Ici, les emprunts sont particulièrement abondants et avérés, mais on en
trouve partout de semblables. Ainsi, par exemple, le chien blanc, à l’avant-plan
du tableau de la pl. XXV de Milan, est copié de celui de la Messe des morts,
peint par G, à la pl. XXI de Milan ; d’après la même Messe des morts, est
copié l’homme debout, vu de dos, vêtu d’une gonelle, et portant un grand chapeau
sur son capuchon, qu’on voit au premier plan, parmi les assistants de la Messe de
saint Hilaire (pl. XXVII de Milan) ; tout l’arrière-plan de la partie dextre du
paysage de la vue des polders par G (pl. XXXVII, Turin) a été copié par K,
dans son bas-de-page de la pl. XXX de Turin, y compris l’église à l’horizon.
Le fait que, malgré l’impersonnalité de cet enlumineur, on ne trouve
chez lui aucun élément qui ne soit emprunté au style eyckien est un argument
sérieux contre la date trop tardive que le comte P. Durrieu assigne à ce groupe
de peintures. A l’époque de Charles le Téméraire, on ne rencontrerait plus, chez
aucun peintre, une tradition eyckienne aussi exempte de tout mélange. Cela
était possible, au contraire, dans les années qui suivirent immédiatement la
mort de Johannes van Eyck. Dans certains de ses tableaux, Petrus Christus
nous en offre l’exemple.
Dans le costume, non plus, rien ne trahit une mode postérieure à 1450.
On n’aperçoit encore nulle part le haut bonnet en forme de fez, et très
exceptionnellement les cheveux longs.
Par contre, il serait impossible de placer ces peintures longtemps avant
1445. Nous y voyons, en effet, déjà apparaître une mode qui ne se fit jour
que vers cette époque : Les manches, au lieu d’être basses à l’épaule et larges
à l’avant-bras, sont désormais étroites à l’avant-bras et élevées à l’emmanchure,
y formant, en quelque sorte, épaulette. Voir, par exemple, pl. XXVI de Turin,
le seigneur en prière.
Dans la pl. XXVII, représentant La Communion, le jeune homme age-
nouillé à l’avant-plan ne porte déjà plus les tempes rasées, ni les cheveux
coupés en couronne. L’habitude de porter les cheveux longs ne semble guère
avoir commencé, même chez les tout jeunes gens, avant les environs de 1450.
Charles le Téméraire paraît avoir été l’un des premiers à suivre cet usage nou-
veau. En 1446, il ne l’avait pas encore adopté.
Il s’ensuivrait que l’achèvement de la décoration des « Très belles Heures »
par l’enlumineur K pourrait ne s’être terminé qu’après 1450; mais comme le
travail était considérable, il a probablement été commencé avant cette date.
On voit que cette reprise et cet achèvement de l’illustration suivent de peu
d’années le décès, en 1441, de Marguerite de Bourgogne, duchesse douairière
de Bavière-Hainaut, la veuve du duc Guillaume qui, sans doute, était restée en
possession du livre, après la mort de celui-ci.
*
* *
Il me reste à dire un mot de quelques pages que je n’ai pu rigoureu-
sement classer.
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trouve partout de semblables. Ainsi, par exemple, le chien blanc, à l’avant-plan
du tableau de la pl. XXV de Milan, est copié de celui de la Messe des morts,
peint par G, à la pl. XXI de Milan ; d’après la même Messe des morts, est
copié l’homme debout, vu de dos, vêtu d’une gonelle, et portant un grand chapeau
sur son capuchon, qu’on voit au premier plan, parmi les assistants de la Messe de
saint Hilaire (pl. XXVII de Milan) ; tout l’arrière-plan de la partie dextre du
paysage de la vue des polders par G (pl. XXXVII, Turin) a été copié par K,
dans son bas-de-page de la pl. XXX de Turin, y compris l’église à l’horizon.
Le fait que, malgré l’impersonnalité de cet enlumineur, on ne trouve
chez lui aucun élément qui ne soit emprunté au style eyckien est un argument
sérieux contre la date trop tardive que le comte P. Durrieu assigne à ce groupe
de peintures. A l’époque de Charles le Téméraire, on ne rencontrerait plus, chez
aucun peintre, une tradition eyckienne aussi exempte de tout mélange. Cela
était possible, au contraire, dans les années qui suivirent immédiatement la
mort de Johannes van Eyck. Dans certains de ses tableaux, Petrus Christus
nous en offre l’exemple.
Dans le costume, non plus, rien ne trahit une mode postérieure à 1450.
On n’aperçoit encore nulle part le haut bonnet en forme de fez, et très
exceptionnellement les cheveux longs.
Par contre, il serait impossible de placer ces peintures longtemps avant
1445. Nous y voyons, en effet, déjà apparaître une mode qui ne se fit jour
que vers cette époque : Les manches, au lieu d’être basses à l’épaule et larges
à l’avant-bras, sont désormais étroites à l’avant-bras et élevées à l’emmanchure,
y formant, en quelque sorte, épaulette. Voir, par exemple, pl. XXVI de Turin,
le seigneur en prière.
Dans la pl. XXVII, représentant La Communion, le jeune homme age-
nouillé à l’avant-plan ne porte déjà plus les tempes rasées, ni les cheveux
coupés en couronne. L’habitude de porter les cheveux longs ne semble guère
avoir commencé, même chez les tout jeunes gens, avant les environs de 1450.
Charles le Téméraire paraît avoir été l’un des premiers à suivre cet usage nou-
veau. En 1446, il ne l’avait pas encore adopté.
Il s’ensuivrait que l’achèvement de la décoration des « Très belles Heures »
par l’enlumineur K pourrait ne s’être terminé qu’après 1450; mais comme le
travail était considérable, il a probablement été commencé avant cette date.
On voit que cette reprise et cet achèvement de l’illustration suivent de peu
d’années le décès, en 1441, de Marguerite de Bourgogne, duchesse douairière
de Bavière-Hainaut, la veuve du duc Guillaume qui, sans doute, était restée en
possession du livre, après la mort de celui-ci.
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Il me reste à dire un mot de quelques pages que je n’ai pu rigoureu-
sement classer.
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