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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0053
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Ce sont, de plus, de profondes différences de psychologie artistique :
Comment serait-il possible d’admettre qu’un observateur aussi enthousiaste
et aussi curieux de tous les aspects de la nature, qu’un peintre aussi essentiellement
paysagiste que G, se soit ensuite imposé l’étroite limitation dans le choix des sujets
qui est si caractéristique des œuvres incontestées de Johannes? En effet, ce dernier
représente toujours un très petit nombre de personnages principaux, au repos,
éclairés d’une manière stable. Nous ne rencontrons pas chez lui cette émotion
devant les aspects mouvants de la nature, qui est si frappante chez G. Sous ce
rapport, celui-ci est en avance sur tous les peintres du xve siècle et sur la plupart
de ceux du xvie. Ce n’est qu’au xvue siècle que ses intentions seront pleinement
réalisées. Alors seulement, on verra des marines qui éclipseront celle de la Prière
dît dite Guillaume, des effets de lumière qui dépasseront ceux du Baiser de Judas,
des paysages que l’on pourra mettre à côté de celui du Baptême dît Christ ou
de la contrée plate qui se voit dans le bas-de-page de la pl. XXXVII de Turin.
Un Pieter de Hooch accomplira le programme qui est tracé par G dans le
tableau d’intérieur de la Naissance de saint Jean-Baptiste !
. Enfin, et ce dernier argument achève d’emporter notre conviction, nous
trouvons, dans les « Très belles Heures » même, et apparemment de la même
date, quelques autres peintures dont la conception et l’exécution sont infiniment
plus voisines de ce que fera Johannes van Eyck et qui paraissent être, en effet, des
œuvres de jeunesse de ce maître.
Ce sont celles qui seront groupées ci-dessous, sous la lettre H. Nous con-
cluons que, suivant toutes les probabilités, le maître G doit être identifié avec
Hubrecht van Eyck. En tout cas, il me paraît indubitablement identique avec
l’auteur des deux volets (Crucifiement et Jugement Dernier} du Musée de l’Ermi-
tage à St-Pétersbourg et avec celui de la Vierge dans l'Eglise, du Kaiser-Friedrich-
Museum de Berlin.
Les remarques suivantes seront utiles au point de vue biographique :
G a sûrement vu la mer du Nord. Les paysages rappellent ceux des bords
de la Meuse ou du Rhin (ceux de H montrent de plus, à n’en pas douter, des
montagnes de caractère alpestre). G et H ont donc voyagé.
Deux autorités en matière d’histoire de l’architecture, MM. les architectes
Cloquet et Saintenoy, consultés isolément par moi, m’ont l’un et l’autre affirmé,
de façon catégorique, que l’église de la Messe des Morts (pl. XXI, agr. pl. III
de Milan) est une église d’architecture bourguignonne.
Ce détail jette un certain jour sur le passé si obscur des frères van Eyck.
Par contre, malgré la nature des sujets, on ne remarque pas encore, ni chez
G ni chez H, les plantes méridionales, telles que palmiers, pins-parasols, etc.,
qui se voient dans l’Adoration de CAgneau, et dans d’autres tableaux, notam-
ment dans le Crucifiement, de St-Pétersbourg, dans le Calvaire de Berlin, dans
les Saintes Femmes au tombeau du Christ, dans la Vision de saint François, ainsi
que chez les imitateurs du style eyckien. Il est donc à présumer qu’au moment
de leur collaboration aux « Très belles Heures », les frères van Eyck n’avaient pas
encore visité les contrées méditerranéennes. Particularité plus curieuse encore : on

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