précédent et, en plus, des nouvelles acquisitions. Si un objet venait à être aliéné,
par don, échange ou autrement, mention était faite de cette sortie en marge du
dernier inventaire ; mais cette « correction » ne constituait qu’un aide-mémoire ;
pour obtenir décharge, le comptable devait la reprendre dans le texte du compte
suivant. L’approbation de celui-ci le dispensait d’en reparler désormais (i).
Le fait que l’aliénation des Très Belles Heures est encore citée dans le
compte-inventaire de 1413, tandis quelle ne figurait qu’en « correction » dans le
compte précédent, prouve que cette aliénation a eu lieu postérieurement à la
clôture de ce dernier, donc entre le 3i janvier 1412 (nouv. style) et le3i janvier 1413.
Cette interprétation se trouve d’ailleurs confirmée par d’autres preuves que
j’exposerai plus loin, et qui montrent que les enlumineurs du duc travaillaient
encore au manuscrit après 1409.
Plus difficile est la question de savoir quand l’exécution de l’ouvrage a
été commencée.
Celui-ci se trouvait déjà dans la bibliothèque du duc en août 1405, puisque
le duc fit à ce moment l’acquisition d’un fermail « pour mectre esdictes heures ».
D’autre part, comme il a été dit tantôt, le calendrier qui précède le premier
fragment (chez le baron Maurice de Rothschild) contient divers anniversaires
concernant des membres de la famille du duc : le décès le plus récent est celui
de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, mort en 1404; or, en général, l’écriture
des manuscrits était terminée avant que ne fût entamée l’enluminure. On pourrait
être tenté d’en conclure que l’illustration de notre manuscrit a été commencée
après 1404. Ce serait une grave erreur, comme on va le voir.
On sait que le fragment de Turin débutait aussi par un calendrier. A ne
considérer que l’aspect extérieur, celui-ci avait plus de titres à passer pour le
calendrier primitif, car l’écriture et l’encadrement des pages étaient tout à fait
semblables à ceux du reste du volume, tandis que le calendrier du fragment de
Paris, différent par l’écriture et dépourvu non seulement d’illustration mais même
d’encadrement, détonne par sa pauvreté dans un ouvrage si richement enluminé.
On pourrait donc le soupçonner d’avoir été ajouté par Robinet d’Estampes après
que l’ouvrage eût été dépecé.
Par contre, le texte montre qu’il a été écrit pour le duc de Berry, ou
quelqu’un de sa maison, tandis que les saints cités dans le calendrier de Turin
se rapportent au diocèse de Cambray et aux diocèses voisins ; celui-ci semble
avoir été écrit à l’usage du Hainaut. On pourrait, il est vrai, supposer que le duc
avait acheté le livre tout écrit, mais comme le fragment de Turin s’est certainement
trouvé en Hainaut dans la suite, cette supposition devient peu vraisemblable,
et il faut, semble-t-il, se rallier à l’opinion du comte Durrieu qui considère ce
calendrier comme ayant été écrit après coup.
(1) C’est pourquoi les livres aliénés avant le 3i janvier 1412 ne figurent plus dans l’inventaire de 1413.
Tel était le cas, par exemple, pour la « Bible historial » donnée par le duc au mois de juin 1410 à son chambellan
messire Jehan Harpedenne, comme nous l’apprend une note de Flamel dans le volume appartenant à lord
Ashburnham (L. Delisle, Cabinet des Manuscrits, N° 10).
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par don, échange ou autrement, mention était faite de cette sortie en marge du
dernier inventaire ; mais cette « correction » ne constituait qu’un aide-mémoire ;
pour obtenir décharge, le comptable devait la reprendre dans le texte du compte
suivant. L’approbation de celui-ci le dispensait d’en reparler désormais (i).
Le fait que l’aliénation des Très Belles Heures est encore citée dans le
compte-inventaire de 1413, tandis quelle ne figurait qu’en « correction » dans le
compte précédent, prouve que cette aliénation a eu lieu postérieurement à la
clôture de ce dernier, donc entre le 3i janvier 1412 (nouv. style) et le3i janvier 1413.
Cette interprétation se trouve d’ailleurs confirmée par d’autres preuves que
j’exposerai plus loin, et qui montrent que les enlumineurs du duc travaillaient
encore au manuscrit après 1409.
Plus difficile est la question de savoir quand l’exécution de l’ouvrage a
été commencée.
Celui-ci se trouvait déjà dans la bibliothèque du duc en août 1405, puisque
le duc fit à ce moment l’acquisition d’un fermail « pour mectre esdictes heures ».
D’autre part, comme il a été dit tantôt, le calendrier qui précède le premier
fragment (chez le baron Maurice de Rothschild) contient divers anniversaires
concernant des membres de la famille du duc : le décès le plus récent est celui
de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, mort en 1404; or, en général, l’écriture
des manuscrits était terminée avant que ne fût entamée l’enluminure. On pourrait
être tenté d’en conclure que l’illustration de notre manuscrit a été commencée
après 1404. Ce serait une grave erreur, comme on va le voir.
On sait que le fragment de Turin débutait aussi par un calendrier. A ne
considérer que l’aspect extérieur, celui-ci avait plus de titres à passer pour le
calendrier primitif, car l’écriture et l’encadrement des pages étaient tout à fait
semblables à ceux du reste du volume, tandis que le calendrier du fragment de
Paris, différent par l’écriture et dépourvu non seulement d’illustration mais même
d’encadrement, détonne par sa pauvreté dans un ouvrage si richement enluminé.
On pourrait donc le soupçonner d’avoir été ajouté par Robinet d’Estampes après
que l’ouvrage eût été dépecé.
Par contre, le texte montre qu’il a été écrit pour le duc de Berry, ou
quelqu’un de sa maison, tandis que les saints cités dans le calendrier de Turin
se rapportent au diocèse de Cambray et aux diocèses voisins ; celui-ci semble
avoir été écrit à l’usage du Hainaut. On pourrait, il est vrai, supposer que le duc
avait acheté le livre tout écrit, mais comme le fragment de Turin s’est certainement
trouvé en Hainaut dans la suite, cette supposition devient peu vraisemblable,
et il faut, semble-t-il, se rallier à l’opinion du comte Durrieu qui considère ce
calendrier comme ayant été écrit après coup.
(1) C’est pourquoi les livres aliénés avant le 3i janvier 1412 ne figurent plus dans l’inventaire de 1413.
Tel était le cas, par exemple, pour la « Bible historial » donnée par le duc au mois de juin 1410 à son chambellan
messire Jehan Harpedenne, comme nous l’apprend une note de Flamel dans le volume appartenant à lord
Ashburnham (L. Delisle, Cabinet des Manuscrits, N° 10).
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