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l’idée de chevalerie

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tation des héros du cycle d’Arthur ou des héros antiques,
peu importe. Alexandre n’était-il pas, depuis l’époque de
floraison des romans courtois, entré dans la sphère de la
chevalerie ? L’Antiquité se confond encore avec le pays
merveilleux de la Table ronde. Dans un de ses poèmes, le
roi René décrit sa vision des tombeaux de Lancelot, César,
David, Hercule, Paris, Troïlus, tous côte à côte et ornés de
leurs blasons (1). La chevalerie, elle-même, passait pour avoir
une origine romaine. « Et bien entretenoit — est-il dit
de Henri V d’Angleterre -—- la discipline de chevalerie,
comme jadis faisoient les Romains » (2). Le classicisme,
au fur et à mesure qu’il prend de l’importance, apporte
quelques épurations à l’image qu’on se faisait de l’anti-
quité. Le noble Portugais, Vasque de Lucène, traduisant
Quinte-Curce pour Charles le Téméraire, déclare, comme
l’avait fait Jacob van Maerlant un siècle et demi auparavant,
offrir un Alexandre authentique, dépouillé des mensonges
avec lesquels les autres auteurs défiguraient son his-
toire (3). Mais d’autant plus forte est son intention de donner
au prince un exemple à suivre, et peu de princes désirèrent
plus consciemment que Charles égaler les grandes et
brillantes actions des anciens. Déjà dans son enfance, il s’était
fait lire les faits héroïques de Gauvain et de Lancelot ; plus
tard, il accorda sa préférence aux anciens. Avant de se coucher,
il écoutait pendant une heure ou deux la lecture des « haultes
histoires de Romme » (4). Il avait une prédilection marquée
pour César, Hannibal et Alexandre, « lesquels il vouloit
ensuyre et contrefaire » (5). Tous ses contemporains ont vu
dans cette imitation intentionnelle le ressort de toute sa
conduite. « H désiroit grand gloire, — dit Commines — qui
estoit ce qui plus le mettoit en ses guerres que nulle autre
chose ; et eust bien voulu ressembler à ses anciens princes
(1) Le cuer d’amours épris, Œuvres du roi René, éd. De Quatrebarbes, Angers,
1845, 4 vol., t. III, p. 112.
(2) Lefèvre de Saint-Remy, II, p. 68.
(3) Dout.repont, p. 183.
(4) La Marche, II, pp. 216, 334.
(5) Ph. Wielant, Antiquités de Flandre, éd. De Smet (Corp. chron. Flandriæ
IV), p. 56.
 
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