Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Journal des beaux-arts et de la littérature — 26.1884

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19245#0021
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ViN&T-SIXIÈME ANNEE.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

directeur: m. aD. siret.

MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Lettres d'Octave Pir-
mez. — A MM. les Vingtistes. — La peinture
flamande de Wauters. — Histoires de voleurs. —
M. Lavoix et Molière. — Chronique générale.--
Cabinet de la curiosité. — Annonces.

Beaux-Arts.

LETTRES D'OCTAVE PIRMEZ.

A propos des lettres d'Octave Pirmez, que
flous aurons à publier prochainement dans
notre Etude, on nous a adressé une question
à laquelle nous pouvons aujourd'hui faire une
•'éponse.

On nous a demandé si nous nous bornerions
à ne publier que la correspondance existant
entre l'écrivain et nous.

Tout d'abord c'était notre intention, mais,
aPrès la publication de quelques-unes des
lettres de Pirmez dans des journaux du pays,
nous avons compris qu'il ne serait pas inutile,
pour donner la juste mesure du caractère de
l'homme, de réunir dans un chapitre spé-
cial, les lettres adressées à d'autres personnes
qu'à nous et, s'il y a lieu, de les accompagner
de commentaires. Nous pensons pouvoir ob-
server la même règle de conduite vis à vis
des correspondances encore inédites et que
l'on désirerait voir paraître dons notre tra-
vail.

En conséquence, nous prions toutes les per-
sonnes possédant des lettres de Pirmez qui
leur paraîtraient susceptibles d'être publiées,
de vouloir bien nous les adresser. Il va sans
dire que cette reproduction ne s'applique-
rait qu'à des correspondances purement litlé-
raires et qu'il doit nous être permis de res-
ter juge, dans une certaine mesure, de la
décision à prendre.

Nous espérons que notre appel sera en-
tendu et, à cet effet, nous prenons la con-
fiance de réclamer l'aide de la presse.

A MM. LES VINGTISTES (i).

Messieurs,

Où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir.

'Ce n'est certainement pas vous qui me dé-
mentirez.

Donc, laissez-moi vous dire que je sors de
votre exposition " et que je déclare haut et

(0 O typographes qui m'avez déjà joué tant de vi-
lains tours, n'allez pas imprimer Vingtristes !

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

prix par an : belgique : 9 francs.

ÉTRANGER : 12 FR.

ferme que si vous n'aviez pas appelé les
étrangers à votre secours vous n'auriez qu'une
chose à faire : vous en aller au Maroc avec
Wauters et Hennebicq.

C'est ce que je veux prouver, non pas que
ces étrangers soient tous des aigles à grande
envergure, non pas que vous soyez, pour
votre compte, indigne de toute sympathie,
mais ce qui me charme en eux c'est leur sim-
plicité ; ce qui m'agace en vous, c'est votre
orgueil.

Là, je l'ai dit : Où il y a de la gêne...

Maintenant raisonnons, si vous le voulez
bien, car c'est quelquefois chose difficile avec
vous qui êtes jeunes, qui avez du tempéra-
ment, qui vous vous emportez vite et qui
avez pour maxime celle-là même que vous
reprochez aux autres : ceux qui ne sont pas
avec nous sont contre nous. — Raisonnons
donc en face des œuvres mêmes que nous
allons examiner en faisant d'abord un triage
nécessaire.

Il y 40 exposants ou à peu près, car je n'ai
pas rencontré quelques noms indiqués au
catalogue. Je compte i5 étrangers. Reste 25
parmi lesquels plusieurs vieux, très vieux.
Dans les œuvres des jeunes j'en compte bien
la moitié qui a déjà été vue. Il y a donc une
trentaine de tableaux belges nouveaux. Voilà
le fond du sac.

Eh bien, ce n'est pas lourd et si du moins
la qualité... mais ne soyons pas gratuitement
sardonique et voyons ce que le Vingtisme a
donné de bon en se greffant sur le Manétisme.

Prenons un des jeunes au berceau. Voici
Knopff. Je le veux bien : on dirait qu'il se
débarbouille, notamment dans le visage de
la fillette où il y a de l'art et de l'idéal, et aussi
dans les yeux et le front d'un plat portrait
d'homme. Mais là seulement. Et puis c'est tout.

— J'ai lu Flaubert, mais je ne me rappelle pas
y avoir rencontréquel que chose qui ressemblât
à ce rébus pirotechnique parti sur un fond
noir rayé d'un homme barbu, d'une sorte
de divinité indoue délayée dans de l'or moulu.

— Et le Garde qui attend ! Mon Dieu qu'il
attende et qu il soit heureux dans ce paysage
enfantin fatiguant à voir.

Le Modèle, petite chose malingre non
moins que ce paysage intitulé : Fosset et où
le peintre ne s'est pas donné la peine de finir
ce que la nature a si finement ciselé. Pour-
tant il n'avait qu'à regarder mieux. C'est une

administration et correspondance
a s'-nicolas (Belgique).

chose étonnante que tous ces jeunes préten-
dent voir les choses comme elles auraient pu
être s'il les avaient faites mais non comme
elles sont. Plein air ! plein air ! vous rabâ-
chent-ils, mais j'ai beau regarder en plein
air, j'y vois toujours les choses plus finies,
plus belles, plus claires, plus rayonnantes,
plus riches, plus vibrantes, plus arrêtées,
plus parlantes, plus sublimes que sur tous
ces tableaux faits soit disant en plein air et
où tout est gris, pâteux, figé, plaqué, massé,
poncé, frotté, muet, terne, et mort. On dirait
de loin de vieux tapis de Smyrne sur lesquels
il a plu.

Revenons à Knopff pour dire qu'il est bon
d'attendre encore avant de dire à ce jeune
homme,mieux intentionné qu'équilibré, qu'il
a de l'avenir. Il y en a tant à qui on avait
promis des couronnes et qui aujourd'hui
mangent des chardons !

En voici un autre, M. James Ensor, qui,
a tous les mépris du monde/mépris du fond,
de la forme, de la couleur, de la pensée et
qu'on veut hisser sur des échasses. C'est folie
en vérité. Voyons, Messieurs les Vingt, ce
Carnaval, ces Pochards... Non, soyons géné-
reux, vous et moi : passons, en regrettant qu'il
y ait un si grand recul chez cet adorateur
irréfléchi de Manet.

M. Charlet a beaucoup de naturel dans ses
poses, mais sa peinture est saupoudrée d'une
poussière grise et prétentieuse. Je parle de
Y Enterrement qui passe déjà vu ailleurs et
dont j'ai négligé de parler dans le temps.

Un Américain, M. William Chase, peint
sur de la toile-torchon comme jadis nos
grands flamands sur les arcs de triomphe
sous lesquels passaient nos maîtres et nos op-
presseurs. C'est quelque chose, c'est même
beaucoup, vu de loin, mais de près, c'est du
badigeonnage. — Encore un qui joue le fort,
et je doute qu'il le soit : M. Willy Finch;
sa peinture procède par taches adroitement
jetées et qui valent par le contraste. On di-
rait des aquarelles monochromes.— M. Wil-
liam Stott est un des vigoureux parmi les
jeunes et non un des moins dignes. Sa Bai-
gnade tient de l'école française de 1848 alors
que Celestiiï Nanteuil, Baron, Jacquand et
toute la queue issue des romantiques,tenaient
le haut de pavé. Il y a dans son œuvre de
bonnes réminiscences.

M. Stobbaerts, qui est un vieux, si vous
 
Annotationen