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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1893

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Issue 1 (25.01.1893)
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https://doi.org/10.11588/diglit.56666#0001
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Le Journal dAbou Naooara
( 17eAnnée )




ENCORE EES DERVICHES

Le Fellah : Maintenant que, grâce à la sagesse de notre Khédive,
l’ordre est rétabli, tu vas évacuer l’Egypte avec tous tes frères.
John Bull : Nous allions le faire ; mais le retour des derviches nous
oblige à prolonger notre séjour dans ce pays que nous aimons tant.
Le Fellah : Les malheureux derviches meurent de faim. Le blocus

que, vous autres Anglais, avez établi autour de nos frontières confinant
au Soudan, les plonge dans la plus affreuse détresse et fait dispa-
raître leur commerce, dont nous profitions aussi. Si les soudanais, que
tu appelles derviches, se dirigent vers l’Egypte, ce n’est pas pour l’en-
vahir ni pour faire la guerre à ses enfants qui sont musulmans comme
eux, mais pour y chercher des vivres.
John Bull : Nonsens. L’Egypte se trouve en face d’un grand danger,
et, si nous ne renforçons pas notre corps d’armée, les derviches ne tar-
deront pas à marcher sur le Caire Les voilà qui attaquent nos
soldats égyptiens. Prends mon télescope et regarde.
Le Fellah : Allah me donna une excellente vue ; je n’ai pas besoin de
ton cristal. Je vois des pauvres soudanais, hommes, femmes et enfants,
s’avançant vers leurs frères égyptiens les mains tendues. Ils demandent
du pain.
John Bull : Goddem ! Non ; ils ne demandent pas de pain ; ils sont
armés, et notre intrépide officier a raison de commander à ses hommes
de les attaquer.


Le Gérant: Gl£f£Blf/}£

lmp .hefebvre Ass. Ju Caire S2i5.?aris.

Le Fellah • Mais ses hommes, aqui sont nos malheureux enfants, dé-
tournent la tête et tirent en l’air fies braves soldats égyptiens préfèrent
la mort à l’infamie d’être des fratricides, car les Soudanais sont nos
frères. Mais c’est toujours comme ça; toutes les fois que le sultan vous
somme, ô Anglais, de remplir vos engagements et d’évacuer notre pays,
vous faites attaquer quelques paisibles bandes soudanaises comme celle-
ci, qui naturellement se défendent et tue un des vôtres, et alors vous
vous servez du prétexte éternel et .vous criez « L’Egypte est menacée. »
John Bull : Goddem! Ce n’est pas un prétèxte; c’est une réalité.
Tant qu’il y aura l’ombre d’un Soudanais dans la vallée du Nil, nous ne
la quitterons pas.
Le Fellah : Mais il y à cinq millions de Soudanais dans la vallée du
Nil, et, à moins d’un massacre général, on ne pourra jamais les faire
disparaître de la surface de la terre.
John Bull : That is not my business. Ce n’est pas mon affaire. J’aime
ce pays ; j’y suis; j’y reste.
Le'Fellah : Allah Kerim! Tant que l’Auguste Caliphe et notre cher
Abbas vivent et jouissent de la clémence et de la miséricorde d’Allah,
nous ne désespérons pas de voir notre patrie délivrée de ses envahis-

seurs .

John Bull (riant) : Espérez; espérez. La Grande-Bretagne vous
accorde de longues années d’espoir.




AVIS. — Par sa nouvelle méthode, Abou Naddara s’engage à faire
parler et comprendre l’Arabe, quel que soit le dialecte, en 3o leçons.
 
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