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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1886

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nation sur la surface de là terre plus digne de pitié que
la tienne.

Qu’Allah tout puissant nous change en anglais si nos
lèvres te profèrent un mot qui ne soit fils légitimé de la
vérité.
Pauvre cheikh Mohamed Mahmoud ! Nous t’avons vu à
Schatarma, au nord de Koraskow, il y a deux.ans, dans l’opu-
lence et dans la prospérité, et aujourd’hui hélas ! nous
versons des larmes amères sur ta misère et sur ta déso-
lation.
Qui donc t’a réduit à cet affreux état qui fait frémir de
rage et d’indignation nos cœurs, et accable de douleur nos
âmes.
Que la malédiction d’Allah nous anéantisse, ou bien que
sa colère tombe comme une foudre sur la tête de nos despotes
et les écrase.
Nous avons vu de nos yeux, que la poussière remplira
un jour, nous avons vu le cheikh Mohamed Mahmoud, le
vénéré chef de Schatarma, introduit, chargé de chaînes,
devant un conseil de guerre composé d’anglais.

— Tu es accusé de vendre de la poudre aux rebelles Sou-
danais, ennemis de notre gracieuse reine Victoria et de son
vassal le khédive Tewflk, dit le diable rouge en uniforme qui
présidait le satanique conseil.
— Tes soldats, qui brigandent dans mon malheureux pays,
lui répondit le cheikh calomnié, saccagèrent ma riche demeure
sous prétexte d’y faire des perquisitions, et n’y trouvèrent
aucune trace de poudre.
— Mes valeureux guerriers trouvèrent à Atmour la trace
des pieds des chameaux qui transportèrent ta poudre au camp
du Mahdi.
— Tes lâches guerriers aperçurent les traces des pieds
des chameaux que. les Arabes conduisent au Nil pour les
abreuver.
— La traite des nègres est interdite, pourtant tu en tra-
fiques; Johar, ton esclave, nous le confirma avant ton arres-
tation.
— Johar n’est plus monesclave.A peine achetés, il y a dix ans,
lui et sa sœur, ils eurent leurs cartes de liberté. Tes officiers
le menacèrent de la mort s’il ne te donnait pas ce faux témoi-
gnage, je le sais; il le racontai sa sœur, qui est une de
mes femmes.
— Tu oses insulter mes officiers?
— Je proclame leur culpabilité. S’ils ne sont pas tes offi-
ciers , ils*sont assurément tes émissaires, puisqu’ils exigèrent
de moi le paiement de deux mille guinées pour prix de ma
liberté.
— Jetez-Ie en prison, où nous demandons qu’il y pourisse,
et confisquez ses biens au profit de notre glorieuse armée
d'occupation.
Ainsi dit le diable rouge qui présidait le satanique conseil de
guerre, en poussant des cris furibonds.
Les scélérats exécutèrent ces ordres iniques, et lorsque le
cheikh Mohamed Mahmoud, chef de Schatarma, sortit de
prison, après y avoir passé deux longues années, il trouva
sa maison déserte, ses coffres vides, ses immenses magasins
sans marchandises, ses brebis, ses bœufs, ses chevaux et ses
chameaux enlevés, et ses femmes et ses enfants réduits à la
mendicité...
Telle est la justice anglaise en Égypte!

ABOU NADDARA AU BANQUET CASTELAR

Ton ancien condisciple,
FARADJ-AL -FAYOUMI.

Tous les journaux français et étrangers ont sincèrement
félicité notre directeur et rédacteur en chef, des quelques
paroles qu’il a dites au banquet offert à M. Emilio Castelar,
le Demosthène moderne, par l’Alliance greco-latine. Nous
reproduisons quelques-unes des appréciations de la presse
parisienne, en remerciant nos confrères d’occident de la sym-
pathie qu’ils ne cessent de nous témoigner.
La Rédaction.
JOURNAL DES DÉBATS
Le discours de M. Castelar avait été précédé d’une série de
toasts, portés tour à tour par chacun des représentants des
nations latines. Notons le toast d’Abou Naddara, qui, ratta-
chant son pays à l’histoire des peuples latins, rappelant, dans

l’antiquité, l’influence de la civilisation Egyptienne sur la
Grèce, et, dans notre siècle, le rôle glorieux et bienfaisant joué
sur les bords du Nil par la France, a obtenu un vif succès.
M. Castelar a répondu aux uns et autres en unissant ces nations
diverses dans une glorification passionnée...
LE TEMPS]
Abou Naddara a particulièrement obtenu un vif succès en
exprimant le regret que la France ne participe plus à la direc-
tion des affaires d’Egypte, qui est livrée au gâchis.
LE XIX™ SIÊOLE
Le Cheikh Abou Naddara a prononcé une allocution forte
éloquente et qui a été chaleureusement applaudie.
Après avoir rappelé que des grands poètes et savants arabes
avaient eu l’Espagne pour berceau, il a parlé, lui aussi, de la
France, et avec une émotion dont la sincérité a produit une
vive impression. « J’aime de tout mon cœur ce beau pays qui
« travaille à la régénération de toutes les nations orientales,
« s’est-il écrié. Toutes les institutions de l’Egypte sont calquées
« sur les vôtres. Aussi, comme l’Egypte vous regrette, depuis
« que d’autres sont venus l’envahir ! Quel gâchis, — passez-moi
« rexpression — quel gâchis depuis cette invasion ! Chassé par
« les tyrans de la vallée du Nil, j’ai trouvé chez vous l’hospita-
« lité la plus généreuse. C’est pourquoi je bois à la France, à
« ce noble pays d’abondance, de poésie et de soleil. »
LA LIBERTÉ
Le Cheikh Abou Naddara le proscrit égyptien, a remercié sa
nouvelle patrie d’adoption ! « France! je bois à toi ! » a-t-il dit
les larmes aux yeux.
LA PETITE RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
On a applaudi et chaleureusement acclamé Sanua Abou
Naddara, revêtu de son costume oriental, lequel, remontant à
l’antiquité, a rappelé avec éloquence l’influence exercée par
l’Egypte sur la civilisation grecque et latine, et dans les temps
modernes, l’action bienfaisante et civilisatrice de la France sur
son pays.
LA FRANCE
Nous avons entendu des orateurs français, italiens, grecs,
roumains, arméniens, ottomans, proclamer le principe de cestte
Civilisation, qui a une commune origine et des aspirations iden-
tiques. Nul ne s’est exprimé avec plus d’à-propos que le publi-
ciste égyptien Sanua Abou Naddara. Il a rappelé que l’Egypte
avait précédé la Grèce dans la voie du progrès et avait été initiée
à son tour à toutes les conquêtes de la science moderne, par la
France, qui a tant fait pour que la nation Egyptienne reprenne
son rang ad milieu des nations libres et civilisées. Notre con-
frère, a obtenu un très grand succès bien mérité, car il est
indispensable aux nations greco-latines de s’unir étroitement
aux peuples musulmans de la Méditerranée, afin de conserver
l’indépendance de ce grand lac convoité par les Anglais, les
Teutons et les Slaves ni ne pourraient y avoir accès qu’en se
substituant aux nations musulmanes, si nous avions la folie de
les abandonner.

17Etendard, organe de l’Alliance greco-latine, a publié
in-extenso le discours qu’Abou Naddara a prononcé au ban-
quet Castelar. Nos remerciements à M. R. Raqueni, directeur
de ce journal.
L’ÉGYPTE SATYRIQUE

Nous reproduisons cet article bienveillant du Constitu-
tionnel du 28 octobre, en remerciant son aimable auteur et
le vénéré maître Léonce Détroyat, directeur politique de ce
grand journal républicain.
Voici un livre original entre tous et que nul ne parcourra sans
intérêt. Après l’avoir lu, nous avons compris que les autorités britan-
niques eu Egypte, et leur docile instrument, le khédive Tewflk, lui
fissent une chasse acharnée.
C’est que l’auteur de Y Egypte satyrique ne prend pas de gants pour
dire aux oppresseurs des Egyptiens leurs quatre vérités.
Le choix très intelligent des dessins, croquis et caricatures, extraits
des journaux illustrés publiés depuis dix ans par Abou Naddara et qui
rehaussent singulièrement la valeur de cette publication, nous permet
devoir les Anglais à l’œuvre.
Tout y est: preuves surabondantes de leur despotisme, leur complet
insuccès au Soudan, leurs défaites, leur fuite, les scènes de terreur où
ils jouent le rôle de bourreaux.
C’est un spectacle instructif et intéressant que celui qui nous est offert
dans ces cinquante pages de gravures, accompagnées d’un texte expli-
catif non moins humoristique.
Quant à la vision d’Abou Naddara, style Koran, et à ses conférences
publiées à la fin de l’ouvrage, nous n’avons qu’à dire ceci : c’est l’his-
toire politique et nationale de l’Egypte au dix-neuvième siècle.
Nous recommandons la lecture de ce livre, d’où le patriotisme
n’exclut pas l’esprit.
J. Beaulïbu.
1WPTF SATl^lpUE EN VENTE CHEZ TW LES UBMI
 
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