DE SAN. CUAP. XX in. j ^
inarquent la place des villages et des hameaux qui ont cessé d'exister. On ne
peut pas dire que ce soit l'eau du Nil qui manque à cet immense territoire ; car
il est naturellement inondé, pendant une partie de l'année, au moyen du canal
de Moueys. Les bras ne manquent pas davantage, et, à cet égard, on peut
remarquer que l'industrie agricole ne paroît avoir négligé aucun des points du
petit Delta où il est possible de maintenir la culture, fût-elle du plus médiocre
produit. C'est ainsi qu'à el-Malakim, village situé près de l'embouchure du canal
de Moueys, on entretient soigneusement une digue à l'aide de laquelle on rétrécit
le canal lorsque l'affluence des eaux du fleuve vient à diminuer : on soutient ainsi
leur niveau jusqu'à l'époque de la nouvelle crue, et l'on préserve le petit territoire
qui nourrit les habitans,de 1 accès et de l'influence des eaux saumâtres du lac
Menzaleh. Cette influence désastreuse, de quelque manière qu'elle ait pu s'établir
et qu'elle puisse encore s'exercer, paroît jouer un gran;l rôle dans la stérilité des
campagnes de Tanls. En effet, les empiétemens du lac ne sont que trop direc-
tement prouvés par les buttes de décombres et les traces des anciens ouvrages
igation qu'on rencontre fréquemment au milieu même des Irgunes perma-
nentes qui lui servent de ceinture ( i ). .Ses eaux d'ailleurs ne se sont point adou-
cies ; leur salure est entretenue par les vagues qu'il reçoit pendant les tempêtes,
lorsque la mer franchit la langue de sable qui les sépare, et qu'elle force l'entrée
des bouches de Dybeh et d'Omm-fareg. Pressé lui-même par les gros temps, ou
balancé par l'inégale action des vents régnans, il s'étend souvent un peu au-delà
de ses limites habituelles, et semble préluder à de nouveaux envahissemens.
Or il est à observer que l'existence de cet état de choses ne sauroit être le
résultat de la différence qu'il pourroit y avoir entre le volume des eaux que le
Nil verse actuellement dans le lac et celui qu'il y versoit anciennement. Ici
comme sur le reste de la côte d'Egypte, lorsque l'on entreprend de comparer
l'état des lieux avec ce qu'il étoit il y a seulement deux mille ans, on cherche
vainement une masse d'attérissemens proportionnée à l'énorme volume des eaux
du fleuve, qui se répandent encore chaque année sur les terres situées près de
la côte, et qui, suivant d'autres canaux que ceux de Rosette et de Damiette,
viennent directement déposer leurs sables et leurs troubles dans les lagunes, dans
les lacs et dans la mer. Notre collègue M. Girard a prouvé, par une série d'ob-
servations pleines d'intérêt (2), que le relèvement séculaire du sol de la haute
Egypte, depuis le Kaire jusqu'à Eléphantine, pouvoit être évalué à cent vingt-six
millimètres. Si l'on compare la quantité d'eau qui produit cet effet sur un point
donné du sol cultivé dans le Sa'yd, avec celle qui arrose naturellement les abords
du canal de Moueys, et celle qui afflue continuellement dans le bassin du lac
Menzaleh, on sera porté à conclure que les dépôts qui ont lieu dans cette partie
(1) L'existence de ces buttes nombreuses est d'accord ostium sunt lacus et maxhnœ ac continu* paludes, in qui-
avec le texte de Strahon , qui dit formellement : Hmty, bus et pagi multi sunt. Geogr. lib. XVII.
<ft tÎ TtaiTtM rjù 7» mMncLKÏ *><*4 «" '*« A")*'** W (*) Hist. nat. tom. II, pag. 34?-
m/Mtç ttokÙç fan. Jnter taniticum Pelusiaeumqve
inarquent la place des villages et des hameaux qui ont cessé d'exister. On ne
peut pas dire que ce soit l'eau du Nil qui manque à cet immense territoire ; car
il est naturellement inondé, pendant une partie de l'année, au moyen du canal
de Moueys. Les bras ne manquent pas davantage, et, à cet égard, on peut
remarquer que l'industrie agricole ne paroît avoir négligé aucun des points du
petit Delta où il est possible de maintenir la culture, fût-elle du plus médiocre
produit. C'est ainsi qu'à el-Malakim, village situé près de l'embouchure du canal
de Moueys, on entretient soigneusement une digue à l'aide de laquelle on rétrécit
le canal lorsque l'affluence des eaux du fleuve vient à diminuer : on soutient ainsi
leur niveau jusqu'à l'époque de la nouvelle crue, et l'on préserve le petit territoire
qui nourrit les habitans,de 1 accès et de l'influence des eaux saumâtres du lac
Menzaleh. Cette influence désastreuse, de quelque manière qu'elle ait pu s'établir
et qu'elle puisse encore s'exercer, paroît jouer un gran;l rôle dans la stérilité des
campagnes de Tanls. En effet, les empiétemens du lac ne sont que trop direc-
tement prouvés par les buttes de décombres et les traces des anciens ouvrages
igation qu'on rencontre fréquemment au milieu même des Irgunes perma-
nentes qui lui servent de ceinture ( i ). .Ses eaux d'ailleurs ne se sont point adou-
cies ; leur salure est entretenue par les vagues qu'il reçoit pendant les tempêtes,
lorsque la mer franchit la langue de sable qui les sépare, et qu'elle force l'entrée
des bouches de Dybeh et d'Omm-fareg. Pressé lui-même par les gros temps, ou
balancé par l'inégale action des vents régnans, il s'étend souvent un peu au-delà
de ses limites habituelles, et semble préluder à de nouveaux envahissemens.
Or il est à observer que l'existence de cet état de choses ne sauroit être le
résultat de la différence qu'il pourroit y avoir entre le volume des eaux que le
Nil verse actuellement dans le lac et celui qu'il y versoit anciennement. Ici
comme sur le reste de la côte d'Egypte, lorsque l'on entreprend de comparer
l'état des lieux avec ce qu'il étoit il y a seulement deux mille ans, on cherche
vainement une masse d'attérissemens proportionnée à l'énorme volume des eaux
du fleuve, qui se répandent encore chaque année sur les terres situées près de
la côte, et qui, suivant d'autres canaux que ceux de Rosette et de Damiette,
viennent directement déposer leurs sables et leurs troubles dans les lagunes, dans
les lacs et dans la mer. Notre collègue M. Girard a prouvé, par une série d'ob-
servations pleines d'intérêt (2), que le relèvement séculaire du sol de la haute
Egypte, depuis le Kaire jusqu'à Eléphantine, pouvoit être évalué à cent vingt-six
millimètres. Si l'on compare la quantité d'eau qui produit cet effet sur un point
donné du sol cultivé dans le Sa'yd, avec celle qui arrose naturellement les abords
du canal de Moueys, et celle qui afflue continuellement dans le bassin du lac
Menzaleh, on sera porté à conclure que les dépôts qui ont lieu dans cette partie
(1) L'existence de ces buttes nombreuses est d'accord ostium sunt lacus et maxhnœ ac continu* paludes, in qui-
avec le texte de Strahon , qui dit formellement : Hmty, bus et pagi multi sunt. Geogr. lib. XVII.
<ft tÎ TtaiTtM rjù 7» mMncLKÏ *><*4 «" '*« A")*'** W (*) Hist. nat. tom. II, pag. 34?-
m/Mtç ttokÙç fan. Jnter taniticum Pelusiaeumqve