LE GRELOT
flanquât sou papa pour le chaperonner et lui
servir de porte-respect; mais le Protocole
russe — un ours mal léché — n'ayant fait
entendre, pour toute réponse qu'un grogne-
ment assez peu encourageant, l'aimable et
gracieuse « dauphine » a dû renoncer à
accompagner * son père, le Président » —
comme dit Mme Nicolas-Deux — ailleurs
qu'au piano.
Je sais bien qu'Hanotaux doit être du
voyage, ce qui est rassurant; car on se de-
mande qui serait assez déshérité du ciel et
des hommes pour s'attaquer a un pèlerin
placé sous la sauvegarde de ce tzigane du
« concert européen ».
Mais ce qui redevient inquiétant, c'est
que le brav' amiral Gervais est aussi de la
suite présidentielle; et s'il venait à pren-
dre fantaisie de commander le bateau por-
tant M. Faure et sa fortune, qui sait si ce
pauvre Félix reverrait jamais les côtes de
France?...
Et quand on songe qu'il emmène encore
avec lui la fleur de notre vieille graine d'épi-
nards : les fils Mac-Mahon, Ganrobert, Gar-
not et Chanzy, on demeure effrayé de la
« retraite de Russie » que nous ménage ce
quatuor des descendants de nos plus célè-
bres guignards.
Enfin, si malgré tout, il ai rive à bon
port, notre Président ne peut manquer d'é-
pater les populations pétersbourgeoises par
la profondeur de ses connaissances... en
cuirs de Russie.
U. Madrice Tic.
--♦--
ExcUzès du peu !...
Décorera ! décorera pas !
Ce n'est plus Sarah Barnum qu'il s'agit
d'enrubaner, mais la Grande-Duchesse Anne
de Champagne (Cliquot).
C'est bien le moins, en effet, que la Répu-
blique évangélique de Méline, le bon apôtre
des Gentils ralliés — pratiquant l'oubli des
injures — acquitte la dette contractée par le
Boulanjésmtisme envers N.-D. de la Galette.
Toutefois, il va sans dire que les promo-
teurs de cette haute distinction — pour ser-
vices exceptionnels rendus au brav' général
de Mmes Pourpe et de Bonnemains — ne la
réclame pas exclusivement au titre de la
Bouelange ; mais bien comme une récom-
pense artistique qui serait décernée à la
pauv' esculpteur, teuse, ou trice, du monu-
ment d'Emile Augier, persécuté par un jury
féroce et jaloux.
Tels, les comédiens du Théâtre-Français,
par exemple, qu'on décore comme « profes-
seurs au Conservatoire » pour la forme, ou
plutôt pour la frime; afin que Cprnélius
Hen Eiffel, Triponé et autres membres
éminents de la Légion d'Honneur, ne puis-
sent protester et se plaindre qu'on galvaude
le ruban rouge à la boutonnière de Cabotins
(par Pailleron, de l'Académie française^
Si seulement cet insigne honorifique était
de couleur « orange » ce serait déjà chose
faite, puisque l'œuvre collective et marmo-
réenne de la praticienne doit être érigée à
Valence : «La belle Valence !... »
Et s'il y a du tirage à Paris, on peut dire
qu'à cette promotion réparatrice, tout le
département de la Drame adhère.
Aussi, croyons-nous savoir, qu'au cas où
Félix Faure se déroberait à ce devoir patrio-
tique, le bey de Tunis — en mémoire du
cheval noir de ce nom, dont Mme la Du-
chesse d'Dzès garnit si généreusement le
râtelier... et les bottes de son cavalier —
n'hésiterait pas à lui conférer l'ordre du
Nicham-Iftikar (ou Chameau-Blanc), bien
mérité, celui-là !
C'est comme cet infortuné Si-Mohammed-
ben-Moussa, ambassadeur du chérif du Maroc,
qui venait dernièrement offrir à M. Félix Faure,
dix superbes pur-sang et de merveilleuses
étoffes tissées dans les harems de Fez, et qui
vient de perdre complètement la raison.
Il est atteint de la folie des grandeurs.
Moins gravement peut-être que Hanotaux-
Ghazi (le Victorieux) qui se croit le succes-
seur de Richelieu et faillit se coiffer à l'Ely-
sée des trois barettes cardinalices de ses
Seigneurs Coullié, Labouré et Sourrieu, afin
de compléter sa pseudo-ressemblance avec
le grand-Cardinal. Si - Mohammed - ben-
Moussa bornait son ambition à usurper le
poste de Montjarret, le piqueur de la Prési-
dence, dont le costume rutilant et la place
en tète du cortège démocratique symboli-
sant le « char de l'Etat » lui paraissaient
autrement enviables et décoratifs que le
Sifflet d'ébène, le monocle, les guêtres blan-
ches et les fonctions constitutionnelles de
M. Félix Faure — d'autant plus vexé de son
éclipse par le simple Chef de ses palefre-
niers, qu'il apprécie mieux que personne
toute la valeur de celte peau de marocain.
guillkrï.
--,--.-—
ÉCHOS
Un journal qui se pique d'être à la fois le
défenseur du catholicisme et l'organe de l'a-
ristocratie bien pensante, vient de se per-
mettre un écart de plume vraiment étrange.
Il nous raconte que l'empereur de Chine
vient de faire hommage à M. Félix Faure
d'un dictionnaire en douze cent* volumes in-
titulé : Ku Kin-Thu Shu-Tsi Tcheng.
Et le bon journal donne la traduction :
Ku veut dire témps passé...
N'allons pas plus loin !
Cette façon de qualifier le bon vieux temps
nous semble d'un naturalisme par trop vif.
—0—
Extrait d'une correspondance de Rome
adressée à un grand journal :
* Le visage du pape est en vérité jaune,
d'un jaune mat de très vieil ivoire; et l'on
n'y voit pas ces reflets blancs et brillants
que les peintres ont trouvés dans leurs
boîtes à couleurs et les panégyristes mala-
droits dans leurs encriers, les uns et les
autres dan • leur imagination. »
Trouver k des reflets blancs dans un en-
crier! » Voilà une trouvaille qui n'est pas
déjà si maladroite.
—o—
On sait que des fanatiques ont imaginé,
en Russie, de se faire emmurer tout vivants.
Les journaux catholiques crient au fana-
tisme.
Pourquoi?
S'il est vrai, comme le prétend le P. Olli-
vier, que Dieu se plaise à brûler vifs des
innocents, pourquoi des croyants ne se sou-
mettraient-ils pas volontairement à des tor-
tures pour faire plaisir à cette divinité
sanguinaire.
—o—
Il parait qu'en ce moment, le suprême chic
anglais, dans les hautes classes de la société
britannique, le high life, consiste à se faire
tatouer — hommes et femmes, gentlemen et
ladies — sur toutes les parties du corps.
Bah l les insulaires d'Albion n'avaient pas
besoin do se livrer à cette pratique pour res-
sembler à une tribu de sauvages.
Douville.
SEINE ET TAMISE
La Vachaloade de Montmartre — que MM.
Barthou et Darlan poursuivent de leurs en-
quêtes € pour attentat à la pudeur, sans
violence, sur la tartuferie d'un sénateur pou-
vant avoir des petits-enfants âgés de moins
de treize ans > — la Vachalcade, dis-je, rêve
de se réhabiliter aux yeux de ce père cons-
crit ( scandalisé même par nos salles d'es-
crime qu'il veut faire fermer sous prétexte
qu'on y « croise » des épées nues) en se pla-
çant sous le patronage rétrospectif et émi-
nemment respectable du « Poète-lauréat na-
tional du Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d'Irlande » Sir Alfred Austin, qui vient
de chanter officiellement la gloire de Her
Qracious Majesty, de manière à faire la pige
à nos Coppée, Sully-Prudhomme et de
Hérédia tirant les vers du nez auguste de
Nicolas II.
La pauvre "Vachalcade, honnie et persé-
cutée par le Luxembourgeois Bérenger, a
cru ne pouvoir mieux faire — pour se blan-
chir — que de s'adresser à Londres, comme
les paquets de linge sale de nos jeunes « bâ-
tonnistes » du Bazar de la Charité.
Reste à savoir si le barde patenté de la
couronne britannique voudra bien servir de
caution aux quat'z-artistes traqués par le
redoutable Sénateur des moeurs, qui ne per-
met de compter impunément Florette qu'aux
« vieux messieurs très bien » qui faisaient
fructifier le capital des mineures chez la
ma..trône de Meyreuil, laquelle vient d'être
condamnée, par la 9e chambre correction-
nelle, en compagnie de ses deux accolytes,
les femmes Besdinier, dite Lechat (pauvre
minette I) et Thireau, à deux ans de prison,
500 francs d'amende et cinq ans d'interdic-
tion des droits de tutelle et de curetelle —
qu'elles exerçaient pourtant à l'entière satis-
faction des « vieux messieurs chics » dont
dame Thémis a respecté l'incognito, les
considérant évidemment comme tombés « en
enfance » et ayant agi sans discernement,
rue Cambacérès.
Mais, pour en revenir à Sir Alfred Austin,
poète-lauréat national anglais, il s'est révélé
au monde par l'impérissable chef-d'œuvre
éclos, à l'occasion du Jubilé de la vieille
Queen, sur sa lyre patentée et brevetée avec
garantie du gouvernement britannique.
Oyez donc, braves gens de France, cette
savoureuse traduction littérale des paroles
qu'il met dans la bouche de son auguste
héroïne, l'impératrice d'Inde :
A cet auguste appel, puisque tel est — le
décret céleste, — je ne taillirais pas, même si
je le pouvais. Mais n'étant qu'une femme, je ne
puis — être grande; je serai bonne.
Et qui plus est « bonne d'enfants », ainsi
qu'en témoigne la revue des bataillons sco-
laires de son Royaume. Oh ! oui, elle est
bien bonne ! se fût exclamé feu Villemessant
lui-même, à ce spectacle attendrissant.
Et la Joyeuse Commère de Windsor pour-
suit, par l'organe du poétique Alfred :
Je ne puis revêtir la cuirasse et le heaume
— ni ceindre ma fine taille du glaive pesant,
ni me mêler aux discordes — qui divisent un
royaume.
Mais je partagerai la sagesse de mes peuples,
— et seconderai leur valeur, — les encourageant
toujours, dans leurs entreprises, de tout mon
cœur de femme.
Quel deuil pour l'univers attentif — et
pour le crayon incisif de Pépin — de n'avoir
pu contempler et reproduire ce spectacle
unique de la « fine taille » de la grosse don-
don de London cuirassée comme la flotte de
bateaux qu'elle nous montre et nous
« monte » et coiffant fièrement le casqqe de
Richard-Cœur-de-Lion et de Guillaume-le-
Conquérant !
Non, mais, voyez-vous d'ici ce tableau l..
Ea voilà un qui serait Défaille]
-:)-(:-
Enfin, dans sa strophe finale, le Poète-
Lauréat proclame que « la reine a trouvé
une consolation à son veuvage dans le ma-
riage éternel qui l'unit à son peuple. »
Du haut du ciel, ta demeure dernière,
Féal John Brown, tu dois être content !
Mais c'est l'ombre du prince - consort
Albert qui doit en faire une tète biscornue!
Beaujolais. "
GRELOTS
Un homme qu'on menait au gibet disait:
— Ne me conduisez pas par ce chemin, je
crains qu'un marchand, qui demeure dans cette
rue, ne m'arrête pour une vieille dette.
—«->—
Mme Servatoire mère professe des principes
absolus sur la nécessité de l'éducation fémi-
nine.
— Je ne lancerai jamais dans la vie une de
mes filles, déclarait-elle hier, avant de lui avoir
fait faire toutes ses humanités!
— «-»—
Dans un bal d'étudiants :
— Moi, vois-tu, mon petit, c'est la valse qui
m'a perdue.
— Je comprends 1 tu as mal tourné.
—«-i —
Deux avocats plaident :
— ...Et la preuve que les bœufs de cet homme
sont allés dans le pré de mon client, c'est qu'on
y a trouvé des bouses de vache.
— En avez-vous les preuves en mains!
Triboulkt.
THÉÂTRES
Les tarifs d'été, pourtant si alléchants, mis
exceptionnellement, cette année, en vigueur
par certains directeurs n'ont pas triomphé
des excentricités d'un thermomètre qui
monte, monte toujours, au point d'en écla-
ter!
U a fallu se résoudre à fermer et voilà Paris
privé pour plusieurs mois de la plupart de
ses théâtres.
Restent seuls ouverts: L'Opéra,laComédie-
Française — qui n'ont pas le droit de don-
ner congé aux spectateurs — les Nouveau-
tés, la Porte-Saint-Martin, la Gaité, les
Folies-Dramatiques et l'Ambigu, auxquels le
droit est reconnu, mais qui ont habituelle-
ment, le bon goût de ne pas en user.
Honneur à ces braves 1 et hurrah ! pour
nos vieilles connaissances : Le Sursis, les
Mystères de Paris, la Mascotte, YAuberga du
Tohu-Bohu et les Deux Gosses, que le direc-
teur ne pense pas à décoller de l'affiche.
En fait de nouveautés, nous n'avons à
nous mettre, cette semaine, sous la... plume,
qu'un fort agréable ballet-opérette, repré-
senté ces jours-ci à l'Olympia.
Le Déjeuner sur l'herbe , tel est le titre de
cet amusant tableau de mœurs, brossé de
main de maître par M. R. Bénédite et en-
guirlandé d'arabesques pimpantes d'une mu-
sique absolument ravissante de M. E. Missa.
C'est plaisir de voir évoluer le joli batail-
lon des demoiselles de magasin de la mai-
son Dupont, lâchées dans le bois de Meudon
par leur patron, et d'assister à leurs joyeux
ébats.
Le Déjeuner sur l'herbe a été très bien ac-
cueilli et très applaudi par le public. On a fait
fête à ses charmantes interprètes et notam-
ment à Mlle Cammarano, une étoile de la
danse dans toute l'acception du mot.
Avec le Coucher de la Mariée et le Déjeuner
sur l'herbe, le directeur de l'Olympia a su
composer un spectacle des plus attrayants,
que nous engageons très vivement nos lec-
teurs à aller applaudir.
Jules de la Verdrie.
-♦--
CRÉDIT FONCIER DE FRANCE
Prêts hypothécaires à 4 0/0
Le Crédit foncier sert d'intermédiaire entre
les capitalistes et les emprunteurs hypothé-
caires. Il consent aux propriétaires fonciers
jusqu'à concurrence de la moitié de la valeur
des immeubles des prêts hypothécaires
amortissables dans un délai de dix à soixante-
quinze ans. L'intérêt est de 4 0/0 par an,
sans commission.
Pour un prêt de soixante-quinze ans, l'em-
prunteur n'a à payer qu'une annuité de
4 21 0/0, comprenant l'intérêt et l'amortisse-
ment.
Il a toujours le droit de se libérer par an-
ticipation, en profitant de l'amortissement
déjà opéré. U peut faire des remboursements
anticipés partiels. En réalité, le prêt n'a que
la durée qu'il convient à l'emprunteur de
lui donner.
--+-
CASINO D'ENGHEIN
Au Casino d'Enghein-les-Bains, toujours
grande alfluence de monde et immense suc-
cès pour les artistes et l'orchestre du maes-
tro Videix. Les représentations données
cette semaine ont été particulièrement bril-
lantes : On a joué successivement Nos alliées
la ravissante comédie de Moreau; la Marrail
ne de Charley, le grand succès de Cluny; le
Bijou perdu, l'opéra-comique d'Adam et
Gifoflé Girofla. On annonce pour lundi pro-
chain Pavie, l'opérette de Justin Clérice;
puis mardi, lo Parfum; pour mercredi, le
Canard à trois becs; pour vendredi Frou-
Frou, et pour samedi, Faust.
BronchitesetTuberculose
se guérit sûrement et promptement par la
Ducasbline (extrait concentré des plantes
du Brésil) une des plus merveilleuses décou-
vertes de ce siècle.
Rappelons en quelques mots les princi-
paux symptômes de la truberculose, qui
peut être engendrée par une bronchite mal
soignée : Toux avec ou sans expectoration,
quelquefois crachement de sang, enroue-
ment, oppression, palpitations de cœur.
Sueurs nocturnes. Faiblesse générale, amai-
grissement. Perte d'appétit, troubles de la
digestion, fièvre vers quatre à cinq heures.
Consomption, Diarrhée.
La Ducasbline, médicament végétal ab-
solument i'noffensif est cependant d'une effi-
cacité telle, qu'au bout de quelques jours,
on sent déjà une amélioration sensible et la
guétison radicale est obtenue au bout de
quelques semaines.
La maladie guérie ne revient plus et les
forces se maintiennent par l'usage de la
Ducasbline.
Des centaines d'attestations prouvent la
supériorité et l'infaillibilité de cette mé-
thode, appliquée exclusivement et avec le
plus grand succès à l'Institut Médical
Rationnel, 19, rue de Clichy, à Paris, qui
guérit avec le même succès, par la série des
Ducasbline, la goutte, le rhumatisme, le
diabète, l'anémie, l'albuminerie, les dyspep-
sies, etc.
Consultation de 3 à 5 heures et par cor-
respondance : 8 fr. — Visites à domicile.
Brochure avec traitement contre bon-
poste de 1 fr.
Dr André de Marcilhag.
Prix d'un flacon de Ducasbline n° 2,
spécial pour les bronchites et la tubercu-
lose : 3 fr. 7u.
J. Bouillot et Cie, 19, rue de Olichy, Paris,
et toutes pharmacies.
flanquât sou papa pour le chaperonner et lui
servir de porte-respect; mais le Protocole
russe — un ours mal léché — n'ayant fait
entendre, pour toute réponse qu'un grogne-
ment assez peu encourageant, l'aimable et
gracieuse « dauphine » a dû renoncer à
accompagner * son père, le Président » —
comme dit Mme Nicolas-Deux — ailleurs
qu'au piano.
Je sais bien qu'Hanotaux doit être du
voyage, ce qui est rassurant; car on se de-
mande qui serait assez déshérité du ciel et
des hommes pour s'attaquer a un pèlerin
placé sous la sauvegarde de ce tzigane du
« concert européen ».
Mais ce qui redevient inquiétant, c'est
que le brav' amiral Gervais est aussi de la
suite présidentielle; et s'il venait à pren-
dre fantaisie de commander le bateau por-
tant M. Faure et sa fortune, qui sait si ce
pauvre Félix reverrait jamais les côtes de
France?...
Et quand on songe qu'il emmène encore
avec lui la fleur de notre vieille graine d'épi-
nards : les fils Mac-Mahon, Ganrobert, Gar-
not et Chanzy, on demeure effrayé de la
« retraite de Russie » que nous ménage ce
quatuor des descendants de nos plus célè-
bres guignards.
Enfin, si malgré tout, il ai rive à bon
port, notre Président ne peut manquer d'é-
pater les populations pétersbourgeoises par
la profondeur de ses connaissances... en
cuirs de Russie.
U. Madrice Tic.
--♦--
ExcUzès du peu !...
Décorera ! décorera pas !
Ce n'est plus Sarah Barnum qu'il s'agit
d'enrubaner, mais la Grande-Duchesse Anne
de Champagne (Cliquot).
C'est bien le moins, en effet, que la Répu-
blique évangélique de Méline, le bon apôtre
des Gentils ralliés — pratiquant l'oubli des
injures — acquitte la dette contractée par le
Boulanjésmtisme envers N.-D. de la Galette.
Toutefois, il va sans dire que les promo-
teurs de cette haute distinction — pour ser-
vices exceptionnels rendus au brav' général
de Mmes Pourpe et de Bonnemains — ne la
réclame pas exclusivement au titre de la
Bouelange ; mais bien comme une récom-
pense artistique qui serait décernée à la
pauv' esculpteur, teuse, ou trice, du monu-
ment d'Emile Augier, persécuté par un jury
féroce et jaloux.
Tels, les comédiens du Théâtre-Français,
par exemple, qu'on décore comme « profes-
seurs au Conservatoire » pour la forme, ou
plutôt pour la frime; afin que Cprnélius
Hen Eiffel, Triponé et autres membres
éminents de la Légion d'Honneur, ne puis-
sent protester et se plaindre qu'on galvaude
le ruban rouge à la boutonnière de Cabotins
(par Pailleron, de l'Académie française^
Si seulement cet insigne honorifique était
de couleur « orange » ce serait déjà chose
faite, puisque l'œuvre collective et marmo-
réenne de la praticienne doit être érigée à
Valence : «La belle Valence !... »
Et s'il y a du tirage à Paris, on peut dire
qu'à cette promotion réparatrice, tout le
département de la Drame adhère.
Aussi, croyons-nous savoir, qu'au cas où
Félix Faure se déroberait à ce devoir patrio-
tique, le bey de Tunis — en mémoire du
cheval noir de ce nom, dont Mme la Du-
chesse d'Dzès garnit si généreusement le
râtelier... et les bottes de son cavalier —
n'hésiterait pas à lui conférer l'ordre du
Nicham-Iftikar (ou Chameau-Blanc), bien
mérité, celui-là !
C'est comme cet infortuné Si-Mohammed-
ben-Moussa, ambassadeur du chérif du Maroc,
qui venait dernièrement offrir à M. Félix Faure,
dix superbes pur-sang et de merveilleuses
étoffes tissées dans les harems de Fez, et qui
vient de perdre complètement la raison.
Il est atteint de la folie des grandeurs.
Moins gravement peut-être que Hanotaux-
Ghazi (le Victorieux) qui se croit le succes-
seur de Richelieu et faillit se coiffer à l'Ely-
sée des trois barettes cardinalices de ses
Seigneurs Coullié, Labouré et Sourrieu, afin
de compléter sa pseudo-ressemblance avec
le grand-Cardinal. Si - Mohammed - ben-
Moussa bornait son ambition à usurper le
poste de Montjarret, le piqueur de la Prési-
dence, dont le costume rutilant et la place
en tète du cortège démocratique symboli-
sant le « char de l'Etat » lui paraissaient
autrement enviables et décoratifs que le
Sifflet d'ébène, le monocle, les guêtres blan-
ches et les fonctions constitutionnelles de
M. Félix Faure — d'autant plus vexé de son
éclipse par le simple Chef de ses palefre-
niers, qu'il apprécie mieux que personne
toute la valeur de celte peau de marocain.
guillkrï.
--,--.-—
ÉCHOS
Un journal qui se pique d'être à la fois le
défenseur du catholicisme et l'organe de l'a-
ristocratie bien pensante, vient de se per-
mettre un écart de plume vraiment étrange.
Il nous raconte que l'empereur de Chine
vient de faire hommage à M. Félix Faure
d'un dictionnaire en douze cent* volumes in-
titulé : Ku Kin-Thu Shu-Tsi Tcheng.
Et le bon journal donne la traduction :
Ku veut dire témps passé...
N'allons pas plus loin !
Cette façon de qualifier le bon vieux temps
nous semble d'un naturalisme par trop vif.
—0—
Extrait d'une correspondance de Rome
adressée à un grand journal :
* Le visage du pape est en vérité jaune,
d'un jaune mat de très vieil ivoire; et l'on
n'y voit pas ces reflets blancs et brillants
que les peintres ont trouvés dans leurs
boîtes à couleurs et les panégyristes mala-
droits dans leurs encriers, les uns et les
autres dan • leur imagination. »
Trouver k des reflets blancs dans un en-
crier! » Voilà une trouvaille qui n'est pas
déjà si maladroite.
—o—
On sait que des fanatiques ont imaginé,
en Russie, de se faire emmurer tout vivants.
Les journaux catholiques crient au fana-
tisme.
Pourquoi?
S'il est vrai, comme le prétend le P. Olli-
vier, que Dieu se plaise à brûler vifs des
innocents, pourquoi des croyants ne se sou-
mettraient-ils pas volontairement à des tor-
tures pour faire plaisir à cette divinité
sanguinaire.
—o—
Il parait qu'en ce moment, le suprême chic
anglais, dans les hautes classes de la société
britannique, le high life, consiste à se faire
tatouer — hommes et femmes, gentlemen et
ladies — sur toutes les parties du corps.
Bah l les insulaires d'Albion n'avaient pas
besoin do se livrer à cette pratique pour res-
sembler à une tribu de sauvages.
Douville.
SEINE ET TAMISE
La Vachaloade de Montmartre — que MM.
Barthou et Darlan poursuivent de leurs en-
quêtes € pour attentat à la pudeur, sans
violence, sur la tartuferie d'un sénateur pou-
vant avoir des petits-enfants âgés de moins
de treize ans > — la Vachalcade, dis-je, rêve
de se réhabiliter aux yeux de ce père cons-
crit ( scandalisé même par nos salles d'es-
crime qu'il veut faire fermer sous prétexte
qu'on y « croise » des épées nues) en se pla-
çant sous le patronage rétrospectif et émi-
nemment respectable du « Poète-lauréat na-
tional du Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d'Irlande » Sir Alfred Austin, qui vient
de chanter officiellement la gloire de Her
Qracious Majesty, de manière à faire la pige
à nos Coppée, Sully-Prudhomme et de
Hérédia tirant les vers du nez auguste de
Nicolas II.
La pauvre "Vachalcade, honnie et persé-
cutée par le Luxembourgeois Bérenger, a
cru ne pouvoir mieux faire — pour se blan-
chir — que de s'adresser à Londres, comme
les paquets de linge sale de nos jeunes « bâ-
tonnistes » du Bazar de la Charité.
Reste à savoir si le barde patenté de la
couronne britannique voudra bien servir de
caution aux quat'z-artistes traqués par le
redoutable Sénateur des moeurs, qui ne per-
met de compter impunément Florette qu'aux
« vieux messieurs très bien » qui faisaient
fructifier le capital des mineures chez la
ma..trône de Meyreuil, laquelle vient d'être
condamnée, par la 9e chambre correction-
nelle, en compagnie de ses deux accolytes,
les femmes Besdinier, dite Lechat (pauvre
minette I) et Thireau, à deux ans de prison,
500 francs d'amende et cinq ans d'interdic-
tion des droits de tutelle et de curetelle —
qu'elles exerçaient pourtant à l'entière satis-
faction des « vieux messieurs chics » dont
dame Thémis a respecté l'incognito, les
considérant évidemment comme tombés « en
enfance » et ayant agi sans discernement,
rue Cambacérès.
Mais, pour en revenir à Sir Alfred Austin,
poète-lauréat national anglais, il s'est révélé
au monde par l'impérissable chef-d'œuvre
éclos, à l'occasion du Jubilé de la vieille
Queen, sur sa lyre patentée et brevetée avec
garantie du gouvernement britannique.
Oyez donc, braves gens de France, cette
savoureuse traduction littérale des paroles
qu'il met dans la bouche de son auguste
héroïne, l'impératrice d'Inde :
A cet auguste appel, puisque tel est — le
décret céleste, — je ne taillirais pas, même si
je le pouvais. Mais n'étant qu'une femme, je ne
puis — être grande; je serai bonne.
Et qui plus est « bonne d'enfants », ainsi
qu'en témoigne la revue des bataillons sco-
laires de son Royaume. Oh ! oui, elle est
bien bonne ! se fût exclamé feu Villemessant
lui-même, à ce spectacle attendrissant.
Et la Joyeuse Commère de Windsor pour-
suit, par l'organe du poétique Alfred :
Je ne puis revêtir la cuirasse et le heaume
— ni ceindre ma fine taille du glaive pesant,
ni me mêler aux discordes — qui divisent un
royaume.
Mais je partagerai la sagesse de mes peuples,
— et seconderai leur valeur, — les encourageant
toujours, dans leurs entreprises, de tout mon
cœur de femme.
Quel deuil pour l'univers attentif — et
pour le crayon incisif de Pépin — de n'avoir
pu contempler et reproduire ce spectacle
unique de la « fine taille » de la grosse don-
don de London cuirassée comme la flotte de
bateaux qu'elle nous montre et nous
« monte » et coiffant fièrement le casqqe de
Richard-Cœur-de-Lion et de Guillaume-le-
Conquérant !
Non, mais, voyez-vous d'ici ce tableau l..
Ea voilà un qui serait Défaille]
-:)-(:-
Enfin, dans sa strophe finale, le Poète-
Lauréat proclame que « la reine a trouvé
une consolation à son veuvage dans le ma-
riage éternel qui l'unit à son peuple. »
Du haut du ciel, ta demeure dernière,
Féal John Brown, tu dois être content !
Mais c'est l'ombre du prince - consort
Albert qui doit en faire une tète biscornue!
Beaujolais. "
GRELOTS
Un homme qu'on menait au gibet disait:
— Ne me conduisez pas par ce chemin, je
crains qu'un marchand, qui demeure dans cette
rue, ne m'arrête pour une vieille dette.
—«->—
Mme Servatoire mère professe des principes
absolus sur la nécessité de l'éducation fémi-
nine.
— Je ne lancerai jamais dans la vie une de
mes filles, déclarait-elle hier, avant de lui avoir
fait faire toutes ses humanités!
— «-»—
Dans un bal d'étudiants :
— Moi, vois-tu, mon petit, c'est la valse qui
m'a perdue.
— Je comprends 1 tu as mal tourné.
—«-i —
Deux avocats plaident :
— ...Et la preuve que les bœufs de cet homme
sont allés dans le pré de mon client, c'est qu'on
y a trouvé des bouses de vache.
— En avez-vous les preuves en mains!
Triboulkt.
THÉÂTRES
Les tarifs d'été, pourtant si alléchants, mis
exceptionnellement, cette année, en vigueur
par certains directeurs n'ont pas triomphé
des excentricités d'un thermomètre qui
monte, monte toujours, au point d'en écla-
ter!
U a fallu se résoudre à fermer et voilà Paris
privé pour plusieurs mois de la plupart de
ses théâtres.
Restent seuls ouverts: L'Opéra,laComédie-
Française — qui n'ont pas le droit de don-
ner congé aux spectateurs — les Nouveau-
tés, la Porte-Saint-Martin, la Gaité, les
Folies-Dramatiques et l'Ambigu, auxquels le
droit est reconnu, mais qui ont habituelle-
ment, le bon goût de ne pas en user.
Honneur à ces braves 1 et hurrah ! pour
nos vieilles connaissances : Le Sursis, les
Mystères de Paris, la Mascotte, YAuberga du
Tohu-Bohu et les Deux Gosses, que le direc-
teur ne pense pas à décoller de l'affiche.
En fait de nouveautés, nous n'avons à
nous mettre, cette semaine, sous la... plume,
qu'un fort agréable ballet-opérette, repré-
senté ces jours-ci à l'Olympia.
Le Déjeuner sur l'herbe , tel est le titre de
cet amusant tableau de mœurs, brossé de
main de maître par M. R. Bénédite et en-
guirlandé d'arabesques pimpantes d'une mu-
sique absolument ravissante de M. E. Missa.
C'est plaisir de voir évoluer le joli batail-
lon des demoiselles de magasin de la mai-
son Dupont, lâchées dans le bois de Meudon
par leur patron, et d'assister à leurs joyeux
ébats.
Le Déjeuner sur l'herbe a été très bien ac-
cueilli et très applaudi par le public. On a fait
fête à ses charmantes interprètes et notam-
ment à Mlle Cammarano, une étoile de la
danse dans toute l'acception du mot.
Avec le Coucher de la Mariée et le Déjeuner
sur l'herbe, le directeur de l'Olympia a su
composer un spectacle des plus attrayants,
que nous engageons très vivement nos lec-
teurs à aller applaudir.
Jules de la Verdrie.
-♦--
CRÉDIT FONCIER DE FRANCE
Prêts hypothécaires à 4 0/0
Le Crédit foncier sert d'intermédiaire entre
les capitalistes et les emprunteurs hypothé-
caires. Il consent aux propriétaires fonciers
jusqu'à concurrence de la moitié de la valeur
des immeubles des prêts hypothécaires
amortissables dans un délai de dix à soixante-
quinze ans. L'intérêt est de 4 0/0 par an,
sans commission.
Pour un prêt de soixante-quinze ans, l'em-
prunteur n'a à payer qu'une annuité de
4 21 0/0, comprenant l'intérêt et l'amortisse-
ment.
Il a toujours le droit de se libérer par an-
ticipation, en profitant de l'amortissement
déjà opéré. U peut faire des remboursements
anticipés partiels. En réalité, le prêt n'a que
la durée qu'il convient à l'emprunteur de
lui donner.
--+-
CASINO D'ENGHEIN
Au Casino d'Enghein-les-Bains, toujours
grande alfluence de monde et immense suc-
cès pour les artistes et l'orchestre du maes-
tro Videix. Les représentations données
cette semaine ont été particulièrement bril-
lantes : On a joué successivement Nos alliées
la ravissante comédie de Moreau; la Marrail
ne de Charley, le grand succès de Cluny; le
Bijou perdu, l'opéra-comique d'Adam et
Gifoflé Girofla. On annonce pour lundi pro-
chain Pavie, l'opérette de Justin Clérice;
puis mardi, lo Parfum; pour mercredi, le
Canard à trois becs; pour vendredi Frou-
Frou, et pour samedi, Faust.
BronchitesetTuberculose
se guérit sûrement et promptement par la
Ducasbline (extrait concentré des plantes
du Brésil) une des plus merveilleuses décou-
vertes de ce siècle.
Rappelons en quelques mots les princi-
paux symptômes de la truberculose, qui
peut être engendrée par une bronchite mal
soignée : Toux avec ou sans expectoration,
quelquefois crachement de sang, enroue-
ment, oppression, palpitations de cœur.
Sueurs nocturnes. Faiblesse générale, amai-
grissement. Perte d'appétit, troubles de la
digestion, fièvre vers quatre à cinq heures.
Consomption, Diarrhée.
La Ducasbline, médicament végétal ab-
solument i'noffensif est cependant d'une effi-
cacité telle, qu'au bout de quelques jours,
on sent déjà une amélioration sensible et la
guétison radicale est obtenue au bout de
quelques semaines.
La maladie guérie ne revient plus et les
forces se maintiennent par l'usage de la
Ducasbline.
Des centaines d'attestations prouvent la
supériorité et l'infaillibilité de cette mé-
thode, appliquée exclusivement et avec le
plus grand succès à l'Institut Médical
Rationnel, 19, rue de Clichy, à Paris, qui
guérit avec le même succès, par la série des
Ducasbline, la goutte, le rhumatisme, le
diabète, l'anémie, l'albuminerie, les dyspep-
sies, etc.
Consultation de 3 à 5 heures et par cor-
respondance : 8 fr. — Visites à domicile.
Brochure avec traitement contre bon-
poste de 1 fr.
Dr André de Marcilhag.
Prix d'un flacon de Ducasbline n° 2,
spécial pour les bronchites et la tubercu-
lose : 3 fr. 7u.
J. Bouillot et Cie, 19, rue de Olichy, Paris,
et toutes pharmacies.