Bibl. Nat. ms. Iranç. 23279), portrait qui parait avoir été exécuté vers 1410-1415;
— telle enfin était la statue qui décorait son tombeau.
Les Très Belles Heures contiennent trois portraits du duc de Berry, et
précisément ceux-ci se rapportent à trois périodes differentes de sa vie, ce qui
prouve que l’enluminure faite à son intention dura longtemps, et subit une ou
plusieurs interruptions de longue durée.
Le plus ancien de ces portraits se trouve dans le bas-de-page d’un des
feuillets arrachés jadis des Heures de Turin, et maintenant conservés au Louvre
(PI. XLII de la publication). On y voit, dans le ciel, Jésus-Christ assis sur son
trône, entre la sainte Vierge et saint Jean, qui lui recommande, en le désignant
de la main, le duc de Berry, agenouillé, vêtu d’un manteau d’apparat, et le front
ceint de la couronne ducale.
Ce premier portrait est fort petit, mais les attributs et le saint patron ne
laissent point de doute sur l’identité du personnage qui y semble relativement
jeune ; il ne porte pas encore la barbiche au menton. La peinture doit remonter
au xive siècle, entre i38o et 1890.
Le deuxième portrait est plus important ; c’est une des bonnes images du
duc. Il figure dans la marge extérieure du folio 87 r° des Heures de Milan
(voir PI. IV). Le duc y est pareillement agenouillé, vêtu du grand manteau
fourré d’hermine, et la couronne ducale sur la tête. Derrière lui, son écu suspendu
au cou du cygne « navré », son emblème. La large encolure du manteau, laissant
le cou entièrement dégagé, est de la même coupe que dans le portrait du roi
Charles V, sur le Parement de Narbonne (avant 1477). — La physionomie est
relativement jeune d’aspect ; les cheveux ne blanchissent pas encore, ils sont
franchement blonds, ainsi que la barbe, que le duc a laissé pousser sous le menton,
et qui atteint déjà une assez grande longueur. L’âge apparent est d’une cinquan-
taine d’années, soit vers 1390. — Le duc y est sensiblement plus jeune que dans
les portraits barbus des Petites Heures (inventoriées en 1402), où la barbiche est
coupée plus court et déjà blanche.
Une vingtaine d’années au moins doit séparer ce portrait du troisième,
qui se voyait au folio 78 v° des Heures de Turin (PI. XLVI de la publication).
Ici le duc est agenouillé devant la sainte Vierge. Son prie-Dieu est couvert d’un
drap armoyé à ses armes. Son manteau, au lieu de montrer le cou nu, selon la
mode du xive siècle, monte, au contraire, jusqu’aux oreilles suivant la mode qui
prévalut dès les environs de 1400, et qu’on voit encore dans les Heures de
Chayitilly. Le visage, vu de trois-quarts, est entièrement rasé, et les cheveux
sont absolument blancs. Le duc (né en 1440) paraît très vieux, âgé d’au moins
70 ans, et c’est en effet l’âge qu’il devait avoir, puisque nous avons vu tantôt
qu’en 1409 il portait encore un peu de barbe, et que, d’autre part, en 1412, le
manuscrit a été aliéné. Cela permet de déterminer de façon précise la date de
la peinture en question : de 1410 à 1412, — et confirme notre fixation approximative
de la date du portrait précédent aux environs de 1390.
Les données que fournit l’iconographie du duc suffisent, comme on voit,
à montrer que la décoration picturale exécutée pour lui se divise au moins en deux
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— telle enfin était la statue qui décorait son tombeau.
Les Très Belles Heures contiennent trois portraits du duc de Berry, et
précisément ceux-ci se rapportent à trois périodes differentes de sa vie, ce qui
prouve que l’enluminure faite à son intention dura longtemps, et subit une ou
plusieurs interruptions de longue durée.
Le plus ancien de ces portraits se trouve dans le bas-de-page d’un des
feuillets arrachés jadis des Heures de Turin, et maintenant conservés au Louvre
(PI. XLII de la publication). On y voit, dans le ciel, Jésus-Christ assis sur son
trône, entre la sainte Vierge et saint Jean, qui lui recommande, en le désignant
de la main, le duc de Berry, agenouillé, vêtu d’un manteau d’apparat, et le front
ceint de la couronne ducale.
Ce premier portrait est fort petit, mais les attributs et le saint patron ne
laissent point de doute sur l’identité du personnage qui y semble relativement
jeune ; il ne porte pas encore la barbiche au menton. La peinture doit remonter
au xive siècle, entre i38o et 1890.
Le deuxième portrait est plus important ; c’est une des bonnes images du
duc. Il figure dans la marge extérieure du folio 87 r° des Heures de Milan
(voir PI. IV). Le duc y est pareillement agenouillé, vêtu du grand manteau
fourré d’hermine, et la couronne ducale sur la tête. Derrière lui, son écu suspendu
au cou du cygne « navré », son emblème. La large encolure du manteau, laissant
le cou entièrement dégagé, est de la même coupe que dans le portrait du roi
Charles V, sur le Parement de Narbonne (avant 1477). — La physionomie est
relativement jeune d’aspect ; les cheveux ne blanchissent pas encore, ils sont
franchement blonds, ainsi que la barbe, que le duc a laissé pousser sous le menton,
et qui atteint déjà une assez grande longueur. L’âge apparent est d’une cinquan-
taine d’années, soit vers 1390. — Le duc y est sensiblement plus jeune que dans
les portraits barbus des Petites Heures (inventoriées en 1402), où la barbiche est
coupée plus court et déjà blanche.
Une vingtaine d’années au moins doit séparer ce portrait du troisième,
qui se voyait au folio 78 v° des Heures de Turin (PI. XLVI de la publication).
Ici le duc est agenouillé devant la sainte Vierge. Son prie-Dieu est couvert d’un
drap armoyé à ses armes. Son manteau, au lieu de montrer le cou nu, selon la
mode du xive siècle, monte, au contraire, jusqu’aux oreilles suivant la mode qui
prévalut dès les environs de 1400, et qu’on voit encore dans les Heures de
Chayitilly. Le visage, vu de trois-quarts, est entièrement rasé, et les cheveux
sont absolument blancs. Le duc (né en 1440) paraît très vieux, âgé d’au moins
70 ans, et c’est en effet l’âge qu’il devait avoir, puisque nous avons vu tantôt
qu’en 1409 il portait encore un peu de barbe, et que, d’autre part, en 1412, le
manuscrit a été aliéné. Cela permet de déterminer de façon précise la date de
la peinture en question : de 1410 à 1412, — et confirme notre fixation approximative
de la date du portrait précédent aux environs de 1390.
Les données que fournit l’iconographie du duc suffisent, comme on voit,
à montrer que la décoration picturale exécutée pour lui se divise au moins en deux
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