6^8 MÉMOIRE SUR LE SYSTÈME MÉTRIQUE
La vraie origine du mot ôpyuiœ n'est pas connue : on suppose que cette mesure
est originairement la distance qu'il y a d'une main à l'autre, quand on a les bras
étendus. Poliux et d'autres étymologistes Ja définissent ainsi. Eustathe fait venir
orgyie cl'opiya , extendo ; Hésychius, de k-wo r« to yu7<t /u^peîv : ces deux étymolo-
gies ont toutes deux leur vraisemblance. J'ai dit plus haut, chapitre v, que ce
mot exprime la hauteur d'un homme debout, erectus {(.Yopîyuj). Mais, si dans
cette incertitude il est permis de faire une conjecture, la racine de ce mot semble
étrangère à la langue Grecque, et le vrai sens pourrait bien être celui de pas: en
effet, c'est le pas Egyptien par excellence, le pas de 6 pieds, comme le pas Chinois
est composé de 6 chc. Ce qui est nommé ttzicxjol dans Héron, paraît être l'orgyie
Égyptienne. C'étoit une mesure naturelle et commode, composée de 4 pas
simples, c'est-à-dire, d'un pied métrique ' chacun, et égale à sept fois la longueur
du pied humain ; elle entrait mille fois dans le grand mille: I g\ptien, d'où sont
dérivées toutes les espèces de milles, comme de cette orgyie dérivent nos toises
d'Europe et toutes les mesures hexapodes (1).
Quatre coudées, ou la stature humaine, expriment une org) ie, dans la proportion
fixée par le système Egyptien : le grand pas métrique peut bien avoir été fixé à
la même grandeur, comme égal à la longueur d'un homme étendu à terre. Il est
vraisemblable que l'on mesurait la taille des hommes sur l'orgyie, comme on le
fait chez nous sur la toise, d'où l'on a fait le mot de toiser. Il est à remarquer que si
la mesure de 6 pieds n'eût pas exc ède la hauteur moyenne, elle n'aurait pu servir
à mesurer les tailles excédantes (2). C'est une nouvelle raison qui explique la fixa-
tion du pied Egyptien aux y de la coudée, tandis que, dan.- la nature, il n'en est
réellement que les y (3). La proportion de 1 à 6 avec l'orgue, conforme au
système de l'échelle senairc, se trouvoit ainsi d'accord avec une condition civile,
dont l'application devoit être fréquente.
Ctésias dans Diodore de Sicile (4), Hérodote (5), Pline, Strabon (6), &c,
évaluent la hauteur des murs de Babylone de plusieurs manières. Ctésias et Héro-
dote comptent 50 orgues et 200 coudées; Strabon, jo coudées; Quinte-Curce,
100 coudées et 200 pieds : ce qui fait voir que les écrivains abusoient de la mul-
tiplicité des mesures et de leurs noms différens pour exagérer les merveilles étran-
gères, en conservant toutefois les nombres vrais et les rapports reçus. L'orgue étoit
une mesure propre à l'Egypte, puisque le stade Egyptien en est le centuple ; ré-
pandue dans l'Orient, elle servoit à exprimer les dimensions des monumens et
même les distances itinéraires (7). Elle est comprise cinq cents fois dans le pour-
tour de la grande pyramide ; le socle de ce grand monument est élevé ju^te d'une
orgyie (8). Cette mesure est celle de la hauteur des figures sculptées sur les mo-
numens Egyptiens, soit de grandeur naturelle, soit d'une proportion multiple ou
sous-multiple (9).
(1) Voyez, au sujet de l'orgyie, le chapitre v, pag. 57c- (5) Hist. Iib. i, cap. 178.
572j et le chapitre xiii. (6) Geogr. Iib. xvi, pag. 508, éd. Casaub.
(2) L'orgyie vaut im^/^z—y^ 8° 2',86. (7) Voyez ci-dessus, pag. 626.
(3) Voyez chaP- v, S- h, pag. 572. (8) Voyez ci-dessus, chap. iii, pag. 523.
(4) Biblioth. hist. Iib. 11, pag. 169. (o) Voyez ci-dessus, chap. v, pag. 566.
Julianus
La vraie origine du mot ôpyuiœ n'est pas connue : on suppose que cette mesure
est originairement la distance qu'il y a d'une main à l'autre, quand on a les bras
étendus. Poliux et d'autres étymologistes Ja définissent ainsi. Eustathe fait venir
orgyie cl'opiya , extendo ; Hésychius, de k-wo r« to yu7<t /u^peîv : ces deux étymolo-
gies ont toutes deux leur vraisemblance. J'ai dit plus haut, chapitre v, que ce
mot exprime la hauteur d'un homme debout, erectus {(.Yopîyuj). Mais, si dans
cette incertitude il est permis de faire une conjecture, la racine de ce mot semble
étrangère à la langue Grecque, et le vrai sens pourrait bien être celui de pas: en
effet, c'est le pas Egyptien par excellence, le pas de 6 pieds, comme le pas Chinois
est composé de 6 chc. Ce qui est nommé ttzicxjol dans Héron, paraît être l'orgyie
Égyptienne. C'étoit une mesure naturelle et commode, composée de 4 pas
simples, c'est-à-dire, d'un pied métrique ' chacun, et égale à sept fois la longueur
du pied humain ; elle entrait mille fois dans le grand mille: I g\ptien, d'où sont
dérivées toutes les espèces de milles, comme de cette orgyie dérivent nos toises
d'Europe et toutes les mesures hexapodes (1).
Quatre coudées, ou la stature humaine, expriment une org) ie, dans la proportion
fixée par le système Egyptien : le grand pas métrique peut bien avoir été fixé à
la même grandeur, comme égal à la longueur d'un homme étendu à terre. Il est
vraisemblable que l'on mesurait la taille des hommes sur l'orgyie, comme on le
fait chez nous sur la toise, d'où l'on a fait le mot de toiser. Il est à remarquer que si
la mesure de 6 pieds n'eût pas exc ède la hauteur moyenne, elle n'aurait pu servir
à mesurer les tailles excédantes (2). C'est une nouvelle raison qui explique la fixa-
tion du pied Egyptien aux y de la coudée, tandis que, dan.- la nature, il n'en est
réellement que les y (3). La proportion de 1 à 6 avec l'orgue, conforme au
système de l'échelle senairc, se trouvoit ainsi d'accord avec une condition civile,
dont l'application devoit être fréquente.
Ctésias dans Diodore de Sicile (4), Hérodote (5), Pline, Strabon (6), &c,
évaluent la hauteur des murs de Babylone de plusieurs manières. Ctésias et Héro-
dote comptent 50 orgues et 200 coudées; Strabon, jo coudées; Quinte-Curce,
100 coudées et 200 pieds : ce qui fait voir que les écrivains abusoient de la mul-
tiplicité des mesures et de leurs noms différens pour exagérer les merveilles étran-
gères, en conservant toutefois les nombres vrais et les rapports reçus. L'orgue étoit
une mesure propre à l'Egypte, puisque le stade Egyptien en est le centuple ; ré-
pandue dans l'Orient, elle servoit à exprimer les dimensions des monumens et
même les distances itinéraires (7). Elle est comprise cinq cents fois dans le pour-
tour de la grande pyramide ; le socle de ce grand monument est élevé ju^te d'une
orgyie (8). Cette mesure est celle de la hauteur des figures sculptées sur les mo-
numens Egyptiens, soit de grandeur naturelle, soit d'une proportion multiple ou
sous-multiple (9).
(1) Voyez, au sujet de l'orgyie, le chapitre v, pag. 57c- (5) Hist. Iib. i, cap. 178.
572j et le chapitre xiii. (6) Geogr. Iib. xvi, pag. 508, éd. Casaub.
(2) L'orgyie vaut im^/^z—y^ 8° 2',86. (7) Voyez ci-dessus, pag. 626.
(3) Voyez chaP- v, S- h, pag. 572. (8) Voyez ci-dessus, chap. iii, pag. 523.
(4) Biblioth. hist. Iib. 11, pag. 169. (o) Voyez ci-dessus, chap. v, pag. 566.
Julianus