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Houel, Jean Pierre Louis Laurent
Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari: Où l'on traite des Antiquités qui s'y trouvent encore ; des principaux Phénomènes que la Nature y offre ; du Costume de Habitans, & de quelques Usages (Band 1) — Paris: Imprimerie de Monsieur, 1782

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https://doi.org/10.11588/diglit.48647#0062
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est celle dune tour quarrée , plus belle & mieux conservée qu’il ne s’en voit ordinairement. Les aspeês
en sont charmans. La culture & ïa fécondité ne prêtent à aucun autre lieu autant d’agrémens qu’ils en
répandent sur les jardins & sur les vergers près desquels on passe pour y arriver. Ce Câlin est précédé
d’une vaste cour ornée d’anciennes fontaines très- abondantes en eau, qui, dans l’été, concourent avec
les grands arbres & ïes jardins à entretenir la gaieté &. ïa fraîcheur qu’on y goûte.
Ce château est élevé sur un plan carré : son architesture est ïa plus simple : ses faces sont sans orne-
ment à ï’extérieur ; mais ïa décoration de son vestibuïe a bien le carastère de l’architeêlure qui. étoit en
usage dans ïe temps où cette nation dominoit en Sicile : je n’ai pu résister au desir d’en dessiner une vue
pour offrir à mes Leéleurs un morceau vraiment Sarazin.
• • • *
Intérieur du Vejlibule de la Zi^a.
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II y a deux objets essentieïs à remarquer dans ïa décoration de ce vestibuïe : premièrement, son en-
trée, ornée de quatre coïonnes de chaque côté, & divisée en deux groupes qui portent chacune une por-
tion de mur faisant avant-corps, & ayant une petite mouïure sur l’arête horisontaïe de cet avant-corps, qui
est couronné d’une petite corniche A ; elle fait un peu retour, comme on le voit en B, & elle s’élève per-
pendiculairement dans la grande partie du vellibuïe pour retourner en D, & servir d’impolie au grand
arc E, comme eïïe en sert aux deux arcs surbaissés FF de l’entrée de ce vellibuïe, dont l’ensemble a un
caraêlère particulier que je ne proposerois pas pour modèle d’une belle architecture , mais pour celui
d’une architecture llngulière qui a du caraêère.
Le sécond objet qu’on doit remarquer est encore plus étranger au goût de notre siècïe ; cè sont les orne-
mens qui remplissent la voussure du grand arc EE , espèces de fêlions qui semblent former des petits arcs
en l’air comme des cul-de-Iampes, dont je ne connois les analogues que dans les ouvrages gothiques , où
l’on avoit fort étendu & fort varié cette manière d’enrichir l’architeâure de prétendus ornemens. Chaque
siècïe & chaque peuple a son genre, son goût, son systême : une nation commence d’abord par modifier
l’architestusè à sa fantaifîe, & elle y adapte ensuite des accessoires formés des objets qu’elle aime le plus :
l’instabilité est la loi la plus consiante de la nature, elle veut que les mêmes choses soient toujours diver-
sement traitées ; chaque homme même a un génie particulier pour chaque instant où il produit; le progrès
des connoissances le fait aussi varier ; il en est de même des nations & des siècles; ainli tout doit changer
sans cesse.
Les Sarrazins avoient-ils imité ou imaginé ce genre d’ornemens qu’ils adaptoient a l’architeélure ? C’eû
ce qu’on ne peut savoir. Ils l’ont eûiployé ici : les conquêtes que ces Africains firent en Europe , donnè-
rent lieu à beaucoup de monumens de ce genre, ils ont été imités par les peuples qui leur ont succédé,
en les résormant, en y ajoutant, & en modifiant ces bisarreries de toutes les manières ; nous en voyons
des exemples multipliés en France dans les édifices vulgairement appelés gothiques. J’ai représenté dans
ce dessin une particularité qui est propre à ce vellibuïe , & que j’estime plus que le relie pour l’utilité
&. pour l’agrément.
Ce sont deux bassms oslogones F : ils reçoivent l’eau dont ils sont remplis, d’une fontaine qui décore ïe
fond du vellibuïe , en face de l’entrée. Cette eau y repose à découvert, puis elle se perd sous le car-
relage. Ces bassms rendent ce lieu d’une fraîcheur précieuse en été : en hiver, une ou plulieurs tables de
pierre ou de marbre les couvrent, & les empêchent de nuire, dans un temps où ils ne peuvent pas être
utiles.
En face du grand arc EE est l’escaher qui conduit aux deux étages de ce château. Les angles de cet
escalier, à certains endroits 9 sont remplis des mêmes fêlions en culs-de-lampe , semblafeles à ce grand
arcEE»
 
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