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Histoire de l'esprit humain ou mémoires secrets et universels de la république des lettres — 11.1767

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Lettre Vingt Siexième
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§. XXIV
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https://doi.org/10.11588/diglit.44875#0355
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DE L’ESPRIT HUMAIN. 349
. au’il m’errseigne oü est ce fugitif qui m’appartient, sa re-
„compense sera un baiser de Venus: mais s’il le ramene
„le prix qu’il recevra sera encore plus considerable. Cet
„enfant eit aise ä connoitre ä plusieurs marques: on le
„distingue d’abord entre vingt autres, il n’a pas lä peau
„blanche, mais couleur de feu ; ses yeux sont vifs & pleins
„de ssame; son esprit eit dangereux, son langage est ssa-
„teur; il ne pense point comrae il parle, le miel n’elt pas
„plus doux que l’est le son de sa voix: lorsqu’il se fache
„il est violent; son genie est enclin ä la sourbetie, au
„mensonge. Cer enfant trompeur mele toujours les cru-
„autes auxjeux&aux plaisirs: ses mains sontpetites, mais
„dies lancent loin les dards, & les font aller jusqu’aux
„bords de 1’Acheron, oü le dieu des ensers n’en est pas
„ä l’abri. Il a le corps nud, mais l’esprit couvert; sem-
„blable ä un oiseau, il vole dans difterens lieux, & se
„repose tantöt sür les hommes, tantot sür les femmes; il
„penetre meine dans le fond des cceurs; il a un petit
„arc garni d’une sieche mince & legere, qu’il lance jus«
„ques dans les cieux; il orne ses epaules d’un carquois
„d’or rempli de traits garnis de plumes, dont il me blesfe
„souvent moi-meine. Toutes les choses qui lui appar-
„tiennent sont cruelles: mais il est encore plus cruel
„qu’elles: il porte un petit ssainbeau dont il brule meine
„le Soleil. Si vous le trouvez, conduisez-le, apres i’avoir
„lie, & ne vous laissez pas toucher par la pitie. S’il
„pleurt, desiez- vous de ses larmes trompeuses ; s’il vous
„ssatc, & qu’il rie ne le delivrez pas: mais s’il veut vous
„donner un baiser, fuyez-le, le venin le plus subtil reside
„sür ses levres. S’il vous dit, prer.ez mes armes, je vous
„en fais present , gardez vous de les toucher; ses dons
„sont trompeurs, & ses presens cachent un feu dan-
„gereux”.
 
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