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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0066
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Le tableau de la pl. XXVIII des Heures de Turin (Musée du Louvre)
est de la main de K, mais il renferme des qualités dont celui-ci ne peut guère
avoir été l’inventeur. Il me paraît possible que, dans cette peinture, il ait suivi,
plus ou moins librement, quelque œuvre perdue de Johannes van Eyck. La Vierge,
notamment, est très directement inspirée de celui-ci. Les mains sont typiques.
La pl. XXI de Turin doit également son exécution matérielle à K, il n’y
a pas de doute à cet égard. Mais, cette fois, nous pouvons affirmer avec certitude
qu’il n’a fait que copier, avec de légères variantes dues surtout au changement
de proportions du cadre, le panneau central d’un triptyque célèbre : la Descente
de Croix du Maître de Flémalle (Robert Campin), dont la partie supérieure d’un
des volets (le mauvais larron) est actuellement conservée au Musée Stâdel, à
Francfort, et dont la composition nous est connue par une copie ancienne, qui
se trouve au Musée de Liverpool. Cette dernière fut peinte pour l’hôpital St. Julien,
à Bruges.
Cette provenance, jointe à d’autres indices, tend à prouver que le tableau
original (qu’il importe de ne pas confondre avec le diptyque provenant de Flémalle,
qui fait partie du même musée) doit s’être trouvé à Bruges, où un peintre ano-
nyme en a copié librement des parties en i5oo.
A ce propos je dois signaler que, déjà avant K, un autre enlumineur (i),
peut-être originaire du duché de Clèves, ou de la Gueldre, a aussi indubitablement,
bien que de façon plus libre, imité la même Descente de Croix dans le très
remarquable Livre d’Heures de Catherine de Clèves (dont il renferme le juvénile
portrait), exécuté, semble-t-il, en 1430, à l’occasion de son mariage avec Arnoul
d’Egmond, duc de Gueldre (bibliothèque de S. A. S. le duc d’Arenberg, à
Bruxelles).

Pl. XL, Turin. — Le tableau, de bonne qualité, représente Saint Thomas
d'Aquin écrivant dans sa celhtle.
La peinture, actuellement détruite, était déjà endommagée lorsque je pus
la voir. La tête du saint, notamment, était fort abîmée.

(1) Ce n’est sans doute pas une coïncidence fortuite qui fait que le même tableau se trouve imité ou
copié, à quelques années d’intervalle, dans deux livres d’Heures très différents à tous autres égards. J’y vois
deux explications possibles. La première, peut-être la plus vraisemblable, est que les deux copies, celle des
« Heures de Catherine de Clèves» et celle des «Très belles Heures», aient été l’une et l’autre exécutées à
Bruges, où le triptyque aurait été placé dès cette date, et aurait fait sensation parmi les peintres. — L’autre
tentative d’explication se rattache à la remarque que les deux manuscrits ont été décorés pour des membres
d’une même famille. On peut supposer que le triptyque original aurait été peint pour Marguerite de
Bourgogne, la veuve du duc Guillaume de Bavière, après le décès de laquelle les « Très belles Heures »
passèrent sans doute à l’un de ses neveux ou nièces, peut-être à Agnès de Bourgogne, épouse de Charles I,
duc de Bourbon (voir ci-après, aux Addenda). La même Marguerite était aussi la grand’tante de Catherine
de Clèves. — En faveur de cette dernière hypothèse, on pourrait invoquer le fait prouvé que Robert Campin
doit, en effet, dès avant 1432, avoir exécuté un travail notable pour la duchesse Marguerite, car ainsi seulement
s’explique l’intervention de celle-ci en faveur de l’artiste, condamné par le magistrat de Tournay.
Quoi qu’il en soit, le livre d’Heures de Catherine de Clèves apporte un renseignement important pour
la chronologie de l’œuvre du Maître de Flémalle, en fournissant un terminus ante quem pour l’exécution du
triptyque, qui se trouve ainsi être une des œuvres les plus anciennes de l’école eyckienne, antérieure même au
complet achèvement de Y Adoration de l’Agneau.

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