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Jouguet, Pierre [Editor]; Chapot, Victor [Editor]; Diehl, Charles [Editor]; Hanotaux, Gabriel [Oth.]
Histoire de la nation égyptienne: Ouvrage publ. sous les auspices et le haut patronage de sa Majesté Fouad I., Roi d'Égypte (Band 3): L' Égypte ptolémaïque 323-30 avant Jésus-Christ — Paris, 1933

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https://doi.org/10.11588/diglit.33465#0509

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HISTOIRE DE LA NATION ÉGYPTIENNE
d'exercer leurs soldats ; les tribuns, dans les villes, ont pour rôle principal de prêter
le concours de leurs soldats au fonctionnaire qu'ils assistent. En conséquence, la
plupart de ces commandants de troupes sont tout autre chose que des militaires de
carrière ; c'est tout à fait exceptionnellement qu'un duc égyptien est un véritabîe
homme de guerre. La plupart n'ont aucune expérience de la conduite d'une opération
mihtaire ; aussi, quand la nécessité les y oblige, ces généraux improvisés s'affolent
et perdent la tête ; ils abandonnent leur poste, s'eniuient devant l'ennemi, manquent
d'initiative autant que de courage. Et les tribuns ne valent pas mieux que les ducs.
Les soldats, comme il est naturel, sont dignes de leurs oihciers. N'ayant jamais été
mêlés à une guerre sérieuse, peu exercés, peu disciplinés, ils ne forment guère
qu'une milice incapable d'ahronter un ennemi véritable.
Ce n'est pas tout. 11 n'y avait, dans cette armée d'Egypte, aucune unité de com-
mandement. Chacun des cinq ducs était l'égal de son voisin, et son rôle se bornait à
défendre la province qu'il gouvernait. De là l'absence de tout plan d'ensemble, cha-
cun combattant pour soi et en ordre dispersé, le duc d'Egypte se défendant seul contre
l'invasion, le duc de Thébaïde se désintéressant de ce qui se passait dans la Basse-
Egypte. Ce qui aggravait ce manque de solidarité c'étaient les jalousies, les rancunes
personnelles, les divergences d'opinions politiques ou religieuses qui existaient entre
ces chefs. Dans les moments les plus tragiques, Satan, comme dit le chroniqueur Jean
de Nikiou, excitait la discorde entre les hauts ofhciers de l'armée, souvent plus préoc-
cupés au reste de leur fortune et de leurs intérêts personnels que du salut du pays.
Une telle situation devait avoir de graves conséquences. Le gouvernement
impérial avait cru sage de ne point créer en Egypte un grand chef mihtaire, à qui sa
puissance et les ressources que lui offrait la province pourraient donner la tentation
de se révolter. 11 devait payer cher cette résolution. Tant que l'armée égyptienne
n'eut à défendre le pays que contre quelques bandes de pillards, ehe put sufhre à ce
rôle; quand un ennemi sérieux se présenta, sa faiblesse apparut lamentablement.
On le vit au septième siècle, lorsque, en 609, le lieutenant d'Héraclius, Nicétas, se
jeta sur l'Egypte, lorsque, en 619, les Perses l'attaquèrent, et surtout lorsque, en 640,
les Arabes l'envahirent. Bien des raisons assurément, on le verra, exphquent le
succès des Musulmans : une des causes principales de la défaite byzantine en
Egypte fut la mauvaise qualité de l'armée qui se trouva chargée de la défendre.
Tels étaient les cadres administratifs dans lesquels vivait l'Egypte byzantine au
sixième siècle, et qui subsistèrent sans changement jusqu'à la conquête arabe. 11
faut voir maintenant ce qu'était cette vie, et dessiner les traits essentiels de la société
et de la civihsation qui s'y rencontraient.

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