LE GRELOT
traire — et nous ajoutons même que s'il en
eût fait autant pour la sauvegarde du défunt
et regretté Président Carnot, jamais feu Case-
rio n'eût pu l'approcher à portée de poignard.
Après "Vernet-les-Bains, Ille-sur-Tet, la nou-
velle villégiatare ministérielle, se trouve
donc en état de siège et transformée en ca-
serne mixte de douane et de gendarmerie;
car le gros Charles — malin et retors comme
Un vrai fils d'huissier... et instruit par l'ex-
périence de l'infortuné Sadi — a trouvé le
meilleur moyen d'être bien gardé : c'est
d'exclure la police du soin de veiller sur sa
précieuse personne.
Aussi, ce que les anarchistes font une
tète ! ils ne savent plus à quel stratagème se
vouer pour échapper à la vigilante inquisi-
tion des gabelous, qui les dépistent et les
déconcertent par cette question obsédante,
dont ils hypnotisent quiconque apparaît
dans la zone ministérielle : « Qu'avez-vous à
déclarer ? »
Que diable voulez-vous que les interpellés
répondent? Ils ne peuvent pourtant pas
« déclarer » qu'ils viennent exercer leur pro-
pagande par le fait au détriment dv « Petit
Caporal honoraire dos tirailleurs soudanais »?
car les sagaces préposés au sondage des
reins, des cœurs et des valises suspects,
sont doublés d'inflexibles Pandores « aux
jaunes beaudriers » prêts à leur prêter main
et bottes fortes à la moindre alerte.
Quant aux touristes, qui se risquent étour-
diment dans ces parages prohibés, sans
bagages — voire même sans vêtements —
on leur interdit prudemment l'opproche du
lazaret où l'Excellence auvergnate purge la
quarantaine de ses vacances.
Un garde du corps trop zélé n'a-t-il pas
failli, l'autre jour, faire ligotter et « passer à
tabac » le médecin occupé à lui pratiquer de
nocturnes piqûres de morphine? prenant la
« seringue de Pravaz » du bon docteur pour
quelque mignon engin anarchiste d'un mo-
dèle inédit.
Car M. Dupuy a la colique ; non pas la vul-
gaire colique des froussards, mais de prési-
dentielles coliques néphrétiques occasion-
nées par une gravelle trop longtemps trai-
tée... en quantité négligeable. Hélas 1 on a
tant jeté de pierres dans son jardin !... et il
nous a si souvent fait prendre certaines ves-
sies pour des lanternes, qu'il en supporte
maintenant les douloureuses conséquences.
C'est au point que je n'ose pas vous trans-
crire les navrants bulletins publiés sur sa
santé; c'est bien assez de la bile que ceux
de Cornélius Herz nous ont fait faire ! Pour
nous remettre, nous serions peut-être obli-
gées d'aller aux eaux de Vernet-les-Bains...
où l'on nous prendrait sûrement pour des
anarchistes!
U. Maurice Tic.
Bourdes et Mensonges
Enfin, on nous propose une réforme :
M. Argeliès, député de Seine-et-Oise, a
déposé sur le bureau de la Chambre un pro-
jet de loi qu'il défendra à la rentrée. Il s'a-
git d'obliger les huissiers à mettre leurs pa-
piers timbrés sous une enveloppe cachetée
lorsqu'ils ne rencontreront pas les person-
nes elles-mêmes qu'ils poursuivent. Le si-
gnataire du projet de loi veut ainsi empê-
cher les étrangers, c'est-à-dire les concier-
ges, les domestiques et les voisins de con-
naître le secret des gens.
Oui, mais comme les concierges ont le
droit de décacheter les lettres, la propo-
sition Argeliès sera un coup d'épée dans
l'eau, tant qu'elle né sera pas doublée de
la proposition Pétiot.
Vous verrez que nos honorables se-
ront assez intelligents pour ne pas voter
du même coup les deux.
Saumur, 27 août. — Il vient d'arriver à
l'école de Saumur une cuirasse dont un offi-
cier de cavalerie du 9e corps est l'inventeur.
Elle est en cuir durci par une préparation
spéciale qui lui donne la dureté de l'acier.
D'après ce que nous savons des expérien-
ces faites, les coups de sabre et même les
coups de lance les plus vigoureusement
donnés n'ont pas pu traverser ce cuir qui a
également résisté, à cinquante mètres, aux
balles d'un revolver ancien modèle.
A cette grande force de ré.-istance se joint
un autre avantage non moins précieux, une
grande légèreté, les plus lourdes cuirasses
Qu nouveau système ne pesant pas plus de
700 à 800 grammes.
Attendons-nous à ce que l'on invente
maintenant un nouvel acier, qui traver-
sera comme verre la nouvelle cuirasse.
Ainsi va, depuis un certain temps, ce
qu'on est convenu, par un étrange abus
de mots, d'appeler le progrès.
—KJ-
Le Figaro, qui manque de copie, perd
son temps à chercher où est M. Lépine-
Il l'a enfin découvert à Montbrison, où il
marche comme un vrai Juif-Errant.
Beaucoup de chemin pour rien. La
poursuite efficace du moindre anarchiste,
de Montauban ou d'ailleurs ferait bien
mieux notre affaire !
M. Louis Terrier écrit dans le Petit
Lyonnais :
Ce qui manque le plus souvent aux hom-
mes politiques, c'est l'éducation prépara-
toire. Les hommes que leur destin dirige
vers les assemblées sont marqués, fussent-
ils des mieux doués, d'une faiblesse diffici-
lement remédiable, s'ils n'ont été mûris par
aucune fonction, par aucun mandat électif
déjà exercé dans le pays.
On ne saura jamais ce qu'il faut de travail
à un homme intelligent et instruit pour
suppléer par l'étude à l'expérience d'un
simple conseiller général ou d'un modeste
maire de petite ville.
Inutile de vous dire que M. Louis Ter-
rier est ancien conseiller général et an-
cien maire. Ces choses-là sont bien hu-
maines, mais toujours drôles.
Extrait du Lourdes, de Zola :
« Ce furent d'abord les sourds et les muets
qui entendaient et voyaient. »
Le miracle qui consiste à faire voir des
muets est bien digne d'avoir été décou-
vert par l'auteur de la Faute de VAbM
Mouret, qui écrivit alors cette phrase
obéliscale :
« Pendant toute la durée du repas, il
mangea sans desserrer les dents, »
Cet exercice est peut-être très natura-
liste, mais il ne nous semble pas très na-
turel. Ne nous serre pas la main pour
nous remercier de cette critique cour-
toise, ô Zola : la tienne est « froide comme
celle du serpent!... »
Henry Vaudémont.
ESPRIT DE PARTOUT
Un provincial descend de l'impériale d'un
omnibus et se met à pousser des cris épou-
vantables.
— Qu'avez-vous donc? lui demande le con-
ducteur.
— Comment ce que j'ai 1 je m'écorche la
jambe, on me défonce mon chapeau en des-
cendant sur moi, et tout ça au milieu de
Paris ! c'est du propre 1
Le conducteur, avec philosophie. — Mais
dame, pour trois sous, on ne peut cependant
pas vous promener sur un canapé en vous
faisant boire des grogs !
— o—
Un Harpagon de Marseille est sur le point
de marier son fils.
— Papa, lui dit le fiancé, tu vas te payer
un chapeau neuf à l'occasion de mon ma-
riage... Permets-moi de constater que ton
unique couvre-chef a six années d'existence.
Le vieux ladre, après maintes hésitations,
se décide à faire l'emplette.
Arrivé devant la boutique du chapelier, il
ouvre la porte, et triomphant, avec le pur
accent, il s'écrie :
— Hé!... bonjour !... c'est « encore » moi !...
Un Allemand entre dans une usine à nour-
riture.
— Garçon, un « œu » !
— Bien, m'sieu I Un « œuf », un 1
Le boche s'aperçoit qu'il a fait une fausse
route et pour se rattraper :
— C'est-à-dire non, garçon... Donnez-moi
deux « œuffes » 1
— Bien, m'sieu!... Deux « œux », deux!
L'autre n*a plus rien dit... seulement il
était perplexe.
On le serait à moins...
—o —
La dernière boutade d'un de nos géné-
raux :
On parlait devant lui de la propension in-
téressée qu'ont certains journaux écarlates
à aggraver son rôle sanguinaire pendant la
Commune.
— Allons donc, fit-il doucement, en levant
les épaules... Mes fusillés!... Us sont tous
ministres !
De Verplumot à Bécouvair :
— Mon cher, la femme est un véritable
problème. Vous rencontrez deux' femmes,
vous en remarquez une, vous l'épousez.
C'est juste celle-là qui fera le malheur de
votre vie. Vous auriez choisi l'autre..., eh
bien... c'eût été exactement la même chose !
—o—
Dans un ministère :
— M. X..., s'il vous plaît?
— Au deuxième étage, au fond du corri-
dor, à gauche, le second bureau. Monsieur le
reconnaîtra facilement. C'est celui qui n'est
pas encore officier d'Académie.
X... n'est pas très brave. Quand il reçoit
un soufflet, il prétend, avec une logique im-
peccable, que la chose est par elle-même as-
sez désagréable, sans qu'il faille y ajouter
les périls d'une rencontre.
Or, l'autre jour, on tire au sort avec un
sou, pour savoir qui, dans une société, fera
une démarche quelconque.
— Que choisissez-vous? demande-t-on à
X... Pile ou face?
Et D. Mêloir, toujours mordant, de répon-
dre :
— Pile, parbleu !
Guibolkrd engraisse d'une façon désas-
treuse, ce qui le désole. Aussi toute allusion
à son obésité l'irrite-t-elle au dernier point.
L'autre soir, une dame s'approche de lui
dans un salon et s'écrie :
— Oh ! monsieur Guibollard, comme vous
prenez du ventre.
— Madame, répondit-il sèchement, pourvu
que je ne prenne pas le vôtre, que vous im-
porte I
Job.
jSADADE i^U^E
A la suite de son inspection dans les arse-
naux et établissements de la marine, M. Fé-
lix Faure a infligé des blâmes officiels à plu-
sieurs fonctionnaires de son département.
Ces blâmes seront insérés au Bulletin offi-
ciel et sur les carnets des fonctionnaires
auxquels ils sont adressés.
Ces derniers ne peuvent manquer d'en voir
leur avancement accéléré par les bureaux
de la rue Royale, qui sauront tenir compte
à ces dignes fonctionnaires des avanies que
se permet de leur infliger un simple « pé-
kin » de ministre.
Demandez plutôt à ce brave « Mathurin »
d'amiral Gervais, qui va reprendre la mer
pour aider ses vieux amis de Cronstadt à se
régaler d'un morceau de Corée à la barbe
des Anglais, pendant que les Japonais et les
Chinois se mangent le nez... ou du moins ce
qui en tient lieu sur leurs faces jaunes et ca-
mardes.
-<(o)>-
Touchant échange de bons procédés :
La Politique coloniale annonce que la sœur
de l'amiral Avellan, qui est mariée à un
haut fonctionnaire russe, est venue à Barbi-
zon, dans la forêt de Fontainebleau, pour
faire ses couches. Son .mari a déclaré qu'il
tenait à ce que son enfant naquît en France,
afin qu'il fût doublement Français, de cœur
et d'origine.
Il y avait bien encore un moyen ai ovo
pour que ce rejeton soit encore plus Fran-
çais que ça ; mais il est trop tard pour l'in-
diquer à ce haut fonctionnaire russe, qui au-
rait pu s'en enquérir auprès de notre compa-
triote, le comédien Guitry, lorsqu'il étudiait
la Grande Duchesse, à Saint-Pétersbourg.
-<«>-
Autre franc-chorus :
Un comité dont le général Rebillot a ac-
cepté la présidence vient de se former pour
offrir au csarewieh un présent à l'occasion
de son mariage.
Les petits cadeaux entretiennent l'ami-
tié.
Ce qui ferait encore plus plaisir à la csa-
rewna, sa future épouse — l'Allemande Alice
de Hesse — ce serait certainement « un ser-
vice à choucroute » acheté avec le produit
d'une souscription ouverte, par les soins de
ce eomité, e" Alsace-Lorraine.
Rien n'empêcherait d'y joindre, à l'inten-
tion particulière du grand-duc héritier —
pour reconnaître l'attention, si flatteuse pour
nous, qu'il a eue de choisir une teutonne
pour femme — un portrait en pied de Stam-
bouloff, le plus chaud partisan de la Russie
dans les Balkans, avec cette ingénieuse dé-
dicace :
« Cherchez le Bulgare? »
-<(•)>-
Chez nous, cette question démodée est
remplacée par celle-ci : « Cherchez l'assassin
du préfet Barrème? » dont la mort mysté-
rieuse — malgré qu'elle manque d'actualité
— défraye l'imagination et la « copie » de
tous nos grands confrères.
La version la plus accréditée est celle
d'un drame passionnel; la police —quelque
invraisemblable que le fait paraisse — avait
commencé, dit-on, à y mettre le nez; mais
on prétend que la justice étouffa l'affaire
sous sa magistrature assise, en feignant de
chercher midi à quatorze « Eure ».
Moi, je crois tout simplement que les
chroniqueurs qui ont entrepris la résurrec-
tion de ce fait « d'hiver » divaguent et que
ce malheureux administrateur ébroïcien fut
victime — en réalité — d'un faux mouve-
ment préfectoral... qui le précipita par la
portière de son wagon et lui brûla la cer-
velle en faisant partir inopinément un re-
volver placé dans sa poche pour sa défense
personnelle en voyage.
Il n'en résulte pas moins que, pour un
homme qui s'appelait « Barrème », voilà un
préfet qui avait joliment mal fait son
« compte » !
Guillert.
GRELOTS
On lit dans les Petites Affiches :
Un paveur sans ouvrage, mais bon père, veut
vendre sa « demoiselle » pour nourrir son fils.
Une dépêche anglaise dit que les Coréens ont
plutôt des sympathies pour les Chinois que pour
les Japonais.
Il y a aussi des condamnés à mort qui aiment
mieux être pendus que guillotinés !
Entre amis :
— Nous nous faisons vieux, mon cher ! Qu'est-
ce que tu veux ! Il faut bien se résigner, puisque
■vieillir est le seul moyen de vivre longtemps.
On parle de supprimer plusieurs bassins à
Paris.
Le fait est qu'il y en a de bien inutiles : l'abbé
Garnier, par exemple !
— 11 en est des femmes abandonnées comme
des cigares éteints ; on ne doit pas plus repren-
dre les unes que rallumer les autres.
Deux vidangeurs accusés d'anarchisme vien-
nent, après deux mois de détention, de bénéfi-
cier d'une ordonnance de non-lieu.
Triboolet.
L'Emballeur emballé, d'Edmond Benjamin
et Duranthon, créé avec succès il y a huit
jours à l'Alcazar par M. Vernet, vient d'émi-
grer à l'Horloge, et depuis hier M. Reynol
se fait vivement applaudir dans cette amu-
sante chansonnette.
ARGUS DE LA PRESSE
fondé en 1879
Pour être sur de ne pas laisser échapper un
journal qui l'aurait nommé, il était abonné à
l'Argus de la Presse, « qui lit, découpe et tra-
duit tous les journaux du monde, et en fournit
les extraits sur n'importe quel sujet. »
Hector Malot {Zyte, p. 70 et 323.)
L'Argus de la Presse fournit aux artistes, lit-
térateurs, savants, hommes politiques, tout ce
qui paraît sur leur compte dans les journaux et
revues du monde entier.
L'Argus de la Presse est le collaborateur in-
diqué de tous ceux qui préparent un ouvrage,
étudient une question, s'occupent de statistique,
etc., etc.
S'adresser aux bureaux de l'Argus, 155, rue
Montmartre, Paris. — Téléphone.
L'Argus lit 5.000 journaux par jour
DENTS
et DENTIERS inusables
LIVRÉS EN 24 HEURES, AVEC GARANTIE
GRÉMION, Chirurgien-Dentiste
41, Avenue de la République, 41, Paris
traire — et nous ajoutons même que s'il en
eût fait autant pour la sauvegarde du défunt
et regretté Président Carnot, jamais feu Case-
rio n'eût pu l'approcher à portée de poignard.
Après "Vernet-les-Bains, Ille-sur-Tet, la nou-
velle villégiatare ministérielle, se trouve
donc en état de siège et transformée en ca-
serne mixte de douane et de gendarmerie;
car le gros Charles — malin et retors comme
Un vrai fils d'huissier... et instruit par l'ex-
périence de l'infortuné Sadi — a trouvé le
meilleur moyen d'être bien gardé : c'est
d'exclure la police du soin de veiller sur sa
précieuse personne.
Aussi, ce que les anarchistes font une
tète ! ils ne savent plus à quel stratagème se
vouer pour échapper à la vigilante inquisi-
tion des gabelous, qui les dépistent et les
déconcertent par cette question obsédante,
dont ils hypnotisent quiconque apparaît
dans la zone ministérielle : « Qu'avez-vous à
déclarer ? »
Que diable voulez-vous que les interpellés
répondent? Ils ne peuvent pourtant pas
« déclarer » qu'ils viennent exercer leur pro-
pagande par le fait au détriment dv « Petit
Caporal honoraire dos tirailleurs soudanais »?
car les sagaces préposés au sondage des
reins, des cœurs et des valises suspects,
sont doublés d'inflexibles Pandores « aux
jaunes beaudriers » prêts à leur prêter main
et bottes fortes à la moindre alerte.
Quant aux touristes, qui se risquent étour-
diment dans ces parages prohibés, sans
bagages — voire même sans vêtements —
on leur interdit prudemment l'opproche du
lazaret où l'Excellence auvergnate purge la
quarantaine de ses vacances.
Un garde du corps trop zélé n'a-t-il pas
failli, l'autre jour, faire ligotter et « passer à
tabac » le médecin occupé à lui pratiquer de
nocturnes piqûres de morphine? prenant la
« seringue de Pravaz » du bon docteur pour
quelque mignon engin anarchiste d'un mo-
dèle inédit.
Car M. Dupuy a la colique ; non pas la vul-
gaire colique des froussards, mais de prési-
dentielles coliques néphrétiques occasion-
nées par une gravelle trop longtemps trai-
tée... en quantité négligeable. Hélas 1 on a
tant jeté de pierres dans son jardin !... et il
nous a si souvent fait prendre certaines ves-
sies pour des lanternes, qu'il en supporte
maintenant les douloureuses conséquences.
C'est au point que je n'ose pas vous trans-
crire les navrants bulletins publiés sur sa
santé; c'est bien assez de la bile que ceux
de Cornélius Herz nous ont fait faire ! Pour
nous remettre, nous serions peut-être obli-
gées d'aller aux eaux de Vernet-les-Bains...
où l'on nous prendrait sûrement pour des
anarchistes!
U. Maurice Tic.
Bourdes et Mensonges
Enfin, on nous propose une réforme :
M. Argeliès, député de Seine-et-Oise, a
déposé sur le bureau de la Chambre un pro-
jet de loi qu'il défendra à la rentrée. Il s'a-
git d'obliger les huissiers à mettre leurs pa-
piers timbrés sous une enveloppe cachetée
lorsqu'ils ne rencontreront pas les person-
nes elles-mêmes qu'ils poursuivent. Le si-
gnataire du projet de loi veut ainsi empê-
cher les étrangers, c'est-à-dire les concier-
ges, les domestiques et les voisins de con-
naître le secret des gens.
Oui, mais comme les concierges ont le
droit de décacheter les lettres, la propo-
sition Argeliès sera un coup d'épée dans
l'eau, tant qu'elle né sera pas doublée de
la proposition Pétiot.
Vous verrez que nos honorables se-
ront assez intelligents pour ne pas voter
du même coup les deux.
Saumur, 27 août. — Il vient d'arriver à
l'école de Saumur une cuirasse dont un offi-
cier de cavalerie du 9e corps est l'inventeur.
Elle est en cuir durci par une préparation
spéciale qui lui donne la dureté de l'acier.
D'après ce que nous savons des expérien-
ces faites, les coups de sabre et même les
coups de lance les plus vigoureusement
donnés n'ont pas pu traverser ce cuir qui a
également résisté, à cinquante mètres, aux
balles d'un revolver ancien modèle.
A cette grande force de ré.-istance se joint
un autre avantage non moins précieux, une
grande légèreté, les plus lourdes cuirasses
Qu nouveau système ne pesant pas plus de
700 à 800 grammes.
Attendons-nous à ce que l'on invente
maintenant un nouvel acier, qui traver-
sera comme verre la nouvelle cuirasse.
Ainsi va, depuis un certain temps, ce
qu'on est convenu, par un étrange abus
de mots, d'appeler le progrès.
—KJ-
Le Figaro, qui manque de copie, perd
son temps à chercher où est M. Lépine-
Il l'a enfin découvert à Montbrison, où il
marche comme un vrai Juif-Errant.
Beaucoup de chemin pour rien. La
poursuite efficace du moindre anarchiste,
de Montauban ou d'ailleurs ferait bien
mieux notre affaire !
M. Louis Terrier écrit dans le Petit
Lyonnais :
Ce qui manque le plus souvent aux hom-
mes politiques, c'est l'éducation prépara-
toire. Les hommes que leur destin dirige
vers les assemblées sont marqués, fussent-
ils des mieux doués, d'une faiblesse diffici-
lement remédiable, s'ils n'ont été mûris par
aucune fonction, par aucun mandat électif
déjà exercé dans le pays.
On ne saura jamais ce qu'il faut de travail
à un homme intelligent et instruit pour
suppléer par l'étude à l'expérience d'un
simple conseiller général ou d'un modeste
maire de petite ville.
Inutile de vous dire que M. Louis Ter-
rier est ancien conseiller général et an-
cien maire. Ces choses-là sont bien hu-
maines, mais toujours drôles.
Extrait du Lourdes, de Zola :
« Ce furent d'abord les sourds et les muets
qui entendaient et voyaient. »
Le miracle qui consiste à faire voir des
muets est bien digne d'avoir été décou-
vert par l'auteur de la Faute de VAbM
Mouret, qui écrivit alors cette phrase
obéliscale :
« Pendant toute la durée du repas, il
mangea sans desserrer les dents, »
Cet exercice est peut-être très natura-
liste, mais il ne nous semble pas très na-
turel. Ne nous serre pas la main pour
nous remercier de cette critique cour-
toise, ô Zola : la tienne est « froide comme
celle du serpent!... »
Henry Vaudémont.
ESPRIT DE PARTOUT
Un provincial descend de l'impériale d'un
omnibus et se met à pousser des cris épou-
vantables.
— Qu'avez-vous donc? lui demande le con-
ducteur.
— Comment ce que j'ai 1 je m'écorche la
jambe, on me défonce mon chapeau en des-
cendant sur moi, et tout ça au milieu de
Paris ! c'est du propre 1
Le conducteur, avec philosophie. — Mais
dame, pour trois sous, on ne peut cependant
pas vous promener sur un canapé en vous
faisant boire des grogs !
— o—
Un Harpagon de Marseille est sur le point
de marier son fils.
— Papa, lui dit le fiancé, tu vas te payer
un chapeau neuf à l'occasion de mon ma-
riage... Permets-moi de constater que ton
unique couvre-chef a six années d'existence.
Le vieux ladre, après maintes hésitations,
se décide à faire l'emplette.
Arrivé devant la boutique du chapelier, il
ouvre la porte, et triomphant, avec le pur
accent, il s'écrie :
— Hé!... bonjour !... c'est « encore » moi !...
Un Allemand entre dans une usine à nour-
riture.
— Garçon, un « œu » !
— Bien, m'sieu I Un « œuf », un 1
Le boche s'aperçoit qu'il a fait une fausse
route et pour se rattraper :
— C'est-à-dire non, garçon... Donnez-moi
deux « œuffes » 1
— Bien, m'sieu!... Deux « œux », deux!
L'autre n*a plus rien dit... seulement il
était perplexe.
On le serait à moins...
—o —
La dernière boutade d'un de nos géné-
raux :
On parlait devant lui de la propension in-
téressée qu'ont certains journaux écarlates
à aggraver son rôle sanguinaire pendant la
Commune.
— Allons donc, fit-il doucement, en levant
les épaules... Mes fusillés!... Us sont tous
ministres !
De Verplumot à Bécouvair :
— Mon cher, la femme est un véritable
problème. Vous rencontrez deux' femmes,
vous en remarquez une, vous l'épousez.
C'est juste celle-là qui fera le malheur de
votre vie. Vous auriez choisi l'autre..., eh
bien... c'eût été exactement la même chose !
—o—
Dans un ministère :
— M. X..., s'il vous plaît?
— Au deuxième étage, au fond du corri-
dor, à gauche, le second bureau. Monsieur le
reconnaîtra facilement. C'est celui qui n'est
pas encore officier d'Académie.
X... n'est pas très brave. Quand il reçoit
un soufflet, il prétend, avec une logique im-
peccable, que la chose est par elle-même as-
sez désagréable, sans qu'il faille y ajouter
les périls d'une rencontre.
Or, l'autre jour, on tire au sort avec un
sou, pour savoir qui, dans une société, fera
une démarche quelconque.
— Que choisissez-vous? demande-t-on à
X... Pile ou face?
Et D. Mêloir, toujours mordant, de répon-
dre :
— Pile, parbleu !
Guibolkrd engraisse d'une façon désas-
treuse, ce qui le désole. Aussi toute allusion
à son obésité l'irrite-t-elle au dernier point.
L'autre soir, une dame s'approche de lui
dans un salon et s'écrie :
— Oh ! monsieur Guibollard, comme vous
prenez du ventre.
— Madame, répondit-il sèchement, pourvu
que je ne prenne pas le vôtre, que vous im-
porte I
Job.
jSADADE i^U^E
A la suite de son inspection dans les arse-
naux et établissements de la marine, M. Fé-
lix Faure a infligé des blâmes officiels à plu-
sieurs fonctionnaires de son département.
Ces blâmes seront insérés au Bulletin offi-
ciel et sur les carnets des fonctionnaires
auxquels ils sont adressés.
Ces derniers ne peuvent manquer d'en voir
leur avancement accéléré par les bureaux
de la rue Royale, qui sauront tenir compte
à ces dignes fonctionnaires des avanies que
se permet de leur infliger un simple « pé-
kin » de ministre.
Demandez plutôt à ce brave « Mathurin »
d'amiral Gervais, qui va reprendre la mer
pour aider ses vieux amis de Cronstadt à se
régaler d'un morceau de Corée à la barbe
des Anglais, pendant que les Japonais et les
Chinois se mangent le nez... ou du moins ce
qui en tient lieu sur leurs faces jaunes et ca-
mardes.
-<(o)>-
Touchant échange de bons procédés :
La Politique coloniale annonce que la sœur
de l'amiral Avellan, qui est mariée à un
haut fonctionnaire russe, est venue à Barbi-
zon, dans la forêt de Fontainebleau, pour
faire ses couches. Son .mari a déclaré qu'il
tenait à ce que son enfant naquît en France,
afin qu'il fût doublement Français, de cœur
et d'origine.
Il y avait bien encore un moyen ai ovo
pour que ce rejeton soit encore plus Fran-
çais que ça ; mais il est trop tard pour l'in-
diquer à ce haut fonctionnaire russe, qui au-
rait pu s'en enquérir auprès de notre compa-
triote, le comédien Guitry, lorsqu'il étudiait
la Grande Duchesse, à Saint-Pétersbourg.
-<«>-
Autre franc-chorus :
Un comité dont le général Rebillot a ac-
cepté la présidence vient de se former pour
offrir au csarewieh un présent à l'occasion
de son mariage.
Les petits cadeaux entretiennent l'ami-
tié.
Ce qui ferait encore plus plaisir à la csa-
rewna, sa future épouse — l'Allemande Alice
de Hesse — ce serait certainement « un ser-
vice à choucroute » acheté avec le produit
d'une souscription ouverte, par les soins de
ce eomité, e" Alsace-Lorraine.
Rien n'empêcherait d'y joindre, à l'inten-
tion particulière du grand-duc héritier —
pour reconnaître l'attention, si flatteuse pour
nous, qu'il a eue de choisir une teutonne
pour femme — un portrait en pied de Stam-
bouloff, le plus chaud partisan de la Russie
dans les Balkans, avec cette ingénieuse dé-
dicace :
« Cherchez le Bulgare? »
-<(•)>-
Chez nous, cette question démodée est
remplacée par celle-ci : « Cherchez l'assassin
du préfet Barrème? » dont la mort mysté-
rieuse — malgré qu'elle manque d'actualité
— défraye l'imagination et la « copie » de
tous nos grands confrères.
La version la plus accréditée est celle
d'un drame passionnel; la police —quelque
invraisemblable que le fait paraisse — avait
commencé, dit-on, à y mettre le nez; mais
on prétend que la justice étouffa l'affaire
sous sa magistrature assise, en feignant de
chercher midi à quatorze « Eure ».
Moi, je crois tout simplement que les
chroniqueurs qui ont entrepris la résurrec-
tion de ce fait « d'hiver » divaguent et que
ce malheureux administrateur ébroïcien fut
victime — en réalité — d'un faux mouve-
ment préfectoral... qui le précipita par la
portière de son wagon et lui brûla la cer-
velle en faisant partir inopinément un re-
volver placé dans sa poche pour sa défense
personnelle en voyage.
Il n'en résulte pas moins que, pour un
homme qui s'appelait « Barrème », voilà un
préfet qui avait joliment mal fait son
« compte » !
Guillert.
GRELOTS
On lit dans les Petites Affiches :
Un paveur sans ouvrage, mais bon père, veut
vendre sa « demoiselle » pour nourrir son fils.
Une dépêche anglaise dit que les Coréens ont
plutôt des sympathies pour les Chinois que pour
les Japonais.
Il y a aussi des condamnés à mort qui aiment
mieux être pendus que guillotinés !
Entre amis :
— Nous nous faisons vieux, mon cher ! Qu'est-
ce que tu veux ! Il faut bien se résigner, puisque
■vieillir est le seul moyen de vivre longtemps.
On parle de supprimer plusieurs bassins à
Paris.
Le fait est qu'il y en a de bien inutiles : l'abbé
Garnier, par exemple !
— 11 en est des femmes abandonnées comme
des cigares éteints ; on ne doit pas plus repren-
dre les unes que rallumer les autres.
Deux vidangeurs accusés d'anarchisme vien-
nent, après deux mois de détention, de bénéfi-
cier d'une ordonnance de non-lieu.
Triboolet.
L'Emballeur emballé, d'Edmond Benjamin
et Duranthon, créé avec succès il y a huit
jours à l'Alcazar par M. Vernet, vient d'émi-
grer à l'Horloge, et depuis hier M. Reynol
se fait vivement applaudir dans cette amu-
sante chansonnette.
ARGUS DE LA PRESSE
fondé en 1879
Pour être sur de ne pas laisser échapper un
journal qui l'aurait nommé, il était abonné à
l'Argus de la Presse, « qui lit, découpe et tra-
duit tous les journaux du monde, et en fournit
les extraits sur n'importe quel sujet. »
Hector Malot {Zyte, p. 70 et 323.)
L'Argus de la Presse fournit aux artistes, lit-
térateurs, savants, hommes politiques, tout ce
qui paraît sur leur compte dans les journaux et
revues du monde entier.
L'Argus de la Presse est le collaborateur in-
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étudient une question, s'occupent de statistique,
etc., etc.
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