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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0080
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au second plan et dans une lumière adoucie. L’attention du spectateur est savamment
dirigée vers lui par l’attitude de la femme assise, qui est vue de dos.
Les personnages et les objets qui frappent d’abord les regards par leur place
à l’avant-plan, et par la force de la lumière et de la couleur, ne jouent aucun
rôle dans le récit historique.
Le détail purement pittoresque se trouve partout : chat mangeant dans une
écuelle et distrait par le spectateur, chien rongeant un os, coffre ouvert où se voient
toutes sortes de choses ; objets familiers répandus de tous côtés : tels ces patins
qu’on aperçoit à côté du coffre. — Il y a là déjà cet amour de peindre pour peindre
qui aboutira plus tard au triomphe de nos artistes dans la nature-morte, et ce goût
de l’intimité qui est, lui aussi, si caractéristique de l’art des Pays-Bas.
Il faut appeler l’attention sur le rapport entre la taille des personnages et les
dimensions de l’appartement. Les proportions des figures ne sont nullement exagérées
comme elles le sont dans les tableaux de Johannes (i).
Quant à leur structure, on remarquera l’effacement des épaules ainsi que le type
du visage « triangulaire », deux traits déjà signalés et qui sont surtout marqués dans
la Vierge entre les Vierges de la planche XXXVI de Turin.
Les étoffes, minces, présentent des plis très simples, et curvilignes.
Enfin, répétons-le, ce qui distingue avant tout cette peinture de tout ce qui
avait été fait jusque là, c’est la juste observation des valeurs lumineuses. Les couleurs
les plus opposées sont rendues non avec leur éclat propre, mais avec celui que
leur donne leur position dans l’espace, de sorte que, traduites en noir et blanc,
comme le fait la photographie, elles paraissent se confondre aux endroits où elles
sont juxtaposées. Par exemple, la robe vert vif de la femme assise a presque la
même valeur que le plancher, là où elle le touche. Les silhouettes ne sont donc pas
découpées ; au contraire, les figures paraissent enveloppées par le jeu des lumières
et des ombres. Voir notamment, à cet égard, le saint Zacharie lisant près de la fenêtre,
et la femme vue à contre-jour, qui monte dans la troisième chambre. Voir aussi le
demi-jour qui règne sur le lit et sur les figures qui sont groupées entre ses rideaux.
La coiffe de la femme assise est d’un tout autre blanc que celles de sainte Elisabeth
et de la femme qui lui tend le petit saint Jean, et que les draps du lit.
Lettre d et Bas-de-page. — Le Baptême de Jésus-Christ par saint Jean, dans le Jourdain.
Dieu le Père (Lettre) bénit son Fils. — G (le présumé Hubrecht van Eyck).
La lettre D est à fond bleu, et les écoinçons qui l’entourent sont cramoisis.
Dieu le Père est vêtu d’une robe d’un Vert jaunâtre, sur laquelle il porte un
manteau bleu cendré, fourré de gris fin. Les cheveux et la barbe sont blancs. Le
globe du monde est en argent, glacé de laque carminée.
Cette figure se détache sur un fond métallique, doré dans le haut, graduellement
fondant en argent ; puis cet argent est de plus en plus couvert d’un ton laqueux
transparent ; sous les pieds, la couleur est celle de la laque de garance.
Dieu le Père a la tête penchée en avant et le regard baissé vers son Fils. On
remarquera combien cette tête est traitée picturalement, comme un solide éclairé, et
non au point de vue du contour des traits du visage.
Le bas-de-page est une vraie merveille.
Un étroit avant-plan de terre sépare du bord inférieur du cadre le fleuve qui,
venant d’un lointain montagneux, forme un coude et se dirige vers le côté dextre.
Saint Jean, agenouillé sur le bord, verse l’eau du baptême sur la tête de Jésus-Christ,
(i) La Madone dans l’église du Musée de Berlin, que j’ai attribuée à Hubrecht, présente aussi cette dispro-
portion. Mais elle s’explique ici par une signification symbolique : l’église, que la Vierge remplit presque, représente
l’Eglise au sens moral et collectif du mot.

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