Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Journal des beaux-arts et de la littérature — 10.1868

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18494#0176
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
— 170 —

sans crainte, mais non sans espérance, la
mission du Journal d'un archéologue.

Huy. — La Collégiale : Intérieur et exté-
rieur. — La petite et pittoresque ville de Huy
est une de celles du pays où l'on rencontre
relativement le plus d'antiquités et le moins
d'archéologues. Je pense même qu'il n'y en
a pas un seul digne de ce nom , si j'en excepte
l'architecte qui dirige les travaux de restaura-
tion de la collégiale. Huy, ville de 12,000âmes,
patrie de Pierre L'Hermite et jadis territoire
peuplé de monastères (quatorze églises et
seize couvents), est aujourd'hui une localité
dont la fortune industrielle fait le principal
mérite. Cette prospérité lui a un peu fait ou-
blier ses ancêtres et personne, au milieu de
cette ruche bourdonnante, ne peut vous gui-
der dans l'appréciation historique des char-
mantes curiosités archéologiques qu'elle pos-
sède. Aucun livre même ne nous a édifié sur
ce point, ce qui nous paraît bizarre parle
temps d'archéologie provinciale qui a couru
et qui court encore un peu.

Puisque nous y sommes, allons ça et là
et inscrivons nos impressions de touriste sur
notre carnet.

La collégiale est remarquablement tenue à
l'intérieur. L'aspect de ce temple, bâti au XIVe
siècle, est maintenu en son état primitif dans
les limites du possible, à l'exception toutefois
de son dallage tumulaire qui a fait place à ce
désespérant et froid dallage chinois moderne,
noir et blanc. Les ornements peints sur les
voûtes et sur un des murs des bras de la croix
du transept, en 1536, ont été conservés sans
que l'on ait songé à les rafraîchir, idée mala-
droitement suivie ailleurs. On fera bien d'har-
moniser avec le temps le mobilier de l'église
avec l'église ellle-même.

A l'extérieur, j'ai à faire des observations
dont la gravité n'échappera à personne. Tout
le monde connaît l'admirable portail, de style
ogival primaire, qui subsiste encore derrière
le chevet del'église actuelle et qui fut construit
vers la fin du XIIIme siècle. Eh bien, ce pré-
cieux et unique joyau, si l'on n'y prend garde,
tombera l'un de ces jours en poussière. Voici
sur quoi je base mon opinion.

Trois piliers soutiennent le beau tympan
historié que les intempéries des saisons n'ont
pu entamer. Le pilier du milieu a été échan-
cré, coupé, taillé à hauteur d'homme. Pour-
quoi? on n'en sait rien. Le pilier de gauche
est complètement rompu au tiers de sa hau-
teur et c'est miracle que la grande statue pla-
cée sur ce pilier ne soit pas encore tombée.
Le pilier de droite a meilleure chance; seu-
lement une gouttière trouée lâche toute son
eau le long de la statue et du pilier et entre-
tient en cet endroit une humidité meurtrière.

De plus, remarquons que les trois grandes
statues que l'on croit de pierre d'après l'as-
sertion de M. Schayes, (Histoire de Varchitec-
ture en Belgique. T. 3. p. 163), sont en bois.
Celle de droite est mangée et pourrie dans le
dos et tout le long du corps par l'humidité
de la gouttière dont j'ai parlé. Les autres se
fendent dans le sens de leur longueur et ré-
clament un prompt examen. Quant aux pi-
liers.... Je ferai savoir à nos lecteurs la suite
donnée à mes observations que j'aurai soin
de ne laisser ignorer à personne. Seule-
ment, je dois ajouter qu'il serait bon de trai-
ter la chose d'urgence et de ne la point con-
fier à un simple tailleur de pierre. La moin-
dre négligence pourrait détruire à jamais un
des plus curieux monuments de notre ancienne
statuaire.

Les restaurations extérieures de la collé-
giale marchent bien. Les deux tours ont l'air
terminées. Seulement je doute que les dessins
primitifs de ces tours justifient les petits pina-
cles dentelés à l'excès et placés aux angles,
non plus que la maigre galerie qui les cou-
ronne. Au sommet du pignon qui regarde le
pont, on a placé une statue de la Vierge évi-
demment trop longue.

Ceux qui visiteront la collégiale ne man-
queront pas d'admirer la rosace qui se trouve
dans la tour occidentale. Cette rose est une
des plus belles du genre.

— Fonts baptismaux du XIIe siècle à Véglise
St.Pierre. — L'ancienne église St. Pierre, Ou-
tre Meuse, a été démolie pour faire place à
un nouveau temple où existent des fonts dont
personne, que je sache, n'a parlé.

Ces fonts se composent, au centre, d'un mono-
lithe carré sur lequel repose la cuve. Quatre co-
lonnes soutiennent aux angles la partie supé-
rieure; celle-ci, à l'extérieur, offre des sculptu-
res qui me paraissent rafraîchies. Sur l'une des
faces, j'ai remarqué la représentation d'un ani-
mal fabuleux mordant un serpent. Cet objet
intéressant que M. Schayes aurait pu citer en
même temps que les fonts pédiculés de Ter-
monde et de Zedelghem, (les seuls qu'il con-
nût) méritent d'être reproduits par la gra-
vure. La présence de ces fonts nous per-
met de supposer que l'église primitive datait
de la même époque.

—La fontaine ou le Bassinia.—Cette fontaine
de cuivre et de pierre qui représente des figu-
rines du XVIe siècle, est un monument unique
de l'espèce. Ces figures sont, dit-on, des al-
lusions à des événements locaux de l'époque.
J'en doute. On ferait bien de mouler l'ensem-
ble du groupe en cuivre et de placer cette re-
production à la porte de Hal. Je recommande
à qui de droit de faire examiner le massif de
maçonnerie et les pierres bleues qui reçoivent
l'eau. Tout cela a incontestablement besoin

d'être solidifié. Il ne faut pas qu'il arrive à
cette fontaine de tomber en ruines comme
celle de Grammont. Je ne crois pas qu'il existe
undessindecepetit monument ou de sesdétails.

—Palais de Justice.— Je ne parle de cet édi-
fice qui va bientôt disparaître, que pour si-
gnaler une pierre tumulaire ex-voto, placée à
droite dans le mur et qui mérite de ne pas
; passer en bloccage quelque part. Même obser-
vation pour une vaste dalle armoriée encas-
trée dans le mur en face de l'entrée.
—Ancien couvent.-Vis-à-vis du Palais de Jus-
| tice se trouve une brasserie ayant été jadis un
| couvent. Une charmante tour en briques rou-
| ges dans sa masse, en pierre blanche pour
les cordons et en pierres bleues pour les
j chambranles et moulures des fenêtres, mérite
d'être remarquée, surtout à cause des moulu-
res. C'est une construction qui date du milieu
ou de la fin du XVe siècle. Dans la façade on voit
encore une baie avec un charmant moulurage,
plus une niche dans laquelle figure une anti-
que statuette fruste, sans tête, représentant, je
crois, un Christ au roseau ou à la colonne.

— Maisonau quaidela batte. —Cette maison
actuellement occupée par un grand nombre
de ménages pauvres, possède une façade pit-
toresque dans le style des dernières années
du XVIe siècle. Le corps du bâtiment est en
briquettes rouges; les fenêtres carrées sont
nombreuses et ont les croisillons en pierre
blanche. Au dessus du premier étage, à trois
endroits de distance égale, se voient : un buste
d'homme armé regardant à sa gauche, sculpté
dans la pierre et demi-nature; de l'autre
côté, un buste de femme, corsage long et
étroit, collerette raide et montante, regardant
à sa droite ; entre les deux, une pierre
blanche sculptée, mais fruste, représentant
une sainte quelconque soutenue par une tête
d'ange ailée. Sous la corniche sont placées de
charmantes têtes d'hommes, de monstres et
des ornements, le tout d'un puissant relief et
d'un ciseau aussi délié qu'énergique.

Cette maison n'a jamais été reproduite, soit
parla gravure, soit par la photographie. Si
nous nous trompons on voudra bien nous en
informer.

— Vestiges antiques.—Signalons la partie des
anciens remparts nommée le Tombeau de St.
Domitian, ravissant motif de tableau ; l'as-
pect pittoresque de tout le quartier de St. Hi-
laire; les pierres tumulaires et autres de la
chapelle St. Quirin; des dalles tumulaires du
XIIIe siècle et des suivants, dont les débris pa-
vent des seuils de maison à peu près partout, et
bien d'autres détails sur lesquels nous n'avons
pu jeter qu'un regard rapide, mais qui se re-
commandent à une étude spéciale et qui mé-
riteraient de faire naître un archéologue à
Huy. A son défaut, l'administration commu-
 
Annotationen