliés de la Triplice ne se plain-
dront pas que l'Italie n'encadre pas fortement
son armée. Per Bacco 1 un général pour qua-
tre hommes .'alors que, chez nous, cette «unité
de combat » n'est commandée que par un
simple caporal I

Ce serait terrifiant — pour nous — s'il n'était
encore plus rassurant de songer que nos ca-
poraux se trouvent ainsi équivaloir leurs gé-
néraux.

On mande de Berlin au Neio-York Herald

« On raconte qu'un aliéné a alarmé les gar-
nisons de Mayence et de Cologne, en faisan-
croire qu'il était aide de camp de l'empereur
et qu'il précédait le souverain.

» Dans une de ces deux villes, il a presque
réussi. t>

Et il eût tout à fait réussi dans les deux,
si — au lieu de précéder le Kœnigoth — il
l'eût suivi.

Extrait d'un prospectus distribué par un
professeur de ventriloquie, qui dresse des
sujets pour les foires :

Pour apprendre

i A faire l'âne.......... 3 50

S A faire le cochon...... S ..

Pas étonnant — à ces prix modiques
qu'un si grand nombre de nos hommes po-
litiques aient suivi le premier de ces cours...
et tant de congréganistes le secondl

Guillkrt.

L'ACTUALITÉ FANTAISISTE

LES EXCÈS DE M. BÉRENGER

Il y a presque un an, chers lecteurs du
Grelot, votre serviteur prétendait, ici même,
dans unechroniquette, que pour être consé-
quent avec lui-même, le pudique sénateur
Bérenger fonderait un jour une ligue contre
la licence des établissements publics; nul
n'est prophète en son pays, et cependant
voici que le tyran des Qtiat-z'-Arts vient de
présenter au Sénat une proposition tendant
à interdire les œillades et les sourires provo-
cateurs des petites dames dans les cafés, les
concerts et les bals.

Que M. Bérenger tente de purifier certaines
rues où la prostitution s'étale au grand
jour, soit, mais qu'il empêche de... flirter
en des endroits spéciaux, où ne va quiconque
veut ou désire..., cela dépasse les bornes,
non seulemeut au point de vue du directeur
du Nfoulin-Rouge, mais au point de vue de
la morale elle-même et de la sécurité surtout.

M. Bérenger ne prétend pas supprimer, de
façon absolue, la prostitution — tout le
monde n'est pas sénateur et tout le monde
n'est pas vieux — il veut la rendre clandes-
tine.

Or, quand il la rend clandestine, il porte
atteinte à la morale d'abord, car il n'est pas
de pire vice que celui que l'on fait hypocrite
en le forçant à se dissimuler, il porte
atteinte à la sécurité et à l'hygièfie ensuite,
car chassées des rues et des lieux publics,
les petites dames, ses bètes noires, se
cachent, échappant ainsi à la saine sur-
veillance.

Halte-là! Halte-là! Monsieur le Sénateur!
Nous avons eu ce siècle de névrose, fille de
la corruption de nombreuses catégories de
maniaques, et les maniaques de la pudeur ne
doivent pas plus être écoutés que eeux de
la grandeur ou de la persécution, que les
fous mystiques ou les fous érotiques !

Trebla. '

Entendu au foyer de l'Opéra :

— En somme, mon cher ami, qu'est-ce que la
médecine, sinon un libre-échange?

— Un libre-échaDge?

— Sans doute : le malade prend l'avis du doc-
teur, et le docteur prend la vie du malade.

Tribodlet.

THÉÂTRES

En fin de saison, après une minutieuse
revue de votre garde-robe et une perquisi-
tion aussi savante, qu'infructueuse, dans lès
pochettes de votre porte-monnaie, lamenta-
blement vide, il vous est peut-être parfois
arrivé, amis lecteurs, de décrocher la moins
avariée de vos culottes, de la confier aux
doigts agiles de votre ménagère et d'arra-
cher au repos, pourtant si bien gagné, cet
« indispensable », dûment raccommodé et
retapé.

li en est de certains théâtres, comme des
culottes ; beaucoup, à une époque de l'an-
née, dans l'impossibilité de se procurer du
neuf, font reservir le vieux. Au théâtre ce
raccommodage prend le nom de : reprise.

L'opération ne réussit pas toujours : le
Gymnase et les Menus-Plaisirs viennent
d'en faire la cuisante expérience, cette se-
maine;

Au Gymnase, Ma Gouvernante, comédie en
quatre actes, de M. A. Bisson, n'a obtenu
que tout juste le succès d'estime, dû à la'
noloriété de son auteur.

Aux Menus-Plaisirs, Mme Nicolet, l'opérette
de MM. Hugot et Fock, n'a fait que paraître
et n'est déjà plus.

La direction a vite, du reste, reconnu ses
torts et substitué à feu Mme Nicolet, Made-
moiselle ma femme, avec Balthy, bien en-
tendu.

C'est tout bénéfice pour le public et pour
la direction.

Le soleil ayant cessé de bouder et se déci-
dant, enfin, à nous montrer le bout de son
nez, les Champs-Elysées ont terminé leur
toilette d'été.

Le Jardin de Paris a ouvert ses portes à sa
joyeuse et élégante clientèle.

Toilettes ravissantes, minois frais, gaieté,
entrain, bonne musique, tel a été le bilan
de la réouverture.

L'Alcazar d'Eté, maintenant muni d'une
toiture mobile, les Ambassadeurs, l'Horloge,
offrent à leurs fidèles habitués, les program-
mes les plus intéressants et les plus variés,
et- le public s'y rend en foule.

Enfin, le soir, tout là-bas, à la Tour Eiffel,
le petit théâtre, si goûté des Parisiens, a
rouvert ses portes.
C'est l'été!

Jules de la Verdrib.

chemin de fer de paris a lyon et a la
méditerranée.

La Compagnie recommande instamment aux
voyageurs décoller sur les bagages l'adresse de
leur destination.

Des carnets défiches gommées sont, à cet effet,
mis en vente dans la plupart des bibliothèques
des gares.

GRELOTS

Entre maris :

— C'est drôle, depuis dix ans au moins, ma
femme s'obstine à se donner vingt-neuf ans.

— Peuhlrassure-toi,ellefera comme lamienne,
qui s est décidée un jour à entrer dans la tren-
taine... mais elle ne veut plus en sortir.

Musée Grévin — Sarah Bernhardt dans Phè-
dre. — La Loïe Fuller. — Le Général Dodds de-
vant Cana. — Cronstadt. — Les coulisses de
l'Opéra. -- Cabinet fantastique.— Orchestre des
Tziganes.

Folies-Bergère.— 8 h. 1/2.— Liane de Pougy.
— La belle Otero. — Les Sisters Barrisson. —
Fleur de lotus, ballet. — Matinées dimanches et
fêtes.

Pôle Word, 18, rue de Clichy. — Toute la jour-
née, orchestre de 50 musiciens dirigé par Laporte.
Patinage sur vraie glace.

Casino de Paris, 16, rue de Clichy. — Tous
les soirs, à 8 h. 1/2. — Spectacle, conceit, bal.
Mercredis et samedi fêtes de nuit. — Les diman-
ches matinée à l francs. — Miss Conrad. — Les
Prantzer, ballet de joujoux. — Harry and Joë.—
Les Léopols.

Olympia, 26, boul. des Capucines, 8 h. 1/2.
Entrée 2 fr.— Mmes Duclerc, Wraim , Sullivan.
DaDse serpentine par Mlle Decharnay. —«Le
fiancé de cire •, ballet en un acte.— Tous les .jeu-
dis, soirée de gala. Dimanches et fêtes matinée
réservée aux familles.

JHoulin-Rouge.—Tous les soirs, à 8 h.— Spec-
tacle, Concert, Bal. — Les mardis,' mercredis,
vendredis et samedis, fête de nuit, les diman-
ches et fêtes, 2 h., matinée dansante, kermesse.

Jardin de Paris. — Tous les soirs, à 8 h. 1/2
spectacZe-concert. — Les mardis, mercredis, ven-
dredis et samedis, après le concert, FÊTE DE
NUIT-BAL.

Nouveau Cirque. — 8 h. 1/2. — « L'Agence
Bidard, excentricité comique. — Fragson. —
Mercredis, Jeudis, Dimanches et Fêtes, matinées
à 2 h. 1/2.

Cirque Fernando, 8 h. 1/2. — Tous les soirs

exercices équestres et acrobatiques. — A bride
abattue, opérette équestre par Gugusse père et
fils. — Jeudis, dimanches et fêtes, matinée à 2
heures 1/2.

Eden-Concert. — Spectacle varié tous les soirs
à 8 heures, le vendredi soirée classique de » Vieil-
les Chansons ».

Petit Casino. — a Paris s'iave », revue en deux
actes. — Mmes Duclerc, Emma Georges.— Vaunel.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen