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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0023
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Quoi qu’il en soit de cette question, que nous ne faisons que soulever
ici, nous montrerons que l’enluminure a certainement été commencée avant 1404,
et même fort longtemps avant, bien que les Très Belles Heures ne soient pas
citées dans l’inventaire dressé en 1402. Ce silence prouve seulement qu’à cette
date elles n’étaient pas encore entre les mains du gardien des joyaux. Or, il devait
en être ainsi, si elles étaient restées dans l’atelier des enlumineurs ; mais cela
n’empêche nullement d’admettre que le travail de ces derniers a commencé
plusieurs années auparavant.
Il se fait précisément qu’une telle conclusion nous est imposée, non seulement
par le style d’une partie des peintures, mais encore par un autre ordre de documents
qui nous fournissent, lorsqu’on les trouve, des données bien plus sûres pour
établir la chronologie relative des peintures, que celles, trop rares et trop vagues,
qu’on peut tirer des textes d’archives. Je veux parler des portraits du duc,
représenté à des âges différents : tantôt jeune, tantôt très vieux — et portant des
modes différentes : tantôt imberbe, et tantôt barbu ; tantôt le cou largement
découvert, tantôt enfoncé jusqu’aux oreilles dans un haut collet évasé.
Ce serait un travail extrêmement intéressant et instructif que celui de
reproduire tous les portraits connus du duc de Berry ; cela nous permettrait de
classer chronologiquement les peintures dans lesquelles ils figurent. Malheureu-
sement ce travail n’a pas encore été fait méthodiquement. Voici ce que j’ai
trouvé d’essentiel à cet égard :
Dans ses portraits les plus anciens, Jean de France est représenté imberbe;
déjà le front se dégarnit, mais les cheveux blonds ne blanchissent pas encore.
Tel il paraît dans les premières peintures des Petites Heures (Paris, Bibl. Nat.
ms. lat. 18.014); tel encore dans le beau portrait qui figure en tête des Heures
de Bruxelles, attribuées par l’inventaire de 1402 à Jacquemart de Hodin. Il y
accuse à peine plus de la quarantaine, qu’il atteignit en i38o.
Plus tard il laissa pousser la barbe : il serait fort important de déterminer
le plus exactement possible quand il adopta cette mode nouvelle. Il portait la
barbiche courte, et fort blanche déjà, lorsque furent peints les divers portraits
de la partie la plus récente des Petites Heures, lesquelles étaient déjà inventoriées
en 1402.
Il portait encore la barbe en 1409, car en cette année, ou au début de 1410,
son portrait fut peint en tête du livre « Des bonnes meurs » écrit par frère Jacques
Legrant, augustin, et offert par celui-ci au duc le 4 mars 1410 (nouv. style).
Le duc, alors dans sa 70e année, y paraît sensiblement plus vieux que dans les
derniers portraits des Petites Heures ; sa barbe se réduit désormais à une mouche
et deux petites pointes au menton, plus des moustaches fort courtes aussi.
Peu après, nous le retrouverons de nouveau complètement rasé. C’est ainsi
que le montrent : le fameux portrait du duc assis à table, peint par l’un des frères
de Limbourc, en tête du mois de janvier du calendrier des Heures de Chantilly ;
celui qui figure dans une miniature ajoutée après coup aux Grandes Heures
(Paris, Bibl. Nat. ms. lat. 919, fol. 96) ; celui qu’on aperçoit au fol. 53 r° du
livre des Demandes et réponses du Roi Charles VI, par Pierre Salmon (Paris,

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