pèlerinage de Turin, où je pus étudier d’une façon très attentive l’incom-
parable manuscrit. Au cours de ce séjour prolongé, je m’appliquai presque
exclusivement à analyser et à classer les peintures de l’époque du duc
Guillaume de Bavière, et je pus recueillir ainsi un grand nombre d’obser-
vations, dont beaucoup n’ont, je pense, été faites par personne d’autre,
et que nul ne pourrait faire désormais. Je suis heureux de pouvoir en
consigner quelques-unes ici, afin de les sauver de l’oubli et de la mort.
Tout ce que j’affirmerai relativement au groupement des peintures,
je le considère comme un véritable témoignage, et, sachant que nul ne
pourra à l’avenir contrôler mes assertions, je me sens obligé d’y apporter
une circonspection d’autant plus grande. C’est pourquoi je m’efforcerai de
séparer aussi nettement que possible les résultats de l’observation directe,
les constatations de fait (par exemple, identité de style et de facture entre
telles et telles peintures) — des interprétations historiques, par lesquelles
j’identifie l’auteur de tel groupe avec Hubrecht, l’auteur de tel autre avec
Johannes. Quand même quelqu’un rejetterait ces conclusions, les groupe-
ments subsisteraient.
Malheureusement je n’ai pas alors consacré autant d’attention aux
peintures de l’époque antérieure, qui m’intéressaient moins, et à l’étude
desquelles j’étais moins préparé. J’avais hâte d’aller voir l’autre partie des
peintures eyckiennes, et me contentai pour celles-là d’annotations som-
maires, espérant bien retourner à Turin et revoir le manuscrit....
De Turin, je me rendis donc à Milan, et, grâce à l’obligeance du
prince Trivulzio, je pus y étudier le fragment des Très Belles Heures, qui
fait le plus bel ornement de la précieuse Bibliothèque Trivulzienne, et
qui est ici reproduit pour la première fois.
J’eus la joie d’y voir confirmées mes observations de Turin ainsi que
les conclusions que j’en avais tirées.
Depuis lors je n’ai point cessé de m’occuper de ces questions, et à
plusieurs reprises je suis retourné à Milan pour dissiper certains doutes,
pour compléter et contrôler sévèrement les solutions auxquelles je me
suis arrêté.
Mes études sur les origines de l’art eyckien m’ont forcément entraîné
à étendre le champ de mes recherches à tout l’art du premier quart du
xve siècle. Elles ont pris un tel développement que je ne puis songer à
IV
parable manuscrit. Au cours de ce séjour prolongé, je m’appliquai presque
exclusivement à analyser et à classer les peintures de l’époque du duc
Guillaume de Bavière, et je pus recueillir ainsi un grand nombre d’obser-
vations, dont beaucoup n’ont, je pense, été faites par personne d’autre,
et que nul ne pourrait faire désormais. Je suis heureux de pouvoir en
consigner quelques-unes ici, afin de les sauver de l’oubli et de la mort.
Tout ce que j’affirmerai relativement au groupement des peintures,
je le considère comme un véritable témoignage, et, sachant que nul ne
pourra à l’avenir contrôler mes assertions, je me sens obligé d’y apporter
une circonspection d’autant plus grande. C’est pourquoi je m’efforcerai de
séparer aussi nettement que possible les résultats de l’observation directe,
les constatations de fait (par exemple, identité de style et de facture entre
telles et telles peintures) — des interprétations historiques, par lesquelles
j’identifie l’auteur de tel groupe avec Hubrecht, l’auteur de tel autre avec
Johannes. Quand même quelqu’un rejetterait ces conclusions, les groupe-
ments subsisteraient.
Malheureusement je n’ai pas alors consacré autant d’attention aux
peintures de l’époque antérieure, qui m’intéressaient moins, et à l’étude
desquelles j’étais moins préparé. J’avais hâte d’aller voir l’autre partie des
peintures eyckiennes, et me contentai pour celles-là d’annotations som-
maires, espérant bien retourner à Turin et revoir le manuscrit....
De Turin, je me rendis donc à Milan, et, grâce à l’obligeance du
prince Trivulzio, je pus y étudier le fragment des Très Belles Heures, qui
fait le plus bel ornement de la précieuse Bibliothèque Trivulzienne, et
qui est ici reproduit pour la première fois.
J’eus la joie d’y voir confirmées mes observations de Turin ainsi que
les conclusions que j’en avais tirées.
Depuis lors je n’ai point cessé de m’occuper de ces questions, et à
plusieurs reprises je suis retourné à Milan pour dissiper certains doutes,
pour compléter et contrôler sévèrement les solutions auxquelles je me
suis arrêté.
Mes études sur les origines de l’art eyckien m’ont forcément entraîné
à étendre le champ de mes recherches à tout l’art du premier quart du
xve siècle. Elles ont pris un tel développement que je ne puis songer à
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