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Journal officiel.......... 40
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5 oité Bergère, Paris
Carnet d'un Sceptique
MÉLINE SOCIALISTE
On en revient toujours à ses premières
amours.
Le chien retourne toujours à son vo-
missement.
L'assassin revient toujours rôder aux
environs de la maison ou du lieu auquel
il a accompli son crime.
Certes, nous n'aurons point l'irrévé-
rence grande de comparer M. Méline à un
amoureux, ça n'est plus de son âge; nous
ne l'assimilerons pas non plus à un chien:
il n'en n'a pas la fidélité.
Enfin, nous nous garderons soigneuse-
ment de le traiter d'assassin, bien que,
grâce à ses tarifs protectionnistes, de
pauvres bougres aient été privés du mor-
ceau de pain qui les eût empêchés de cre-
ver de faim.
M. Méline, ancien membre de la Com-
mune , est redevenu socialiste à tous
crins.
Ainsi, le voilà qui a pour base la plus
certaine de ses partisans les socialistes,
tout d'un bloc engagés à voter l'impôt sur
la rente, en attendant sa suppression.
Jaurès ministériel ! Jaurès soutenant
un ministère réactionnaire !
— Rodrigue qui l'eût dit ?
— Chimène qui l'eût cru ?
Mais il faut voir aussi de quelle manière
Jaurès soutient le ministère 1 Jamais
corde ne soutint mieux un pendu.
M. Méline voit bien qu'on se fiche de
lui. Mais que voulez-vous qu'il y fasse ?
ne pas s'en apercevoir ? Eh bien, c'est ce
qu'il a de mieux à faire, et c'est juste-
ment ce qu'il fait !
LES deux GASPARDS
L'Angleterre ne fait plus parler d'elle
depuis un certain temps, sur l'échiquier
politique international : cela doit cacher
quelque grosse canaillerie qui va éclater
sous peu. Avec elle, ça ne rate jamais.
Cependant on peut remarquer que le
lion britannique ne manque pas une oc-
casion de conter fleurette à l'artichaud de
Savoie.
Ces deux Gaspards se persuadent de
leur mieux que leurs intérêts sont iden-
tiques dans la Méditerranée, et que ceux
des autres puissances ne comptent pas.
Tout cela est bien drôle pour qu'on
puisse songer à se fâcher.
J'aime bien mieux me remémorer notre
dessin si amusant qui représentait la
reine d'Angleterre et Hnmbert en train de
se faire des petits pains :
Légende :
— Humbert,je vous aime beaucoup, car
sans vous, l'Angleterre serait la plus mé-
prisable des nations.
PARISIANA.
Il vient d'arriver, l'autre jour, à quel-
ques pas de nos boulevards, un fait qui
caractérise bien la boue dans laquelle se
vautre à P<ris le demi-monde.
Une petite fille, d'environ neuf ans,
gentille à croquer, jolie comme les
amours, part le matin à sept heures pour
aller chercher du mou pour sa chatte et
ne reparaît plus. Impossible d'attribuer
sa disparition à ce qu'elle se soit égarée.
Elle est très intelligente et n'aurait pas
manqué de demander des renseignements
pour retrouver son adresse.
La mère dépose plainte, mais molle-
ment, sans entrain, comme embêtée de
voir la police venir fourrer "son nez dans
ses affaires.
Les flics, dont la curiosité est le péché
mignon, ne tardèrent pas à découvrir
que la petite s'était enfuie avec sa nour-
rice, qui la remmenait à Marseille.
La mère était une ma...trône très ca-
tholique, du reste, et qui pratiquait lar-
gement le divin précepte : « Laissez ve-
nir à moi les petits enfants. » La ma., .trône
préférait surtout les petites filles et les
livrait moyennant finance à la dégusta-
tion de vieux messieurs,
La jeune fugitive avait vu le manège, -
compris au moins en partie, et s'était ré-
solue à échapper à ce sort par la fuite ;
souhaitons-lui bonne chance.
Quant à la ma...trône, comme elle n'a
pas été prise en flagrant délit, il n'y a
rien à- lui dire. Tout s'est passé d'après
les règles ; pas de bruit sur la voie pu
blique; aucun scandale; M. Bérenger est
content I...
MŒURS ANGLAISES
On s'est beaucoup étonné, du moins
en France, d'un procès récent intenté à
une Anglaise qui avait le travers de
rouer ses enfants de coups, puis de les
mettre à la cave, dans un endroit frais et
humide.
Hâtons-nous de dire, à titre de circons-
tances atténuantes, que lorsqu'elle se
livrait à cet exercice, elle était déjà
saoûle comme toute une ribanbelle de
grives.
On remarque que cette aimable dame,
au lieu d'être une vulgaire pierreuse, est
une grande dame, femme d'un colonel
d'artillerie, très bien vue à la cour, et
qui obtenait de fréquents entretiens par-
ticuliers avec Sa Gracieuse Majesté Wis-
queytoria.
Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a des
gens qui se sont étonnés de voir une An-
glaise de marque se saoûler.
La saoûlographie est la vertu nationale
des Anglais, y compris les Anglaises.
Mettez en tête à-tête une bouteille de co-
gnac et une Anglaise : il y en aura l'une
des deux qui boira l'autre.
Retirez la saoûlographie, Times is mo-
ney et God save the Queen, il ne reste plus
de l'Angleterre que le plum-pudding !
justice nationale
Les tribunaux sont en train de statuer
sur les procès-verbaux qui ont été dres-
sés par les membres de l'autorité civile,
lors des dernières algarades qui se sont
produites à l'occasion des processions.
En général, les tonsurés, surtout du
prétoire, n'ont pas l'air navré.
L'autre jour même, l'un d'eux, le curé
de Saint-Cucufin, chantonnait en s'en
allant :
La pénitence est douce,
Et ron et ron
Petit patapon,
La pénitence est douce,
Nous recommencerons,
Ron ron.
Nous recommencerons !
Henry Vauoémont.
SAINTE GALETTE!
Il y a des gens qui vous diront — et ils n'ont
certes pas tort — que les grands hommes du
siècle de Louis XIV n'étaient, malgré leur in-
contestable génie, que de plats courtisans. Les
Bossuet, les lioileau, les Molière meurtrissaient
le nez auguste du Roi-Soleil à coups d'encen-
soir, ou aplatissaient de leur front auréolé les
bouffettes de ses souliers. Certains même,
comme Racine, Louvois et Vauban, poussaient
le scrupule jusqu'à mourir bêtement d'une dis-
grâce rentrée.
La Terre tourne autour du Soleil, parce qu'elle
ne peut pas faire autrement; ces grands hom-
mes tournaient autour de Louis, parce qu'ils
avaient une excellente raison pour cela — que
vous deviner, je suppose. Ceci prouve que si le
silence est d'or, le bien-parler est parfois de
diajnant. ■>
Maintenant qu'il n'y a plus de roi, les grands
hommes et même les petits — car la mode s'est
généralisée — tournent autour de n'importe qui
et de n'importe quoi, quand il y a, bien en-
tendu, un peu de doudouille à espérer. Sous la
République, c'est le peuple qui est souverain, à
ce qu'on dit; du moins, il est la source d'où
émanent toutes choses. Chef d'État, minisires,
députés, sénateuis, s^nt obligés détourner au-
tour de lui pour obtenir le morceau de gâteau
convoité.
Alors, il se passe cette bizarrerie cocasse. A
peine Populo s'est-il désaisi d'une partie de son
pouvoir royal en faveur des grosses légumes sus-
nommées, que le mouvement giratoire se trans-
forme. Président, ministres, députés, sénateurs,
s'arrêtent instantanément et c'est Populo qui,
à son tour, se met à travailler humblement au-
tour d'eux pour tâcher de ramasser quelques
miettes de son ex-brioche.
Admirez, je vous en prie, l'admirable Consti-
tution que dix siècles de luttes et de misère et
vingt révolutions nous ont donné la sagesse
d'élaborer. C'est le peuple-roi, ce soleil aux
trente-cinq millions de tètes, qui fabrique le
nanan et ce sont ses valets qui le mangent. Il
est vrai qu'il a le droit de se lécher les doigts;
c'est une compensation qui en vaut bien une
autre.
Quand j'ai parlé, plus haut, du siècle de
Louis XIV, je n'ai voulu faire qu'un rapproche-
ment et non une comparaison qui eût, je l'es-
père, fait rougir de honte notre siècle en car-
ton-pâte. No» pères s'aplatissaient devant l'a-
mant fistuleux de la Montespan, mais ils fai-
saient des chefs-d'oeuvre. Aujourd'hui, on se
piosterne devant un sous-préfet ou un chef de
bureau, et comme ce n'est pas toujours facile
de procréer des chefs-d'œuvre, on se contente
modestement de faire sa fortune.
Oh ! sainte Galette I Eternel pivot de la so-
ciété, autour duquel gravitent, tournent et se
bousculent les génération» assoiffées ; image
modernisée de l'antique vei.ii d'or des mar-
chands de pons lorgnettes de la Judée. Sainte
Galette 1 Continue à régner souverainement sur
nos cœurs. Quand nous serons tous riches, ce
qui ne saurait tarder, peut-être nous nom met-
trons en quête d'un idéal un peu plus relevé.
Je dis : peut-être, afin qu'on ne me reproche
pas, plus tard, de m'ètre mis le doigt dans l'œil,
mais la vérité c'est que je n'en suis pas sûr du
tout.
En attendant ce b«au jour, la Terre tourne
autour du Soleil et les hommes autour de tout
ce qu'on voudra. Le juif hideux, comme disait
le grand Hugo — qui ne se gênait pas à l'occa-
sion pour faire hurler les mots — poursuivra
sa fructueuse cueillette de pillets de mille. Quant
aux pauvres diables, modestes par force, il leur
faudra bien se contenter de pourchasser cette
horrible bête féroce qu'on appelle, je ne sais
pourquoi, une pièce de cent sous, car elle m'a
toujours fait l'effet, une fois dans ma poche, de
ne plus valoir que trois francs.
P. Darin.
§hronique buissonnière
Un « clou » pour l'Exposition de 1900
« MM. Barlhou, ministre de l'intérieur, et
Boucher, ministre du commerce,en quittant
Nancy, se sont rendus à Gérardmer, dont M.
Boucher est conseiller municipal.
« Les deux ministres ont été reçus à la
gare par le Conseil municipal, le clergé, etc.
« Parmi les allocutions, il faut signaler
celle du président de la chambre de com-
merce, qui a exprimé l'espoir de voir M.
Boucher ouvrir, en sa qualité de ministre du
commerce, l Exposition de 1900. »
Ça se peut bien ; car d'ici là, toutes les
combinaisons ministérielles possibles et ima-
ginables ayant largement le temps de défiler
au pouvoir, il n'est pas absolument inadmis-
sible que M. Boucher y revienne à son tour
Ht s'y maintienne pendant tout le joli mois
de mai 1900.
Mais si ce n'est pas ainsi que l'a sous-en-
tendu M. le président de la chambre de com-
merce nancéenne, il peut se flatter d'avoir
la foi robuste en la stabilité ministérielle...
ou l'ironie vraiment pince-sans-rire.
Quant aux Excellences qui ont reçu ce
souhait en plein visage, sans broncher ni
sourciller, ils ont donné là une preuve quasi-
héroïque de leur empire sur soi et de leur
gravité imperturbable.
Moi, je sais qu'à leur place, je me serais
tordu
De ce rire usité
Chez les êtres qu'afflige une gibbosité,
en entendant un personnage aussi présiden
tiel que commercial me formuler une telle
espérance de longévité ministérielle.
-<«>-
Un ministère de quatre ans I Mais un pa-
reil miracle — s'il se produisait réellement à
travers les fluctuations journalières de la po-
litique et malgré les immuables lois parle-
mentaires qui régissent la chute de ces
éphémères qu'on nomme des «cabinets» ho-
mogènes, hétérogènes ou de concentration
— un phénomène aussi insolite, remarqua-
ble et prodigieux, constituerait à lui tout
seul un t clou » capable d'enfoncer tous
ceux que nous réserve l'Exposition de 1900...
fût-ce la lune à portée de la main, ou dans
un des sceaux dont M. Darlan a hérité de la
garde.
Hélas ! malgré l'accès de somnambulisme,
qui vient de nous montrer le président de la
chambre de commerce de Nancy rêvant tout
éveillé, nous avons quelque peine à le croire
suffisamment extra-lucide pour élucider une
éventualité aussi aléatoire ; et tant que Mme
de Thèbes —qui a prédit la mort de ce pau-
vre Morès avec tant d'exactitude... aussitôt
que les journaux nous eurent informés de
son décès tragique — tant que Mlle Coues-
don, l'angélique sybille, prophétisant à la
rescousse, ne nous auront pas affirmé et con-
firmé un oracle aussi invraisemblable, nous
ne pourrons nous défendre de l'incrédulité
apostolique de saint Thomas. Car les expé-
riences les plus concluantes et les plus répé-
tées nous ont démontré toute la fragilité des
portefeuilles ministériels, même fabriqués
avec du maroquin tanné et corroyé par la
maison Félix Faure — brevetée avec garantie
du gouvernement.
U. Maubice Tic.
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Grelot............2 75
Caricature........ 2 25
Charivari.........3 »
Courrier français. 2 50
Figaro illustré.... 3 »
Illustration.......2 50
Indic. des ch. de fer 2 »
Journal amusant. 2 50
Journal illustré... s 75
Journal pour rire. 2 •
Monde illustré.... 2 25
Nature............2 »
Nouvelle Revue... 1 75
Rev.d.Deux-Mon.. 1 75
Revue illustrée ... 2 50
Tour du Monde ..2 »
Univers illustré... 3 »
Vie parisienne.... 2 »
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Adresser lettres et mandats à M. J. MADRE,
5 oité Bergère, Paris
Carnet d'un Sceptique
MÉLINE SOCIALISTE
On en revient toujours à ses premières
amours.
Le chien retourne toujours à son vo-
missement.
L'assassin revient toujours rôder aux
environs de la maison ou du lieu auquel
il a accompli son crime.
Certes, nous n'aurons point l'irrévé-
rence grande de comparer M. Méline à un
amoureux, ça n'est plus de son âge; nous
ne l'assimilerons pas non plus à un chien:
il n'en n'a pas la fidélité.
Enfin, nous nous garderons soigneuse-
ment de le traiter d'assassin, bien que,
grâce à ses tarifs protectionnistes, de
pauvres bougres aient été privés du mor-
ceau de pain qui les eût empêchés de cre-
ver de faim.
M. Méline, ancien membre de la Com-
mune , est redevenu socialiste à tous
crins.
Ainsi, le voilà qui a pour base la plus
certaine de ses partisans les socialistes,
tout d'un bloc engagés à voter l'impôt sur
la rente, en attendant sa suppression.
Jaurès ministériel ! Jaurès soutenant
un ministère réactionnaire !
— Rodrigue qui l'eût dit ?
— Chimène qui l'eût cru ?
Mais il faut voir aussi de quelle manière
Jaurès soutient le ministère 1 Jamais
corde ne soutint mieux un pendu.
M. Méline voit bien qu'on se fiche de
lui. Mais que voulez-vous qu'il y fasse ?
ne pas s'en apercevoir ? Eh bien, c'est ce
qu'il a de mieux à faire, et c'est juste-
ment ce qu'il fait !
LES deux GASPARDS
L'Angleterre ne fait plus parler d'elle
depuis un certain temps, sur l'échiquier
politique international : cela doit cacher
quelque grosse canaillerie qui va éclater
sous peu. Avec elle, ça ne rate jamais.
Cependant on peut remarquer que le
lion britannique ne manque pas une oc-
casion de conter fleurette à l'artichaud de
Savoie.
Ces deux Gaspards se persuadent de
leur mieux que leurs intérêts sont iden-
tiques dans la Méditerranée, et que ceux
des autres puissances ne comptent pas.
Tout cela est bien drôle pour qu'on
puisse songer à se fâcher.
J'aime bien mieux me remémorer notre
dessin si amusant qui représentait la
reine d'Angleterre et Hnmbert en train de
se faire des petits pains :
Légende :
— Humbert,je vous aime beaucoup, car
sans vous, l'Angleterre serait la plus mé-
prisable des nations.
PARISIANA.
Il vient d'arriver, l'autre jour, à quel-
ques pas de nos boulevards, un fait qui
caractérise bien la boue dans laquelle se
vautre à P<ris le demi-monde.
Une petite fille, d'environ neuf ans,
gentille à croquer, jolie comme les
amours, part le matin à sept heures pour
aller chercher du mou pour sa chatte et
ne reparaît plus. Impossible d'attribuer
sa disparition à ce qu'elle se soit égarée.
Elle est très intelligente et n'aurait pas
manqué de demander des renseignements
pour retrouver son adresse.
La mère dépose plainte, mais molle-
ment, sans entrain, comme embêtée de
voir la police venir fourrer "son nez dans
ses affaires.
Les flics, dont la curiosité est le péché
mignon, ne tardèrent pas à découvrir
que la petite s'était enfuie avec sa nour-
rice, qui la remmenait à Marseille.
La mère était une ma...trône très ca-
tholique, du reste, et qui pratiquait lar-
gement le divin précepte : « Laissez ve-
nir à moi les petits enfants. » La ma., .trône
préférait surtout les petites filles et les
livrait moyennant finance à la dégusta-
tion de vieux messieurs,
La jeune fugitive avait vu le manège, -
compris au moins en partie, et s'était ré-
solue à échapper à ce sort par la fuite ;
souhaitons-lui bonne chance.
Quant à la ma...trône, comme elle n'a
pas été prise en flagrant délit, il n'y a
rien à- lui dire. Tout s'est passé d'après
les règles ; pas de bruit sur la voie pu
blique; aucun scandale; M. Bérenger est
content I...
MŒURS ANGLAISES
On s'est beaucoup étonné, du moins
en France, d'un procès récent intenté à
une Anglaise qui avait le travers de
rouer ses enfants de coups, puis de les
mettre à la cave, dans un endroit frais et
humide.
Hâtons-nous de dire, à titre de circons-
tances atténuantes, que lorsqu'elle se
livrait à cet exercice, elle était déjà
saoûle comme toute une ribanbelle de
grives.
On remarque que cette aimable dame,
au lieu d'être une vulgaire pierreuse, est
une grande dame, femme d'un colonel
d'artillerie, très bien vue à la cour, et
qui obtenait de fréquents entretiens par-
ticuliers avec Sa Gracieuse Majesté Wis-
queytoria.
Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a des
gens qui se sont étonnés de voir une An-
glaise de marque se saoûler.
La saoûlographie est la vertu nationale
des Anglais, y compris les Anglaises.
Mettez en tête à-tête une bouteille de co-
gnac et une Anglaise : il y en aura l'une
des deux qui boira l'autre.
Retirez la saoûlographie, Times is mo-
ney et God save the Queen, il ne reste plus
de l'Angleterre que le plum-pudding !
justice nationale
Les tribunaux sont en train de statuer
sur les procès-verbaux qui ont été dres-
sés par les membres de l'autorité civile,
lors des dernières algarades qui se sont
produites à l'occasion des processions.
En général, les tonsurés, surtout du
prétoire, n'ont pas l'air navré.
L'autre jour même, l'un d'eux, le curé
de Saint-Cucufin, chantonnait en s'en
allant :
La pénitence est douce,
Et ron et ron
Petit patapon,
La pénitence est douce,
Nous recommencerons,
Ron ron.
Nous recommencerons !
Henry Vauoémont.
SAINTE GALETTE!
Il y a des gens qui vous diront — et ils n'ont
certes pas tort — que les grands hommes du
siècle de Louis XIV n'étaient, malgré leur in-
contestable génie, que de plats courtisans. Les
Bossuet, les lioileau, les Molière meurtrissaient
le nez auguste du Roi-Soleil à coups d'encen-
soir, ou aplatissaient de leur front auréolé les
bouffettes de ses souliers. Certains même,
comme Racine, Louvois et Vauban, poussaient
le scrupule jusqu'à mourir bêtement d'une dis-
grâce rentrée.
La Terre tourne autour du Soleil, parce qu'elle
ne peut pas faire autrement; ces grands hom-
mes tournaient autour de Louis, parce qu'ils
avaient une excellente raison pour cela — que
vous deviner, je suppose. Ceci prouve que si le
silence est d'or, le bien-parler est parfois de
diajnant. ■>
Maintenant qu'il n'y a plus de roi, les grands
hommes et même les petits — car la mode s'est
généralisée — tournent autour de n'importe qui
et de n'importe quoi, quand il y a, bien en-
tendu, un peu de doudouille à espérer. Sous la
République, c'est le peuple qui est souverain, à
ce qu'on dit; du moins, il est la source d'où
émanent toutes choses. Chef d'État, minisires,
députés, sénateuis, s^nt obligés détourner au-
tour de lui pour obtenir le morceau de gâteau
convoité.
Alors, il se passe cette bizarrerie cocasse. A
peine Populo s'est-il désaisi d'une partie de son
pouvoir royal en faveur des grosses légumes sus-
nommées, que le mouvement giratoire se trans-
forme. Président, ministres, députés, sénateurs,
s'arrêtent instantanément et c'est Populo qui,
à son tour, se met à travailler humblement au-
tour d'eux pour tâcher de ramasser quelques
miettes de son ex-brioche.
Admirez, je vous en prie, l'admirable Consti-
tution que dix siècles de luttes et de misère et
vingt révolutions nous ont donné la sagesse
d'élaborer. C'est le peuple-roi, ce soleil aux
trente-cinq millions de tètes, qui fabrique le
nanan et ce sont ses valets qui le mangent. Il
est vrai qu'il a le droit de se lécher les doigts;
c'est une compensation qui en vaut bien une
autre.
Quand j'ai parlé, plus haut, du siècle de
Louis XIV, je n'ai voulu faire qu'un rapproche-
ment et non une comparaison qui eût, je l'es-
père, fait rougir de honte notre siècle en car-
ton-pâte. No» pères s'aplatissaient devant l'a-
mant fistuleux de la Montespan, mais ils fai-
saient des chefs-d'oeuvre. Aujourd'hui, on se
piosterne devant un sous-préfet ou un chef de
bureau, et comme ce n'est pas toujours facile
de procréer des chefs-d'œuvre, on se contente
modestement de faire sa fortune.
Oh ! sainte Galette I Eternel pivot de la so-
ciété, autour duquel gravitent, tournent et se
bousculent les génération» assoiffées ; image
modernisée de l'antique vei.ii d'or des mar-
chands de pons lorgnettes de la Judée. Sainte
Galette 1 Continue à régner souverainement sur
nos cœurs. Quand nous serons tous riches, ce
qui ne saurait tarder, peut-être nous nom met-
trons en quête d'un idéal un peu plus relevé.
Je dis : peut-être, afin qu'on ne me reproche
pas, plus tard, de m'ètre mis le doigt dans l'œil,
mais la vérité c'est que je n'en suis pas sûr du
tout.
En attendant ce b«au jour, la Terre tourne
autour du Soleil et les hommes autour de tout
ce qu'on voudra. Le juif hideux, comme disait
le grand Hugo — qui ne se gênait pas à l'occa-
sion pour faire hurler les mots — poursuivra
sa fructueuse cueillette de pillets de mille. Quant
aux pauvres diables, modestes par force, il leur
faudra bien se contenter de pourchasser cette
horrible bête féroce qu'on appelle, je ne sais
pourquoi, une pièce de cent sous, car elle m'a
toujours fait l'effet, une fois dans ma poche, de
ne plus valoir que trois francs.
P. Darin.
§hronique buissonnière
Un « clou » pour l'Exposition de 1900
« MM. Barlhou, ministre de l'intérieur, et
Boucher, ministre du commerce,en quittant
Nancy, se sont rendus à Gérardmer, dont M.
Boucher est conseiller municipal.
« Les deux ministres ont été reçus à la
gare par le Conseil municipal, le clergé, etc.
« Parmi les allocutions, il faut signaler
celle du président de la chambre de com-
merce, qui a exprimé l'espoir de voir M.
Boucher ouvrir, en sa qualité de ministre du
commerce, l Exposition de 1900. »
Ça se peut bien ; car d'ici là, toutes les
combinaisons ministérielles possibles et ima-
ginables ayant largement le temps de défiler
au pouvoir, il n'est pas absolument inadmis-
sible que M. Boucher y revienne à son tour
Ht s'y maintienne pendant tout le joli mois
de mai 1900.
Mais si ce n'est pas ainsi que l'a sous-en-
tendu M. le président de la chambre de com-
merce nancéenne, il peut se flatter d'avoir
la foi robuste en la stabilité ministérielle...
ou l'ironie vraiment pince-sans-rire.
Quant aux Excellences qui ont reçu ce
souhait en plein visage, sans broncher ni
sourciller, ils ont donné là une preuve quasi-
héroïque de leur empire sur soi et de leur
gravité imperturbable.
Moi, je sais qu'à leur place, je me serais
tordu
De ce rire usité
Chez les êtres qu'afflige une gibbosité,
en entendant un personnage aussi présiden
tiel que commercial me formuler une telle
espérance de longévité ministérielle.
-<«>-
Un ministère de quatre ans I Mais un pa-
reil miracle — s'il se produisait réellement à
travers les fluctuations journalières de la po-
litique et malgré les immuables lois parle-
mentaires qui régissent la chute de ces
éphémères qu'on nomme des «cabinets» ho-
mogènes, hétérogènes ou de concentration
— un phénomène aussi insolite, remarqua-
ble et prodigieux, constituerait à lui tout
seul un t clou » capable d'enfoncer tous
ceux que nous réserve l'Exposition de 1900...
fût-ce la lune à portée de la main, ou dans
un des sceaux dont M. Darlan a hérité de la
garde.
Hélas ! malgré l'accès de somnambulisme,
qui vient de nous montrer le président de la
chambre de commerce de Nancy rêvant tout
éveillé, nous avons quelque peine à le croire
suffisamment extra-lucide pour élucider une
éventualité aussi aléatoire ; et tant que Mme
de Thèbes —qui a prédit la mort de ce pau-
vre Morès avec tant d'exactitude... aussitôt
que les journaux nous eurent informés de
son décès tragique — tant que Mlle Coues-
don, l'angélique sybille, prophétisant à la
rescousse, ne nous auront pas affirmé et con-
firmé un oracle aussi invraisemblable, nous
ne pourrons nous défendre de l'incrédulité
apostolique de saint Thomas. Car les expé-
riences les plus concluantes et les plus répé-
tées nous ont démontré toute la fragilité des
portefeuilles ministériels, même fabriqués
avec du maroquin tanné et corroyé par la
maison Félix Faure — brevetée avec garantie
du gouvernement.
U. Maubice Tic.