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Journal des beaux-arts et de la littérature — 19.1877

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https://doi.org/10.11588/diglit.18914#0112
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— 96 —

térêt et indulgence, selon le degré de force
auquel ils sont parvenus, mais qui ne s’im-
posent pas. — Verwée (L.). Premiers beaux
jours. Ne dépasse point le niveau des autres
œuvres de cet artiste bien doué, et qui n’est
pourtant jamais parvenu à briser la glace.—
Verwée. Cheval de trait. Cheval bleuâtre,
touché et frappé avec énergie, mais cela ne
suffit pas pour ressembler à Paul Potter. —
Wauters (E.). Etudes. Cet artiste à qui un
beau talent peut donner de légitimes préten-
tions, fera bien de s’observer : il a une ten-
dance manifeste a vouloir imiter les gothi-
ques et de là provient une certaine séche-
resse de touche et de couleur très-visible
dans son exposition du Cercle et qui pointait
déjà dans des œuvres antérieures. Humble
et modeste amateur-salonnier, je n’a pas l’or-
gueil de donner à M. Wauters une leçon ni
même un avertissement, mais puisqu’il mon
treson travail au public celui-ci a bien le droit
de lui dire ce qu’il en pense.Or, celui qui ose
penser tout haut dit que Hugo Van der Goes
semblait promettre davantage. Mais atten-
dons, l’auteur se recueille peut-être. — We-
ber (Th.).Je ne connais guères en ce moment
de mariniste plus heureux et plus fort que
celui-ci. Weber n’a pas le défaut des mari-
nistes en vogue qui est la motononie. Je le
demande à tous ceux qui me lisent : con-
naissent-ils un seul peintre de marine en
renom qui n’ait un style invariable l’amè-
nant inévitablement à reproduire de la
même façon les mêmes effets et les mêmes
impressions? Weber,indépendamment d’une
touche très-libre, très-aisée et très-fière,
jette dans son tempérament des éclairs et
des secousses qui le conduisent à une va-
riété extrême. Voyez le Temps de pluie à
Dordrecht ; c’est effrayant de vérité et d’es-
prit. Voyez le Matin à Flessinguem Quelle fi-
nesse et quelle grâce lumineuse! Nous con-
seillons fortement aux jeunes gens qui veu-
lent chanter la mer, à regarder M. Weber de
toute leur âme et de tous leurs yeux et de
tourner le dos à cette mauvaise plaisanterie
qu’on appelle Au bout d’un brise lame, au
mois d’août et que la commission du Cercle
a fort bien fait de placer dans une charitable
obscurité.

Dans la statuaire j’ai remarqué : une tête
de femme d’une expression superbe et d’un
beau travail que M. Vanderstappen appelle
Eve, je ne sais trop pourquoi; un docteur
Crocq détaillé par M. de Groot avec une
minutie un peu désolante et qui a bien dû
fatiguer cet homme de talent ; un Faune de
M. Fabri. trop faune; deux belles productions
de M. Paul Devigne qui décidément conquiert
une belle place; une Captive deM. Vinçotte,
captive dont je ne veux voir que les adora-
bles contours et non les fers qui ne déchi-
rent point son poignet exquis. Cette statue
dont toutes les parties sont étudiées avec un

soin où l’émotion du maître est visible, est
une œuvre d’élite à tous les points de vue.
Elle se place d’elle-même entre l’académisme
dont la statuaire proprement dite est néces-
sairement tributaire et ce naturalisme mo-
derne épuré que réclame le raffinement des
mœurs. Je ferai à M. Vinçotte une observa-
tion importante : pourquoi, en général ou
du moins dans ce que j’ai vu de lui, n’achève-
t-il pas davantage le travail des yeux? Crai-
gnant de tomber dans l’excès du faire mo
derne il a exagéré la sobriété grecque.

M. Demol a exposé un bel échantillon du
genre dans lequel il excelle Sa Bacchante
peinte sur porcelaine rappelle les excellents
produits de la renaissance italienne.

De M110 Jeanne d’Espiennes je trouve au
Cercle un cheval de trait en cire. C’est de
bonnes proportions, c’est vrai de caractère
et de mouvement,c’est délicat dans le détail,
mais un peu froid à cause de la matière em-
ployée. Combien le même sujet en terre
glaise largement tripotée, eut été préférable!
Mlle d’Espiennes aime à travailler en grand
et ici elle semble avoir voulu prouver que
le contraste ne l’effrayait pas Sous ce rap-
port sa victoire est complète mais nous, du
public, nous eussions voulu celle-ci plus
grande et comme elle pouvait l’être.

MM. De Tombay avec son Improvisateur;
J. Dillens avec un buste où le chic tombe
dans la brutalité; Herman avec de braves
éludes d’italiennes un peu volumineuses;
Namur avec son Coupable parfaitement étudié;
Nelson avec un Chapuis plus grand que na-
ture et fantaisiste à l’excès, ont été remar-
qués et applaudis.

Comeîn. Facilité remarquable dans le tra-
vail des étoffes, grâce et mouvement dans
les œuvres de ce statuaire qui marche fière-
ment dans la phalange belge moderne con-
stituant à l’heure qu’il est un groupe d’élite.
Je recommande à M. le Directeur du Journal
des Beaux-Arts d’étudier un jour tout spécia-
lement les tendances de cette poignée d’hom-
mes en qui il y a un grand avenir et qui vont
former une école digne de tous les encou-
ragements. 11 n’y a pas à dire : l’école de
peinture faiblit: l’école de sculpture se relève.

V. D.

Nous devons remettre au prochain numéro
une étude approfondie des nouveaux travaux
de Massaloff. A ce sujet exprimons à quelques
éditeurs les regrets que nous éprouvons de
n’avoir pu insérer plus tôt nos comptes-rendus
et nos articles analytiques. A partir du nu-
méro prochain nous remettrons toutes choses
à leur place, ayant été jusqu’ici un peu dé-
bordés par des actualités qui réclamaient
notre concours. A côté de notre excuse, pla-
çons l’observation que les grandes publica-
tions dont nous avons à parler sont de celles
dont le temps ne peut que consolider le
succès et qui n’ont pas besoin d’un appui

immédiat pour faire leur chemin dans le
monde. Si par la force des choses nos co-
lonnes étaient encombrées, nous aurons re-
cours aux Suppléments.

France.

DE LA STATUE.

(Suite).

XVII.

Etudions maintenant ldfe hommes d’action.

Au premier abord, il semble que la statue
de l’homme d’action soit unjeu pour l’artiste.

A peine a-t-on po|rté le regard sur le groupe
des gladiateurs, des capitaines, des guerriers,
qu’on se sent ébloui par la variété des res-
sources que l’art plastique réserve au sculp-
teur. Le mouvement, la vie palpable, appa-
raissent à l’œil de l’esprit comme un champ
sans limites à la glèbe docile et toujours
féconde.

Toutefois, le statuaire étant tenu de parler
ce qu’il sent à l’aide de la matière, il faut
craindre que la vie du corps soit plus promp-
tement écrite sur l’argile que celle de la
pensée. Puis, la sculpture est soumise à des
lois que nul n’a le droit d’enfreindre. Le
mouvement modelé doit être calme. L’agita-
tion violente serait ridicule dans l’image
plastique. La soudaineté, l’élan, la prompti-
tude que réclame le sujet traité, veulent être
gravés sur le marbre avec pondération et
avec retenue.

En effet, n’est-ce pas un problème étrange
que doit résoudre le sculpteur ? Il va faire
que le bronze opaque, la pierre massive
soient le signe d’une attitude fugitive à peine
saisissable pour l’œil, rapide comme l’éclair.

La pose de sa figure doit être dite instan-
tanée.

Et cette pose, il est tenu de l’imprimer au
bloc éternellement stable et froid par nature,
sans subterfuges, sans trompe-l’œil, au bloc
tangible, baigné dans toutes ses parties par
la lumière du jour qui, au gré de l’heure ou
du lieu, efface un méplat, creuse une ride,
souligne un relief.

Avec quelle prudence l’artiste ne devra-t-il
pas procéder s’il veut, dans de telles condi-
tions, produire l’illusion du mouvement!

U faudra que son marbre soit remué sans
être agité; qu’il raconte les frémissements
de la passion, non son paroxysme; que le
geste commencé laisse deviner, si l’on veut,
l’impétueux élan qui va suivre, perceptible
seulement pour l’intelligence, car la matière
inerte se refuse à toute expression litttérale
de la vie.

La pierre n’a pas le don de se déplacer, et
le statuaire souhaite qu’un peu de granit dis-
posé sur un socle laisse croire à son dépla-
cement perpétuel !

Comment donc fera-t-il?

Les Grecs vont nous l’apprendre.

S’étant pénétrés longuement de ces lois
 
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