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Houel, Jean Pierre Louis Laurent
Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari: Où l'on traite des Antiquités qui s'y trouvent encore ; des principaux Phénomènes que la Nature y offre ; du Costume de Habitans, & de quelques Usages (Band 1) — Paris: Imprimerie de Monsieur, 1782

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https://doi.org/10.11588/diglit.48647#0065
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DE SICILE, DE MALTE, ET DE L1PARI. ;î
PLANCHE TRENTE-DEUXIEME.
Arbre qui produit la Manne. Manière dont la Manne Je recueille.
La première incifîon faite au pied de Farbre, on insère par l’extrémité une feuille de ce même arbre
dans une autre entaille bien horizontale & peu profonde ; la sève qui s’épanche par l’incision C,
coule sur cette feuille B comme sur un toit, qui l’éloigne de la tige de Farbre A, & la conduit dans un
vase D placé au dessous. Ce vase n’est pas d une construâion moins naturelle, il est formé avec la
feuille d’un figuier d’Inde.. Les feuilles de cette espèce de figuier prennent en se séchant la forme d’une
cuiller, ou plutôt d’une coquille. Elles ont dix à douze pouces de long, & sept à huit de large, ce qui
forme un vase d’une assez grande capacité. Posé au pied de Farbre il reçoit le suc encore liquide ; & ce
suc ne se durcit qu’après y avoir été quelque temps. La manne ainsi reçue &. coagulée est la moins esti-
mée ; on l’appelle Manne en forte. On la mêle avec celle qui s’étant échappée le long de Fécorce de Far-
bre est moins propre & moins pure.
C’est celle qui vient en grande quantité lorsque l’opération de ïa nature est dans toute sa force , qu’on
appelle mane en canolle, parce qu’elle prend la forme de stalaélites ou de tuyaux noueux attachés à
Farbre, pleins d’inégalités, &. gros sélon le degré d’accroissement ou d’abondance de la liqueur. Elle est
beaucoup plus recherchée parce quelle estplus sucrée : les Anglois sur-tout la préfèrent.
J’ai goûté de cette manne encore en liqueur au moment quelle s’échappoit par gouttes de l’incision ;
elle avoit un goût un peu amer, tel que certains fruits qui ne sont pas mûrs. La partie aqueuse qui est
alors en trop, grande quantité, lui donne cette amertume ; mais lorsqu’eïle s’est échappée par l’évapora-
tion, les parties du sucre en se dégageant, se rapprochent & deviennent plus senfîbles : la manne est plus
douce & plus agréable.
Le dessm de la planche a été fait d’après nature. Ce sont indistinélement des hommes ou des femmes
jqui récoltent la manne. La même serpette qui leur sert à faire des entailles, leur serc aussi à recueillir la
manne. Voyez fig. E. celle qui est posée à terre près de la femme , & celle que cette femme &son mari
tiennent dans leur main droite. Ils ont l’un & l’autre dans leur main gauche des boîtes dont on se sert
pour recueillir la manne. Ils la mettent dans un panier , & ils la portent au magafîn où on la déposera
dans de grandes caisses qu’on enverra dans les pays étrangers. Ces figurés sont habillées & coiffées à la
manière de leur pays.
Si les temps ne sont pas favorables , ii la chaleur n’est pas extrême , continue & sans pluie, ces cul-
tivateurs se plaignent. Dès qu’il paroît un peu de désordre dans l’atmosphère, les Saints & les Madonnes
sont implorés de toutes parts avec des cris & des larmes, on leur adresse des prières, on leur offre des cier-
ges pour en obtenir du beau temps. La manne est le principal revenu de ce pays & de quelques autres qui
en sont voifîns. II monte dans une bonne année à vingt-cinq mille louis d’or. Les habitans de cette con-
trée n’ont pas l’air misérable, comme ceux de plusieurs autres endroits de la Sicile.
ChaJJe au bord de la mer sous des grottes, êGc.
Etant allé à Favarotta , au bord de la mer, chez M. Palazzolo , ami de notre ConsuI M. Gemeïin,
on nous proposa une partie de chasse très-curieuse & très-agréable. La côte est bordée de rochers élevés,
que la mer a creusés : elle y a formé des grottes d’une grandeur & d’une profondeur considérable. Des
pigeons sauvages & d’un goût excellent s’y sont établis loin de tous les animaux voraces , & sur-tout loin
de l’homme le plus, malfaisant de tous ; mais rien ne lui échappe. Pour avoir ces pigeons, des chassseurs se
mettent dans.une barque conduite par quatre bons mariniers qui la font voguer avec une extrême célérité.
 
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