MÉLANGES HULIN DE LOO
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scrupuleuse désinvolture et lui a expédié un tableau peu
digne de son talent, fait peut-être dans son atelier par un
élève assez médiocre. M. Hulin de Loo, frappé lui aussi,
de l’infériorité du retable présumé de Cambrai, croit y
reconnaître un ouvrage du peintre bruxellois van der Stock,
ayant travaillé dans l’atelier de Boger et lui ayant suc-
cédé dans sa charge de peintre de la ville.
Ce qui a pu accréditer l’opinion de Waagen que le retable
de Madrid (195 sur 172) était celui de l’évêque de Cambrai,
c’est l’indication de sa hauteur. Elle est de 1,95 m.; or, le
pied de Cambrai étant de 29,8 centimètres, six pieds et
demi donnent 1,947. Mais l’autre dimension indiquée par
l’abbé, celle de la largeur, n’est plus celle du panneau
central du retable de Madrid, 5 pieds font 1,49 et non 1,72,
soit plus d’un demi-pied de différence. L’abbé qui a si exac-
tement noté la hauteur ne peut pas s ’être trompé pareille-
ment pour la largeur. Si on y comprend les volets qui ont
77 centimètres de large chacun, la discordance est encore
plus évidente.
Ajoutez à cette différence dans les dimensions, le texte :
un tableau en deux histoires, et vous admettrez que le
tableau de Madrid n’est pas celui de Cambrai, conclusion
à laquelle nous amenait également l’examen de l’œuvre.
Plusieurs des écrivains ont rattaché au tableau de
Madrid des broderies qui se trouvent à Berne sur des vête-
ments sacerdotaux. C’est évidemment des Sept Sacrements
d’Anvers et non de son écho qu’ils sont inspirés. Conclure
de là que Boger a dessiné les cartons est sans doute témé-
raire ; peut-être convient-il de les attribuer encore, de même
que les dessins conservés à l’Ashmoleum Muséum d’Ox-
ford, à Me Franck van der Stock, élève de Boger, qui fut
président de la Confrérie de Saint-Eloi, membre du Conseil
communal entre 1465 et 1475, peu connu pour avoir été
effacé par l’éclat de la gloire de son maître.
Jules DE S T BÉE
Ancien ministre des Sciences et des Arts
de Belgique.
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scrupuleuse désinvolture et lui a expédié un tableau peu
digne de son talent, fait peut-être dans son atelier par un
élève assez médiocre. M. Hulin de Loo, frappé lui aussi,
de l’infériorité du retable présumé de Cambrai, croit y
reconnaître un ouvrage du peintre bruxellois van der Stock,
ayant travaillé dans l’atelier de Boger et lui ayant suc-
cédé dans sa charge de peintre de la ville.
Ce qui a pu accréditer l’opinion de Waagen que le retable
de Madrid (195 sur 172) était celui de l’évêque de Cambrai,
c’est l’indication de sa hauteur. Elle est de 1,95 m.; or, le
pied de Cambrai étant de 29,8 centimètres, six pieds et
demi donnent 1,947. Mais l’autre dimension indiquée par
l’abbé, celle de la largeur, n’est plus celle du panneau
central du retable de Madrid, 5 pieds font 1,49 et non 1,72,
soit plus d’un demi-pied de différence. L’abbé qui a si exac-
tement noté la hauteur ne peut pas s ’être trompé pareille-
ment pour la largeur. Si on y comprend les volets qui ont
77 centimètres de large chacun, la discordance est encore
plus évidente.
Ajoutez à cette différence dans les dimensions, le texte :
un tableau en deux histoires, et vous admettrez que le
tableau de Madrid n’est pas celui de Cambrai, conclusion
à laquelle nous amenait également l’examen de l’œuvre.
Plusieurs des écrivains ont rattaché au tableau de
Madrid des broderies qui se trouvent à Berne sur des vête-
ments sacerdotaux. C’est évidemment des Sept Sacrements
d’Anvers et non de son écho qu’ils sont inspirés. Conclure
de là que Boger a dessiné les cartons est sans doute témé-
raire ; peut-être convient-il de les attribuer encore, de même
que les dessins conservés à l’Ashmoleum Muséum d’Ox-
ford, à Me Franck van der Stock, élève de Boger, qui fut
président de la Confrérie de Saint-Eloi, membre du Conseil
communal entre 1465 et 1475, peu connu pour avoir été
effacé par l’éclat de la gloire de son maître.
Jules DE S T BÉE
Ancien ministre des Sciences et des Arts
de Belgique.