serrés. Elles y étaient demeurées ignorées de tous, invisibles trésors de
beauté ; et voilà qu’à peine révélées à l’admiration du monde, elles
disparaissent d’un coup à jamais dans les flammes !
Le comte Durrieu semble avoir eu une inspiration vraiment provi-
dentielle en faisant choix de ce manuscrit pour la publication jubilaire
en l’honneur de l’éminent et vénérable bibliographe M. Léopold Delisle.
Sans les reproductions, faites alors, pâles et ternes souvenirs il est vrai,
mais seules images qui nous restent de ces peintures, le mystère des
origines de l’art eyckien serait toujours aussi impénétrable qu’il y a
dix ans : les quelques rayons de clarté, maintenant projetés sur lui,
émanent tous d’une peinture historique, de date certaine, qui ornait le
manuscrit de Turin.
Au premier coup d’œil, tous ceux qui connaissent le style des frères
van Eyck le reconnurent, malgré une forme plus archaïque, dans certaines
des peintures reproduites par M. Durrieu, bien que celui-ci, dans son
introduction, n’ait pas prononcé le nom de ces grands artistes. Pourtant,
comme nous l’avons appris depuis, le savant auteur leur avait déjà attribué
ces pages, dès le mois de juin 1901, dans une communication à la Société
nationale des Antiquaires de France. Plus tard, en 1903, dans la Gazette
des Beaux-Arts, il a développé ses conclusions dans un article qui fit
sensation : Les débuts des van Eyck.
J’ignorais l’opinion de M. Durrieu, lorsque, le 16 novembre 1902,
dans une communication à la Société pour le progrès des études philo-
logiques et historiques, à Bruxelles, non seulement j’affirmai que les pein-
tures du groupe appelé par M. Durrieu « Bavière-Hainaut » étaient dues
aux frères van Eyck, mais même, analysant leurs particularités distinctives,
j’y reconnus trois personnalités différentes, en prenant pour types de
chaque sous-groupe, respectivement : Le Débarquement du duc Guil-
laume de Bavière (Turin, pl. XXXVII), La Piétà (Turin, pl. XXIX) et
La Prière du voyageur (Turin, pl. XXXIX). J’indiquai les raisons d’iden-
tifier la première avec Hubrecht van Eyck, et la seconde avec Johannes.
Depuis lors, de longues et patientes investigations n’ont fait que
corroborer et développer ces conclusions qu’on trouvera exposées briève-
ment ici, dans le second chapitre de la notice.
Aussitôt que j’en eus le loisir, dès le printemps de 1903, je fis le
III
beauté ; et voilà qu’à peine révélées à l’admiration du monde, elles
disparaissent d’un coup à jamais dans les flammes !
Le comte Durrieu semble avoir eu une inspiration vraiment provi-
dentielle en faisant choix de ce manuscrit pour la publication jubilaire
en l’honneur de l’éminent et vénérable bibliographe M. Léopold Delisle.
Sans les reproductions, faites alors, pâles et ternes souvenirs il est vrai,
mais seules images qui nous restent de ces peintures, le mystère des
origines de l’art eyckien serait toujours aussi impénétrable qu’il y a
dix ans : les quelques rayons de clarté, maintenant projetés sur lui,
émanent tous d’une peinture historique, de date certaine, qui ornait le
manuscrit de Turin.
Au premier coup d’œil, tous ceux qui connaissent le style des frères
van Eyck le reconnurent, malgré une forme plus archaïque, dans certaines
des peintures reproduites par M. Durrieu, bien que celui-ci, dans son
introduction, n’ait pas prononcé le nom de ces grands artistes. Pourtant,
comme nous l’avons appris depuis, le savant auteur leur avait déjà attribué
ces pages, dès le mois de juin 1901, dans une communication à la Société
nationale des Antiquaires de France. Plus tard, en 1903, dans la Gazette
des Beaux-Arts, il a développé ses conclusions dans un article qui fit
sensation : Les débuts des van Eyck.
J’ignorais l’opinion de M. Durrieu, lorsque, le 16 novembre 1902,
dans une communication à la Société pour le progrès des études philo-
logiques et historiques, à Bruxelles, non seulement j’affirmai que les pein-
tures du groupe appelé par M. Durrieu « Bavière-Hainaut » étaient dues
aux frères van Eyck, mais même, analysant leurs particularités distinctives,
j’y reconnus trois personnalités différentes, en prenant pour types de
chaque sous-groupe, respectivement : Le Débarquement du duc Guil-
laume de Bavière (Turin, pl. XXXVII), La Piétà (Turin, pl. XXIX) et
La Prière du voyageur (Turin, pl. XXXIX). J’indiquai les raisons d’iden-
tifier la première avec Hubrecht van Eyck, et la seconde avec Johannes.
Depuis lors, de longues et patientes investigations n’ont fait que
corroborer et développer ces conclusions qu’on trouvera exposées briève-
ment ici, dans le second chapitre de la notice.
Aussitôt que j’en eus le loisir, dès le printemps de 1903, je fis le
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