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Houel, Jean Pierre Louis Laurent
Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari: Où l'on traite des Antiquités qui s'y trouvent encore ; des principaux Phénomènes que la Nature y offre ; du Costume de Habitans, & de quelques Usages (Band 1) — Paris: Imprimerie de Monsieur, 1782

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https://doi.org/10.11588/diglit.48647#0063
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DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 51
Les appartenons de ce château sont en partie ornés de tableaux, parmi lesquels il y en a de bons. Je
ne détaillerai pas ce genre de curiosité : on sait que la description d’un tableau n’en peut jamais donner
une idée exaHe & ne répond jamais au mérite du tableau.
La partie supérieure dé ce château est terminée par une terrasse, d’où l’on jouit d’une vue qui n’a su-
rement point de pareille. On y amis cette inscription : L’Europe est l’honneur du monde ; l’Italie l’hon-
neur de l’Europe ; la Sicile l’honneur de l’Italie , & cette vue l’honneur delà Sicile.
Ce château appartient au Prince de Castelreale : c’est un objet curieux par sa situation : j’invite les
voyageurs à y donner un coup d’œiL
Voyage de Cineji.
En m’entretenant avec M. Gemelin, Consul de France à Païenne, & lui faisant différentes questions
sur les diverses branches de commerce de cette Isse, il m’apprit que la manne qui sert en Europe de base à
presque toutes les médecines, se cultive avecsuccès dans plusieurs endroits de la Sicile & de l’Italie. Je
fus curieux d’en voir faire la récolte, il m’en fournit une occafîon agréable & commode.
Je partis avec son neveu & quelques-uns de ses amis pour aller à vingt-quatre milles de Palerme, voir
une assez belle plantation de l’arbre qui la produit.
Nous partîmes à minuit pour éviter la chaleur : nous tournâmes vers l’occident, dirigeant notre mar-
che à travers le petit pays qu’on appelle les Colli. Dans ce pays & dans plusieurs autres endroits de la
Sicile , on clôt les vergers & les fermes avec de grandes pierres de tailles carrées de trois à quatre pieds
de haut, de dix-huit à vingt pouces de large , posées debout l’une contre l’autre immédiatement : ces
.. sortes de clôtures sont fort solides ; les bestiaux ne les attaquent point, elles semblent un magafîn de pierres
. à bâtir. La rocfie qui forme le fond de cette contrée est à découvert en plusieurs endroits. J’observai quel-
ques tombeaux creusés dans cette roche : plus nous approchions de la mer, plus ils étoient fréquens. J’en
augurai que l’antique ville d’Icara, que le Géographe Aidone* a marquée dans sa carte de l’ancienne Sicile,
& dont il n’existe plus rien, avoit été autrefois dans cet endroit. Les villes sondées sur le roc se détruisent
plus promptement, plus facilement, plus entièrement que des autres, parce qu’on n’a pas eu besoin de
.creuser pour jetter les fondemens des édifices1, & qü’on enlève plus aisément jusqu’aux derrières pierres.
Ainsi, ces villes une fois renversées ou abandonnées difparoissentbientôt de la surface de la terre, il
n’en reste pas même de débris ; mais les tombeaux qu’on ne prend guère la peine de détruire , les puits,
les citernes, ces fosses taillées dans le roc où les habitans de ce pays gardoient leurs provisions , sont des
témoins toujours subsistans qui attestent que c’est là que les hommes avoient habité, qu’ils s’étoient ras-
semblés, qu’ils avoient édifié une ville.
Ces puits , ces citernes, ces tombeaux se remplissent de terre ; mais oh lès- retrouve aisément en fai-
sant de légères fouilles ; & l’on est presque toujours dédommagé de ses peines par des fragmens d’architec-
ture ou de sculpture, par des médailles, ou d’autres objets curieux qu’on trouve dans ces excavations.
Pendant que j’observois ces lieux , mes compagnons de voyage s’avançoient toujours ; je les rejoignis
à Sferro-Cavallo, petit port qu’on trouve après avoir passé les Colli. Conime ce lieu est un passage assez
fréquenté il y a une taverne, & il est d’usage de s’y arrêter pour s’y rafraîchir. On en trouveroit de pa-
reilles dans touil la Sicile, si les routes étoient plus praticables, & s’il y avoit plus d’a&ivité parmi les
habitans. On formoit des projets pour améliorer les chemins dans le temps où j’étois en Sicile, &
comme aujourd’hui cette isse semble se ranimer & prendre une nouvelle vie, il paroît qu’incessamment
les voyageurs & le commerce n’y manqueront plus de routes ni d asyles.
De Sferro-Cavallo nous passâmespar de beaux endroits le long du rivage, & bientôt nous apperçûmes
des côteaux couronnés d’une multitude innombrable de frênes & d’oliviers.
Au détour d’un rocher très-élevé , après avoir monté & traversé une petite colline toute couverte de
ces arbres, nous vîmes Cinesi, pays situé à l’entrée d’une plaine exposée au midi, & au pied des ro-
 
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