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Houel, Jean Pierre Louis Laurent
Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari: Où l'on traite des Antiquités qui s'y trouvent encore ; des principaux Phénomènes que la Nature y offre ; du Costume de Habitans, & de quelques Usages (Band 1) — Paris: Imprimerie de Monsieur, 1782

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https://doi.org/10.11588/diglit.48647#0150
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Lipari a les mêmes tribunaux que les villes de la Sicile ; les causes un peu importantes se ju-
gent à Païenne.
Cette ille efî: absolument franche de toute imposition. Le Roi n’y perçoit rien , parce que le
Comte Roger fit autrefois à son Evêque ïa donation totale de tous les droits royaux. Les habitans
payèrent alors à cet Evêque la dixme des récoltes annuelles, Ensuite, pour prévenir toute fraude,
ils évaluèrent ce que cette imposition pouvoit valoir par an ; & le Corps de Ville ayant des
terres considérables qui lui appartenoient, il lui en céda en toute propriété de quoi lui faire un re-
venu équivalent à ces dixmes que l’on supprima.
L’Evêque n’en a pas moins le soin de maintenir les habitans dans la pratique des bonnes œu-
vres , & dans Fhabitude de la docilité du cœur.
J’ai vu dans le Palais Archiépiscopal deux bons tableaux des.meilleurs peintres Siciliens; je re-
grette de n’avoir pu apprendre leurs noms. L’un représente Saint Pierre, l’autre Sainte Rosaïie.
Je ne dois pas omettre ceux que j’ai vus dans le palais du Baron de Monizzio ; ils méritent
qu’on en fasse mention. Les principaux représentent Jésus-Christ au milieu des Doâeurs, la feînme
adultère 9 l’incrédulité de Saint Thomas.
De Mela^o.
A mon retour des isses de Lipari je revins à Melazzo chez le Baron de Bonacorso : je ne puis
témoigner avec trop de vivacité la reconnoissance que-je lui dois, a lui & à sa respestable famille,
pour le bon accueil que j’en ai reçu, &. pour tous les bons osfices qu’ils m’ont rcndu^.
Ils assemblèrent tous les gens instruits de cette ville : ils en formèrent un conseil, & tous con-
vinrent que le temps & la guerre avoient détruit les monumens antiques qui avoient illufîré au-
trefois cette ville : qu’il ne refloit plus rien qui pût retracer à mes yeux son ancienne spïendeur.
Non content de cet aveu, je me transportai au lieu élevé où Fon a bâti le château qui défend
ïa ville, afin d’examiner par moi-même s’il ne resteroit pas encore quelques débris, comme quel-
ques personnes l’assuroient. Nous cherchâmes en vain : nous ne trouvâmes rien qui méritât qu’on
en fit mention. Les pierres qui n’avoient pas été détruites avoient été employées dans la cons-
truêion des Eglises &. des fortisications.
On me conduisît à la partie occidentale de cette presqu’isse. On me fit voir sous le château
une grotte dont l’entrée efî: libre, &. où les animaux se retirent l’été pour se mettre à l’abri de la
grande chaleur. On l’appelle ïa grotte de Polyphème.. Beaucoup d’auteurs assurent que c’est celle
où les bœufs du soleil se retiroient du temps d’ülysse, lorsqu’ils quittaient les gras pâturages des
environs. Cette grotte peut être ausfî ancienne que ïa montagne ; sa grandeur efî: considérable, mais
sa sorme n’est pas pittoresque. Ainii, malgré la célébrité dont elle jouit depuis qu’Homère a publié
ï’Odyssée, je n’ai pas cru devoir la représenter ici.
Ne découvrant rien qui pût me contenter comme Antiquaire, je cherchai à me satisfaire comme
Naturaliste.
On me conduifît à la fontaine publique. L’été elle fournit de l’eau en abondance ; plus la chaleur èst
grande, plus elle en a; & l’hiver elle n’en donne point : on la remplit d’une eau qui lui est étrangère,
afin que le public n’en manque point.Il paroît qu’elle ne doit son abondance d’été qu a la fonte des neiges.
Je vis dans le Couvent des Carmes un puits d’environ huit à neuf pieds de profondeur ; l’eau
en est abondante , & d’une qualité exquise pour le goût & la limpidité. Cé puits efî: cependant creusé
au pied d’un mur dont le revers efî: battu par les ssots de la mer ; il efî: même de cinq à fîx pieds
plus bas que le niveau de la mer, & l’eau qu’on y puise n’est nulïemen salée.
FIN DU PREMIER VOLUME.
 
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