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Heuzey, Léon
Les figurines antiques de terre cuite du musée du Louvre — Paris, 1883

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https://doi.org/10.11588/diglit.853#0007
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PREFACE

travail qu'ont entrepris avec succès, depuis plusieurs années, les jeunes générations de notre
École d'Athènes.

Je ne puis me dispenser de dire ici quelques mots du débat assez vif auquel donne lieu, de
nos jours, l'interprétation des figurines de terre cuite. Il convient de rappeler tout d'abord que
la discussion est circonscrite à une seule classe, il est vrai très nombreuse, de ces petites
images, à celles qui étaient déposées dans les tombeaux, d'après un vieil usage, commun à
presque tous les peuples de l'antiquité. Pour ma part, je me.suis surtout élevé contre l'opinion
extrême, exclusive, qui ne veut reconnaître dans les statuettes funéraires que des objets de
décoration, des sujets de genre, créés indifféremment, en dehors de toute idée religieuse, par
le caprice et la fantaisie des modeleurs, et que l'on aurait employés après coup pour meubler
et orner la sépulture. Les partisans de cette solution ont cherché naturellement à me pousser
vers l'extrémité contraire et à me faire prendre pour un adepte de l'ancienne école symbolique,
qui ne voyait partout, dans les mêmes images, que des divinités, portant les emblèmes d'un
dogme profond et mystérieux. C'est là un procédé de controverse par trop facile, contre
lequel j'ai depuis longtemps protesté.

L'opinion que je soutiens est bien plutôt une opinion moyenne, qui offre entre les deux
idées opposées un terrain de conciliation. Je me suis toujours efforcé d'ailleurs de l'élargir et
de la corriger dans le détail, de manière à tenir compte des notions complexes qui de diffé-
rents côtés sont venues se confondre dans cet usage traditionnel. Si je voulais m'arrêter à de
petites questions, je pourrais montrer que plus d'une fois on n'a fait que m'opposer les expli-
cations que j'avais développées en seconde ligne, en m'empruntant mes textes, mes expres-
sions et jusquauxngures dessinées pour mes articles.

Tout en donnant la première place à la représentation des dieux souterrains, chargés de
veiller sur les morts et aussi de protéger contre eux les vivants, je n'ai jamais cru qu'un système
unique suffît à expliquer la multiplicité et la diversité des faits observés. Il est d'abord diffi-
cile de séparer de cette conception celle des morts héroïsés, mis au rang des divinités funèbres.
J'ai admis aussi certains motifs qui perpétuent dans le tombeau comme une ombre de la vie
terrestre et surtout de ses amusements, dans l'intention de représenter le monde souterrain
comme un lieu de loisir. Si l'on doute encore de cette interprétation, c'est faute d'avoir reconnu
sur les vases grecs, dans les scènes mêmes des Enfers, quelques-uns des sujets chers aux
modeleurs de figurines : ici de j eunes héros tenant les instruments du gymnase, là un enfant qui
traîne son jouet, ailleurs des femmes assises, représentées avec le miroir ou avec le coffret
de toilette, parfois avec la balle, que leur apporte un génie ailé. Du même ensemble de
superstitions et d'instincts dérive une autre idée, que j'ai développée tout au long, comme
ayant pu provoquer, à l'origine, l'emploi des figurines funéraires : je veux parler des
« figurines expiatoires », remplaçant les anciennes victimes humaines immolées pour le
service du mort, ce que le premier j'ai appelé a l'escorte et la compagnie dans le tombeau ».
Les rites de l'offrande et du culte funéraire, tels qu'ils sont figurés sur les lécythes blancs et
sur les stèles, ont fourni aussi une série de représentations. Puis viennent les sujets amu-
sants, grotesques ou même obscènes, placés là dans un but de protection et de conjuration,
pour occuper et, si je puis parler ainsi, pour faire rire les morts, de manière à désarmer leur
 
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