LE GRELOT
écœurés de leurs mutuelles acrobaties. M. le
Ministre de l'Intérieur dénouera, d'ici là,
l'imbroglio algérien et trouvera enfin un
candidat disposé à se substituer à M. Jules
Camb .n, en la personne de... M. Barthou
lui-même,' mis en disponibilité par la
Chambre et « appelé à ces autres fonc-
tions » par le vœu unanime des phospha-
tiers et des criquets politiques.
Aux dernières nouvelles, changement à
vue : Lozé disparait dans la chausse-trappe
tendue par le cabinet Méline à sa non-accep-
tation ; et c'est notre Préfet de Police qui
retire au gouvernement l'épine du pied.
Macach'bonol Lépine ou Lozé, c'est Kif-Kif...
bourriquots.
U. Maurice Tic.
-__-♦-
Si j'allais me coucher ?
Huit heures seulement? Et la pluie tombe à
| verse 1
Que faire ! Travailler ! Allons, je vais tâcher...
Ecrire ne me dit pas. Oh 1 fortune adverse,
Pas moyen de sortir... Si j'allais me coucher ?
X
Cela n'arrête pas... Après tout, que m'importe ?
Au lieu de rester là, à user le plancher,
Je vais en griller une et fermerai ma porte.
Il fera jour demain ; allons donc nous coucher.
X
Neuf heures vont sonner; le vent fait toujours
I rage.
' Ah I que je plains les gens obligés de marcher.
Bah I moi, je suis au chaud, à l'abri de l'orage;
Je vais en r'griller une, et j'irai me coucher.
X
Il faut bien l'avouer, l'homme est très égoïste;
' Dès qu'il'a ce qu'il veut, rien ne peut le toucher.
Il croit... Voilà dix heures. Monsieur le mora-
| liste,
Trêve de bavardages : il faut aller coucher.
Quest-ce que j'entends là ? Diable ! c'esv le ton-
| nerre.
Gronde tout à loisir. Tu ne peux m'empêcher
— Que tu veuilles la paix, que tu veuilles la
| guerre —
D'en fumer encore une et puis de me coucher.
X
Pour un homme, ma foi ! qui ne savait que faire,
J'ai bien tué le temps; mais je vois approcher
Le moment où je vais, en auteur débonnaire...
Onze heures ! Oh ! le bavard. Iras-tu te coucher?
X
Je finis. La soirée, d abord interminable,
A passé cependant. On va souvent chercher...
Ah! sapristi, minuit I Je suis impardonnable.
Cette fois, serviteur : je m'en vais me coucher !
champaubert.
-+----
RON DS-DE-CU IR
ET CULOTTES DE PEAU
Une statistique vient d'être publiée sur les
fonctionnaires et employés de l'État. Ils sont
405.671 qui tous les mois émargent au budget;
le montant total de leur traitement annuel
s'élève à six cent quinze millions trois cent
cinquante mille six cent cinquante-trois
francs.
Ce qui me chiffonne, c'est que cette
somme totale ne comporte pas de centimes,
qui suffiraient — à eux seuls — à rémunérer
équitablement la besogne que ne font pas,
ou que font mal, ces innombrables parasites
budgétivores.
405.671 employés-fonctionnaires! Étonnez-
vous après cela que nous soyons si mal
administrés et que toute initiative indivi-
duelle, tout effort hardi et fécond du mal-
heureux contribuable soit immédiatement
paralysé, garrotté et mis dans l'impossibilité
d'agir par cette armée de « ronds-de-cuir »
assis sur lui, le pôvre ! et l'écrasant du
poids des montagnes de lois, règlements,
arrêtés, décrets, ordonnances, etc., etc., etc.,
pondus et amoncelés depuis un siècle par
cette engeance ni faste et pullulante comme
les lapins en Australie.
Et encore, dans cette dernière contrée, on
peut leur avoir le poil; tandis que les bi-
pèdes, dont nous subissons le ûéau, ayant
ce poil dans la main dont ils nous étreignent,
il devient impossible de l'extirper.
Quel Pasteur nous procurera le vaccin de
ce virus bureaucratique et détruira ces lé-
gions de microbes du fonctionnarisme, la
plaie dont nous mourons, en nous étiolant 1
D'aucuns ont bien essayé, mais ont dû s'ar-
rêter découragés en s'écriant comme le gre-
nadier de la vieille garde : < Ils sont trop!.. »
L'un deux — et non des moindres — M. Gréard,
vice-recteur, vient d'adresser aux proviseurs
des Lycées et principaux des collèges de l'Aca-
démie de Paris, la circulaire suivante :
La rentrée des classes se trouvant, comme l'an
dernier, retardée par le congé supplémentaire,
il y a lieu de suspendre encore cette fois la fête
de rentrée et de faire commencer le travail
régulier dès le lundi 4 octobre.
Infortunés potaches! pour sûr qu'ils n'y
sont pas à la fête ! car l'Aimas parens tourne
décidément à la marâtre persécutrice.
Après la suppression officielle de la Taupe,
de la Corniche et de la Cagne, voilà qu'on les
prive même de la fête de rentrée, ce joyeux
épilogue des vacances, pour refermer vio-
lemment sur eux les portes grinçantes du
« bahut ». Brrr 1 ce M. Rambaud est bien
décidément le digne Ministre de l'Instruc-
tion publique de ce morose cabinet Méline,
auquel nous devons le pain cher, le triom-
phe de « l'esprit nouveau », la duperie
franco-russe, la hideuse liberté des courses
de taureaux..et le dernier mouvement
préfectoral.
-EU-
Un comité, dont la présidence a été offerte au
général du Barail, est en formation dans le but
d'élever, par souscription, un monument au
général Bourbaki.
L'œuvre , dont l'exécution sera confiée à
M. Alphonse Moncel, se composera de la statue
du général et de bas-reliefs représentant ses
actions d'éclat.
Telles que son pseudo-suicide — dans
une glace — après le désastre de notre mal-
heureuse armée de l'Est, qu'il désertait
ainsi au moment le plus critique, en l'aban-
donnant aux horreurs d'un hiver et d'un
ennemi luttant d'atrocité.
Autre motif de bas-relief : sa campagne
acharnée contre la presse lyonnaise républi-
caine, sous le régime de l'état de siège,
qu'il commandait dans le Rhône avec une
vigueur qui lui fit si complètement défaut
devant les Prussiens.
Après Canrobert, Bourbaki, si nous conti-
nuons à élever ainsi des statues à tous nos
généraux vaincus de la dernière guerre, il
ne nous restera bientôt plus de bronze pour
glorifier celui ^inconnu encore, hélas 1 —
qui nous rendra, au jour des revanches
lointaines, nos vieilles frontières enfin re-
conquises.
guillbrï.
ANECDOTES ET BONS MOTS
Monsieur sonne son domestique.
f Voyons, Joseph, regardez donc : vous
m'apportez deux bottines du même pied ».
Joseph sort un instant, puis revient
effaré :
« Ah ! bien, monsieur, c'est pas ma faute,
l'autre paire est comme ça aussi. »
— :o:o:—
Un bon brave homme revient de la cam-
pagne, chargé de volailles mortes; le pré-
posé à l'octroi l'arrête.
— Combien dois-je? demande le voya-
geur.
— Vingt centimes par tête de volaille.
Le voyageur s'exécute ; après quoi, il émet
cette réflexion :
— La prochaine fois, je leur couperai la
tête!
—:o:o:—
Les incompatibilités d'humeur.
— Figure-toi, mon cher, que ma première
femme ronflait comme une toupie hollan-
daise, cela m'empêchait de dormir.
— Et la seconde?
— La seconde ne ronfle pas du tout... et
cela me réveille !
Aqdkl.
--.-4---'--
A BOUT PORTANT
Le général de Schlaffen, chef du grand état-
major de Berlin, accompagné, d'un groupe d'of-
ficiers, est arrivé à Metz. Tous ces officiers ont
visité aujourd'hui les champs de bataille autour
de la ville. Ils repartiront demain.
Avec la satisfaction d'avoir marqué la
place où ils seront définitivement couchés,
au jour du choc suprême, lorsque la terre de
Lorraine, lasse enfin de les porter, les cou-
vrira... en s'en servant comme engrais des
futures moissons de la délivrance.
Au revoir, sinistres passants 1
Pendant les exercices de tir que les troupes
de la garnison de Mulhouse ont fait récem-
ment près de la frontière, deux soldats s'aven-
turèrent, par erreur, sur le territoire français.
L'un d'eux fut appréhendé aussitôt par les doua-
niers français, tandis que l'autre put s'enfuir.
Le soldat allemand fait prisonnier ne tarda pas
à être relâché, parce qu'il put facilement éta-
blir pu'il avait été victime d'une erreur.
U est même probable qu'on lui a fait des
excuses; car il n'y a pas de danger qu'Ha-
notaux ait eu la patriotique présence d'es-
prit de le faire retenir et d'en proposer
l'échange contre notre malheureux compa-
triote Bariset, séquestré et condamné à por-
ter l'ignoble casque-à-pointe, sans que l'al-
liance franco-russe ait donné à notre Vizir
du quai d'Orsay, la force de lever le petit
doigt pour le défendre.
Quelle pitié 1 quelle honte 1
On mande de Buda-Pesth :
Un soldat du 12e hussards en garnison à Sza-
mos-Utvarhely, poussé à bout par les mauvais
traitements de la part de son lieutenant, ayant
rencontré celui-ci sur le pont, le tua raide d'un
coup de revolver, et ensuite, après avoir jeté
son cadavre à l'eau, se fit sauter la cervelle.
Eljen ! — comme ils clament là-bas — ça
en fait toujours deux de moins. Et l'on voit,
par cet exemple topique, que la récente
visite de Guillaume en Hongrie a eu les
plus heureux résultats sur le moral de l'ar-
mée du plus Joseph des François, dont les
soldats se montrent ainsi dignes de servir
de modèles à leurs frères allemands.
Un peu bruyant, cependant, l'accueil des
magyars à leur grand allié, si l'on en juge
par la bombe qui a mis en émoi le vaincu
de Sadowa allant cirer de ses moustaches
blanches les bottes insolentes du petit-fils
de son vainqueur.
« Gare, à qui s'approche ! » s'est-il s'écrié,
en se dressant, tout pâle, dans sa voiture,
au moment de l'explosion, qu'on dissimule
avec tant de soin.
Hélas ! pauvre vieux débris d'une royauté
vermoulue et tombée en enfance, quelle
approche pourrait être plus meurtrière pour
ton prestige, que celle du reltre couronné,
dont tu courais bénévolement subir l'humi-
liante accolade, après avoir été chassé de la
Confédération germanique, par son aïeul, à
coups de crosses dans le prussien !
Le New-Yorh Herald a reçu la dépêche sui-
vante de Constantinople :
Le sultan est en ce moment gravement ma-
lade. La nouvelle est aujourd'hui connue dans
toute la ville.
Pourvu que ce ne soit pas une fausse nou-
velle, lancée pour donner une fausse joie au
monde civilisé!
Et dire qu'il y a encore des nouvellistes
assez peu dégustateurs pour traiter de
« mauvais café » la divine, l'exquise, la
suave liqueur à laquelle l'univers recon-
naissant serait redevable de l'anéantisse-
ment de ce vampire à face inhumaine.
Beaujolais.
ÉCHOS
Un brave paysan, de réputation irrépro-
chable et très effrayé de se voir appeler au
tribunal de simple police pour une contra-
vention insignifiante, demande à ud clerc
un moyen de se tirer d'affaires.
— C'est bien simple, répond le baso-
chien facétieux. Bornez-vous à dire « que
vous réclamez le bénéfice de l'article 12 du
Code pénal », et ne sortez pas de là.
A l'audience, le juge stupéfait ouvre son
Code et donne lecture du texte invoqué, qui
est ainsi conçu :
Article 12. — « Tout condamné à mort
aura la tête tranchée. »
Ahuri, livide, tremblant, l'homme des
champs balbutie :
— Monsieur le juge.., miséricorde ! Est-ce
que je ne peux pas faire un recours en grâce ?
Explosion d'hilarité dans l'auditoire.
—0—
Le Progrés médical publie l'a argument»
d'un devoir de composition française pro-
posé, affirme-t-il, aux élèves d'un grand
lycée de Paris quelques jours avant les va-
cances.
Le sujet de cet exercice de style est telle-
ment... original que nous craignons fort
que la bonne foi de notre confrère n'ait été
surprise. Qu'on en juge :
« 1° A l'hôpital de la Charité, un médecin
ayant besoin d'un cadavre pour faire quel-
ques expériences médicales, le demande à
l'infirmier, qui lui promet le n° 46, lequel,
dit-il, n'a plus que deux heures à vivre.
(Faire parler les deux personnes ! 10 lignes).
« 2» Cela ne fait pas l'affaire du médecin,
qui doit s'absenter jusqu'au lendemain soir.
t 3" Un cordial, administré in extremis au
susdit numéro, agit si heureusement que le
moribond, après un long sommeil, se réveille
convalescent. Désappointement comiquo de
l'infirmier, qui témoigne sa surprise au n» 46.
(Dialogue : 20 lignes.)
« 4o Le lendemain, le médecin vient cher-
cher son cadavre; mais l'infirmier lui ré-
pond que le mourant ne s'est pas décidé à
mourir. {10 lignes) ».
Les ateliers de peinture passaient pour
avoir autrefois le monopole des « charges »
exécutées par les rapins. Nous aimons à
ctoire qu'il y a ici une charge macabre de
carabins I
—o—
Nous nous plaignons de la falsification
moderne des denrées, mais nos pères n'al-
laient pas trop mal sur cet article, s'il faut en
croire un vieux document, remontant à 1808
et exhumé par un confrère.
« A la halle, dit ce document, on peint le
fromage pour attraper ceux qui l'aiment da-
vantage quand sa croûte est rouge. Les fruits
verts sont peints artistement par les reven-
deurs en détail ; il en est de même des ouies
de poisson. Les fleurs ne sont que fichées,
c'est-à-dire attachées avec des épingles à
fausse queue.
« On pousse l'impudence jusqu'à vendre du
gibier empaillé; un particulier, passant dans
une rue de Paris, acheta d'une espèce de
paysan un très beau lièvre, et quand la cui-
sinière voulut, l'apprêter, elle s'aperçut que
ce n'était qu'un gros chat qu'on avait cousu
dans la peau d'un lièvre. »
Ce chat cousu dans la peau d'un lièvre
constituait (si nous osons parler ainsi) un
fameux... lapin. Nous n'avons pas trouvé
mieux.
—o—
La monnaie de Ménélik :
Le négus vient de décider qu'il aurait une
monnaie courante à son effigie. C'est la Mon-
naie de Paris qui a eu la commande.
L'unité restera le talari d'une valeur con-
ventionnelle d'environ 5 francs. La face
portera la tête de Ménélik, coiffée d'une triple
tiare surmontée d'une croix grecque, avec,
en exergue : « Jean Ménélik II, roi des rois
d'Ethiopie, et le millésime. Au revers, figu-
rera le lion de Juda portant une croix, et
sur la tranche l'inscription : «L'Ethiopie ne
tend la main qu'à Dieu. »
La monnaie de Ménélik ! C'est surtout le
côté pile qu'en apprécieront les Italiens.
Douville.
CRÉDIT FONCIER DE FRANCE
Prêts hypothécaires à 4 0/0
Le Crédit foncier sert d'intermédiaire entre
les capitalistes et les emprunteurs hypothé-
caires. Il consent aux propriétaires fonciers
jusqu'à concurrence de la moitié de la valeur
des immeubles des prêts hypothécaires
amortissables dans un délai de dix à soixante-
quinze ans. L'intérêt est de 4 0/0 par an,
sans commission.
Pour un prêt de soixante-quinze ans, l'em-
prunteur n'a à payer qu'une annuité de
4 21 0/0, comprenant l'intérêt et l'amortisse-
ment.
Il a toujours le droit de se libérer par an-
ticipation, en profitant de l'amortissement
déjà opéré. Il peut faire des remboursements
anticipés partiels. En réalité, le prêt n'a que
la durée qu'il convient à l'emprunteur do
lui donner.
--4-
L'ANÉMIE
se guérit sûrement, promptement et radi-
calement sans régime spécial par la Ducas-
bline (extrait concentré des plantes du
Brésil), une des plus merveilleuses découver-
tes de ce siècle.
Rappelons en quelques mots ses prin-
cipaux symptômes : pâleur et même déco-
loration des tissus, faiblesse générale, palpi-
tations, perte ou dépravation de l'appétit,
troubles de la digestion, névralgies, irrégu-
larité des époques, hémorragies, enflures
des jambes et de la figure, essoufflement,
troubles intellectuels.
La Ducasbline, médicament végétal ab-
solument inofl'ensif, est cependant d'une ef-
ficacité telle qu'au bout de quelques jours, on
sent déjà une amélioration notable et la gué-
rison radicale est obtenue au bout de quel-
ques semaines.
La maladie guérie ne revient plus et les
forces se maintiennent par l'usage de la Du-
casbline.
Des centaines d'attestations prouvent la
supériorité et l'infaillibilité de cette mé-
thode, appliquée exclusivement et avec le
plus grand succès à l'Institut médical ra-
tionnel, 19, rue de Clichy, Paris, qui guérit
avec le même succès par la série des Du-
casbline, la goutte, le rhumatisme, le dia-
bète, l'albuminurie, les bronchites et tu-
berculoses, etc.
Consultations de 3 à 5 heures et par cor-
respondance, S fr., visites à domicile.
D>- André de Marcilhac.
Prix d'un flacon de DUCASBLINE spé-
cial pour le diabète : 3 fr. 7S.
J. Bouillot et de, 19, rue de Clichy. à Pa-
ris, et toutes pharmacies.
écœurés de leurs mutuelles acrobaties. M. le
Ministre de l'Intérieur dénouera, d'ici là,
l'imbroglio algérien et trouvera enfin un
candidat disposé à se substituer à M. Jules
Camb .n, en la personne de... M. Barthou
lui-même,' mis en disponibilité par la
Chambre et « appelé à ces autres fonc-
tions » par le vœu unanime des phospha-
tiers et des criquets politiques.
Aux dernières nouvelles, changement à
vue : Lozé disparait dans la chausse-trappe
tendue par le cabinet Méline à sa non-accep-
tation ; et c'est notre Préfet de Police qui
retire au gouvernement l'épine du pied.
Macach'bonol Lépine ou Lozé, c'est Kif-Kif...
bourriquots.
U. Maurice Tic.
-__-♦-
Si j'allais me coucher ?
Huit heures seulement? Et la pluie tombe à
| verse 1
Que faire ! Travailler ! Allons, je vais tâcher...
Ecrire ne me dit pas. Oh 1 fortune adverse,
Pas moyen de sortir... Si j'allais me coucher ?
X
Cela n'arrête pas... Après tout, que m'importe ?
Au lieu de rester là, à user le plancher,
Je vais en griller une et fermerai ma porte.
Il fera jour demain ; allons donc nous coucher.
X
Neuf heures vont sonner; le vent fait toujours
I rage.
' Ah I que je plains les gens obligés de marcher.
Bah I moi, je suis au chaud, à l'abri de l'orage;
Je vais en r'griller une, et j'irai me coucher.
X
Il faut bien l'avouer, l'homme est très égoïste;
' Dès qu'il'a ce qu'il veut, rien ne peut le toucher.
Il croit... Voilà dix heures. Monsieur le mora-
| liste,
Trêve de bavardages : il faut aller coucher.
Quest-ce que j'entends là ? Diable ! c'esv le ton-
| nerre.
Gronde tout à loisir. Tu ne peux m'empêcher
— Que tu veuilles la paix, que tu veuilles la
| guerre —
D'en fumer encore une et puis de me coucher.
X
Pour un homme, ma foi ! qui ne savait que faire,
J'ai bien tué le temps; mais je vois approcher
Le moment où je vais, en auteur débonnaire...
Onze heures ! Oh ! le bavard. Iras-tu te coucher?
X
Je finis. La soirée, d abord interminable,
A passé cependant. On va souvent chercher...
Ah! sapristi, minuit I Je suis impardonnable.
Cette fois, serviteur : je m'en vais me coucher !
champaubert.
-+----
RON DS-DE-CU IR
ET CULOTTES DE PEAU
Une statistique vient d'être publiée sur les
fonctionnaires et employés de l'État. Ils sont
405.671 qui tous les mois émargent au budget;
le montant total de leur traitement annuel
s'élève à six cent quinze millions trois cent
cinquante mille six cent cinquante-trois
francs.
Ce qui me chiffonne, c'est que cette
somme totale ne comporte pas de centimes,
qui suffiraient — à eux seuls — à rémunérer
équitablement la besogne que ne font pas,
ou que font mal, ces innombrables parasites
budgétivores.
405.671 employés-fonctionnaires! Étonnez-
vous après cela que nous soyons si mal
administrés et que toute initiative indivi-
duelle, tout effort hardi et fécond du mal-
heureux contribuable soit immédiatement
paralysé, garrotté et mis dans l'impossibilité
d'agir par cette armée de « ronds-de-cuir »
assis sur lui, le pôvre ! et l'écrasant du
poids des montagnes de lois, règlements,
arrêtés, décrets, ordonnances, etc., etc., etc.,
pondus et amoncelés depuis un siècle par
cette engeance ni faste et pullulante comme
les lapins en Australie.
Et encore, dans cette dernière contrée, on
peut leur avoir le poil; tandis que les bi-
pèdes, dont nous subissons le ûéau, ayant
ce poil dans la main dont ils nous étreignent,
il devient impossible de l'extirper.
Quel Pasteur nous procurera le vaccin de
ce virus bureaucratique et détruira ces lé-
gions de microbes du fonctionnarisme, la
plaie dont nous mourons, en nous étiolant 1
D'aucuns ont bien essayé, mais ont dû s'ar-
rêter découragés en s'écriant comme le gre-
nadier de la vieille garde : < Ils sont trop!.. »
L'un deux — et non des moindres — M. Gréard,
vice-recteur, vient d'adresser aux proviseurs
des Lycées et principaux des collèges de l'Aca-
démie de Paris, la circulaire suivante :
La rentrée des classes se trouvant, comme l'an
dernier, retardée par le congé supplémentaire,
il y a lieu de suspendre encore cette fois la fête
de rentrée et de faire commencer le travail
régulier dès le lundi 4 octobre.
Infortunés potaches! pour sûr qu'ils n'y
sont pas à la fête ! car l'Aimas parens tourne
décidément à la marâtre persécutrice.
Après la suppression officielle de la Taupe,
de la Corniche et de la Cagne, voilà qu'on les
prive même de la fête de rentrée, ce joyeux
épilogue des vacances, pour refermer vio-
lemment sur eux les portes grinçantes du
« bahut ». Brrr 1 ce M. Rambaud est bien
décidément le digne Ministre de l'Instruc-
tion publique de ce morose cabinet Méline,
auquel nous devons le pain cher, le triom-
phe de « l'esprit nouveau », la duperie
franco-russe, la hideuse liberté des courses
de taureaux..et le dernier mouvement
préfectoral.
-EU-
Un comité, dont la présidence a été offerte au
général du Barail, est en formation dans le but
d'élever, par souscription, un monument au
général Bourbaki.
L'œuvre , dont l'exécution sera confiée à
M. Alphonse Moncel, se composera de la statue
du général et de bas-reliefs représentant ses
actions d'éclat.
Telles que son pseudo-suicide — dans
une glace — après le désastre de notre mal-
heureuse armée de l'Est, qu'il désertait
ainsi au moment le plus critique, en l'aban-
donnant aux horreurs d'un hiver et d'un
ennemi luttant d'atrocité.
Autre motif de bas-relief : sa campagne
acharnée contre la presse lyonnaise républi-
caine, sous le régime de l'état de siège,
qu'il commandait dans le Rhône avec une
vigueur qui lui fit si complètement défaut
devant les Prussiens.
Après Canrobert, Bourbaki, si nous conti-
nuons à élever ainsi des statues à tous nos
généraux vaincus de la dernière guerre, il
ne nous restera bientôt plus de bronze pour
glorifier celui ^inconnu encore, hélas 1 —
qui nous rendra, au jour des revanches
lointaines, nos vieilles frontières enfin re-
conquises.
guillbrï.
ANECDOTES ET BONS MOTS
Monsieur sonne son domestique.
f Voyons, Joseph, regardez donc : vous
m'apportez deux bottines du même pied ».
Joseph sort un instant, puis revient
effaré :
« Ah ! bien, monsieur, c'est pas ma faute,
l'autre paire est comme ça aussi. »
— :o:o:—
Un bon brave homme revient de la cam-
pagne, chargé de volailles mortes; le pré-
posé à l'octroi l'arrête.
— Combien dois-je? demande le voya-
geur.
— Vingt centimes par tête de volaille.
Le voyageur s'exécute ; après quoi, il émet
cette réflexion :
— La prochaine fois, je leur couperai la
tête!
—:o:o:—
Les incompatibilités d'humeur.
— Figure-toi, mon cher, que ma première
femme ronflait comme une toupie hollan-
daise, cela m'empêchait de dormir.
— Et la seconde?
— La seconde ne ronfle pas du tout... et
cela me réveille !
Aqdkl.
--.-4---'--
A BOUT PORTANT
Le général de Schlaffen, chef du grand état-
major de Berlin, accompagné, d'un groupe d'of-
ficiers, est arrivé à Metz. Tous ces officiers ont
visité aujourd'hui les champs de bataille autour
de la ville. Ils repartiront demain.
Avec la satisfaction d'avoir marqué la
place où ils seront définitivement couchés,
au jour du choc suprême, lorsque la terre de
Lorraine, lasse enfin de les porter, les cou-
vrira... en s'en servant comme engrais des
futures moissons de la délivrance.
Au revoir, sinistres passants 1
Pendant les exercices de tir que les troupes
de la garnison de Mulhouse ont fait récem-
ment près de la frontière, deux soldats s'aven-
turèrent, par erreur, sur le territoire français.
L'un d'eux fut appréhendé aussitôt par les doua-
niers français, tandis que l'autre put s'enfuir.
Le soldat allemand fait prisonnier ne tarda pas
à être relâché, parce qu'il put facilement éta-
blir pu'il avait été victime d'une erreur.
U est même probable qu'on lui a fait des
excuses; car il n'y a pas de danger qu'Ha-
notaux ait eu la patriotique présence d'es-
prit de le faire retenir et d'en proposer
l'échange contre notre malheureux compa-
triote Bariset, séquestré et condamné à por-
ter l'ignoble casque-à-pointe, sans que l'al-
liance franco-russe ait donné à notre Vizir
du quai d'Orsay, la force de lever le petit
doigt pour le défendre.
Quelle pitié 1 quelle honte 1
On mande de Buda-Pesth :
Un soldat du 12e hussards en garnison à Sza-
mos-Utvarhely, poussé à bout par les mauvais
traitements de la part de son lieutenant, ayant
rencontré celui-ci sur le pont, le tua raide d'un
coup de revolver, et ensuite, après avoir jeté
son cadavre à l'eau, se fit sauter la cervelle.
Eljen ! — comme ils clament là-bas — ça
en fait toujours deux de moins. Et l'on voit,
par cet exemple topique, que la récente
visite de Guillaume en Hongrie a eu les
plus heureux résultats sur le moral de l'ar-
mée du plus Joseph des François, dont les
soldats se montrent ainsi dignes de servir
de modèles à leurs frères allemands.
Un peu bruyant, cependant, l'accueil des
magyars à leur grand allié, si l'on en juge
par la bombe qui a mis en émoi le vaincu
de Sadowa allant cirer de ses moustaches
blanches les bottes insolentes du petit-fils
de son vainqueur.
« Gare, à qui s'approche ! » s'est-il s'écrié,
en se dressant, tout pâle, dans sa voiture,
au moment de l'explosion, qu'on dissimule
avec tant de soin.
Hélas ! pauvre vieux débris d'une royauté
vermoulue et tombée en enfance, quelle
approche pourrait être plus meurtrière pour
ton prestige, que celle du reltre couronné,
dont tu courais bénévolement subir l'humi-
liante accolade, après avoir été chassé de la
Confédération germanique, par son aïeul, à
coups de crosses dans le prussien !
Le New-Yorh Herald a reçu la dépêche sui-
vante de Constantinople :
Le sultan est en ce moment gravement ma-
lade. La nouvelle est aujourd'hui connue dans
toute la ville.
Pourvu que ce ne soit pas une fausse nou-
velle, lancée pour donner une fausse joie au
monde civilisé!
Et dire qu'il y a encore des nouvellistes
assez peu dégustateurs pour traiter de
« mauvais café » la divine, l'exquise, la
suave liqueur à laquelle l'univers recon-
naissant serait redevable de l'anéantisse-
ment de ce vampire à face inhumaine.
Beaujolais.
ÉCHOS
Un brave paysan, de réputation irrépro-
chable et très effrayé de se voir appeler au
tribunal de simple police pour une contra-
vention insignifiante, demande à ud clerc
un moyen de se tirer d'affaires.
— C'est bien simple, répond le baso-
chien facétieux. Bornez-vous à dire « que
vous réclamez le bénéfice de l'article 12 du
Code pénal », et ne sortez pas de là.
A l'audience, le juge stupéfait ouvre son
Code et donne lecture du texte invoqué, qui
est ainsi conçu :
Article 12. — « Tout condamné à mort
aura la tête tranchée. »
Ahuri, livide, tremblant, l'homme des
champs balbutie :
— Monsieur le juge.., miséricorde ! Est-ce
que je ne peux pas faire un recours en grâce ?
Explosion d'hilarité dans l'auditoire.
—0—
Le Progrés médical publie l'a argument»
d'un devoir de composition française pro-
posé, affirme-t-il, aux élèves d'un grand
lycée de Paris quelques jours avant les va-
cances.
Le sujet de cet exercice de style est telle-
ment... original que nous craignons fort
que la bonne foi de notre confrère n'ait été
surprise. Qu'on en juge :
« 1° A l'hôpital de la Charité, un médecin
ayant besoin d'un cadavre pour faire quel-
ques expériences médicales, le demande à
l'infirmier, qui lui promet le n° 46, lequel,
dit-il, n'a plus que deux heures à vivre.
(Faire parler les deux personnes ! 10 lignes).
« 2» Cela ne fait pas l'affaire du médecin,
qui doit s'absenter jusqu'au lendemain soir.
t 3" Un cordial, administré in extremis au
susdit numéro, agit si heureusement que le
moribond, après un long sommeil, se réveille
convalescent. Désappointement comiquo de
l'infirmier, qui témoigne sa surprise au n» 46.
(Dialogue : 20 lignes.)
« 4o Le lendemain, le médecin vient cher-
cher son cadavre; mais l'infirmier lui ré-
pond que le mourant ne s'est pas décidé à
mourir. {10 lignes) ».
Les ateliers de peinture passaient pour
avoir autrefois le monopole des « charges »
exécutées par les rapins. Nous aimons à
ctoire qu'il y a ici une charge macabre de
carabins I
—o—
Nous nous plaignons de la falsification
moderne des denrées, mais nos pères n'al-
laient pas trop mal sur cet article, s'il faut en
croire un vieux document, remontant à 1808
et exhumé par un confrère.
« A la halle, dit ce document, on peint le
fromage pour attraper ceux qui l'aiment da-
vantage quand sa croûte est rouge. Les fruits
verts sont peints artistement par les reven-
deurs en détail ; il en est de même des ouies
de poisson. Les fleurs ne sont que fichées,
c'est-à-dire attachées avec des épingles à
fausse queue.
« On pousse l'impudence jusqu'à vendre du
gibier empaillé; un particulier, passant dans
une rue de Paris, acheta d'une espèce de
paysan un très beau lièvre, et quand la cui-
sinière voulut, l'apprêter, elle s'aperçut que
ce n'était qu'un gros chat qu'on avait cousu
dans la peau d'un lièvre. »
Ce chat cousu dans la peau d'un lièvre
constituait (si nous osons parler ainsi) un
fameux... lapin. Nous n'avons pas trouvé
mieux.
—o—
La monnaie de Ménélik :
Le négus vient de décider qu'il aurait une
monnaie courante à son effigie. C'est la Mon-
naie de Paris qui a eu la commande.
L'unité restera le talari d'une valeur con-
ventionnelle d'environ 5 francs. La face
portera la tête de Ménélik, coiffée d'une triple
tiare surmontée d'une croix grecque, avec,
en exergue : « Jean Ménélik II, roi des rois
d'Ethiopie, et le millésime. Au revers, figu-
rera le lion de Juda portant une croix, et
sur la tranche l'inscription : «L'Ethiopie ne
tend la main qu'à Dieu. »
La monnaie de Ménélik ! C'est surtout le
côté pile qu'en apprécieront les Italiens.
Douville.
CRÉDIT FONCIER DE FRANCE
Prêts hypothécaires à 4 0/0
Le Crédit foncier sert d'intermédiaire entre
les capitalistes et les emprunteurs hypothé-
caires. Il consent aux propriétaires fonciers
jusqu'à concurrence de la moitié de la valeur
des immeubles des prêts hypothécaires
amortissables dans un délai de dix à soixante-
quinze ans. L'intérêt est de 4 0/0 par an,
sans commission.
Pour un prêt de soixante-quinze ans, l'em-
prunteur n'a à payer qu'une annuité de
4 21 0/0, comprenant l'intérêt et l'amortisse-
ment.
Il a toujours le droit de se libérer par an-
ticipation, en profitant de l'amortissement
déjà opéré. Il peut faire des remboursements
anticipés partiels. En réalité, le prêt n'a que
la durée qu'il convient à l'emprunteur do
lui donner.
--4-
L'ANÉMIE
se guérit sûrement, promptement et radi-
calement sans régime spécial par la Ducas-
bline (extrait concentré des plantes du
Brésil), une des plus merveilleuses découver-
tes de ce siècle.
Rappelons en quelques mots ses prin-
cipaux symptômes : pâleur et même déco-
loration des tissus, faiblesse générale, palpi-
tations, perte ou dépravation de l'appétit,
troubles de la digestion, névralgies, irrégu-
larité des époques, hémorragies, enflures
des jambes et de la figure, essoufflement,
troubles intellectuels.
La Ducasbline, médicament végétal ab-
solument inofl'ensif, est cependant d'une ef-
ficacité telle qu'au bout de quelques jours, on
sent déjà une amélioration notable et la gué-
rison radicale est obtenue au bout de quel-
ques semaines.
La maladie guérie ne revient plus et les
forces se maintiennent par l'usage de la Du-
casbline.
Des centaines d'attestations prouvent la
supériorité et l'infaillibilité de cette mé-
thode, appliquée exclusivement et avec le
plus grand succès à l'Institut médical ra-
tionnel, 19, rue de Clichy, Paris, qui guérit
avec le même succès par la série des Du-
casbline, la goutte, le rhumatisme, le dia-
bète, l'albuminurie, les bronchites et tu-
berculoses, etc.
Consultations de 3 à 5 heures et par cor-
respondance, S fr., visites à domicile.
D>- André de Marcilhac.
Prix d'un flacon de DUCASBLINE spé-
cial pour le diabète : 3 fr. 7S.
J. Bouillot et de, 19, rue de Clichy. à Pa-
ris, et toutes pharmacies.