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LES FORMES DE LA PENSÉE 297
plus miséricordieuses concernant la sorcellerie, annoncées
par le médecin Jean Wier vers la fin du xvie siècle, étaient
déjà amplement représentées au xve.
L’attitude de la fin du moyen-âge à l’égard de la supers-
tition, plus particulièrement à l’égard des sorcières et de la
magie, est diverse et peu fixe. Les doutes et les interpré-
tations rationalistes alternent avec la crédulité la plus
aveugle. Il y a des foyers où le mal éclate et où il se main-
tient quelque temps. Les pays de magie et de sorcellerie
sont surtout des pays de montagnes : la Savoie, la Suisse,
la Lotharingie, l’Ecosse. Mais les épidémies se produisent
autre part également. Vers l’an 1400, la cour de France
était elle-même un foyer de magie. Un prédicateur avertit
la cour de prendre garde que l’expression « vieilles sor-
cières » ne se transforme bientôt en celle de « nobles sor-
ciers » (1). Louis d’Orléans vit dans une atmosphère de
démonologie : les accusations de Jean Petit ne sont certes
pas dénuées de tout fondement. L’ami et conseiller de
Louis d’Orléans, Philippe de Mézières, tenu par les Bour-
guignons pour son âme damnée, raconte avoir autrefois
appris l’art magique en Espagne et ne s’en être débarrassé
qu’à grand peine. Une dizaine d’années après avoir quitté
l’Espagne, « à sa volenté ne pouoit pas bien extirper de son
cuer les dessusdits signes et l’effect d’iceulx contre Dieu »,
jusqu’à ce qu’enfin, se confessant et faisant tous ses efforts,
il fût délivré par la bonté divine « de cette grande folie, qui
est à l’âme crestienne anémié » (2). On cherche les maîtres
en l’art magique de préférence dans les contrées sauvages :
une personne qui désire parler au diable et ne trouve personne
pour lui en enseigner l’art, est dirigée vers « Ecosse la
sauvage (3).
Louis d’Orléans avait ses maîtres en sorcellerie et nigro-
mance. Il en fit brûler un dont l’art ne le satisfaisait pas (4).
Gomme on l’exhortait à demander l’avis des théologiens
(1) Gerson, Opéra, I, p. 205.
(2) Le songe d’un vieil pèlerin, dans Jorga, Pliilippes de Mézières, p. 69.
(3) Juvenal des Ursins, p. 425.
('») L. c., p. 415.
 
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