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fëhronique buissonnière
Impressions de voyage
Le voyage présidentiel, dans la région du
Sud-Est, s'est accompli, cahin-caha, avec
toute la monotonie officielle désirable.
De nombreux cris de : « Vive Félix
Faure ! » — prêts à se changer en « Vive
Chose 1 » ou « Vive Machin ! » comme ils
éclataient précédemment en « Vive Carnot I »
— ont été consciencieusement poussés par
nos bons provinciaux, électrisés surtout par
les pelotons de cuirassiers qui accompa-
gnaient le cortège, et par les honneurs mi-
litaires déployant leurs pompes martiales
sur le passage du chef de l'Etat.
Quelques clameurs de « Vive Bourgeois ! »
ou de « Vive le Sénat ! » ont également été
entendues, selon des témoignages auricu-
laires dignes de foi, mais qui ne concor-
dent pas entre eux ; les uns n'ayant d'ouïs
que pour les acclamations favorables au
ministère et les autres ne percevant dis-
tinctement que les maigres vivats exaltant
nos pères conscrits.
Toutefois, nous devons constater avec un
regret partagé par M. le ministre du com-
merce, de l'industrie et des postes-télégra-
phes et téléphones qu'aucun cri de « Vive
Mesureur! » n'a été répercuté par les échos
du Rhône, de ses Bouches, ni des Alpes-
Maritimes et du Var, malgré la prestigieuse
apparition, aux côtés du président, de l'émi-
nent homme d'Etat, qu'on accusait si mé-
chamment d'avoir souscrit — à lui tout
seul — l'intégralité du dernier emprunt de
la ville de Paris... qui ne saurait lui en
avoir trop d'obligations.
-o-o-
Les Lyonnais, gens magnanimes, ont
laissé partir M. Félix Faure sain et sauf
— l'exécrable Casério n'ayant pas eu le
temps de faire souche, ni école, dans la
seconde ville de France — et l'on y a eu
l'attention délicate de réserver le landau,
fatal à l'infortuné Sadi, au personnage le
plus « marquant » de l'entourage présiden-
tiel : Son Excellence M. Mesureur, déjà
nommé — après en avoir refusé « un mil-
lion » offert par un Anglais (de ce landau
historique, et non pas de M. Mesureur).
Néanmoins, M. Félix Faure l'a échappée
belle — à quarante-huit heures près, dans
cette cité tragique — car un arc de triom-
phe monumental, érigé à l'entrée de la rue
de la République, et sous lequel il était
passé l'avant-veille, s'est écroulé avec fra-
cas le surlendemain, sans faire heureuse-
ment aucune victime. On n'en frémit pas
moins — rétrospectivement — en songeant
que le président pouvait se trouver écrasé
sous la chute de ce portique ; ce qui l'eût
privé du plaisir de se voir présenter par
M. Fleury-Ravarin (aux pommes) les tan-
neurs — ex-confrères de M. Faure — les
plus notables du quartier de Vaise ; ce qui
a causé aux uns et aux autres un petit
frisson de satisfaction « entre cuir et
peau ».
Mais ce qui a le plus vivement impres-
sionné les populations, c'est le courage —
ou p'utôt la témérité — vraiment formi-
dable, dont a fait preuve le chef de l'Etat en
s'embarquant sur ce cuirassé de l'escadre de
l'amiral Gervais, lequel s'est montré à la
hauteur de sa réputation, consacrée par l'é-
chouoment de la Badine, si nous nous en
référons à ce télégramme de Toulon :
« Un accident s'est produit cette nuit au
moment où l'escadre appareillait. Le contre-
torpilleur Alberville a heurté la Couronne,
l'école des canonniers ; sur le moment, on
n'a constaté aucune avarie sérieuse ; le Al-
berville a donc accompagné le Formidable;
mais, dans la nuit, une voie d'eau s'est dé-
clarée et le bâtiment a dû rallier Toulon, re-
morqué par le croiseur Davout. »
On fait ce qu'on peut; car on-n'a pas tous
les jours l'occasion d'envaser une flotte
entière.
-:)-(:-
A Cannes, le président s'est entretenu
quelques instants avec le vieux Gladstone,
mais ils n'ont pu se comprendre à cause de
la surdité du nonagénaire anglais, qui ré-
pondait « libre échange » à M. Félix Faure,
lorsque celui-ci l'interrogeait sur « l'évacua-
tion de l'Egypte. »
Cependant, l'hôte de l'Elysée a gagné — à
cette conversation — d'apprendre que M.
Léon Say « est un roc » et que ce roc « est le
seul homme que nous ayons » (depuis le
décès, sans doute, du prédécesseur de M.
Deibler, qui était un autre Rock).
Les présidents, comme on voit, s'instrui-
sent en voyageant; et si M. Félix Faure, en
rentrant à Paris, ne fait appeler dare-dare
M. Léon Say, en remplacement de M. Bour-
geois — qui ne plaît pas plus au Sénat qu'à
M. Gladstone — c'est qu'il est incapable
d'apprécier que les « nécessités » de l'heure
présente exigent un « cabinet à l'anglaise ».
-:)-(:-
Enfin, à Nice, l'enthousiasme populaire
tenait du délire — et cela se conçoit de reste
— car ces braves Niçois ne pouvaient s'em-
pêcher de soDger que leur réunion à la
France les a sauvés « d'écoper » dans les
grandes largeurs, à Adoua, avec leur ex-
patrie, plongée par le sinistre Crispi dans
l'irrémédiable « purée b abyssine !
Ci-glt l'Italie ! ah 1 qu'elle est bien ! —
comme dit une ancienne épitaphe — pour
son repos et pour le nôtre !..
U. Maurice Tic.
Voilà le moment Je nous montrer!...
Depuis plusieurs jours j'étudie avec curiosité
— et avec agacement aussi — l'opinion des jour-
naux français sur les événements qui viennent
de se dérouler en Erythrée. Bien que je sois,
depuis longtemps, édifié sur l'incommensura-
b\e-gobe-moucherie de mes concitoyens, je ne
croyais pas que nous en arriverions à plaindre
les Italiens ; cela me paraît dépasser les limites
de l'invraisemblable.
Non que je trouve qu'il y ait matière à se ré-
jouir de leurs malheurs — cela ne serait pas
charitable — mais parce que je ne saurais ou-
blier l'ingratitude bête dont ils ont tait preuve
à notre égard. Je n'ai pas digéré leur entrée
monstrueuse dans la Triplice cette machine de
guerre uniquement dirigée contre nous, qui
avons fait l'Italie. J'ai encore moins digéré les
rodomontades ridicules de ce pantin de Crispi.
Pauvre garçon ! C'est tout au plus s'il n'a pas
fallu que ses alliés l'empêchassent de se jeter,
les armes à la main, sur Nice et la Savoie. Ah !
Nous l'avons échappé belle! Il est bon de s'em-
baller — cela nous est arrivé parfois aussi,
hélas I — mais pas à ce point-là.
Et, s'il vous plaît, quels avantages ont retiré
les Italiens de cette alliance ? Je n'en vois pas
d'autres que d'avoir augmenté leur dette de dix
milliards Vous supposez bien que les Alle-
mands et les Autrichiens savaient parfaitement
à quoi s'en tenir sur la valeur de l'armée ita-
lienne. En cas de guerre, elle ne pouvait servir
qu'à immobiliser 3 ou 400.000 Français, pas
pour bien longtemps, car je nous fais l'honneur
de croire que nous valons au moins les Choans.
Aussi, je l'avoue, je suis quelque peu dépité
de voir que la presse française, en général, non
seulement les plaint, mais encore s'efforce de
les réconforter. Je le répète : c'est trop ! Est-ce
que nous ne nous déferons jamais de ces accès
de sentimentalité bèbète ? Quoi ? Ces gens-là
ont oublié que c'est nous qui les avons faits ce
qu'ils sont; ils se sont alliés,sans aucune néces-
sité, avec nos pires ennemis ; ils ne nous ont
ménagé, depuis quinze ans, ni les insultes ni
les provocations, et on nous demande de nous
apitoyer sur leur malheureux sort. Ah, mais
non, par exemple ! Qu'ils fassent comme nous :
qu'ils se débrouillent tout seuls !
D'ailleurs, je ne vois pas qu'il y ait dans l'atti-
tude du peuple italien rien qui soit de nature
à commander l'admiration. Leur armée a subi
un désastre tellement effroyable que, de l'aveu
de tous, leur honneur militaire est gravement
compromis. Vous croyez peut-être que leur pre-
mière pensée a été pour la continuation de la
guerre, qu'ils veulent laver l'affront qu'ils ont
reçu, qu'ils entendent regagner, le sabre au
poing, les drapeaux et les canons qu'ils ont
perdus ? Ah bien, ouiche 1 Ils ne veulent pas en-
tendre parler de l'Erythrée.Ils ont de l'Afrique
assez ! C'est à qui ne partira pas pour cette
terre inhospitalière et les tourlourous déser-
tent avec un ensemble touchant.
Voilà le moment de nous montrer!...
Vous imaginez bien que leurs déboires, en
ce qui m'est personnel, me préoccupent médio-
crement ; je proteste contre le courant de sym-
pathies qu'on essaie d'établir en leur faveur,
parce qu'il me paraît choquer à la fois l'histoire
et le bon sens. Comme toutes choses, l'ingrati-
tude n'a qu'un temps et se paie parfois un peu
cher — et c'est justice 1
Quant à cette idée, que certains journaux
mettent en avant, < que l'Italie doit revenir à
l'alliance française », je n'ai pas besoin de dire
que je la repousse avec enthousiasme. En voilà
une occasion ! L'Italie épuisée, ruinée, vannée
pour cinquante ans! L'Italie, dont les Allemands
et les Autrichiens ne peuvent plus rien faire et
dont ils ne sont pas fâchés de se débarrasser !
L'Italie, qui nous offrirait, avec son amitié
éprouvée, la préférence pour ses emprunts fu-
turs 1
Nous sommes bonnes tètes, c'est convenu ;
mais, tout de même, pas jusque-là. Je l'espère,
du moins !
P. Darin.
ANECDOTES ET BONS MOTS
Le propriétaire d'une maison superbe, rue
de Rivoli, habite le sixième étage de son im-
meuble. Un ami vient lui faire une viste :
— Gomment diable, mon cher, habitez-
vous si haut à votre âge 1
Le propriéraire avec bonhommie :
— C'est que, plus bas, mes loyers sont si
chers !
—:o:o: —
Un notaire de Châlons-sur-Marne, sollicité
par un célèbre docteur de lui donner un cer-
tificat constatant que sa femme a été guérie
par lui d'un cancer, lui a adressé la lettre
suivante :
« Cher Monsieur X...,
€ Ma femme était atteinte d'un cancer au
sein gauche; j'affirme qu'en moins de cinq
semaines, vous le lui avez fait passer...
« ... au sein droit.»
En apprenant un accident où pluieurs per-
sonnes de sa connaissance ont péri, M. de
Calinaux reste insensible.
— Moi, dit-iî négligemment, la mort des
autres me laisse froid...
Puis, voulant sans doute corriger ci que
cette déclaration a de trop férocement égoïste,
il ajoute :
— D'ailleurs, je crois bien que ma mort
même me laissera froid...
—:o:o:—
On enterrait avant-hier, à Bagneux, la
femme d'un serrurier estimable, mais forte-
ment enclin à la pochardise, ce qui avait
amené fort souvent des scènes terribles dans
son ménage.
Notre homme, cependant, paraissait tou-
ché. . ,
A un moment même, un semblant de larme
lui vint à l'œil.
Ce que constatant, un ami qui raccompa-
gnait :
— Voyons, mon vieux, voyons... Ne va pas
te révolutionner comme cela !...Vous ne vous
entendiez déjà pas si bien ! On assure même
que tu la battais.
Le pochard alor3, d'une voix brisée par
l'émotion :
— Justement. Maintenant que mev'là seul
à la maison, j'aurai plus personne sur qui
cogner.
Aquel.
Vive Ménélick!.
Les Italiens viennent enfin de recevoir, à
Adoua — de main de Négus — une tripotée
tellement magistrale, que les plus fougueux
irrédentistes mêmes n'ont pu retenir ce cri
d'enthousiasme et d'admiration à l'égard du
roi des ras d'Ethiopie :
« A Rome, M. Barzilaï, député, et plusieurs
autres orateurs ont prononcé des discours
d'une extrême violence, qui ont été accueillis
par les cris de : « Vive Ménélichl A bas Crispi!
Vive le socialisme et la révolution sociale ! »
et dans les grandes villes de la péninsule des
portraits de M. Crispi et plusieurs journaux
officieux sont brûlés. De nombreux cris :
« A bas le gouvernement ! A bas les assas-
sins! » sont poussés.»
Une partie de ces vœux patriotiques est
déjà réalisée : Crispi est à bas et la révolu-
tion sociale est à la veille de chambarder le
trône percé d'Umberto ultimo.
Le reste viendra tout naturellement par
surcroît ; car après s'être fait couronner em-
pereur à Axoum, Ménélick-le-Grand ne sau-
rait tarder à être proclamé Re d'Italia par les
macaronis, qui s'opposent déjà de toutes
leurs forces à ce qu'on envoie de nouvelles
troupes pour le combattre et secourir leurs
propres soldats en Erythrée :
« A Milan, à Naples, à Pavie,la population
excitée a empêché le départ des soldats pour
l'Afrique. Les manifestants, avec les femmes
et les enfants, ont obligé les soldats à des-
cendre des wagons. Us ont enlevé les rails et
sont allés ensuite à la préfecture demander
pour les soldats la promesse de ne pas
partir.
« A Trioro, on avait tiré au sort dans le
bataillon d'alpins qui est en garnison dans
ce pays les soldats qui devaient partir pour
l'Afrique; mais, au moment du départ,vingt-
deux manquaient à l'appel. On apprit, le
soir, qu'ils avaient passé la frontière.»
De là à acclamer le souverain abyssin
comme succeseur du fils dégénéré et bientôt
déchu de Victor-Emmanuel, il n'y a qu'un
pas;et le machiavélisme italien va le franchir
aussi lestement que les généraux et les débris
de leur armée en déroute... les 105 kilomè-
tres nécessaires pour sauver leur précieuse
peau du champ de bataille.
Du coup, la guerre d'Afrique est terminée,
les victoires de Ménélick sont naturalisées
romaines et Scipion-Baratieri — qui les a
assurées par ses habiles manœuvres — de-
vient l'héroïque compagnon d'armes de Ma-
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Adresser lettres et mandats à M. J. MADRE,
5, cité Bergère, Farisj
fëhronique buissonnière
Impressions de voyage
Le voyage présidentiel, dans la région du
Sud-Est, s'est accompli, cahin-caha, avec
toute la monotonie officielle désirable.
De nombreux cris de : « Vive Félix
Faure ! » — prêts à se changer en « Vive
Chose 1 » ou « Vive Machin ! » comme ils
éclataient précédemment en « Vive Carnot I »
— ont été consciencieusement poussés par
nos bons provinciaux, électrisés surtout par
les pelotons de cuirassiers qui accompa-
gnaient le cortège, et par les honneurs mi-
litaires déployant leurs pompes martiales
sur le passage du chef de l'Etat.
Quelques clameurs de « Vive Bourgeois ! »
ou de « Vive le Sénat ! » ont également été
entendues, selon des témoignages auricu-
laires dignes de foi, mais qui ne concor-
dent pas entre eux ; les uns n'ayant d'ouïs
que pour les acclamations favorables au
ministère et les autres ne percevant dis-
tinctement que les maigres vivats exaltant
nos pères conscrits.
Toutefois, nous devons constater avec un
regret partagé par M. le ministre du com-
merce, de l'industrie et des postes-télégra-
phes et téléphones qu'aucun cri de « Vive
Mesureur! » n'a été répercuté par les échos
du Rhône, de ses Bouches, ni des Alpes-
Maritimes et du Var, malgré la prestigieuse
apparition, aux côtés du président, de l'émi-
nent homme d'Etat, qu'on accusait si mé-
chamment d'avoir souscrit — à lui tout
seul — l'intégralité du dernier emprunt de
la ville de Paris... qui ne saurait lui en
avoir trop d'obligations.
-o-o-
Les Lyonnais, gens magnanimes, ont
laissé partir M. Félix Faure sain et sauf
— l'exécrable Casério n'ayant pas eu le
temps de faire souche, ni école, dans la
seconde ville de France — et l'on y a eu
l'attention délicate de réserver le landau,
fatal à l'infortuné Sadi, au personnage le
plus « marquant » de l'entourage présiden-
tiel : Son Excellence M. Mesureur, déjà
nommé — après en avoir refusé « un mil-
lion » offert par un Anglais (de ce landau
historique, et non pas de M. Mesureur).
Néanmoins, M. Félix Faure l'a échappée
belle — à quarante-huit heures près, dans
cette cité tragique — car un arc de triom-
phe monumental, érigé à l'entrée de la rue
de la République, et sous lequel il était
passé l'avant-veille, s'est écroulé avec fra-
cas le surlendemain, sans faire heureuse-
ment aucune victime. On n'en frémit pas
moins — rétrospectivement — en songeant
que le président pouvait se trouver écrasé
sous la chute de ce portique ; ce qui l'eût
privé du plaisir de se voir présenter par
M. Fleury-Ravarin (aux pommes) les tan-
neurs — ex-confrères de M. Faure — les
plus notables du quartier de Vaise ; ce qui
a causé aux uns et aux autres un petit
frisson de satisfaction « entre cuir et
peau ».
Mais ce qui a le plus vivement impres-
sionné les populations, c'est le courage —
ou p'utôt la témérité — vraiment formi-
dable, dont a fait preuve le chef de l'Etat en
s'embarquant sur ce cuirassé de l'escadre de
l'amiral Gervais, lequel s'est montré à la
hauteur de sa réputation, consacrée par l'é-
chouoment de la Badine, si nous nous en
référons à ce télégramme de Toulon :
« Un accident s'est produit cette nuit au
moment où l'escadre appareillait. Le contre-
torpilleur Alberville a heurté la Couronne,
l'école des canonniers ; sur le moment, on
n'a constaté aucune avarie sérieuse ; le Al-
berville a donc accompagné le Formidable;
mais, dans la nuit, une voie d'eau s'est dé-
clarée et le bâtiment a dû rallier Toulon, re-
morqué par le croiseur Davout. »
On fait ce qu'on peut; car on-n'a pas tous
les jours l'occasion d'envaser une flotte
entière.
-:)-(:-
A Cannes, le président s'est entretenu
quelques instants avec le vieux Gladstone,
mais ils n'ont pu se comprendre à cause de
la surdité du nonagénaire anglais, qui ré-
pondait « libre échange » à M. Félix Faure,
lorsque celui-ci l'interrogeait sur « l'évacua-
tion de l'Egypte. »
Cependant, l'hôte de l'Elysée a gagné — à
cette conversation — d'apprendre que M.
Léon Say « est un roc » et que ce roc « est le
seul homme que nous ayons » (depuis le
décès, sans doute, du prédécesseur de M.
Deibler, qui était un autre Rock).
Les présidents, comme on voit, s'instrui-
sent en voyageant; et si M. Félix Faure, en
rentrant à Paris, ne fait appeler dare-dare
M. Léon Say, en remplacement de M. Bour-
geois — qui ne plaît pas plus au Sénat qu'à
M. Gladstone — c'est qu'il est incapable
d'apprécier que les « nécessités » de l'heure
présente exigent un « cabinet à l'anglaise ».
-:)-(:-
Enfin, à Nice, l'enthousiasme populaire
tenait du délire — et cela se conçoit de reste
— car ces braves Niçois ne pouvaient s'em-
pêcher de soDger que leur réunion à la
France les a sauvés « d'écoper » dans les
grandes largeurs, à Adoua, avec leur ex-
patrie, plongée par le sinistre Crispi dans
l'irrémédiable « purée b abyssine !
Ci-glt l'Italie ! ah 1 qu'elle est bien ! —
comme dit une ancienne épitaphe — pour
son repos et pour le nôtre !..
U. Maurice Tic.
Voilà le moment Je nous montrer!...
Depuis plusieurs jours j'étudie avec curiosité
— et avec agacement aussi — l'opinion des jour-
naux français sur les événements qui viennent
de se dérouler en Erythrée. Bien que je sois,
depuis longtemps, édifié sur l'incommensura-
b\e-gobe-moucherie de mes concitoyens, je ne
croyais pas que nous en arriverions à plaindre
les Italiens ; cela me paraît dépasser les limites
de l'invraisemblable.
Non que je trouve qu'il y ait matière à se ré-
jouir de leurs malheurs — cela ne serait pas
charitable — mais parce que je ne saurais ou-
blier l'ingratitude bête dont ils ont tait preuve
à notre égard. Je n'ai pas digéré leur entrée
monstrueuse dans la Triplice cette machine de
guerre uniquement dirigée contre nous, qui
avons fait l'Italie. J'ai encore moins digéré les
rodomontades ridicules de ce pantin de Crispi.
Pauvre garçon ! C'est tout au plus s'il n'a pas
fallu que ses alliés l'empêchassent de se jeter,
les armes à la main, sur Nice et la Savoie. Ah !
Nous l'avons échappé belle! Il est bon de s'em-
baller — cela nous est arrivé parfois aussi,
hélas I — mais pas à ce point-là.
Et, s'il vous plaît, quels avantages ont retiré
les Italiens de cette alliance ? Je n'en vois pas
d'autres que d'avoir augmenté leur dette de dix
milliards Vous supposez bien que les Alle-
mands et les Autrichiens savaient parfaitement
à quoi s'en tenir sur la valeur de l'armée ita-
lienne. En cas de guerre, elle ne pouvait servir
qu'à immobiliser 3 ou 400.000 Français, pas
pour bien longtemps, car je nous fais l'honneur
de croire que nous valons au moins les Choans.
Aussi, je l'avoue, je suis quelque peu dépité
de voir que la presse française, en général, non
seulement les plaint, mais encore s'efforce de
les réconforter. Je le répète : c'est trop ! Est-ce
que nous ne nous déferons jamais de ces accès
de sentimentalité bèbète ? Quoi ? Ces gens-là
ont oublié que c'est nous qui les avons faits ce
qu'ils sont; ils se sont alliés,sans aucune néces-
sité, avec nos pires ennemis ; ils ne nous ont
ménagé, depuis quinze ans, ni les insultes ni
les provocations, et on nous demande de nous
apitoyer sur leur malheureux sort. Ah, mais
non, par exemple ! Qu'ils fassent comme nous :
qu'ils se débrouillent tout seuls !
D'ailleurs, je ne vois pas qu'il y ait dans l'atti-
tude du peuple italien rien qui soit de nature
à commander l'admiration. Leur armée a subi
un désastre tellement effroyable que, de l'aveu
de tous, leur honneur militaire est gravement
compromis. Vous croyez peut-être que leur pre-
mière pensée a été pour la continuation de la
guerre, qu'ils veulent laver l'affront qu'ils ont
reçu, qu'ils entendent regagner, le sabre au
poing, les drapeaux et les canons qu'ils ont
perdus ? Ah bien, ouiche 1 Ils ne veulent pas en-
tendre parler de l'Erythrée.Ils ont de l'Afrique
assez ! C'est à qui ne partira pas pour cette
terre inhospitalière et les tourlourous déser-
tent avec un ensemble touchant.
Voilà le moment de nous montrer!...
Vous imaginez bien que leurs déboires, en
ce qui m'est personnel, me préoccupent médio-
crement ; je proteste contre le courant de sym-
pathies qu'on essaie d'établir en leur faveur,
parce qu'il me paraît choquer à la fois l'histoire
et le bon sens. Comme toutes choses, l'ingrati-
tude n'a qu'un temps et se paie parfois un peu
cher — et c'est justice 1
Quant à cette idée, que certains journaux
mettent en avant, < que l'Italie doit revenir à
l'alliance française », je n'ai pas besoin de dire
que je la repousse avec enthousiasme. En voilà
une occasion ! L'Italie épuisée, ruinée, vannée
pour cinquante ans! L'Italie, dont les Allemands
et les Autrichiens ne peuvent plus rien faire et
dont ils ne sont pas fâchés de se débarrasser !
L'Italie, qui nous offrirait, avec son amitié
éprouvée, la préférence pour ses emprunts fu-
turs 1
Nous sommes bonnes tètes, c'est convenu ;
mais, tout de même, pas jusque-là. Je l'espère,
du moins !
P. Darin.
ANECDOTES ET BONS MOTS
Le propriétaire d'une maison superbe, rue
de Rivoli, habite le sixième étage de son im-
meuble. Un ami vient lui faire une viste :
— Gomment diable, mon cher, habitez-
vous si haut à votre âge 1
Le propriéraire avec bonhommie :
— C'est que, plus bas, mes loyers sont si
chers !
—:o:o: —
Un notaire de Châlons-sur-Marne, sollicité
par un célèbre docteur de lui donner un cer-
tificat constatant que sa femme a été guérie
par lui d'un cancer, lui a adressé la lettre
suivante :
« Cher Monsieur X...,
€ Ma femme était atteinte d'un cancer au
sein gauche; j'affirme qu'en moins de cinq
semaines, vous le lui avez fait passer...
« ... au sein droit.»
En apprenant un accident où pluieurs per-
sonnes de sa connaissance ont péri, M. de
Calinaux reste insensible.
— Moi, dit-iî négligemment, la mort des
autres me laisse froid...
Puis, voulant sans doute corriger ci que
cette déclaration a de trop férocement égoïste,
il ajoute :
— D'ailleurs, je crois bien que ma mort
même me laissera froid...
—:o:o:—
On enterrait avant-hier, à Bagneux, la
femme d'un serrurier estimable, mais forte-
ment enclin à la pochardise, ce qui avait
amené fort souvent des scènes terribles dans
son ménage.
Notre homme, cependant, paraissait tou-
ché. . ,
A un moment même, un semblant de larme
lui vint à l'œil.
Ce que constatant, un ami qui raccompa-
gnait :
— Voyons, mon vieux, voyons... Ne va pas
te révolutionner comme cela !...Vous ne vous
entendiez déjà pas si bien ! On assure même
que tu la battais.
Le pochard alor3, d'une voix brisée par
l'émotion :
— Justement. Maintenant que mev'là seul
à la maison, j'aurai plus personne sur qui
cogner.
Aquel.
Vive Ménélick!.
Les Italiens viennent enfin de recevoir, à
Adoua — de main de Négus — une tripotée
tellement magistrale, que les plus fougueux
irrédentistes mêmes n'ont pu retenir ce cri
d'enthousiasme et d'admiration à l'égard du
roi des ras d'Ethiopie :
« A Rome, M. Barzilaï, député, et plusieurs
autres orateurs ont prononcé des discours
d'une extrême violence, qui ont été accueillis
par les cris de : « Vive Ménélichl A bas Crispi!
Vive le socialisme et la révolution sociale ! »
et dans les grandes villes de la péninsule des
portraits de M. Crispi et plusieurs journaux
officieux sont brûlés. De nombreux cris :
« A bas le gouvernement ! A bas les assas-
sins! » sont poussés.»
Une partie de ces vœux patriotiques est
déjà réalisée : Crispi est à bas et la révolu-
tion sociale est à la veille de chambarder le
trône percé d'Umberto ultimo.
Le reste viendra tout naturellement par
surcroît ; car après s'être fait couronner em-
pereur à Axoum, Ménélick-le-Grand ne sau-
rait tarder à être proclamé Re d'Italia par les
macaronis, qui s'opposent déjà de toutes
leurs forces à ce qu'on envoie de nouvelles
troupes pour le combattre et secourir leurs
propres soldats en Erythrée :
« A Milan, à Naples, à Pavie,la population
excitée a empêché le départ des soldats pour
l'Afrique. Les manifestants, avec les femmes
et les enfants, ont obligé les soldats à des-
cendre des wagons. Us ont enlevé les rails et
sont allés ensuite à la préfecture demander
pour les soldats la promesse de ne pas
partir.
« A Trioro, on avait tiré au sort dans le
bataillon d'alpins qui est en garnison dans
ce pays les soldats qui devaient partir pour
l'Afrique; mais, au moment du départ,vingt-
deux manquaient à l'appel. On apprit, le
soir, qu'ils avaient passé la frontière.»
De là à acclamer le souverain abyssin
comme succeseur du fils dégénéré et bientôt
déchu de Victor-Emmanuel, il n'y a qu'un
pas;et le machiavélisme italien va le franchir
aussi lestement que les généraux et les débris
de leur armée en déroute... les 105 kilomè-
tres nécessaires pour sauver leur précieuse
peau du champ de bataille.
Du coup, la guerre d'Afrique est terminée,
les victoires de Ménélick sont naturalisées
romaines et Scipion-Baratieri — qui les a
assurées par ses habiles manœuvres — de-
vient l'héroïque compagnon d'armes de Ma-