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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0033
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Comparez aussi le portrait du duc de Berry dans la planche V du fragment
de Milan, avec les portraits du roi Charles V et de la reine Jeanne de Bourbon
dans le « Parement de Narbonne », pour la manière de dessiner le profil, de
modeler le cou et la nuque ; comparez les mains de ces personnages.
On sait que le « Parement de Narbonne » doit être antérieur à l’année 1377,
date de la mort de la reine Jeanne de Bourbon.
A mon avis, le chef-d’œuvre du maître est le « Christ de saint Grégoire »,
p. i55 du fragment de Rothschild. — Celui-ci est reproduit par M. Emile Mâle (1)
avec l’indication erronée qu’il est extrait des « Grandes Heures ». — Très remar-
quable aussi est la composition de la « Descente de Croix ».
Comment faut-il comprendre l’interruption que le travail de A et Abis a
subie ?
Rappelons-nous qu’en 1402, lors de l’inventaire des livres du duc de Berry,
ce manuscrit, entrepris depuis si longtemps, ne se trouvait pas encore dans sa
bibliothèque. Il est impossible d’admettre que, dès avant 1390 jusqu’en 1402,
A et Abis y aient travaillé d’une façon continue pour n’achever que 16 feuillets.
D’autre part, il est clair que l’interruption de l’ouvrage a été imprévue ; ce
qui le prouve, ce sont les pages inachevées, exécutées seulement au trait. Si
la commande avait été régulièrement retirée aux artistes, ceux-ci auraient au
moins achevé les pages commencées, afin d’en obtenir le payement. Par contre,
nous rencontrons des feuillets ainsi entamés dans tous les manuscrits que nous
savons avoir été brusquement interrompus. C’est le cas, par exemple, pour les
« Heures de Chantilly » interrompues par la mort du duc de Berry. C’est le cas
aussi pour la Bible historiale (fonds français n° 166 de la Bibliothèque Nationale
de Paris) brusquement interrompue par la mort du duc de Bourgogne, Philippe
le Hardi. Mais nous savons que cette explication n’est pas applicable au cas
présent. Serait-ce la mort de l’artiste qui aurait arrêté l’ouvrage peu après i3go?
Mais alors celui-ci ne serait-il entré avant 1402 dans la bibliothèque ducale? —
Nous croyons plutôt qu’il faut songer soit à une longue maladie, soit à une
autre cause d’interruption temporaire, sans doute assez fréquente alors comme
aujourd’hui : la survenance de commandes nouvelles urgentes. D’abord provisoi-
rement remis, l’ouvrage inachevé peut ainsi dormir dans les tiroirs de l’artiste
pendant un nombre indéfini d’années ; cette hypothèse expliquerait le fait qu’il
ne soit pas entré dans la bibliothèque du duc avant 1402. Peut-être cette situation
a-t-elle duré jusqu’à la mort de l’artiste, et celle-ci a-t-elle fourni au duc l’occasion
de réclamer l’ouvrage tel quel.
Il a été montré, dans le chapitre précédent, que cette entrée doit en tout
cas avoir eu lieu avant 1405 ; le livre peut même être sorti de l’atelier de A, dès
1402, comme on verra à propos de la main B.
J’insiste sur ce point à cause de son importance au point de vue de l’iden-
tification éventuelle de l’artiste anonyme.
(1) L’art religieux de la fin du moyen âge, en France (Paris, Armand Colin 1908) — fig. 36, p. ç5.

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