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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0079
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du côté des spectateurs, mais il y a, en outre, une fenêtre (i) au fond vers la cour.
A côté de celle-ci, une porte ouverte permet de voir en enfilade une deuxième et
une troisième pièces : la deuxième, où l’on monte par deux degrés, est éclairée de
côté ; la troisième, plus élevée encore de six ou sept marches, est éclairée par le
fond. On voit la préoccupation évidente de rechercher des éclairages variés. L’éclat
de la lumière était rendu par l’emploi de l’argent dans les fenêtres ; malheureuse-
ment celui-ci a quelque peu noirci.
Dans la salle principale, le vaste lit où est couchée sainte Elisabeth occupe toute
la moitié dextre du second plan. Il est entouré de longs rideaux descendant du plafond
(remarquer la façon dont le ciel-de-lit est attaché aux solives). Ces rideaux, ainsi que
la couverture du lit, sont d’un rouge intense et nuancé. Nous retrouvons les reflets
de ce rouge sur tous les objets luisants de la salle. La monotonie est rompue par la
frange du lambrequin, laquelle est composée de blanc, noir, vert, rouge et bis. — Des
rappels de ce même rouge se voient aux endroits suivants : draperie couvrant le coffre-
banc placé le long du mur, au fond de la chambre ; jupe fourrée de la femme debout
à l’avant-plan ; bonnet, chaussures et livre de saint Zacharie, qui lit près de la fenêtre
dans la deuxième chambre ; manteau de l’un des deux personnages de la xylographie,
fixée au-dessus de la porte ; jupe de la femme vue de dos, qui monte les degrés vers
la troisième chambre, etc.
Deux autres couleurs franches : le vert et le bleu, jouent un grand rôle dans la
composition, à savoir un vert clair très vif, nuancé d’un ton plus jaunâtre dans les
ombres. La tache principale de cette couleur est fournie par toute la robe de la
femme assise à l’avant-plan. Ailleurs elle se trouve dans le jupon de dessous de la
femme debout à l’avant-plan, ainsi que dans le voile qui lui couvre la tête ; amortie
par l’ombre, dans le maillot du nouveau-né ; enfin dans la couverture et le coussin
du banc-coffre de la deuxième chambre.
Quant au bleu, nous le voyons surtout dans le long manteau de la femme debout,
de l’avant-plan ; puis dans le coussin sur lequel est assise la femme vêtue de vert ;
assourdi par le demi-jour, dans la robe de la femme debout à côté du lit ; dans les
coussins posés sur le banc-coffre au fond de la salle ; dans la robe de dessus de la
femme qui monte à la troisième salle, etc.
On aperçoit un violet pourpré au revers du manteau bleu de la femme debout
à l’avant-plan, et, plus terne, dans la robe de sainte Elisabeth.
Saint Zacharie est vêtu de noir, les manches garnies d’une fourrure rousse ; noir
aussi est le capuchon (« huve ») de la femme qui monte les degrés de la troisième
salle.
Une grande variété d’autres notes colorées vient compléter cet ensemble : telles
sont les couleurs des bois, des pots de grès nuancés de gris et de terra cotta, la
robe pelure d’oignon de l’enfant debout près de la femme assise ; le rouge laqueux
du vin qui se trouve dans un verre, et celui de la compote qui remplit une petite
assiette. Le chat est gris et le chien a le poil blanc mêlé de roux.
Les reflets des tentures du lit s’observent dans les pots d’étain placés à côté
d’un plat de cuivre, sur un rayon au-dessus de la porte, ainsi que sur la canette
de cuivre posée sur la petite table-armoire.
Le teint des personnages est coloré, surtout les joues et le menton de la femme debout.
Tout ce tableau dénote avant tout le souci pictural ; le sujet principal est placé

(i) Dans les compartiments supérieurs de cette fenêtre, on aperçoit deux écussons : celui à dextre, d’azur à un
meuble indistinct d’argent (la harpe de David ?) ; — l’écu à senestre, d’argent à trois tourteaux (ou roses ? meubles de
forme arrondie) de gueules.

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